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Singapour, plate-forme de l’éducation mondialisée

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  • Singapour, plate-forme de l’éducation mondialisée

    Bonsoir, l'objectif c'est de devenir un international school hub, comme Dubaï d'ailleurs, attirer des centaines de milliers d'étudiants et de chercheurs, ça aussi c'est un business.
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    La cité-Etat se rêve en un immense campus attirant des armées d’étudiants et de cadres en formation. Les meilleures écoles de la planète sont conquises.


    Des universitaires et des patrons de divers continents ont assisté, le 13 mai, à l’inauguration de l’Essec Asian Center, au treizième étage de la National Library, au centre de Singapour. « Nous avions des échanges avec l’Asie depuis vingt-cinq ans, explique Pierre Tapie, le patron du groupe Essec. L’idée d’une implantation a germé en 2001. On a hésité entre Shanghai, Tokyo et Singapour. On a opté pour Singapour parce que c’est l’Asie, alors que Tokyo, c’est le Japon, Shanghai, c’est la Chine. » L’Essec dispose d’un amphithéâtre de 80 places avec vue sur le quartier des affaires, et prévoit d’augmenter le nombre de ses professeurs et de ses chercheurs permanents d’ici à 2010. Des élèves seront accueillis pourdes semestres d’études ou des séminaires. L’école développera des programmes en management du luxe, bioéthique, management urbain et risk management. Elle veut intégrer une centaine d’étrangers en admission parallèle, dont deux tiers venant d’Asie. Ils paieront 16 000 euros de frais de scolarité, contre 8 500 euros pour les Français. Mais l’apport le plus important est invisible, comme le souligne Christian Koenig, l’ancien patron de l’Essec qui a piloté l’opération Singapour : « Voyez l’opération Nissan pour Renault : on pensait que Renault allait changer la culture Nissan, etc’est l’inverse qui s’est produit. » L’Essec prend une piqûre d’Asie.

    Sur une carte du monde, on comprend tout de suite. Singapour, île de 20 kilomètres sur 30, 4,5 millions d’habitants, possède une situation de rêve, au centre du triangle Sydney-Tokyo-New Delhi. La moitié des habitants de la planète sont à moins de quatre heures d’avion. Avec deux voisins, la Chine et l’Inde, dont les économies progressent à des taux de croissance de 7 à 10 % l’an, la demande en formation explose. Singapour, où tout le monde parle l’anglais, a décidé d’en profiter pour ravir à l’Amérique du Nord une part significative de sa position de leader dans la formation des élites mondiales. En se positionnant comme un international school hub : une plate-forme éducative mondiale, opération aussi baptisée global schoolhouse , l’école globale. Il s’agit de transformer l’île en un immense campus, en invitant les meilleures universités et laboratoires de la planète à s’implanter ici.
    Ici, l’éducation est un marché qui se chiffre en milliards de dollars. Dans les quinze ans à venir, il y aura 50 millions d’étudiants nouveaux en Asie du Sud-Est et en Inde. L’objectif est d’attirer 150 000 étudiants et chercheurs étrangers, dans des programmes de tous niveaux, plus 100 000 cadres en formation. A taille égale, c’est comme si la France faisait venir 2,3 millions d’étudiants étrangers, soit dix fois plus qu’actuellement. La part de l’éducation dans le PIB de Singapour passerait de 1,8 % aujourd’hui à 5 %.

    Un produit d’exportation

    Le projet est conçu comme un produit d’exportation : les étrangers paient leur scolarité deux fois plus cher que les nationaux. D’après Antoine Mynard, conseiller à l’ambassade de France, Singapour engrangera près de 5 milliards d’euros de recettes. Le quart du budget français actuel de l’Enseignement supérieur et de la Recherche ! Autant dire que le pays financera sa recherche de pointe grâce… aux étudiants étrangers. De quoi booster l’économie de cette île déjà parvenue à attirer 7 000 multinationales. Pour attirer des investissements, la ville possède un outil de promotion économique d’une rare efficacité, l’Economic Development Board (EDB). Une agence gouvernementale qui est à la fois chasseuse de têtes et de capitaux, et organisme de financement des nouveaux projets, grâce à plusieurs fonds de capital-risque. Aux Etats-Unis, quelque 22 consultants répartis dans 7 bureaux prospectent pour l’EDB, qui possède aussi un réseau de 5 bureaux et 12 consultants en Europe, 7 bureaux avec 15 consultants en Asie. En 2004, ils ont attiré 5 milliards d’euros d’investissement étranger et 21 000 emplois, soit plus du double des performances françaises à population égale.

