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Le missile indien Agni-V, symptôme d'une course à l'armement en Asie

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  • Le missile indien Agni-V, symptôme d'une course à l'armement en Asie

    Le succès du lancement d'un premier missile indien à longue portée capable d'atteindre la Chine, jeudi 19 avril, est le dernier exemple d'une course à l'armement de plus en plus manifeste en Asie. Une course inégale, largement dominée par la Chine, mais qui fait croître les arsenaux sur le continent, alors que les dépenses militaires occidentales vont à la baisse.

    Jeudi, l'Inde a annoncé triomphalement le premier tir d'essai de l'Agni-V ("feu", en sanskrit), un missile de longue portée à capacité nucléaire d'une portée de 5 000 km. Avec cet engin fabriqué à 80 % dans le pays, l'Inde s'apprête à rejoindre le club fermé des Etats dotés de missiles balistiques intercontinentaux portant à plus de 5 500 km : seuls les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (Chine, France, Russie, Grande-Bretagne et Etats-Unis) et Israël en disposent.

    La presse indienne a souligné ce fait : Agni-V met la totalité du territoire chinois à portée d'une éventuelle frappe. A Pékin, le ministère des affaires étrangères a réagi avec mesure, estimant que les deux pays n'étaient "pas concurrents mais partenaires".

    L'ARMÉE CHINOISE EN EXPANSION

    En 2011, la Chine a dépensé 143 milliards de dollars pour sa défense, selon une estimation publiée mardi par le Stockholm international peace research institute (Sipri). C'est 100 milliards de plus que l'Inde, son grand rival économique dans la région. Dans un contexte de crise et d'austérité généralisée à l'Ouest, la Chine était le seul parmi les grands consommateurs d'armes au monde, avec la Russie, à augmenter son budget en 2011 (de 6,7 %, la Russie de 9,3 %). En mars, le pays a annoncé une nouvelle hausse de 11,2 % pour 2012.

    En 2011, les dépenses indiennes ont baissé légèrement, alors que la croissance économique ralentissait. Mais New Delhi, quelle que soit la disparité des forces, veut être dans la course : depuis 2002, l'Inde a augmenté de 66 % ses dépenses militaires, selon un récent rapport de l'International institute for strategic studies (IISS, basé à Londres).

    En février, l'Inde a ainsi commandé 126 Rafale français, et le pays est près d'achever la construction d'un sous-marin nucléaire. Mais au-delà de ces équipements sophistiqués, qui inquiètent le Pakistan, rival historique, et rehaussent la stature internationale de New Delhi, l'armée indienne souffre de maux plus terre à terre... L'équipement des troupes est généralement obsolète, et les pénuries de munitions fréquentes.

    Avec l'Inde, d'autres pays d'Asie tentent de relever la tête face à la Chine, comme le Vietnam, dont les dépenses ont augmenté de 82 % depuis 2003. Le pays s'est notamment doté d'un équipement naval important, alors qu'il s'oppose à son voisin dans le sud de la mer de Chine. L'Indonésie a fait de même (+ 8,8 %).

    BAISSE DES DÉPENSES OCCIDENTALES

    Les dépenses militaires du continent asiatique sont aujourd'hui en passe de dépasser celles de l'Europe, les courbes convergeant depuis la crise financière de 2008. Rapportées au nombre d'habitants, l'Asie dépense encore nettement moins, mais selon l'IISS, "suivant la tendance actuelle, les dépenses militaires en Asie dépasseront probablement celles de l'Europe, en valeur nominale, durant l'année 2012".

    L'armée américaine, après avoir réduit ses dépenses de 1,2 % en 2011 pour la première fois depuis 1998, se prépare à une réduction sévère de son budget pour les dix ans à venir. En janvier, Barack Obama a annoncé une coupe de 487 milliards de dollars, et un recentrage des priorités américaines vers l'Asie, c'est-à-dire vers la Chine.

    Lundi, les forces américaines et philippines ont commencé des exercices militaires conjoints, dans le cadre d'un partenariat militaire renforcé. Les deux armées ont notamment mené un faux débarquement sur une côte faisant face à la Chine. De nouvelles troupes américaines ont également commencé à s'installer en Australie, après la signature d'un accord de coopération, en 2011, qui était une réaction à la montée en puissance chinoise.

    UN MISSILE, POUR QUOI FAIRE ?

    Vendredi, au lendemain du premier tir d'Agni-V, la Maison Blanche a tardivement appelé l'Inde à faire preuve de "retenue" en matière d'armement nucléaire, tout en rejetant la comparaison avec le dernier tir effectué par la Corée du Nord.


    Cependant, si l'Inde dispose avec ce missile d'une capacité scientifique et militaire accrue, ses dirigeants ne semblent pas savoir précisément qu'en faire. Selon C. Raja Mohan, du Center for Policy Research, un cercle de réflexion de New Delhi, le tir de jeudi ne pouvait masquer "un manque de stratégie réelle sur la façon de déployer les missiles". Il n'était pas le seul analyste à railler, vendredi, l'incapacité des dirigeants indiens à faire valoir leur puissance face à la Chine : "Nous sommes au mieux une puissance régionale et [ces tirs] ne répondent à aucune stratégie cohérente", affirmait ainsi Santhanam, un scientifique ayant participé aux essais nucléaires indien en 1998, qui juge inutile cette course à l'armement.



    Par Le Monde
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