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La « sentinelle » iranienne volera-t-elle ?

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  • La « sentinelle » iranienne volera-t-elle ?

    L’Iran est en train de construire une copie de l’avion sans pilote américain RQ-170 Sentinel, qui avait atterri sur l’un de ses aérodromes en décembre. Les ingénieurs ont pu décoder la mémoire du drone et forcer son logiciel.

    Le général Amir Ali Khadjizayev, membre du commandement militaire national, a déclaré à la télévision que pratiquement toutes les données ont déjà été déchiffrées. Comme pour dissiper les doutes des cadres de la CIA, ancien propriétaire de l’aéronef, le général iranien a avancé des faits. Avant le raid mené contre Ben Laden, le drone était en observation au dessus de la maison du terroriste. Précédemment, il subissait une réparation en Californie.
    « Les disques durs, composants et matériels ont résisté, mais nous avons réussi à percer leurs secrets », a expliqué le général.
    Sans faire des suppositions sur ce que pouvait contenir la mémoire de la « Sentinelle », il est au dessus des capacités de Téhéran de réaliser une reproduction d’un tel engin, considère le directeur du Centre d’études socio-politiques, Vladimir Evseev:
    « Le niveau de technique de l’Iran n’est pas suffisant pour donner naissance à une copie de cet appareil. Je considère que l’Iran ne peut pas en faire une reproduction analogue, même si, dans l’hypothèse où le drone serait en bon état, certains éléments peuvent être utilisés. Les Iraniens sont capables de créer leur propre avion sans pilote, mais pas le clone d’un drone américain », nuance Vladimir Evseev.
    L’expert prend ainsi l’exemple de la Chine, qui copie copieusement depuis longtemps les technologies et équipements militaires. En son temps, des missiles à aileron russes X-55 étaient tombés en Chine, qui n’a pourtant pas été capable de les reproduire pendant longtemps. Les analogues des X-55 n’ont pu voir le jour seulement après que les Chinois y aient ajouté des technologies américaines après avoir désossé des missiles « Tomahawk » transmis par le Pakistan.
    Le professeur de la chaire d’études orientales du MGIMO, Serguei Droujilovskiy est aussi de l’avis que l’Iran ne pourra pas reconstituer une « Sentinelle ». L’expert ne croit pas non plus aux déclarations iraniennes sur une capture de l’appareil :
    « L’avion s’est écarté de sa route. Il s’agit simplement d’une défaillance de programme. Personne ne l’a capturé. Il faisait un survol du territoire iranien. Ce n’est pas le premier drone ni le deuxième. Les Etats Unis mènent une surveillance des sites iraniens. Ils ne croient pas l’AIEA et considèrent qui Iran est bel et bien en train de préparer une bombe atomique ».
    La présence sur le sol iranien d’équipements électroniques importées ne prouve pas par elle même que les Iraniens aient pris le contrôle du drone, affirme Vladimir Evseev :
    « Ce que les Iraniens ont pu réellement faire, c’est utiliser des moyens lutte radio-électronique. La Russie leur en a fourni. Mais il y a peu d’éléments corroborant l’hypothèse qu’ils l’aient fait atterrir. Dire qu’ils en aient pris le contrôle puis donné l’ordre de se poser est impossible ».
    L’agence d’information iranienne « Fars » note que la Russie et la Chine sont maintenant impatientes d’avoir accès à la « Sentinelle ». Nos interlocuteurs l’admettent. La Russie ne s’intéresse sans doute pas à l’avion lui même – elle ne fait de toutes façons pas de reproduction – mais plutôt à son revêtement furtif. La Chine, quant à elle, pourrait construire une copie de la « Sentinelle » en collaboration avec l’Iran. Il est vrai qu’une telle coopération reste pour le moment sujette à de sérieuses interrogations. La Chine aurait avantage à obtenir les technologies, mais pas à les renvoyer à l’Iran sous une forme fonctionnelle, sans quoi elle tomberait sous le coup de ses obligations internationales. L’influent sénateur américain indépendant John Libermann a qualifié la déclaration de Téhéran sur le développement d’une copie du drone de fanfaronnade, et d’un geste original de défense sur fond de renforcement des sanctions internationales.

    Boris Pavlichtchev

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