    En 1997, la ville-Etat lance, avec l’EDB, une vaste opération de séduction pour attirer les meilleures facultés du monde, avec des aides à l’implantation. Le bilan est impressionnant. Se sont installées ici la Business School de Chicago, l’Insead, l’université Johns Hopkins et l’Essec. L’University of New South Wales (UNSW) de Sydney investit 220 millions d’euros pour ouvrir un campus de 20 hectares à 15 000 étudiants, dont 70 % d’étrangers. Des masters ont été créés en partenariat avec Stanford, Cornell, Wharton, Berkeley, New York University, UCLA, le MIT, le King’s College… Avec des formations dans tous les domaines : l’université du Nevada a ainsi prévu d’ouvrir des masters de gestion de casinos. S’implante aussi le DigiPen Institute of Technology, grande école américaine d’animation vidéo. Comme dans ces food courts, ces restaurants où l’on goûte toutes les cuisines du monde, on trouvera à Singapour des dizaines de formations mondiales sur un même site !

    Des budgets de rêve

    Pour montrer l’exemple, Singapour a édifié en un temps record une vitrine de son savoir-faire : la Singapore Management University (SMU), six bâtiments de verre et d’acier surgis en trois ans sur 5 hectares prélevés sur un parc historique, face au célèbre hôtel Raffles. « Nous voulons devenir une université de première classe mondialement reconnue pour la qualité de sa recherche et de son enseignement », explique-t-on fièrement à la SMU. Pour 3 250 euros de scolarité par an, 10 000 candidats se disputent 1 300 places. Equivalant à Dauphine ou à Sciences-Po par la taille, la SMU dispose d’ores et déjà d’un fonds de réserve de quelque 250 millions d’euros ! La fondation d’un généreux patron, le docteur Lee Kong Chian, a fait une donation de 25 millions d’euros. Et comme, à Singapour, lorsqu’un don est fait, la tradition veut que le gouvernement rajoute le triple, c’est donc 100 millions d’euros que la Singapore Management University a trouvés dans sa corbeille de naissance.

    Un marketing de pointe

    Pour attirer les étudiants et les professeurs, c’est une agence rattachée au ministère du Tourisme – Singapore Education – qui vante le « produit Singapour », grâce à des méthodes de lessiviers. Avec le slogan « Des études qui transforment. Une ville qui inspire », la cité est promue comme une marque mondiale d’excellence en économie du savoir. L’agence fournit tous les services pour venir étudier ici : conseils sur le choix d’écoles, aides pour les bourses, le logement…

    Dans cette ville où il fait bon toute l’année, à quelques heures des plus belles cités d’Asie, les arguments ne manquent pas. Les étudiants peuvent se loger dans des condominiums, des appartements tout équipés, avec Jacuzzi, squash, piscine, pour 1 500 euros à partager à quatre, soit 400 euros par mois, à comparer avec le prix d’une chambre d’étudiant à HEC (528 euros) ou à l’EM de Lyon (430 euros).

    « Nous avions pour objectif d’attirer dix des meilleures universités du monde. Aujourd’hui, on en a attiré seize, et une trentaine ont monté des programmes avec nos facs », résume, tout sourire, Jonathan Lim, le jeune patron du projet éducation à l’EDB, qui planche déjà sur les objectifs de… 2018.

    L’économie du savoir

    Le tiers des 30 000 étudiants de l’université technologiquede Singapour (NUS) sont étrangers.
    600 millions d’euros pour le budget de la NUS, plusdu triple d’une fac française comparable.
    Une éducation de haut niveau qui a son prix. Frais de scolarité pour les MBA :à l’Insead, 45 000 euros sur deux ans,et à l’Essec, 17 000 euros. Pour les Executive MBA, 85 000 euros à l’Insead (pour douze semaines de cours) et 70 000 euros pour la Chicago Business School.

    Par Patrick Fauconnier
    22.06.2006 Challenges
    Dernière modification par zek, 22 juin 2006, 20h33.
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin

  • #2
    tres interessant

    singapore est l'un des rares pays du monde développé qui n'impose pas de visa aux marocains,nos étudiants devraient en profiter pour aller étudier la bas,ça fera en plus deux de parfaits anglophones,et des aguerris aux techniques commerciales chinoises
    cela me semble en tout cas plus passionnant qu'une université européenne de province

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    • #3
      Article très intéressant. Singapour est de ces pays qui ne fait pas dans l'amateurisme. Ses dirigeants se basent sur les analyses et les prévisions de ses élites pour mieux choisir les solutions stratégiques qui garantiront la survie et le succès du Singapour de demain. Il a vu juste en investissant massivement dans des infrastructures universitaires de classe mondiale pour attirer les élites, sachant que beaucoup d'experts estiment que le savoir et la matière grise seront les poules aux oeufs d'or de demain...

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