Facebook a vu son cours dévisser de 10,99 % pour sa deuxième séance. L'introduction en Bourse du réseau social tourne au règlement de comptes. Les doutes s'accumulent sur le niveau de valorisation retenu, les problèmes du Nasdaq et la tactique d'introduction très « secrète » de Morgan Stanley.
L'introduction de Facebook tourne au règlement de comptes. Au deuxième jour de cotation, le titre du réseau social a piqué du nez, hier, en tombant sous son prix d'introduction (-10,99% en clôture, à 34,03 dollars). Les doutes commencent à s'accumuler à la fois sur le niveau de valorisation retenu, les problèmes rencontrés par le Nasdaq et la tactique d'introduction très « secrète » de Morgan Stanley.
Une valorisation critiquée
Les débuts « ratés » du réseau social en Bourse sont d'autant plus décevants que nombre de sociétés Internet ont flambé lors de leur premier jour de cotation, à l'instar de LinkedIn, même si la suite a été plus mitigée. La valorisation de Facebook a fait l'objet de nombreux débats et critiques, ces derniers jours. « Elle est digne de la bulle Internet », lâche un banquier. Les multiples de valorisation avaient de quoi donner le vertige, mais en participant à l'opération, les investisseurs faisaient un pari sur la croissance future. Chacun avec ses propres hypothèses et sa propre appréciation de la capacité du groupe à augmenter ses profits.
La baisse du cours montre que les investisseurs doutent encore de la solidité du « modèle Facebook ». Les résultats du premier trimestre ont inquiété. Le réseau social y a enregistré une croissance de 45 %, largement en dessous du rythme qu'il tenait jusqu'alors (plus de 100 % jusqu'au 3 e trimestre 2011). Et les signes apportés ces derniers jours n'ont pas rassuré. Le rachat d'Instagram, valorisé 1,2 milliard de dollars alors qu'il ne génère encore aucun revenu, a été négocié par Mark Zuckerberg lui-même, lequel s'est assuré 57 % des droits de vote de Facebook, et donc un contrôle absolu sur toutes ses décisions stratégiques. Jusqu'à présent, le jeune patron a privilégié la croissance de sa base d'utilisateurs au détriment des revenus publicitaires. Il va sans doute devoir donner rapidement des gages aux marchés pour démontrer que la croissance de ses revenus et de ses résultats est désormais l'une de ses priorités.
Le mea culpa du Nasdaq
Le patron du Nasdaq, Robert Greifeld, a reconnu explicitement l'existence de « faux pas » en qualifiant la mise sur le marché de Facebook de « succès imparfait ». Mais il considère que les difficultés techniques de l'opérateur n'ont pas eu d'incidence sur l'évolution du cours de l'action. Ce n'est pas l'avis de tout le monde. Après avoir dû retarder de 45 minutes le début de cotation pour cause du volume d'ordres considérable, le Nasdaq a indiqué qu'une partie des ordres entrés immédiatement avant la cotation effective n'ont pu être exécutés et a proposé de les traiter à nouveau pour les clients en faisant la demande avant lundi. Le marché électronique a mobilisé ses équipes pendant tout le week-end pour résoudre les transactions en suspens. De source bancaire, la branche de courtage de Morgan Stanley avait encore, lundi matin, un « nombre important » d'ordres émis vendredi qui n'avaient pu encore être « réconciliés ».
La tactique risquée de Morgan Stanley
Autre grand responsable potentiel des « ratés » de Facebook, la banque chef de file, Morgan Stanley, se retrouve accusée d'avoir voulu jouer « cavalier seul » en excluant les autres banques-conseils, Goldman Sachs et JPMorgan Chase, du processus d'introduction. De fait, selon ses concurrents, Morgan Stanley aurait maintenu un contrôle très strict - et inhabituel -sur l'information et les quotas d'actions attribuées. En particulier, la banque semble avoir été la seule à avoir dialogué activement avec les investisseurs institutionnels en vue de constituer le livre d'ordres. Du coup, Morgan Stanley s'est retrouvé la seule banque, parmi les 33 établissements associés à l'IPO, à devoir soutenir le cours de Facebook, vendredi, en rachetant des actions sur le marché afin d'éviter qu'il ne tombe sous le prix d'introduction de 38 dollars par titre. A cet effet, la banque américaine a utilisé l'option de sur-allocation « greenshoe » de 63 millions d'actions à sa disposition. Selon plusieurs analystes, la manoeuvre pourrait s'avérer coûteuse pour Morgan Stanley, le seul coût de rachat des actions traitées dans les vingt dernières minutes de la séance de vendredi étant estimé à près de 2 milliards de dollars. Selon Reuters, la banque chef de file pourrait avoir déjà investi plusieurs milliards de dollars pour tenter de maintenir le seuil psychologique des 38 dollars et... éviter de perdre la face.
