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Les banques se pressent au chevet de Vivendi

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  • Les banques se pressent au chevet de Vivendi

    Vivendi a engagé une réflexion sur sa stratégie et des banques d'investissement préparent des propositions de cession ou de restructuration pour tenter d'enrayer le plongeon de son cours en Bourse, ont dit plusieurs sources à Reuters.

    Les difficultés de SFR, principal pourvoyeur de liquidité, ont conduit le conseil d'administration à relancer le vieux débat sur la pertinence d'un modèle associant médias et télécoms et mis sous pression son numéro un Jean-Bernard Lévy.

    Face à la bronca des actionnaires ulcérés par un cours de Bourse au plus bas depuis neuf ans, le président du conseil de surveillance Jean-René Fourtou a promis le mois dernier que le conglomérat ne resterait pas les bras croisés et que tous les sujets seraient mis sur la table, sans "tabou".

    Jean-Bernard Lévy a déclaré de son côté à Reuters que le groupe s'interrogeait en permanence sur l'optimisation de son portefeuille d'activités.
    "Il ne fait aucun doute qu'ils sont en pleine introspection sur ce qu'ils doivent faire", explique un banquier d'affaires. "Jusqu'à présent, le conseil a soutenu la direction et sa stratégie mais la situation devient critique et il pourrait y avoir une scission".

    Les investisseurs qui rêvent d'une solution rapide et radicale pourraient toutefois devoir se montrer patients malgré l'excitation suscitée sur les marchés par l'hypothèse évoquée par l'agence Bloomberg d'un démantèlement et l'arrivée au capital de l'homme des coups boursiers, Vincent Bolloré.

    L'entrepreneur, qui est en passe de vendre au conglomérat ses chaînes Direct 8 et Direct Star en échange de titres Vivendi, veut être un actionnaire de long terme et compte collaborer avec le conseil plutôt que d'imposer d'emblée ses vues, selon deux personnes proches du PDG de Bolloré.

    Surtout, le tandem Lévy-Fourtou, qui a supervisé la reconstruction de Vivendi après la débâcle de l'ère Messier en 2002, est toujours aux commandes.

    Sous la houlette des deux hommes, Vivendi a assaini sa situation financière, simplifié sa structure en rachetant des participations minoritaires et soldé une série de litiges.

    Le groupe a aussi réalisé des acquisitions dont celle de l'opérateur à forte croissance GVT et tenté de créer des synergies entre ses divisions avec un succès toutefois mitigé.

    RETOUR À LA CASE DÉPART
    "Toutes ces années plus tard, il est assez ironique de voir que le groupe est revenu à la case départ: l'action est au plus bas, il n'y a toujours pas de synergies entre les différents métiers et il va être encore plus difficile de vendre des actifs dont la valeur a baissé", commente un ancien cadre du groupe.

    Dans une lettre aux actionnaires datée du 27 mars, les deux dirigeants ont à nouveau réfuté l'idée selon laquelle Vivendi serait une collection d'activités sans lien les unes avec les autres tout en jugeant "excessive" la décote de conglomérat appliquée au titre, estimée à 40% par Jean-René Fourtou.

    Tout l'enjeu est désormais de savoir si le groupe, qui a par le passé rejeté des scénarios de démantèlement, pourrait cette fois sauter le pas et renoncer à sa structure hybride.

    "On peut faire probablement 216.000 scénarios, je ne rentre pas dans un des 216.000 scénarios", a dit Jean-Bernard Lévy à Reuters alors qu'il était interrogé sur cette hypothèse.

    Un séminaire réunissant la direction en juin sera l'occasion d'évoquer la stratégie et le périmètre de Vivendi mais un porte-parole du groupe a précisé que la réunion avait lieu chaque année depuis plusieurs années et qu'il était peu probable qu'elle débouche sur des annonces majeures.

    Selon plusieurs sources au fait du dossier, aucune banque n'a pour l'instant été mandatée en vue d'une cession ou d'une restructuration.
    Dans une note, les analystes crédit de la Société Générale jugent l'hypothèse du "break-up" peu probable à moins d'un départ de Jean-Bernard Lévy, sous pression du fait des difficultés de SFR.

    L'action de Vivendi a perdu plus de 30% depuis le rachat en avril 2011 de la totalité de SFR contre 7,95 milliards d'euros, une opération censée se traduire par un coup de fouet en Bourse pour le titre et par une hausse du dividende.

    L'arrivée neuf mois plus tard de Free sur le marché du mobile, a déstabilisé l'opérateur qui prévoit pour 2012 une baisse de 12 à 15% de son résultat opérationnel. Vivendi a abaissé son dividende et l'écart entre la valeur totale des actifs du groupe et sa capitalisation boursière s'est amplifié.

    L'AIGUILLON BOLLORÉ
    Jean-Bernard Lévy a pris directement les rênes de SFR, avant de passer le relais à un nouveau PDG à l'été, avec la promesse de "serrer les boulons" au sein de la filiale dont le rétablissement est jugé déterminant pour redresser le cours de l'action et pour son avenir personnel, selon plusieurs sources.

    Dans ce contexte chahuté, le groupe étudie toutes ses options, ont rapporté des observateurs et des banquiers qui ne voient pas pour autant de solution miracle.

    "Tout est passé en revue. Lorsqu'ils écrivent dans leur lettre aux actionnaires que rien n'est tabou, c'est un appel aux banquiers pour qu'ils proposent des idées", estime une personne qui connaît bien le groupe.

    "Malheureusement, ce n'est pas aussi simple que ce que les gens pensent quand vous regardez la structure du groupe".
    Selon des sources, des banques travaillent sur un scénario de cession de Maroc Telecom dont la marge a atteint encore 55% l'an dernier en dépit d'une baisse du chiffre d'affaires.

    Vivendi pourrait également relancer le projet d'introduction en Bourse de Canal+ France initiée l'an dernier par son autre actionnaire Lagardère avant d'être suspendue ou encore céder sa participation de 60% dans l'éditeur de jeux vidéo Activision Blizzard, coté aux Etats-Unis.

    Mais la vente de Maroc Telecom, détenu à 30% par le royaume du Maroc, pourrait se heurter à des enjeux politiques, indique la même personne, en ajoutant que les opérations qui paraissent plus aisées, comme Activision, auraient peu d'influence quant à elles sur la vision qu'a le marché des perspectives de Vivendi.

    Certains investisseurs placent leurs espoirs dans l'arrivée au capital de Vincent Bolloré, réputé proche de Jean-René Fourtou qui a indiqué qu'il serait le bienvenu au conseil.

    Selon une source proche de l'entrepreneur, Vincent Bolloré espère atteindre 5% du capital sous l'effet conjugué de la vente de ses chaînes de la TNT et d'achats de titre sur le marché. La Société générale est devenue récemment le premier actionnaire du conglomérat avec 7,86% du capital.

    "L'émergence d'un actionnaire de référence ne peut mettre qu'un peu plus de pression sur le management qui va être obligé de rendre des comptes", estime Gilles Guibout, gestionnaire de portefeuille à AXA Investment Management.
    A la tête d'un groupe familial, l'entrepreneur n'investirait pas environ un milliard d'euros dans Vivendi sans avoir une idée derrière la tête, fait valoir un collaborateur.

    Reuters
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