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Guerre d'Algérie : le poison de la "bleuite"

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  • Guerre d'Algérie : le poison de la "bleuite"

    J'en eté choqué en lisant le recit de l'auteur (Jean-Paul Mari du nouvel observateur), qui nous livre sa version sur les manoeuvres malsaine du service des renseignements français menée a l'epoque par le capitaine "Paul-Alain Léger"pour recruter des vendus et les faire infiltrer au sein du FLN pour le détruire.Ces agents formaient les "Bleuites"

    Guerre d'Algérie : le poison de la "bleuite"
    Méconnue, cette opération d'infiltration et d'intoxication des services secrets français a abouti à des purges délirantes au sein du FLN.

    Ce jour-là, la Casbah est triste et les cafés silencieux. Depuis que l'austère FLN a pris le contrôle de la vieille ville au coeur d'Alger, il a interdit à ses habitants d'écouter la radio, de fumer et de jouer aux dominos. C'est l'été, le soleil est de feu, les rues bondées, mais, dans les cafés maures, les hommes sirotent leur thé en silence. Personne n'ose allumer une Bastos. La Casbah est aux ordres. Le FLN n'a pas hésité à trancher le nez et les oreilles de ceux pris en train de fumer le tabac "colonial ", façon radicale mais efficace de prendre toute la population en main. Et les "choufs ", les guetteurs, adultes ou enfants, signalent immédiatement au Front le moindre mouvement suspect.

    Personne, pourtant, ne remarque le petit groupe de sept à huit hommes qui s'est engagé dans les escaliers de la rue Porte-Neuve de la basse Casbah et remonte les ruelles en se mêlant à la foule. Ils ont le teint mat des Arabes, portent des bérets, des casquettes, des vestes et les "bleus " de chauffe à la mode dans le quartier. Au bout de la rue, un café maure est tenu par un patron ouvertement acquis au FLN. Les hommes poussent le rideau de perles, entrent et s'assoient parmi les clients. "Ah ! Alilou." Le patron ouvre les bras et sourit en reconnaissant l'adjoint de liaison de Yacef Saadi, chef tout-puissant de la ZAA, la Zone autonome d'Alger. Son sourire se fige quand il voit les intrus distribuer des cigarettes aux clients éberlués et Alilou allumer la radio et dénicher les jeux de dominos sous le comptoir... "Tu es fou !Le Front ne me pardonnera pas !" Un énorme coup de poing l'envoie valser sous le bar et met fin à ses protestations. "Ecoute bien. A partir d'aujourd'hui, le Front n'existe plus... Et c'est lui qui commande !"

    Lui, c'est le capitaine Paul-Alain Léger, l'homme des services français, adjoint du célèbre colonel Godard et patron du GRE, le Groupe de Renseignements et d'Exploitation, qu'il a créé quelques mois auparavant. Adossé à l'entrée du café, visage sombre brûlé par le soleil, mince, calme et silencieux, il serre sous sa veste une mitraillette Mat 49, prêt à ouvrir le feu.

    Infiltrer, noyauter et détruire

    L'opération va se répéter tout au long de la journée dans les cafés maures de la vieille ville. Au soir, quand les "bleus " du capitaine Léger s'en vont, les clients, tout heureux, ont retrouvé le plaisir interdit de fumer et toute la Casbah résonne du claquement joyeux des dominos et de la musique de Radio-Alger. La loi du FLN est mise à mal et son image passablement écornée. Le capitaine Léger a réussi son opération, frapper le FLN de l'intérieur, en utilisant des Algériens, ses bleus. Objectif : infiltrer le FLN, le noyauter, le détruire de l'intérieur. Il est convaincu que la lutte doit être menée avec le concours des musulmans, notamment des anciens du FLN, qu'il a retournés.

    Il y a d'abord Alilou, ancien adjoint de Yacef Saadi mais peu convaincu par les thèses de l'indépendance. Farès, autre adjoint d'un chef important d'une région militaire. Khouas, petit maquereau, amoureux des femmes, de l'anisette et des belles chaussures, revenu très éprouvé du maquis et de son régime de marche forcée et d'eau douce. Et tous les autres... A chaque arrestation, la méthode du capitaine Léger est la même. Il se fait conduire dans la cellule du prisonnier, sûr d'être torturé. Léger n'utilise pas ces méthodes. Il lui offre un café, une cigarette, lui explique que le FLN a perdu la guerre depuis que les paras de Massu ont démantelé ses réseaux pendant la bataille d'Alger, que ce conflit "est une guerre civile entre Français" et qu'il peut éviter la prison, la gégène et la mort en travaillant du côté des futurs vainqueurs, avec le GRE, avec lui.

