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Archs-gendarmerie: ni guerre ni paix

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  • Archs-gendarmerie: ni guerre ni paix

    Face à la dégradation du climat sécuritaire en Kabylie force est de constater que la question du redéploiement de la Gendarmerie nationale en Kabylie est remis au goût du jour et c'est entre autre) par communiqués interposés que le débat se fait.

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    Le fléchissement des actions et autres actes de présence sur la scène publique des délégués des archs, notamment depuis l’amorce du dialogue avec la chefferie du gouvernement, semble ainsi profiter à ce corps de sécurité pour tenter de rebondir.

    Un rejaillissement qui se fait, pour le moment, via des déclarations lâchées par ballons-sondes en direction des citoyens de la région où le «devoir de sécuriser» est mis en avant, argument qui devrait aider les gendarmes à retrouver leur place dans la région.

    Il est vrai que la Kabylie peine à «faire le deuil» de ses 126 jeunes fauchés à la fleur de l’âge par les éléments de ce corps, censé lui apporter quiétude et sécurité, mais la montée des actes de banditisme et de délinquance la met face à un sérieux dilemme : accepter ou s’opposer au retour des gendarmes sur le terrain.

    La question demeure, néanmoins, très sensible. Entre les archs et les hauts officiers de ce corps, le passif continue d’imposer ses lois. Le jugement des «éléments coupables de dépassement» sera à même de refermer, peut-être, les plaies.

    Le droit à la sécurité

    «La Gendarmerie nationale progresse. Au demeurant, cette progression, il ne faut pas l’oublier, est au profit du citoyen qui est en droit d’être sécurisé et il a le droit d’être informé sur ce qui a été fait et réalisé et par quels moyens cela a été fait pour garantir son droit à vivre dans la sécurité», a déclaré le chef de commandement de la Gendarmerie nationale de la wilaya de Tizi Ouzou à notre correspondant, en marge des portes ouvertes sur son institution organisées ce week-end à Drâa El Mizan.
    L’argument avancé par le colonel Hocine Guehfaz paraît, dès lors, des plus solides en ce sens que la dégradation du climat de sécurité et de quiétude en Kabylie est des plus déplorables.

    Cela n’empêche pas les délégués de la CADC de répliquer par un communiqué rendu public hier, rappelant en des termes acerbes que la mise en quarantaine de ce corps «demeure de vigueur jusqu’à son départ définitif de la totalité des brigades des wilayas concernées tel que stipulé dans le protocole d’accord signé avec le représentant de l’Etat le 15 janvier 2005».
    Une déclaration appuyée par le délégué et ex-détenu du mouvement citoyen, Rachid Allouache, qui nous a rendu visite à notre bureau, hier, pour réagir aux propos tenus par Guehfaz. Il estime que «le phénomène de l’insécurité et la hausse des actes de banditisme rongent toute la société algérienne et n’est pas unique à la Kabylie». Ces phénomènes néfastes ont été, poursuit-il, longtemps «favorisés par la passivité, si ce n’est par la complicité de certains hauts gradés de ce corps». Allouache cite pour exemple, ce qu’il qualifie de «la mafia du foncier et la mafia du sable qui ont bénéficié des largesses des gendarmes durant la periode précédant les évènements de 2001».
    Des discours qui n’arrangent aucunement le processus pédagogique entamé, via des opérations de charme, par le haut commandement de la Gendarmerie nationale visant son retour progressif sur le terrain en Kabylie.
    Ce qui confirme le maintien de la mise en quarantaine des gendarmes en application de la résolution prise au lendemain des douloureux évènements du Printemps noir.

    «La Gendarmerie nationale, corps d’insécurité, responsable de la mort des dizaines de jeunes lors des évènements douloureux du Printemps noir 2001, veut faire fi de sa mise en quarantaine par la population de la région de Kabylie, à travers sa volonté d’organiser des portes ouvertes sur les assassins à Drâa El Mizan», lit-on encore dans le communiqué de la CADC.

