FLN: le temps du retournement de vestes
« Grand vainqueur» des élections législatives, le FLN n'en a pas pour autant fini avec la guerre des chefs qui mine sa cohésion. Après une trêve qu'ils ont observée pour cause de campagne électorale, les contestataires du secrétaire général du parti repartent à l'offensive contre lui. Sauf que l'arme de la procédure du «retrait de confiance» qu'ils essaient d'utiliser contre lui s'est singulièrement émoussée après le score électoral fait par le FLN sous la houlette de Belkhadem.
La majorité de membres du comité central indispensable pour finaliser cette procédure et qu'ils se targuaient d'avoir réunie est en train de fondre comme beurre au soleil, car les retournements de veste dans leurs rangs ont déjà eu lieu et vont se multiplier. Fort de la «victoire» remportée par le FLN, Belkhadem est en effet en situation de «convaincre» nombre de ses opposants à revenir dans la voie de la «légalité» en jouant sur leur avidité à être du côté gagnant.
Le noyau dur de la contestation persistera certainement dans l'activisme anti-Belkhadem, à seule fin de sauver ce qui peut l'être pour lui. Mais il est clair qu'il a perdu la bataille et en subira les conséquences. Car Belkhadem exploitera la nouvelle donne créée pour le FLN par sa «victoire électorale» en fermant la porte de la direction du parti aux irréductibles parmi ses adversaires. Il va frapper fort et vite car la guéguerre des chefs n'a que trop duré et fait «désordre» pour un parti ayant gagné les élections et appelé à avoir un rôle charnière dans le processus d'achèvement des réformes politiques. Ce à quoi Bouteflika l'encouragera très certainement.
Les chefs de file de la contestation que Belkhadem a en ligne de mire se sont trompés du tout au tout en pensant que le mouvement qu'ils ont initié contre lui aboutirait à son lâchage par le chef de l'Etat, qui est aussi, pour rappel, le président d'honneur du parti. Ils ont été naïfs en pensant que les quelques signaux émis par Bouteflika à un moment de la confrontation qu'ils ont engagée avec Belkhadem signifiaient le retrait de son soutien à leur adversaire. En fait, le chef de l'Etat n'a jamais enlevé son appui à Belkhadem, qui, en le sachant, a fait front sans être démonté par l'offensive lancée contre lui et pouvait effectivement l'emporter vu la masse de ralliements qu'elle a value au noyau dur de ses contestataires.
Bouteflika savait que les adversaires de Belkhadem auraient la partie belle au cas d'une défaite électorale du FLN, voire d'un score gagnant mais étriqué. C'est l'une des raisons qui l'ont poussé à jeter tout le poids de son autorité présidentielle et de sa popularité sous la forme de son appel à voter au peuple, dont le FLN a été le bénéficiaire et, par voie de conséquence, Belkhadem qui en est le patron nominal.
En contestant Belkhadem intronisé par Bouteflika à la tête du parti, ses opposants ont conscience, ou sans s'en rendre compte, commis ce que ce dernier ne pouvait que considérer en tant que «crime de lèse-majesté», inspiré à ses auteurs par les forces au sein du pouvoir ayant voulu desserrer sa mainmise sur le principal parti à la veille d'échéances politiques dont les enjeux sont cruciaux pour l'organisation de la succession intervenant en 2014.
Le «redressement» dont devait être l'objet le FLN va effectivement avoir lieu, mais pas dans la forme que les contestataires de Belkhadem ont caressée.
par Kharroubi Habib
Le Quotidien d'Oran