Crise politique et militaire au Mali - La crise politique à Bamako est en voie de se normaliser et désormais la CEDEAO réfléchit aux conditions qui pourraient permettre au Mali de retrouver sa souveraineté territoriale dans son entièreté.
Réunis à Abidjan la semaine dernière, les chefs militaires des pays de la région ont proposé aux chefs d’Etat de faire la guerre aux groupes rebelles qui ont envahi les 2/3 du pays. Il revient aux chefs d’entériner ou non cette proposition des militaires.
On ne peut pour l’instant présumer de ce qu’ils vont décider mais il nous semble que les conditions sont réunies pour que la guerre du Sahel ait lieu. Elle devrait mettre en confrontation directe la force d’intervention de la CEDEAO d’une part, et les mouvements des rebelles de l’autre.
Ces mouvements rebelles sont multiples avec des motivations bien différentes. Il s’agit du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), d’Al Qaida au pays du Magrheb islamique (AQMI), du mouvement Ansaar Eddine et éventuellement de Boko Haram. Contre ces djiadistes ou islamistes et ces indépendantistes, la CEDEAO compte mobiliser 2000 ou 3000 hommes.
La question qui se pose avec acuité est celle de savoir s’il faut négocier ou faire la guerre. La réponse n’est pas tranchée mais on peut d’ors et déjà dire que tous les mouvements ne sont pas susceptibles d’accepter l’approche basée sur le dialogue. Il se pourrait peut-être que le MNLA qui a déjà proclamé l’indépendance de l’Azawad accepte aller à une table de négociation ; ce qui n’est pas le cas des islamistes. D’ailleurs une grande partie des pays de la région soutenue par les occidentaux refusent toute négociation avec les islamistes.
N’empêche, dans les discours, les diplomates semblent privilégier le dialogue. « Nous allons dialoguer dans un premier temps. Il faut que les gens comprennent que le dialogue doit être considéré comme l’âme des forts et non des faibles. Si ce dialogue se fait dans un cadre strict de maintien de l’intégrité territoriale du Mali... oui, un dialogue peut aboutir. Il ne serait en aucune façon question de partition de ce pays. Dans un dialogue, il faut garder la possibilité d’intervenir par la force si nécessaire. Donc dialogue, gant de velours mais main de fer, si d’aventure, cela n’aboutit pas », estime Daniel Kablan Duncan, ministre ivoirien des Affaires étrangères.
La guerre est inévitable !!!
Pour Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères de la France « …Il y a le volet militaire qui est complexe parce qu’il y a deux tendances si je puis dire ou deux mouvements dans le Nord du Mali. D’abord le MNLA, le Mouvement national de libération de l’Azawad, dont l’objectif est l’autonomie voire la séparation d’Azawad, zone dont ils ont aujourd’hui quasiment le contrôle ; et puis, il y a Ansar Dine qui est infiltré par al-Qaïda en réalité et dont l’objectif est différent qui est d’instaurer un régime islamique sur l’ensemble du Mali et au-delà sur la zone sahélienne. Les chefs d’Etat ont donc décidé de préparer l’intervention de la force en attente de la Cédéao qui est composée de deux bataillons, à peu près 3 000 hommes ».
Pou rappel historique. La Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest était au départ de sa création essentiellement vouée à la promotion de l’intégration des économies des quinze Etats membres mais elle s’est progressivement transformée, sous la pression des évènements politiques, en une organisation également chargée de trouver des solutions aux conflits armés et autres crises politiques qui mettaient en péril la paix et la sécurité dans l’espace communautaire. Dans toutes les interventions militaires décidées par la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement, la plus haute instance de décision de la CEDEAO, et mises en œuvre par le Secrétariat exécutif et les Etats membres, les débats ont toujours été vifs.
Dans toutes ces opérations et ce qui semble incontestable, c’est que la CEDEAO a certes connu d’énormes difficultés à atteindre ses objectifs de pacification là où elle est intervenue mais son engagement militaire et diplomatique a joué un rôle prééminent dans l’effort international qui a finalement permis de sortir du cycle de conflits qui ont dévasté la région.
Car elles visaient avant tout à mettre fin à des situations de guerre civile mettant aux prises un ou des groupes armés rebelles et le gouvernement d’un Etat membre légalement reconnu. La Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO viennent au secours d’un de ses membres confronté à une rébellion armée. C’est après notamment plusieurs années de présence militaire de l’ECOMOG dans des conditions matérielles et sécuritaires extrêmement difficiles, et sous l’impulsion de la puissance politique et militaire régionale, le Nigeria, que la Sierra Leone et le Liberia ont ensuite accueilli des opérations de maintien de la paix des Nations unies.
Dans la logique de ces missions plus ou moins réussies, la CEDEAO voudrait pacifier le Mali en chassant les mouvements rebelles hors du territoire qu’ils occupent. Dans cette guerre, la communauté ouest-africaine compte sur l’appui de la communauté internationale en termes de matériel et de logistique étant donné qu’elle n’en possède pas. Elle compte aussi sur un probable appui de la Mauritanie, de l’Algérie et peut-être du Tchad. Malgré ces soutiens, la guerre du Sahel peut être un véritable piège pour la CEDEAO car la sous région pourrait se transformer en un centre du djiad et de l’islamiste où les combattants des autres terrains de ce type pourraient venir monnayer leur savoir faire militaire.
Le terrain étant très glissant, il faudrait que la communauté internationale apporte un appui conséquent à la CEDEAO et particulièrement les grandes puissances qui se livrent une guerre géostratégique dans la région. Car il nous semble que la CEDEAO pourrait être en train de préparer une guerre qui n’est pas forcement la sienne mais celle des occidentaux quand bien même, l’intégrité territoriale du pays frère du Mali serait en jeu (en ce qui nous concerne).