    Le procès des gendarmes coupables traîne

    La tension née des suites de l’usage des armes à feu par les éléments de la Gendarmerie nationale en 2001 et 2002 pour réprimer les manifestations des Kabyles faisant suites l’assassinat du jeune lycéen, Massinissa Guermah, dans les locaux de ce corps à Béni Douala, reste à nos jours, très vive.
    Elle est entretenue, estiment les observateurs de la scène locale, par le fait qu’aucun gendarme, présumé inculpé pour usage d’arme de guerre contre de jeunes manifestants, n’a été traduit, à ce jour, devant les tribunaux.
    «A-t-on oublié les assassinats perpétrés par des gendarmes qui pensait être l’impunis durant plusieurs semaines en été 2001 ? Y a-t-il eu jugement de ces assassins ?», s’interrogent, sans avoir de réponses, les délégués de la CADC.
    Les interrogations posées par les archs s’érigent, à ne point en douter, en un rappel de leur revendication visant le jugement des «éléments coupables d’assassinats de jeunes manifestants», qui reste, à leur sens, l’élément-clé qui pourra déterminer l’intention de l’Etat à en finir avec une crise très lourde jamais vécue par le pays post-indépendance.

    Pourtant, selon des sources au fait du dossier du jugement de ces gendarmes, 23 éléments, identifiés coupables dans les assassinats des jeunes manifestants lors des évènements du Printemps noir, devront comparaître avant la fin de l’année judiciaire en cours devant les tribunaux civils des wilayas de Tizi Ouzou, Bgayet et Bouira.

    Les dossiers d’instruction ont été transmis, selon ces mêmes sources par le tribunal militaire vers les juridictions civiles de ces wilayas pour y être instruits avant d’arrêter les dates de comparution. Cette information, que
    la Dépêche de Kabylie a publié en date du 11 février 2006, est d’autant plus plausible, que le quotidien n’a reçu aucun démenti. Tout porte à croire par ailleurs, que la démarche entreprise jusqu’à présent par les responsables de ce corps de sécurité, veut fait l’impasse sur ce point, se contentant seulement de rappeler leur mission républicaine, entre autres, la sécurité des biens et des personnes, lors de leurs compagnes de proximité.

    Un redéploiement surréaliste

    «C’est une fuite en avant et cela ne réglera jamais le litige entre ce corps et les populations de Kabylie», commente un observateur.
    Le colonel Guehfaz ne voit aucune utilité d’aborder ce sujet dans la mesure où celui-ci entretient l’impasse sur la question à chacune de ses sorties publiques et médiatiques.
    Sa déclaration faite à notre correspondant à Drâa El Mizan, reflète, on ne peut mieux, la volonté de se redéployer sans prendre en charge la revendication des archs mais surtout celle des parents des victimes des évènements de Kabylie. «Les gendarmes qui sont affectés actuellement dans la wilaya (de Tizi-ouzou) répondent à 100% aux aspirations, aux us et coutumes de la région», a-t-il déclaré. Il précise également que «chaque commune a droit au moins à un corps de sécurité, si c’est la gendarmerie, je l’espère d’autant plus que le projet existe et dans ce cas, je privilégierai les localités où il n’y a pas eu de dégâts».

    M. Guehfaz qui rajoute que le redéploiement «se fera au fur et à mesure mais sûrement», a reconnu ainsi, tacitement, au même titre que certains membre du gouvernement Ouyahia d’ailleurs, la responsabilité de ce corps dans la mort des jeunes manifestants.

    Les intentions de cette institution républicaine font face néanmoins à une opposition ferme des archs qui réitèrent leur demande pour un départ définitif des gendarmes de la Kabylie. Un départ que Allouache, appuyant le communiqué de la CADC, et comme pour répliquer à l’affirmation du colonel, qui se «fera au fur et à mesure mais sûrement et définitivement».

    Par La Dépêche de Kabylie
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