Dossier réalisé par M’hand Kacemi
La fraude électorale n’est pas une vue de l’esprit de citoyens assoiffés plus que de raison de démocratie. Ni une revendication récurrente et itérative d’une opposition en mal de programme politique. Elle ne relève pas non plus du registre folklorique, si prisé chez nous, comme de nombreux cercles du pouvoir et de formations politiques tentent de le faire croire aux millions de citoyens électeurs algériens à la veille et au lendemain de chaque rendez-vous électoral, en criant au feu et au loup, avant de se murer dans un silence complice, conscient ou inconscient, jusqu’à l’échéance électorale suivante.
La fraude électorale constitue partout où elle se pratique, toujours illégalement faut-il le rappeler, une violence politique majeure qui inscrit son action corrosive au cœur même des ressources et «processus démocratiques », qu’elle corrompt, enlaidit, déprave, tout particulièrement les modes électoraux apparentés au suffrage universel, qui restent, pour le moment et en attendant mieux, les instruments cardinaux qui matérialisent le mieux les règles, le jeu et les pratiques démocratiques des Etats modernes. En Algérie, elle constitue désormais et depuis au moins l’ouverture du champ politique au pluralisme politique en 1989 la première des violences faites à la nation. Nous sommes même en droit d’affirmer, quelque peu gênés il est vrai aux encoignures, plus de vingt ans plus tard, et en mesurant nos mots, qu’elle est devenue par son caractère insidieux et amoral largement inscrite dans la durée, presque aussi grave que celle du terrorisme !
La fraude électorale a en effet, d’un scrutin à un autre, fini par prendre un caractère de moins en moins supportable. Son caractère récurrent, incorrigible, massif, parfois carrément grossier et violent, atteste de la fragilité et du caractère aventureux, délétère et fondamentalement hypocrite des processus de l’Etat de droit qu’elle déclare vouloir porter, promouvoir, quand ce n’est pas pour les «vendre» au premier des nombreux bazars électoraux qui prolifèrent, jour après jour, aux quatre points cardinaux du pays. Malgré toutes les mesures en trompe-l’œil initiées depuis la reprise du processus électoral interrompu en 1991 (commissions «indépendantes» de surveillance, participation des formations politiques au contrôle, remise de P-V des résultats…), la fraude dure et perdure. Avec elle perdurent les atteintes à des droits politiques fondamentaux, notamment le droit de participer aux élections selon le système du suffrage universel, le droit de prendre part au gouvernement et à la direction des affaires publiques, tant au niveau national que local.
La fraude demeure ainsi une des dernières et ultimes armes privilégiées du conservatisme politique, d’un système en obsolescence avancée, incarné désormais par une troïka échangeant en catimini et au gré des scrutins qui se suivent et se ressemblent les voix de plus en plus virtualisées parce que devenues rares, se résumant à des chiffres sortis tout droit des éprouvettes in vitro du pouvoir du moment, sans âme citoyenne, exhibés par une «Alliance présidentielle» comme des trophées de la guerre secrète qu’elle livre à sa société. Une alliance cultivant encore cette éculée conception de l'Homme et de la Cité qui s'appuie sur les allégeances, l'autoritarisme et la corruption généralisée sous toutes ses formes. Elle est par son caractère d’injustice répétée à satiété la «hchouma» nationale majeure qui continuera d’attiser les colères et les révoltes de ce qui reste d’hommes et de femmes honnêtes atteints dans leur dignité de citoyens.
La fraude électorale est un déni de démocratie et un défi à la citoyenneté. En faisant se confondre de manière de plus en plus grossière et visible à l’œil nu intérêts particuliers et mandat électif, elle constitue une entrave au développement économique et au bien-être économique, social, culturel et politique du pays et de la nation. A l’occasion du cinquantenaire de l’indépendance de notre pays, moment propice aux évaluations matures et responsables, qui concorde précisément avec la tenue au printemps et en automne de deux rendez-vous électoraux dont tout indique qu’ils seront historiques, il nous a semblé utile d’aller à la chasse à la fraude électorale, là où des données officielles la signalent et l’affichent le mieux. Surprise sur prise : le premier de ces supports «inédits» est, comble de l’ironie, le Journal officiel de la République algérienne démocratique et populaire ! Un journal pas comme les autres, par son statut d’abord et ensuite par la symbolique de son demi-siècle d’existence, exactement le même âge, jour pour jour, que l’Algérie. Qu’on ne s’y trompe surtout pas : la fraude n’est pas seulement une affaire de l’Etat algérien, espèce de Docteur Folamour autiste, dans son bunker régulant dans la solitude des longues nuits électorales, la douce alchimie et la complexe arithmétique de ses chiffres au gré des fluctuations à la hausse et à la baisse des conjonctures politiques.
Tous les grands partis politiques qui ont eu à un moment ou à un autre la possibilité de «mettre la main» dans… l’urne sans être vus ou pris l’ont fait goulûment et sans retenue. Les exemples que nous vous proposons dans notre dossier «La fraude électorale dans les colonnes… du Journal officiel» le montrent avec suffisamment d’éloquence et chiffres officiels à l’appui : le FLN, quand il était désespérément unique avant 1988 ou quand il tenta à partir de 2002 de le re-devenir, le FIS quand il se sentait «démocratiquement» hégémonique entre 1989 et 1991 et le RND, l’année de sa naissance en 1997, et enfin l’Etat lui-même à l’occasion des référendums de validation de ses options politiques majeures. L’éradication de la fraude électorale représente plus que jamais le premier chantier d’assainissement politique national de l’heure, qu’il va falloir traiter au plus vite, avant qu’il ne soit tard, vraiment trop tard.
