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Abdallah Ben KERRIOU : Quand l'amour est Algérien.

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  • Abdallah Ben KERRIOU : Quand l'amour est Algérien.

    Abdellah Ben KERRIOU Gamr Ellil

    "Je me sens réconforté en compagnie de l'Astre de la nuit, je retrouve en elle certains traits qui satisfont mon esprit.
    O Chers compagnons j'ai une amie qui lui ressemble. Le plaisir que j'ai à la contempler rend douces mes veillées.
    Je passe des nuits entières à suivre ses positions dans le ciel et ne m'en sépare qu'au dernier appel à la prière de l'aube.
    Je crains que quelque nuage le voile; mon âme se trouble lorsque sa clarté disparaît."
    Tous ceux qui goutent au chant saharien, tendance ay-ay, connaissent ces paroles
    que fait vibrer la voix puissante et douce du chanteur Khelifi Ahmed au rythme de la flûte et du bendir qui vous pénètrent jusqu'au fond de l'âme. Combien sont-ils qui savent qui les a écrites et surtout qui il était?

    Né en 1871 à Laghouat, Abdallah Ben Kerriou est l'un des plus grands poètes populaires du XIXe siècle. Avec Hayzia de Ben Guittoun, Gamr Elleil compte parmi les joyaux de la poésie amoureuse saharienne de tradition oudrite.
    Issu d'une famille de lettrés , Abdallah Ben Kerriou a reçu une solide formation dans les sciences juridiques et islamiques. Esprit curieux il s'est intéressé à l'astronomie, à l'astrologie, à l'alchimie et à bien d'autres choses.
    Pendant longtemps, il parcourut les contrées sahariennes à la recherche de la pierre philosophale. L'or qu'il nous laissa ne nous vient pas de cette quête perdue et vaine à la recherche de cette pierre dont les vertus transformeraient en or le vil métal, mais coule de ses vers qui nous disent l'amour de Fatna qui lui valut l'exil.
    Tombé amoureux de la fille d'une famille de grande tente, la famille Ben Salem du clan des Zaânin dont le chef était le redoutable Bensalem, Ben Kerriou, à la manière de Qays, ne put s'empêcher de traduire sa passion pour Leïla dans des vers qui immortalisèrent certes cet amour mais qui, pour son malheur, provoquèrent l'ire de sa famille.
    " Les poèmes de Ben Kerriou, écrit Cheikh Si Hamza Boubekeur, connurent une vogue extraordinaire dans le Sahara. Dans les villes, les villages et les tribus ils furent très vite répandus grâce aux meddahs ( rhapsodes ), dans les marchés, les cafés maures, dans les foyers. On les chantait au cours des veillées, des mariages et des fêtes populaires saisonières. Partout du Sahara et dans le Tell algéro-oranais, le nom de Ben Kerriou et celui de sa bien aimée Fatna Az'anouniyya furent connus et leur amour commenté et médité à la grande indignation des Ben Salem, qui ne pouvaient retser sans réagir. Ils s'opposaient, le bâton à la main, à leur déclamation publique. Il y eut des bagarres à Laghouat. "
    Il fut pour cela exilé de Laghouat qu'il dut quitter la mort dans l'âme pour d'autres cités sahariennes dont El-Goléa.
    S'il vous arrivait un jour de passer par Laghouat, demandez à n'importe quel natif de la ville de vous montrer la maison au célèbre balcon sur lequel Ben Kerriou vit pour la première fois Fatna Ezzaânounia. Avec un peu de chance, dans la nuit noire et étoilée des magnifiques étés sahariens, vous apercevrez, penchée vers la rue, faisant un geste de la main, une femme d'une grande beauté qu'éclaire la pleine lune. C'est Fatna Ezzaânounia. Abdallah Ben Kerriou n'est pas trés loin. Lazhari Labter.

  • #2
    J'ai voulu un soir.

