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Une référence pour mieux saisir les enjeux du monde arabe

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  • Une référence pour mieux saisir les enjeux du monde arabe

    Samir Mehalla, journaliste au parcours professionnel élogieux en Algérie et hors de nos frontières, a réalisé une performance remarquable en publiant un livre sur l’actualité brûlante qui secoue le monde arabe. Dans la forme comme dans le fond, l’originalité de ce volumineux ouvrage, de près de trois cents pages, réside dans les idées, analyses et réflexions exposées sous le support d’un entretien. Il dédie ce livre à son fils Ali Fares pour ses quatorze ans et, surtout, pour son directeur de publication, Amine Allouache, auprès duquel il a pu saisir le sens du sérieux journalistique et les impacts d’un écrit, aussi modéré soit-il, dans un pays comme le nôtre. L’auteur, exerçant ainsi son métier de journaliste, a posé des questions à une personnalité médiatique ayant consacré et consacre toujours la plus grande partie de son temps à l’analyse ou à la couverture des événements qui bouleversent le monde arabe depuis une quarantaine d’années.

    Cette personnalité marquante de la presse écrite est René Naba, un journaliste d’origine libanaise qui a eu les faveurs de la presse occidentale, en raison de son origine arabe et sa connaissance de la mentalité des Arabes, ajouté à sa parfaite maîtrise de la langue française. Avec ces qualités, René Naba n’a pourtant pas succombé aux manipulations que pourraient exercer sur ses écrits l’attitude occidentale prônant toujours sa liberté d’expression et refusant compromis, avantages, privilèges et cadeaux. De même, il a préféré sacrifier son confort matériel au profit du libre exercice de son métier de journaliste et de l’éthique. De plus, il est pourvu de qualités morales et humaines comme l’aide de son prochain ou le culte du partage.
    Ces vertus, en plus de son engagement dans les travaux effectués, font de lui une personne considérée et respectée. Lui-même se défend d’exercer une mission offensive, en disant : « J’espère qu’on dira de moi un jour que j’ai été cohérent avec mes options de base – lesquelles n’étaient pas subversives –, correct dans la vie, honnête, solidaire avec toute personne tombant dans la rue, partisan du partage et que je me suis fait un point d’honneur de ne jamais être en colère. »
    Mieux comprendre les bouleversements actuels en Syrie, en Libye et en Iran.

    Dans ce long entretien, Samir Mehalla par ses questions pertinentes fait ressortir le fantastique échiquier que vivent les pays du monde arabe à travers l’histoire contemporaine.
    Sur les quinze chapitres que compte le livre, René Naba s’exprime, à la lumière de sa longue et riche expérience sur la situation passée et actuelle de l’Egypte, de la Palestine, de la Libye, du Maroc, du Sahara occidental, de l’Arabie saoudite, du Yémen, de la Tunisie, du Soudan, de la Syrie, de l’Irak et des pays du Golfe. Il parle aussi du Liban, de ses déchirures, ses blessures ainsi que de son courage face aux épreuves découlant du conflit israélo-palestinien.
    Par les incidences sur les révolutions agitant le monde arabe, les questions posées débordent sur la situation dans les pays du monde islamique, comme la Turquie, l’Iran et l’Afghanistan impliqués par leur situation géo-stratégique. René Naba, en fin analyste et sur la base de sources sûres, dévoile des intentions et des positions inavouées à l’origine, en vérité, des actions entreprises aussi bien de la part de responsables politiques de l’Occident que de dirigeants de pays arabes. Pour la Syrie, ce journaliste d’origine libanaise dénonce la campagne virulente menée actuellement, non seulement par le monde occidental, la France et les Etats-Unis réunis, mais également par de nombreux pays arabes sous la houlette de la Ligue arabe. Il en veut au Qatar et à l’Arabie saoudite d’être les chefs de file de cette coalition contre un pays qui, selon lui, a été un modèle de sacrifice à travers l’histoire, pour la dignité du monde arabe.
    René Naba excepte quatre pays qui refusent d’appliquer les sanctions contre la Syrie : «L’Algérie, l’Irak, le Liban, le Yémen sont des pays qui ont eu à pâtir d’une guerre civile et qui sont, donc, avertis du coût des ingérences étrangères ainsi que du plan du coût humain, économique et social». Concernant la Libye, ce journaliste analyse la situation d’aujourd’hui par ces arguments : «La satisfaction légitime provenant de la chute d’un dictateur ne saurait occulter le gâchis stratégique provoqué par l’effondrement d’un pays à la jonction du Machrek et du Maghreb et son placement sous tutelle de l’Otan, le plus implacable adversaire des aspirations nationales du monde arabe.» A propos des menaces et de l’embargo contre l’Iran, René Naba soutient que ce pays est un ardent défenseur de la cause et de la dignité arabes, dont les idéaux ont été définis par les leaders historiques, Nasser, Boumediene et le roi Fayçal. Il avertit le monde arabe contre la stratégie douteuse du monde occidental visant à discréditer la République islamique d’Iran en ces termes : «L’Iran sert ce qu’on appelle la stratégie américaine dite The politics of fears, visant à présenter l’Iran comme un croquemitaine, à l’effet de conduire les pétromonarchies à acheter davantage d’armes pour leur défense et à solliciter davantage la protection américaine avec, en fin de compte, une dépendance accrue à l’égard de l’axe israélo-américain.»
    Une contribution au cinquantenaire de l’Indépendance de l’Algérie.

