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Djama3 Jedîd d'Alger, document

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  • Djama3 Jedîd d'Alger, document

    Je met en partage une version simplifiée et quelque peu résumée d'un article, au sujet de la construction du de notre Djama3 Jedid à Alger, au 17e s.

    L'essentiel des informations ont été recueillies d'un registre de comptabilité de l'époque, compte 125 folios en langue arabe influencée par le dialecte algérois, la langue turque et la « linguafranca » européenne. C'est un peu long, mais je conseille d'y jeter un coup d’œil pour qui s'intérésse au sujet. Ça illustre un peu ce qu'était le savoir faire local en matière de construction à cette époque, la terminologie en usage, les divers corps de métier engagés, le système de fonctionnement ... etc. Très instructif !
    "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

  • #2
    1. Conditions Préalables à la Fondation

    […] Lorsque l’Odjak d’Alger décide d’ériger al-Jâma‛ al-Jadîd, il opte pour un lieu proche d’al-Jâma‛ al-A‛ẓam (al-Jama’ el-Kebir) et de celui d'al-Sayyida. Par ce choix, on entendait intégrer la « Nouvelle Mosquée » dans le centre spirituel et politico-économique de la ville. Face au terrain réservé à cette nouvelle construction, se dressaient au N., al-Bâdistân (Marché aux esclaves) et, à l’O., Sûq al-Mqâysiyya (fabricants de bracelets en corne), al-Qaysâriyya (marché couvert) ainsi qu’al-Ṣâgha (bijoutiers).

    Aborder l’état du terrain sur lequel fut bâtie la mosquée passe par l’examen de plusieurs pièces administratives établies au 16e s. Un document révèle, par exemple, que sur l’assiette foncière, retenue pour cette réalisation, sont présents initialement deux édifices arabo-berbères : la Madrasa al-‛Inâniya [du nom d’un sultan mérinide] et un bain de nom inconnu se dressaient côte à côte, au-dessus de Bâb al-Baḥr.

    Un acte, établi le 04/12/1656, offre une description précise de l’état du terrain : « al-Qaïd Muḥammad al-3Addâd b. Abd-Allâh déclare qu’il fait l’abandon de la cave (zandâna) dont il est propriétaire, sise au marché aux poissons, près de Bâb al-Bahr, l’une des portes de la ville ; et cela à titre d’aumône au profit des musulmans, afin que cet immeuble soit englobé dans la construction de la mosquée qu’on a l’intention de bâtir dans al-Madrasa al-‛Inâniya, qui est contiguë au café (al-qahwa), dans l’intérieur d’Alger la bien gardée (al-Mahroussa) ».

    […] Une morphologie pareille n’est pas différente de la topographie générale d’Alger qui impose, à fortiori, pour chaque nouvelle entreprise l’aménagement de sous-sols, afin de rattraper la déclivité du terrain. Ces espaces voûtés formaient, à ce niveau de la ville, les assisses des remparts (qâ‛ al-ûr) dominant autrefois la mer.

    Pour la bonne conduite des travaux, ont mit en place plusieurs niveaux de contrôle : un certain Ḥâj-Brâhîm, qui était amîn al-binâ’ (chef de la corporation des maçons de la ville), a assumé dès le19/11/1656 la coordination technique des travaux de démolition. Ce recours au syndic des maçons pour le contrôle des travaux en infrastructure visait à doter la nouvelle construction d’une assise solide.

    La gestion financière du chantier incombait à un superviseur (nâẓer) : Cha3bân Aghâ et Rajab Aghâ (des officiers de l’armée) furent désignés à ce poste à l’ouverture du chantier en 1656, puis remplacés en cours de réalisation par Ḥâj-Bakîr Aghâ et Kâlî Muḥammad Aghâ. Enfin, Ḥâj-Ḥabîb Aghâ et Muḥammad Aghâ ont accompli cette tâche de 1663 à 1666. Ces militaires représentent l’État et montrent d’ailleurs un manque de compétences dans le domaine technique. Leur présence sur le chantier est d’ordre officiel et administratif. Au regard de leur autorité, ils se portaient garants de la bonne exécution des travaux, s’occupant de leur gestion, et veillant à la prévention de tout détournement de leur financement.
    "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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    • #3
      2. Déroulement des travaux

      1656 à 1657, travaux en sous-œuvre :

      Le 11/11/1656, 57 manœuvres (khaddâma) ont entamé la démolition (hadm) de la Madrasa al-‘Inâniya et ont perçu, au titre d’émoluments, 58 riyâls. Ces travaux ont duré jusqu’au 06/04/1657. […] De plus, l’ordonnateur de ces travaux avait réquisitionné les captifs chrétiens (nsâra) du Beylik, affectés à la démolition des structures existantes et à la mise en œuvre de fondations.