    j'ai voulu un soir apaiser mon âme
    Mais je n'ai fait qu'ajouter à son mal
    Mon naïf compagnon ne s'aperçut de rien
    Et ne se douta ni de mon malheur ni de mes épreuves
    Il marchait et me parlait en toute quiétude
    Je l'écoutais et ne lui répondait point
    Il ralentit le pas et me regarda
    Sur que mon état n'était pas normal
    O Abdallah me dit-il informe moi
    Sur ce qui te bouleverse et t'agite à ce point
    Sois compréhensif , cher compagnon
    Et je te dirai la cause de mes maux
    Je ne t' en veux pas de ne pas deviner
    Loin est l'homme inquiet de celui que ronge le mal
    Garde secret mon mal et le Très Haut te gardera
    Ton compagnon est atteint au coeur
    Doutes tu de moi o mon frère?
    Pour tes secrets je serai une mère profonde
    Que Dieu te protège de tout mal
    C'est cela la vraie amitié
    Regarde bien là haut
    Et médite ce que Dieu a créé !
    Dans le ciel il vit une étoile brillante
    Perçant de son éclat les nuages
    Une étoile nouvelle et sans nom
    Inconnue des astronomes
    C'est une perle gardée
    Son éclat peut remplacer celui de la pleine lune
    Cachée depuis l'époque de Platon
    Qui la découvrit et la protégea sa vie durant
    Il la dissimula si bien au regard du commun
    Qu'aucun marchand ne put en faire commerce
    Seuls les alchimistes l'ont observée
    et découvert son secret
    Elle porte en elle des signes mystérieux
    Et lui d'un éclat étonnant
    Elle a étonné tous les astronomes qui l'ont aperçue
    Et aucun n'a réussi à la situer
    De crainte que des savants n'en percent le mystère
    On en a fait une perle protégée par de nombreux talismans
    On l'a cachée dans le monde des esprits
    Auquel n'accède nul chercheur
    On l'a entourée de fauves dressés pour la garder
    Dont un tigre au regard effrayant
    De longs serpents enroulés spirale sur spirale
    Qui de leur souffle réduiraient l'acier en poussière
    De hautes statues les unes en face des autres
    Et sept gardiens veillant devant chaque porte
    Quiconque approcherait de ces fauves
    Finirait en lambeaux de chair entre leurs griffes et leurs crocs
    Des sorciers de Sousse voulaient la voir
    Dans l'espoir d'en percer le mystère
    Les gardiens se dressèrent devant eux tels des épouvantails
    Et de leurs regards ils les firent rebrousser chemin
    Dieu a voulu qu'à mon tour je m'aventure
    Cela en valait la peine même si la vie est précieuse
    La clef de la magie s'offrit à moi
    Les portes s'ouvrirent et le gardien ne fut plus là
    Je pris dans ma main la pierre précieuse
    Celle dont le symbole n'est dans aucun livre
    Cette perle est une parabole
    De la belle aux cils et aux yeux noirs
    Jeune et indjfferente à mon amour
    De sa blessure nul médecin ne saurait me guérir
    Semblable à Qays et tout comme lui en un sens
    Je ne suis plus que souffrance sur souffrance
    Qu'importe que l'on dise que je suis fou
    Celle qui m'habite est plus belle que Leila
    Il n'est pas en ce monde un être plus malheureux
    Que celui qui aime toute sa vie
    Sachez o hommes de bien
    Que si je meurs ça ne peut être qu'à cause d'elle
    Ne réclamez point le tribut de mon sang
    Dieu seul règle les comptes et inflige les sanctions
    Dieu O mon créateur sois généreux
    Et ouvre-moi les portes du bonheur
    Allège mon fardeau O mon maître
    Efface mes péchés et accepte mon pardon.
    Source: Lazhari Labter ( Retour à Laghouat mille ans après Beni Hilel) Editions Ikhtilef. 20

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    • #3
      Elle porte en elle des signes mystérieux
      Et lui d'un éclat étonnant
      Elle a étonné tous les astronomes qui l'ont aperçue
      Et aucun n'a réussi à la situer
      De crainte que des savants n'en percent le mystère
      On en a fait une perle protégée par de nombreux talismans
      On l'a cachée dans le monde des esprits
      Auquel n'accède nul chercheur...

      De la belle aux cils et aux yeux noirs
      Jeune et indjfferente à mon amour
      De sa blessure nul médecin ne saurait me guérir
      Semblable à Qays et tout comme lui en un sens
      Je ne suis plus que souffrance sur souffrance...

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      • #4
        Très beau texte.

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        • #5
          merci pour le partage

          un grand maître du melhoun... encore faut-il goûter ses poèmes dans leur langue originelle

          جيت نوسّع خاطري ضيق عشية *** زدت عليه هموم من نظرات صعاب

          رفيقي مالــو خْبَر صاحب نيّــة *** ماهــو داري بالبــلا ما شاف عذاب

          يمشــي في لَمــان ويحدّث فيّ *** يصنّت ليَ ما نردّ عليــه جـواب

          اتمَهّل في مشيتو ونظـر ليّ *** وتحقق في حالتي ماهيش صواب

          يا عبــد الله قــال لي عيد عليّ *** واش جْـرالَك راك مفتــون ولوّاب

          ساعف حالك يا اللي راك معايا *** ونورّيــك منين دَرْكوني لَعْطاب

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          • #6
            La France l'avait exilé de sa ville natale et passa le restant de sa vie a Touggourt; son forfait fut qu'il avait écrit un poème où il exprima son amour, et ce, avec brio, d'une fille de noblesse de la ville; on ne va citer le nom de cette famille par pudeur et respect pour ses membres.

            Il était non-voyant entre autres.
            Dernière modification par djamal 2008, 09 mai 2012, 01h05.
            Ask not what your country can do for you, but ask what you can do for your country.

            J.F.Kennedy, inspired by Gibran K. Gibran.

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            • #7
              En fait à EL Goléa, Benkarriou a été nommé par l'autorité coloniale en qualité de Bach-âdel (sorte de juge). Il est vrai que cette affectation resssemblait plus à un exil, du moins aux yeux du poète qui vécut très mal son séjour dans cette oasis. La pièce mi satirique, mi-diatribique qu'il consacra à la ville d'El Goléa en dit long.
              Pour ceux qui s'intéressent à la poésie saharienne, je conseille le livre de Hamza Boubakkar "Trois poètes algériens : Mohammed Belkheir, Abdallah Benkarriou, Mohammed Baitar"
              Le sage souffre dans le bonheur du savoir... L’ignorant exulte dans les délices de l’ignorance

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