C’est évident, clair comme l’eau de roche ou le sable du désert. Le rapport de force né après la Seconde Guerre mondiale n’est plus opérationnel aux yeux des maîtres du monde. La géographie va changer. La géographie a déjà changé. La géographie changera. Supposer que l’Algérie en est exempte serait illusoire.
En quelques mois, la géographie a changé fondamentalement en Afrique et dans le monde dit arabe. Le Soudan est devenu deux, la Libye sera divisée au moins en quatre — l’actuel CNT ne sait plus d’ailleurs quelles puissances invoquer après l’Otan, la France et le Royaume-Uni. Les médias lourds occidentaux et Al-Jazeera, centre opérationnel médiatique de la CIA, ne nous disent pas ce qui se déroule au Yémen, ni à Bahreïn, ni au Liban. Hier Irak, Libye, Syrie, dans peu de temps, le Mali. Désormais, l’ordre nouveau est en marche. Le rapport de force né après 1945 est revu et corrigé. On sait, seulement, que «les amis de la Syrie» veulent piétiner le plan Annan et les résolutions de l’ONU parce qu’ils n’exigent pas le départ de Bachar Al Assad. En Turquie, il a été décidé d’armer, même si le communiqué officiel ne le mentionne pas, l’opposition déjà, sans ça, très bien outillée et se faisant épauler par une «armée de libération», argentée, aiguillonnée, entraînée, dirigée, contrôlée, avec une chaîne de commandement, des officiers, des sous-officiers, des soldats et des citoyens sacrifiés par milliers. Disposant, surtout, de cadres dirigeants experts en communication et squattant la plupart des plateaux télé qui comptent dans ce bas-monde. Les partitions et le nouveau tracé des frontières et le nouveau curseur de l’Occident sont, partout, à l’œuvre. Hier, en Irak, il n’en reste pas grand-chose, la Palestine d’après 67, déjà exsangue est triturée de telle façon qu’aucun Etat sérieux ne peut y être installée, même avec l’assentiment d’Israël. La Palestine a disparu bien avant la proclamation de son indépendance formelle. A Ghaza, les islamistes ont installé une entité qui ne ressemble à rien, et à Ramallah, l’Autorité de Abou-Mazen est une véritable coquille vide, une illusion, un fantasme, un ectoplasme. Partout en Orient, Proche, Moyen ou Extrême, la géographie cède de l’espace à la géopolitique, recule devant les nouveaux rapports de force, dessine les nouvelles frontières, désigne les nouveaux enjeux, identifie les protagonistes et impose le nouveau. Aux frontières de l’Algérie, tout a changé. La Tunisie n’est plus celle d’avant, l’Égypte, notre meilleur ennemi, qu’on apprécie d’éliminer en Coupe du monde, n’existe plus politiquement. Doha a remplacé Charme Cheikh et Qatar, la finance, a supplanté l’Égypte- Camp David. La Libye, ah la Libye, l’introuvable Libye coincée entre le fédéralisme tribal et une vraie partition, Mesrata, Syrthe, Benghazi, Tripoli : de futurs Etats en guerre. Depuis une semaine, un capitaine d’armée, Sanogo de son nom, a chassé l’Etat, fait évaporer le pays. De Mali, il n’y en a point, présentement. Azawad a pris un morceau, des salafistes d’Aqmi ont arraché un autre, à Gao, les gens se disputent la ville, Tombouctou, ex-perle du désert, est captive des rebelles. Le Mali n’est plus rien, même Bamako, la capitale, attend un conquérant. Sanogo ne tiendra pas, alors qu’il a promis de rétablir, sans rire, l’ordre constitutionnel. La crise du FLN est du pipi de chat par rapport au tremblement de terre futur qui atteindra l’Algérie. Elle en sera l’épicentre ou en subira des répliques, non négligeables. Croire, un seul instant, que les maîtres du monde ne s’occuperont pas de nous, serait une illusion. Une mortelle illusion.
Aziouz Mokhtari
En quelques mois, la géographie a changé fondamentalement en Afrique et dans le monde dit arabe. Le Soudan est devenu deux, la Libye sera divisée au moins en quatre — l’actuel CNT ne sait plus d’ailleurs quelles puissances invoquer après l’Otan, la France et le Royaume-Uni. Les médias lourds occidentaux et Al-Jazeera, centre opérationnel médiatique de la CIA, ne nous disent pas ce qui se déroule au Yémen, ni à Bahreïn, ni au Liban. Hier Irak, Libye, Syrie, dans peu de temps, le Mali. Désormais, l’ordre nouveau est en marche. Le rapport de force né après 1945 est revu et corrigé. On sait, seulement, que «les amis de la Syrie» veulent piétiner le plan Annan et les résolutions de l’ONU parce qu’ils n’exigent pas le départ de Bachar Al Assad. En Turquie, il a été décidé d’armer, même si le communiqué officiel ne le mentionne pas, l’opposition déjà, sans ça, très bien outillée et se faisant épauler par une «armée de libération», argentée, aiguillonnée, entraînée, dirigée, contrôlée, avec une chaîne de commandement, des officiers, des sous-officiers, des soldats et des citoyens sacrifiés par milliers. Disposant, surtout, de cadres dirigeants experts en communication et squattant la plupart des plateaux télé qui comptent dans ce bas-monde. Les partitions et le nouveau tracé des frontières et le nouveau curseur de l’Occident sont, partout, à l’œuvre. Hier, en Irak, il n’en reste pas grand-chose, la Palestine d’après 67, déjà exsangue est triturée de telle façon qu’aucun Etat sérieux ne peut y être installée, même avec l’assentiment d’Israël. La Palestine a disparu bien avant la proclamation de son indépendance formelle. A Ghaza, les islamistes ont installé une entité qui ne ressemble à rien, et à Ramallah, l’Autorité de Abou-Mazen est une véritable coquille vide, une illusion, un fantasme, un ectoplasme. Partout en Orient, Proche, Moyen ou Extrême, la géographie cède de l’espace à la géopolitique, recule devant les nouveaux rapports de force, dessine les nouvelles frontières, désigne les nouveaux enjeux, identifie les protagonistes et impose le nouveau. Aux frontières de l’Algérie, tout a changé. La Tunisie n’est plus celle d’avant, l’Égypte, notre meilleur ennemi, qu’on apprécie d’éliminer en Coupe du monde, n’existe plus politiquement. Doha a remplacé Charme Cheikh et Qatar, la finance, a supplanté l’Égypte- Camp David. La Libye, ah la Libye, l’introuvable Libye coincée entre le fédéralisme tribal et une vraie partition, Mesrata, Syrthe, Benghazi, Tripoli : de futurs Etats en guerre. Depuis une semaine, un capitaine d’armée, Sanogo de son nom, a chassé l’Etat, fait évaporer le pays. De Mali, il n’y en a point, présentement. Azawad a pris un morceau, des salafistes d’Aqmi ont arraché un autre, à Gao, les gens se disputent la ville, Tombouctou, ex-perle du désert, est captive des rebelles. Le Mali n’est plus rien, même Bamako, la capitale, attend un conquérant. Sanogo ne tiendra pas, alors qu’il a promis de rétablir, sans rire, l’ordre constitutionnel. La crise du FLN est du pipi de chat par rapport au tremblement de terre futur qui atteindra l’Algérie. Elle en sera l’épicentre ou en subira des répliques, non négligeables. Croire, un seul instant, que les maîtres du monde ne s’occuperont pas de nous, serait une illusion. Une mortelle illusion.
Aziouz Mokhtari
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