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Aheggan a tenu ses promesses, mais pas nous !

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  • Aheggan a tenu ses promesses, mais pas nous !

    Aheggan a tenu ses promesses, mais pas nous !

    En attendant la sortie définitive de cette rude et rigoureuse période de l’Aheggan pour retrouver les chaleurs du mois de mai, qui permettront aux paysans de la Kabylie profonde de travailler leurs champs, leurs potagers, de soigner leurs troupeaux et s’occuper des nouveau-nés que l’on sort des bergeries pour des séjours en plein air, le contact avec le sol ferme, les couleurs chatoyantes de l’herbe et des fleurs des prairies.

    Ayant au préalable laissait, la période la plus froide de l’année en l’occurrence « Llyali », loin derrière, et toute une belle saison nous sépare encore des chaleurs étouffantes de « Ssmaym ». Aheggan avec la bénédiction d’Anzar s’installe en maitre absolu des lieux.
    S’étalant sur une période de 14 jours, comprise entre les derniers jours du mois de mars et la mi-avril, dans le calendrier grégorien. Aheggan redonne une seconde vie pour l’hiver, une période qui dit-on fait trembler les sangliers (Yergagi yilef). Ciel très lourd, les hautes montagnes de l’Akfadou et toute la vallée de la Soummam sont depuis des jours, couverts d’un épais brouillard, qui réduit parfois la visibilité à quelques mètres seulement. Le froid et la pluie sont au rendez vous. Il faut dire que durant cette période, les paysans sont contraints d’observer le repos malgré eux, puisque tous les travaux sur le sol et les végétaux sont suspendus.
    A signaler au passage que le terme « repos » est employé ici au sens figuré, étant donné que le paysan kabyle ne connait jamais de repos. En attendant la sortie définitive de cette rude et rigoureuse période de l’Aheggan pour retrouver les chaleurs du mois de mai, qui permettront aux paysans de la Kabylie profonde de travailler leurs champs, leurs potagers, de soigner leurs troupeaux et s’occuper des nouveau-nés que l’on sort des bergeries pour des séjours en plein air, le contact avec le sol ferme, les couleurs chatoyantes de l’herbe et des fleurs des prairies.
    Les cheminées de la pluparts des maisons de hautes montagnes renouent encore avec les colonnes de fumée qui nous rappellent encore et encore que « Aheggan » est toujours fidele à son serment, celui de ne jamais rater son rendez vous mais aussi, que le fameux calendrier berbère soigneusement conçu par nos ancêtres, se tient impeccablement debout devant l’hégirien, le chinois et le grégorien, avec une exactitude sans égale, à faire trembler les horlogers de berne et Zürich.
    Si, Ahaggan, Imyaran, Llyali, Smayem ou encore Nissan, tient toujours leurs places respectives dans la méga chorégraphie qui se jouait depuis des millions d’années dans l’univers de Dieu, avec ses différentes phases et acteurs, entres autres, le mouvement des planètes et des astres dans le cosmos, le cycle des saisons et les différentes phases de la lune. C’est tout simplement parce qu’ils font toujours allégeance au testament de nos ancêtres.

    Mais qu’avons-nous fait de notre part, pour honorer leurs mémoires et sauvegarder leurs acquis ?


    A voir où nous étions dans un passé récent, et où nous en sommes actuellement, nous pouvons affirmer franchement, sans l’ombre d’un doute, que notre société est méconnaissable. Elle a beaucoup perdu de ses principes, de ses repères, de ses coutumes et de sa fierté, qui étaient jadis sa raison d’existence.
    Ses défenses immunitaires ne sont plus ce qu’elles étaient face aux intrus. Notre société est désormais malade, son tissu se zèbre et se fissure, affichant une perméabilité déconcertante.
    Peut on dire ou prétendre le contraire quant on assiste impuissamment à son vacillement entre l’orient et l’occident.
    Décidément, si aujourd’hui Aheggan tient toujours ses promesses, le déracinement à outrance et l’amnésie générale, font que nous dérivons doucement, et nous nous éloignons sûrement, chaque jour davantage des rivages de nos aïeux.

    Arezki Toufouti
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