    A propos de l’Algérie, René Naba avoue son attachement viscéral à notre pays, qu’il connaît depuis plusieurs décennies étant très lié avec deux personnalités historiques aujourd’hui disparues : M’hamed Yazid, ancien ambassadeur au Liban, et Abdelhamid Mehri, du temps où il était secrétaire général du Front de libération nationale. René Naba évoque avec admiration le glorieux passé diplomatique dû au tandem Boumediene-Bouteflika, ayant apporté à l’Algérie un rayonnement international inestimable.
    Les négociations pour la libération des otages américains en Iran, les pourparlers de paix entre l’Irak et l’Iran, l’accueil du leader palestinien Yasser Arafat à l’ONU et la fin de la prise d’otages de Vienne sont autant d’événements où l’Algérie a eu un rôle déterminant. René Naba souligne la position loyale et inchangée de notre pays vis-à-vis de la cause palestinienne, véritable foyer de tension au Moyen-Orient et source des maux agitant le monde arabe. Le livre de Samir Mehalla éclaire les spécialistes comme le simple citoyen sur la manière de saisir les enjeux secouant le monde arabe. L’ouverture de ces horizons se fait par l’intermédiaire d’un observateur qui a vécu sur le terrain, depuis la guerre des Six-Jours en 1967, l’ensemble des événements et des bouleversements qui ont suivi et qui ont frappé le monde arabe.

    Mieux, René Naba se place au cœur de l’actualité, au même titre qu’un quotidien paraissant en ce mois d’avril 2012. Son mérite est de pouvoir aller, avec ces trois cents pages, dans l’infime détail de l’analyse, ce que ne pourrait faire un quotidien, limité par ses espaces. De même, il y a lieu de saluer le caractère engagé de ce livre, orienté vers les causes justes, les idéaux et les principes universels. Pour illustrer cette voie toute de droiture, Samir Mehalla comme René Naba évoquent des exemples de combattants de légende comme Frantz Fanon, Che Guevara, Djamila Bouhired, Ali La Pointe, Fancis Jeanson, Djamila Bouazza, Yasser Arafat et bien d’autres noms illustres.
    Pour mieux illustrer cette communion de vues entre un Libanais et un Algérien, un passage du livre cite le haut niveau de reconnaissance de deux femmes : Djamila Bouhired et Leïla Khaled, symboles du combat légitime en Algérie et en Palestine, «le plus beau cadeau de la symbolique algéro-libanaise, peut-être que les Algériens ne le savent pas, aura la visite conjointe de Djamila Bouhired, l’Algérienne, et Leïla Khaled , la Palestinienne, sur le champ de bataille du SudLiban, en novembre 2006, c’està-dire deux mois après la guerre contre Israël». Enfin, il est important de citer ce passage débordant d’émotions disant qu’»elles sont venues à deux, elles ont visité toute la région frontalière, dans une double démarche, symbolique dans la libération de la femme et symbolique de la femme au combat. Aucune d’elles n’était voilée». Il est difficile de ne pas connaître la suite de cet hymne dédié aux causes justes et nobles, «elles sont venues ensemble côte à côte au Sud Liban rendre hommage aux Libanais qui ont pris la relève de la résistance algérienne et de la résistance palestinienne. C’est fort !».
    Ainsi, si cet ouvrage de Samir Mehalla, paru ce mois d’avril 2012 aux éditions Talentikit de Béjaïa captive le lecteur, quelle que soit son opinion, par son fond, il séduit par sa forme qui se présente sous un volume à la couverture attirante, à l’impression agréable et à la lecture facile. Ce livre de Samir Mehalla, défendant par son contenu les idéaux de Novembre peut être considéré comme une contribution à la célébration du cinquantenaire de l’indépendance du pays.

    Kamel Cheriti
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