Par Challenges
DECRYPTAGE C'est pour améliorer ses comptes publics que Buenos Aires a décidé de confisquer les parts de l'espagnol Repsol dans le capital de YPF. Histoire d'une expropriation.
Manifestation Buenos Aires pétrole Argentine Sipa/Challenges
Mots-clés : Challenges n°0298, Actualité, Argentine, monde, nationaliser, challenges
Sous son premier mandat, elle a nationalisé les fonds de pension et la compagnie aérienne nationale Aerolinas Argentinas. Une fois réélue, avec plus de 54% des voix en octobre 2010, la présidente argentine Cristina Kirchner a mis sous contrôle la Banque centrale pour financer son modèle économique par la relance. La voici aujourd'hui qui annonce l'expropriation partielle du groupe pétrolier YPF, principale filiale de l'espagnol Repsol, privatisé dans les années 1990. Le projet de loi que doit approuver le Congrès dans les semaines à venir prévoit de confisquer la majorité de la participation de Repsol et de la répartir entre l'Etat et dix provinces. Le montant des indemnités n'a pas été précisé et ce dossier donnera certainement lieu à des poursuites judiciaires risquant de traîner en longueur.
Qu'importe la colère de Madrid et les "préoccupations" de Washington. La chef d'Etat "gouverne en pensant à l'Argentine et non à ce que pensent l'Espagne ou les Etats-Unis", fait valoir le ministre de l'Intérieur, Florencio Randazzo. En l'occurrence il s'agit de résorber le déficit de la balance énergétique qui pèse sur les comptes de l'Etat.
Depuis 2001, l'Argentine n'a plus accès aux crédits internationaux
Le gouvernement argentin accuse YPF de ne pas avoir assez investi dans l'exploration et la production pétrolières et d'être responsable de l'explosion des importations d'hydrocarbures (+110% à 7,1 milliards d'euros en 2011). Et ce malgré les immenses ressources que recèle le sous-sol. Le poids de la facture énergétique (9 milliards d'euros prévus en 2012) n'est pas tenable alors que l'excédent de la balance commerciale se réduit dangereusement (- 11% en 2011, à 7,8 milliards d'euros). Or l'énergie est la principale source de financement de la politique économique (12 milliards d'euros de subventions en 2011), l'Argentine n'ayant pas accès aux crédits internationaux depuis le défaut de 2001. Pour colmater la fuite des capitaux, le gouvernement a mis en place un strict contrôle des changes, et multiplie les restrictions pour freiner les importations. Ce qui suscite les foudres de l'OMC, même si l'Argentine est loin d'être le seul pays tenté par le réflexe protectionniste.
Pauline Damour, à Buenos Aires
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DECRYPTAGE C'est pour améliorer ses comptes publics que Buenos Aires a décidé de confisquer les parts de l'espagnol Repsol dans le capital de YPF. Histoire d'une expropriation.
Manifestation Buenos Aires pétrole Argentine Sipa/Challenges
Mots-clés : Challenges n°0298, Actualité, Argentine, monde, nationaliser, challenges
Sous son premier mandat, elle a nationalisé les fonds de pension et la compagnie aérienne nationale Aerolinas Argentinas. Une fois réélue, avec plus de 54% des voix en octobre 2010, la présidente argentine Cristina Kirchner a mis sous contrôle la Banque centrale pour financer son modèle économique par la relance. La voici aujourd'hui qui annonce l'expropriation partielle du groupe pétrolier YPF, principale filiale de l'espagnol Repsol, privatisé dans les années 1990. Le projet de loi que doit approuver le Congrès dans les semaines à venir prévoit de confisquer la majorité de la participation de Repsol et de la répartir entre l'Etat et dix provinces. Le montant des indemnités n'a pas été précisé et ce dossier donnera certainement lieu à des poursuites judiciaires risquant de traîner en longueur.
Qu'importe la colère de Madrid et les "préoccupations" de Washington. La chef d'Etat "gouverne en pensant à l'Argentine et non à ce que pensent l'Espagne ou les Etats-Unis", fait valoir le ministre de l'Intérieur, Florencio Randazzo. En l'occurrence il s'agit de résorber le déficit de la balance énergétique qui pèse sur les comptes de l'Etat.
Depuis 2001, l'Argentine n'a plus accès aux crédits internationaux
Le gouvernement argentin accuse YPF de ne pas avoir assez investi dans l'exploration et la production pétrolières et d'être responsable de l'explosion des importations d'hydrocarbures (+110% à 7,1 milliards d'euros en 2011). Et ce malgré les immenses ressources que recèle le sous-sol. Le poids de la facture énergétique (9 milliards d'euros prévus en 2012) n'est pas tenable alors que l'excédent de la balance commerciale se réduit dangereusement (- 11% en 2011, à 7,8 milliards d'euros). Or l'énergie est la principale source de financement de la politique économique (12 milliards d'euros de subventions en 2011), l'Argentine n'ayant pas accès aux crédits internationaux depuis le défaut de 2001. Pour colmater la fuite des capitaux, le gouvernement a mis en place un strict contrôle des changes, et multiplie les restrictions pour freiner les importations. Ce qui suscite les foudres de l'OMC, même si l'Argentine est loin d'être le seul pays tenté par le réflexe protectionniste.
Pauline Damour, à Buenos Aires
Par Challenges
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