M. K.
La fraude électorale n’est pas une vue de l’esprit de citoyens assoiffés plus que de raison de démocratie. Ni une revendication récurrente et itérative d’une opposition en mal de programme politique. Elle ne relève pas non plus du registre folklorique, si prisé chez nous, comme de nombreux cercles du pouvoir et de formations politiques tentent de le faire croire aux millions de citoyens électeurs algériens à la veille et au lendemain de chaque rendez-vous électoral, en criant au feu et au loup, avant de se murer dans un silence complice, conscient ou inconscient, jusqu’à l’échéance électorale suivante.
La fraude électorale constitue partout où elle se pratique, toujours illégalement faut-il le rappeler, une violence politique majeure qui inscrit son action corrosive au cœur même des ressources et «processus démocratiques », qu’elle corrompt, enlaidit, déprave, tout particulièrement les modes électoraux apparentés au suffrage universel, qui restent, pour le moment et en attendant mieux, les instruments cardinaux qui matérialisent le mieux les règles, le jeu et les pratiques démocratiques des Etats modernes. En Algérie, elle constitue désormais et depuis au moins l’ouverture du champ politique au pluralisme politique en 1989 la première des violences faites à la nation. Nous sommes même en droit d’affirmer, quelque peu gênés il est vrai aux encoignures, plus de vingt ans plus tard, et en mesurant nos mots, qu’elle est devenue par son caractère insidieux et amoral largement inscrite dans la durée, presque aussi grave que celle du terrorisme !
La fraude électorale a en effet, d’un scrutin à un autre, fini par prendre un caractère de moins en moins supportable. Son caractère récurrent, incorrigible, massif, parfois carrément grossier et violent, atteste de la fragilité et du caractère aventureux, délétère et fondamentalement hypocrite des processus de l’Etat de droit qu’elle déclare vouloir porter, promouvoir, quand ce n’est pas pour les «vendre» au premier des nombreux bazars électoraux qui prolifèrent, jour après jour, aux quatre points cardinaux du pays. Malgré toutes les mesures en trompe-l’œil initiées depuis la reprise du processus électoral interrompu en 1991 (commissions «indépendantes» de surveillance, participation des formations politiques au contrôle, remise de P-V des résultats…), la fraude dure et perdure. Avec elle perdurent les atteintes à des droits politiques fondamentaux, notamment le droit de participer aux élections selon le système du suffrage universel, le droit de prendre part au gouvernement et à la direction des affaires publiques, tant au niveau national que local.
La fraude demeure ainsi une des dernières et ultimes armes privilégiées du conservatisme politique, d’un système en obsolescence avancée, incarné désormais par une troïka échangeant en catimini et au gré des scrutins qui se suivent et se ressemblent les voix de plus en plus virtualisées parce que devenues rares, se résumant à des chiffres sortis tout droit des éprouvettes in vitro du pouvoir du moment, sans âme citoyenne, exhibés par une «Alliance présidentielle» comme des trophées de la guerre secrète qu’elle livre à sa société. Une alliance cultivant encore cette éculée conception de l'Homme et de la Cité qui s'appuie sur les allégeances, l'autoritarisme et la corruption généralisée sous toutes ses formes. Elle est par son caractère d’injustice répétée à satiété la «hchouma» nationale majeure qui continuera d’attiser les colères et les révoltes de ce qui reste d’hommes et de femmes honnêtes atteints dans leur dignité de citoyens.
La fraude électorale est un déni de démocratie et un défi à la citoyenneté. En faisant se confondre de manière de plus en plus grossière et visible à l’œil nu intérêts particuliers et mandat électif, elle constitue une entrave au développement économique et au bien-être économique, social, culturel et politique du pays et de la nation. A l’occasion du cinquantenaire de l’indépendance de notre pays, moment propice aux évaluations matures et responsables, qui concorde précisément avec la tenue au printemps et en automne de deux rendez-vous électoraux dont tout indique qu’ils seront historiques, il nous a semblé utile d’aller à la chasse à la fraude électorale, là où des données officielles la signalent et l’affichent le mieux. Surprise sur prise : le premier de ces supports «inédits» est, comble de l’ironie, le Journal officiel de la République algérienne démocratique et populaire ! Un journal pas comme les autres, par son statut d’abord et ensuite par la symbolique de son demi-siècle d’existence, exactement le même âge, jour pour jour, que l’Algérie. Qu’on ne s’y trompe surtout pas : la fraude n’est pas seulement une affaire de l’Etat algérien, espèce de Docteur Folamour autiste, dans son bunker régulant dans la solitude des longues nuits électorales, la douce alchimie et la complexe arithmétique de ses chiffres au gré des fluctuations à la hausse et à la baisse des conjonctures politiques.
Tous les grands partis politiques qui ont eu à un moment ou à un autre la possibilité de «mettre la main» dans… l’urne sans être vus ou pris l’ont fait goulûment et sans retenue. Les exemples que nous vous proposons dans notre dossier «La fraude électorale dans les colonnes… du Journal officiel» le montrent avec suffisamment d’éloquence et chiffres officiels à l’appui : le FLN, quand il était désespérément unique avant 1988 ou quand il tenta à partir de 2002 de le re-devenir, le FIS quand il se sentait «démocratiquement» hégémonique entre 1989 et 1991 et le RND, l’année de sa naissance en 1997, et enfin l’Etat lui-même à l’occasion des référendums de validation de ses options politiques majeures. L’éradication de la fraude électorale représente plus que jamais le premier chantier d’assainissement politique national de l’heure, qu’il va falloir traiter au plus vite, avant qu’il ne soit tard, vraiment trop tard.
M. K.
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