      Les manœuvres, qu’ils soient hommes libres ou esclaves loués à la tâche, utilisaient un outillage rudimentaire : pioche (fâs) et pelle (bâla) formaient aux côtés de couffins (qufaf), cordes (ḥibâl) et seaux (blâyan) les principaux outils employés durant cette phase. Les états comptables rendent compte de leur acquisition, quand ils ne signalent pas, au besoin, leur réparation.

      Parallèlement aux démolitions, la mise en œuvre des fondations s’est déroulée en deux temps : la première action concernant la réutilisation des structures préexistantes est exécutée à vers le 15/12/ 1656. La comptabilité fait état du règlement d’honoraires pour les maîtres terrassiers (m3allmîn dak al-asâs) responsables du nivellement des anciennes fondations. Al-3ajjân, l’ouvrier affecté au gâchage de mortier nécessaire aux futures fondations, était déjà à l’œuvre. La seconde opération est entamée par huit manœuvres peu de temps après ; elle concerne le creusement de tranchées afin d’accueillir les fondations supplémentaires.

      L’approvisionnement du chantier en matériaux de construction précéda de peu l’établissement des fondations. Quelques 2.100 briques (âjûr) et 375 thamna (l’équivalent d’une charge de mulet) de chaux (jîr) furent acheminées pour la réalisation des étaiements fixes. De même, l’acquisition de 400 rondins de bois local (3ûd min khashab), parvenus de la région limitrophe de la Mitidja, le 14/03/1657, et l’achat de cordelettes d’attache (khazam lil-rabṭ) sont confirmés. Bien que cette quantité de bois soit importante, le chantier n’en a utilisé qu’une portion négligeable pour fixer le contour général des fondations, tracer la distribution des murs et monter les échafaudages. La quantité restante servira à élever les piliers et les murs de pourtour.

      Une centaine de tailleurs de pierre, dirigés par leur maître (m3allam al-ḥajar), s’étaient attelés de leur côté à l’équarrissage grossier des pierres, acheminées au fur et à mesure vers le chantier. Ils étaient secondés dans leur tâche par un ouvrier spécialisé (naqqâsh al-ḥajar), dont la principale charge concerne une taille soignée des pierres de parement réservées au minaret (ḥajar lil-ṣawma3a). Ce dernier avait bénéficié de fondations adaptées à sa hauteur et reposait sur des assises soignées, appareillées en pierre de taille. L’état comptable du 11/08/1657 confirme d’ailleurs le choix de pierres bleues (qaṭ3 al-ḥajar al-azraq).

      Le 18/12/1656, le chantier recrute un gardien (wardiyân), chargé, trois années durant, de la sécurité des lieux et de la surveillance des matériaux qui y sont entreposés.

      Un certain nombre d’indices permet de supposer que l’élévation des murs de pourtour débuta à la fin de 1657, telle la mention d’une commande de portes en Août 1657. Au mois suivant, on note la fourniture de marbre (rukhâm) nécessaire à leurs encadrements rectangulaires. Un dernier cadre en marbre (bâb al-ḥajar al-muwâlî lil-ṭuppâna) prévu pour la porte O., au fond de l’impasse de l’Arc, est commandé quelques temps après.
      "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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      • #4
        ...

        1657 à 1660, livraison des bâtiments annexes & achèvement des murs :

        […] La livraison du mayḍa remonte sans doute à Juin 1658, d’autant plus qu’à compter de ce mois la comptabilité mentionne la rémunération d’un balayeur (kannâs) ; cette nouvelle recrue est désormais payée pour le nettoyage des espaces réceptionnés. Les quelques mois précédant leur livraison sont marqués par l’achat de céramiques (zallâyaj), de robinets (3yûn lil-mayḍa), de canalisation d’eau et de sa pose (qwâdas wa ujrat man rakkabahâ), de revêtement au sol (farsha) en carreaux de marbre (blâṭ), mais aussi de livraison de portes (abwâb) équipées de gonds (ruzaz) et de heurtoirs (ḥlaq).

        Quant aux murs de pourtour de la mosquée, ils devaient être encore en phase initiale de construction. En effet, une dépense couvre pour Janvier 1658 l’achat de seuils et linteaux de portes ; ce sont des pièces taillées dans le bois de thuya (flaq 3ar3âr lil-3tab). Des rituels de sacrifice de moutons, financés par les fondations pieuses (Subul al-Khayrât) de la ville, ont eu lieu en marge de l’aménagement de ces issues.

        S’agissant des planchers qui forment les tribunes aménagées dans la salle de prière et qui couvrent les espaces annexes de la mosquée, le bois nécessaire à leur mise en œuvre était apprêté bien au préalable. Les scieurs de long (nashârîn) chargés de son débitage étaient à pied d’œuvre dès le 29/02/1658. Ils avaient procédé au charpentage de quelques 86 rondins de bois (khashba), 25 solives de cèdre (falaq urz) et 239 voliges (a). Les premières rétributions de menuisiers remontent à ce mois. Ces derniers se chargeaient non seulement de fabriquer toutes les portes de la mosquée, mais de débiter et de sculpter leurs linteaux.