    Le capitaine Léger, extraordinaire psychologue, sait trouver les mots pour convaincre, ne force jamais l'adhésion mais écarte sans états d'âme ceux qu'il perçoit comme irrécupérables. Et le plus souvent, la tactique fonctionne. Les anciens du FLN, rompus aux méthodes de la clandestinité, vont se transformer en d'authentiques bleus, d'une fidélité indéfectible à leur capitaine et d'une efficacité terrifiante envers leurs anciens camarades.

    Ils seront jusqu'à trois cents. Dans cette guerre, tous les coups sont permis, surtout les plus tordus. Et le capitaine français, vétéran de la guerre perdue d'Indochine, est devenu un expert de la lutte contre la subversion. Même s'il n'imagine pas qu'il vient de mettre en marche une machine terrifante, la "bleuite ", où son génie de la manipulation allié à la paranoïa maladive du FLN va aboutir à la liquidation physique de milliers de cadres du Front, bien plus que ceux tués en opération lors de toute la guerre d'Algérie.

    Ouria la Brune et Ouria la Blonde

    Comme toujours, au coeur de cette bataille brutale entre hommes, aux moments clés, il y a des femmes. Ce matin-là, Léger a rendez-vous avec une inconnue qui l'attend, enroulée dans une cachabiah grise devant la Grande Poste. Ouria a 18 ans à peine, des cheveux noirs, des lèvres pleines, des yeux en amande, une musulmane au français parfait. Ouria est en colère. Son mari, cadre du FLN, la trompe. Pour se débarrasser d'elle, il l'a même dénoncée. Elle veut se venger. Le capitaine vient de recruter "Ouria la Brune", celle qui se révélera être sa meilleure agente.

    Il l'infiltre dans la Casbah et les renseignements pleuvent. Dans un bordel de la ville, elle entend Ali la Pointe, second de Yacef Saadi, parler d'une cache d'armes à sa maîtresse. Le stock d'armes sera retrouvé et saisi. Et la maîtresse-prostituée... égorgée par le FLN. Un jour, Ouria la Brune appelle, désespérée. Le FLN veut l'envoyer comme infirmière au maquis. Il faut agir, vite. Léger mobilise ses bleus, feint une descente dans la maison qui abrite Ouria, la découvre, veut "l'arrêter". Elle s'échappe. Quelques coups de feu sont tirés en l'air. Et le lendemain, la Casbah répète à l'envi l'histoire de l'héroïne qui a échappé sous le feu à l'armée française... bien trop précieuse pour être envoyée dans la montagne.

    Rapidement le réseau s'étoffe. Léger a recruté une deuxième femme. Blonde, yeux verts, peau claire, kabyle. Son mari, militant du MNA, le Mouvement national algérien, a été abattu par un homme du FLN. Vengeance ! Elle se prénomme également Ouria. Désormais, il y aura Ouria la Brune et Ouria la Blonde, un duo ravageur.
    Jusqu'à Ali la Pointe et des faux attentats

    Alger n'est pas encore totalement pacifié. Yacef Saadi et ses poseuses de bombes sèment le sang et la terreur. Au casino de la Corniche, les jeunes danseurs européens ont les jambes arrachées par les explosifs placés sous le parquet. Infiltrée, Ouria la Blonde approche l'agent de liaison de Yacef Saadi, celui qui lui porte les messages mais ne peut aller plus loin. Ouria la Brune, plus experte, prend sa place, porteuse d'une lettre qu'elle remet à l'homme. Elle le quitte en le saluant d'une tape cordiale et patriotique dans le dos, avant de jeter le morceau de craie qu'elle tenait à la main. Les guetteurs de Léger, hommes, femmes et enfants, n'ont aucun mal à suivre l'agent de liaison marqué au dos d'une trace crayeuse. Il les conduit droit à la planque de Saadi. Le chef terrible est arrêté et ressort sans un hématome... d'une nuit avec les paras. Et comme par hasard, la cache d'Ali la Pointe est aussitôt découverte. Elle saute. La Zone autonome d'Alger n'existe plus, les bombes se taisent, la capitale revit.

    Suite et fin : tempsreel.nouvelobs.com/les-50-ans-de-la-fin-de-la-guerre-d-algerie/20120404.OBS5422/guerre-d-algerie-le-poison-de-la-bleuite.html
    Dernière modification par Demeter, 10 avril 2012, 23h06.

  • #2
    Ce que je ne comprends pas c'est ces minables qui pour des avantages minimes et minables , ils acceptent de devenir des traîtres et participent volontiers aux massacres des leurs pour faire plaisir au gaouri

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    • #3
      Je ne peux que répéter ce qu'a dit "Le colonel Amirouche" Allah Yarah'mou

      "La révolution ne commet pas d'injustices, elle fait des erreurs"
      Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots."
      Martin Luther King

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