Par Michel NANA
Par Bendré
Réunis à Abidjan la semaine dernière, les chefs militaires des pays de la région ont proposé aux chefs d’Etat de faire la guerre aux groupes rebelles qui ont envahi les 2/3 du pays. Il revient aux chefs d’entériner ou non cette proposition des militaires.
On ne peut pour l’instant présumer de ce qu’ils vont décider mais il nous semble que les conditions sont réunies pour que la guerre du Sahel ait lieu. Elle devrait mettre en confrontation directe la force d’intervention de la CEDEAO d’une part, et les mouvements des rebelles de l’autre.
Ces mouvements rebelles sont multiples avec des motivations bien différentes. Il s’agit du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), d’Al Qaida au pays du Magrheb islamique (AQMI), du mouvement Ansaar Eddine et éventuellement de Boko Haram. Contre ces djiadistes ou islamistes et ces indépendantistes, la CEDEAO compte mobiliser 2000 ou 3000 hommes.
La question qui se pose avec acuité est celle de savoir s’il faut négocier ou faire la guerre. La réponse n’est pas tranchée mais on peut d’ors et déjà dire que tous les mouvements ne sont pas susceptibles d’accepter l’approche basée sur le dialogue. Il se pourrait peut-être que le MNLA qui a déjà proclamé l’indépendance de l’Azawad accepte aller à une table de négociation ; ce qui n’est pas le cas des islamistes. D’ailleurs une grande partie des pays de la région soutenue par les occidentaux refusent toute négociation avec les islamistes.
N’empêche, dans les discours, les diplomates semblent privilégier le dialogue. « Nous allons dialoguer dans un premier temps. Il faut que les gens comprennent que le dialogue doit être considéré comme l’âme des forts et non des faibles. Si ce dialogue se fait dans un cadre strict de maintien de l’intégrité territoriale du Mali... oui, un dialogue peut aboutir. Il ne serait en aucune façon question de partition de ce pays. Dans un dialogue, il faut garder la possibilité d’intervenir par la force si nécessaire. Donc dialogue, gant de velours mais main de fer, si d’aventure, cela n’aboutit pas », estime Daniel Kablan Duncan, ministre ivoirien des Affaires étrangères.
La guerre est inévitable !!!
Pour Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères de la France « …Il y a le volet militaire qui est complexe parce qu’il y a deux tendances si je puis dire ou deux mouvements dans le Nord du Mali. D’abord le MNLA, le Mouvement national de libération de l’Azawad, dont l’objectif est l’autonomie voire la séparation d’Azawad, zone dont ils ont aujourd’hui quasiment le contrôle ; et puis, il y a Ansar Dine qui est infiltré par al-Qaïda en réalité et dont l’objectif est différent qui est d’instaurer un régime islamique sur l’ensemble du Mali et au-delà sur la zone sahélienne. Les chefs d’Etat ont donc décidé de préparer l’intervention de la force en attente de la Cédéao qui est composée de deux bataillons, à peu près 3 000 hommes ».
Pou rappel historique. La Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest était au départ de sa création essentiellement vouée à la promotion de l’intégration des économies des quinze Etats membres mais elle s’est progressivement transformée, sous la pression des évènements politiques, en une organisation également chargée de trouver des solutions aux conflits armés et autres crises politiques qui mettaient en péril la paix et la sécurité dans l’espace communautaire. Dans toutes les interventions militaires décidées par la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement, la plus haute instance de décision de la CEDEAO, et mises en œuvre par le Secrétariat exécutif et les Etats membres, les débats ont toujours été vifs.
Dans toutes ces opérations et ce qui semble incontestable, c’est que la CEDEAO a certes connu d’énormes difficultés à atteindre ses objectifs de pacification là où elle est intervenue mais son engagement militaire et diplomatique a joué un rôle prééminent dans l’effort international qui a finalement permis de sortir du cycle de conflits qui ont dévasté la région.
Car elles visaient avant tout à mettre fin à des situations de guerre civile mettant aux prises un ou des groupes armés rebelles et le gouvernement d’un Etat membre légalement reconnu. La Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO viennent au secours d’un de ses membres confronté à une rébellion armée. C’est après notamment plusieurs années de présence militaire de l’ECOMOG dans des conditions matérielles et sécuritaires extrêmement difficiles, et sous l’impulsion de la puissance politique et militaire régionale, le Nigeria, que la Sierra Leone et le Liberia ont ensuite accueilli des opérations de maintien de la paix des Nations unies.
Dans la logique de ces missions plus ou moins réussies, la CEDEAO voudrait pacifier le Mali en chassant les mouvements rebelles hors du territoire qu’ils occupent. Dans cette guerre, la communauté ouest-africaine compte sur l’appui de la communauté internationale en termes de matériel et de logistique étant donné qu’elle n’en possède pas. Elle compte aussi sur un probable appui de la Mauritanie, de l’Algérie et peut-être du Tchad. Malgré ces soutiens, la guerre du Sahel peut être un véritable piège pour la CEDEAO car la sous région pourrait se transformer en un centre du djiad et de l’islamiste où les combattants des autres terrains de ce type pourraient venir monnayer leur savoir faire militaire.
Le terrain étant très glissant, il faudrait que la communauté internationale apporte un appui conséquent à la CEDEAO et particulièrement les grandes puissances qui se livrent une guerre géostratégique dans la région. Car il nous semble que la CEDEAO pourrait être en train de préparer une guerre qui n’est pas forcement la sienne mais celle des occidentaux quand bien même, l’intégrité territoriale du pays frère du Mali serait en jeu (en ce qui nous concerne).
Par Michel NANA
Par Bendré
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