        L’état comptable, établi en 1658-1659, note le badigeonnage (tabyâḍ) de la salle d’ablution. De plus, il consigne, l’achat de tuiles destinées à couvrir les auvents de bois qui surmontaient, au départ, aussi bien les différentes portes de la mosquée que celles de son mayḍa et de son tribunal, bâtiments secondaires dont il ne subsiste nulle trace aujourd’hui. Durant cette même année, un nombre déterminé de colonnes fut acquis en l’intervalle de quatre mois. Il s’agit des 14 colonnes en tuf qui sont encore conservées sur la façade sud de la « Nouvelle Mosquée » ; elles ornent le haut parapet qui longe, au-dessus du rivage, le chemin de ronde aménagé au-devant du mur de qibla.

        La lecture de l’état comptable du 14/03/1660 laisse penser enfin que l’élévation des murs de pourtour, comme celui de la qibla, est achevée au milieu de la quatrième année de chantier ; l’achat d’une colonne pour la fenêtre sise au-dessus du miḥrâb (3arṣa lil-kuwa bi a3lâ al-miḥrâb) peut en constituer une preuve irréfutable. Le percement de cette grande baie est pratiqué au milieu du mur de tête qui barre le fond du berceau maçonné perpendiculairement à la qibla. La comptabilité fait état de l’achat, au mois suivant, de rondins que l’on projette de placer au démarrage des arcs. En effet, il peut y avoir une ou deux rangées de deux à trois portions de rondins qui se superposent à ce niveau. Cette disposition constructive révélée par les fouilles archéologiques serait parasismique.
        "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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        • #5
          ...

          La suite lorsque j'aurais un moment ! ...
          "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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          • #6
            bonsoir, merci beaucoup j'aimerai bien lire la suite, pourquoi on parle de fondation "étoile aux cinq branches" ? j'aimerai aussi avoir des détails sur le décor intérieur du Djamaà, si tu as des anciennes photo aussi!
            اللهم اشفي كل مريض يالله يارحيم

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            • #7
              J'ai aimé mais pleins de contre-verités.

              Les mots supposés algerois sont faux.Les dates?n'en parlons meme pas.

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              • #8
                Les mots supposés algerois sont faux.Les dates?n'en parlons meme pas.
                des preuves moh? on aimerait bien avoir d'autres détails avec la source si possible, merci.
                اللهم اشفي كل مريض يالله يارحيم

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                • #9
                  @Moh54

                  C'est bien d'enrichir le sujet par tes connaissances, sauf que la negation nue de suite comme cela ne vaut pas grand chose a mon avis. Il faudra te donner un peu plus de peine et illustrer ton propos avec quelque chose.

                  Pour le reste, selon ce que j'ai pu lire dans l'introduction, l'article se base sur des registres de comptabilites. La langue en usage pour ce genre de choses était l'arabe classique, influence dans ce cas par le dialecte algerois et le turc. Ce n'est donc pas la transcription d'une discussion orale entre deux vieux algerois, mais un texte administratif.

                  Idem pour les dates, il te faudra demontrer un tant soit peu comment et pourquoi seraient-elles fausses ?
                  "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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                  • #10
                    L'intérieur du Djamaà


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                    • #11
                      @Drom

                      bonsoir, merci beaucoup j'aimerai bien lire la suite, pourquoi on parle de fondation "étoile aux cinq branches" ? j'aimerai aussi avoir des détails sur le décor intérieur du Djamaà, si tu as des anciennes photo aussi!
                      A vrai dire, ce qui avait le plus attiré mon attention c'est le détaille des procédures et des façon de faire. C'est donc cela que j'ai pris la peine de résumer pour la curiosité.

                      Mais je parie qu'il doit y avoir pas mal de photos anciennes du bâtiment qui traine sur le net !
                      "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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                      • #12
                        merci MEK pour la photo!!,
                        harrachi, oui j'en ai trouvé mais il s'agit d'une vue de l'extérieur, une ou deux ancienne de l'intérieur seulement... je prendrai des tof quand ils términeront les travaux..
                        اللهم اشفي كل مريض يالله يارحيم

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                        • #13
                          Ils font des travaux dedans ? Je ne le savais pas tiens ! J'espere au moins qu'ils ne vont canarder la chose ! ... :22:
                          "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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                          • #14
                            je parlais plutôt de l'extérieur la grande place (travaux du métro) puique ça cache une bonne partie de vue
                            اللهم اشفي كل مريض يالله يارحيم

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                            • #15
                              Je felicite harrachi pour son post.

                              Loin de moi de polemiquer mais les mots tel que bidounn etc...des mots d'ustenciles me paraissent entachés d'une francisation recente.Le reste...djamaa jdid,j'y suis né ainsi que mes ancetres a quelques metres.

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