MARINA ALCARAZ, NICOLAS RAULINE ET PIERRE DE GASQUET, Les Echos
L'introduction de Facebook tourne au règlement de comptes. Au deuxième jour de cotation, le titre du réseau social a piqué du nez, hier, en tombant sous son prix d'introduction (-10,99% en clôture, à 34,03 dollars). Les doutes commencent à s'accumuler à la fois sur le niveau de valorisation retenu, les problèmes rencontrés par le Nasdaq et la tactique d'introduction très « secrète » de Morgan Stanley.
Une valorisation critiquée
Les débuts « ratés » du réseau social en Bourse sont d'autant plus décevants que nombre de sociétés Internet ont flambé lors de leur premier jour de cotation, à l'instar de LinkedIn, même si la suite a été plus mitigée. La valorisation de Facebook a fait l'objet de nombreux débats et critiques, ces derniers jours. « Elle est digne de la bulle Internet », lâche un banquier. Les multiples de valorisation avaient de quoi donner le vertige, mais en participant à l'opération, les investisseurs faisaient un pari sur la croissance future. Chacun avec ses propres hypothèses et sa propre appréciation de la capacité du groupe à augmenter ses profits.
La baisse du cours montre que les investisseurs doutent encore de la solidité du « modèle Facebook ». Les résultats du premier trimestre ont inquiété. Le réseau social y a enregistré une croissance de 45 %, largement en dessous du rythme qu'il tenait jusqu'alors (plus de 100 % jusqu'au 3 e trimestre 2011). Et les signes apportés ces derniers jours n'ont pas rassuré. Le rachat d'Instagram, valorisé 1,2 milliard de dollars alors qu'il ne génère encore aucun revenu, a été négocié par Mark Zuckerberg lui-même, lequel s'est assuré 57 % des droits de vote de Facebook, et donc un contrôle absolu sur toutes ses décisions stratégiques. Jusqu'à présent, le jeune patron a privilégié la croissance de sa base d'utilisateurs au détriment des revenus publicitaires. Il va sans doute devoir donner rapidement des gages aux marchés pour démontrer que la croissance de ses revenus et de ses résultats est désormais l'une de ses priorités.
Le mea culpa du Nasdaq
Le patron du Nasdaq, Robert Greifeld, a reconnu explicitement l'existence de « faux pas » en qualifiant la mise sur le marché de Facebook de « succès imparfait ». Mais il considère que les difficultés techniques de l'opérateur n'ont pas eu d'incidence sur l'évolution du cours de l'action. Ce n'est pas l'avis de tout le monde. Après avoir dû retarder de 45 minutes le début de cotation pour cause du volume d'ordres considérable, le Nasdaq a indiqué qu'une partie des ordres entrés immédiatement avant la cotation effective n'ont pu être exécutés et a proposé de les traiter à nouveau pour les clients en faisant la demande avant lundi. Le marché électronique a mobilisé ses équipes pendant tout le week-end pour résoudre les transactions en suspens. De source bancaire, la branche de courtage de Morgan Stanley avait encore, lundi matin, un « nombre important » d'ordres émis vendredi qui n'avaient pu encore être « réconciliés ».
La tactique risquée de Morgan Stanley
Autre grand responsable potentiel des « ratés » de Facebook, la banque chef de file, Morgan Stanley, se retrouve accusée d'avoir voulu jouer « cavalier seul » en excluant les autres banques-conseils, Goldman Sachs et JPMorgan Chase, du processus d'introduction. De fait, selon ses concurrents, Morgan Stanley aurait maintenu un contrôle très strict - et inhabituel -sur l'information et les quotas d'actions attribuées. En particulier, la banque semble avoir été la seule à avoir dialogué activement avec les investisseurs institutionnels en vue de constituer le livre d'ordres. Du coup, Morgan Stanley s'est retrouvé la seule banque, parmi les 33 établissements associés à l'IPO, à devoir soutenir le cours de Facebook, vendredi, en rachetant des actions sur le marché afin d'éviter qu'il ne tombe sous le prix d'introduction de 38 dollars par titre. A cet effet, la banque américaine a utilisé l'option de sur-allocation « greenshoe » de 63 millions d'actions à sa disposition. Selon plusieurs analystes, la manoeuvre pourrait s'avérer coûteuse pour Morgan Stanley, le seul coût de rachat des actions traitées dans les vingt dernières minutes de la séance de vendredi étant estimé à près de 2 milliards de dollars. Selon Reuters, la banque chef de file pourrait avoir déjà investi plusieurs milliards de dollars pour tenter de maintenir le seuil psychologique des 38 dollars et... éviter de perdre la face.
MARINA ALCARAZ, NICOLAS RAULINE ET PIERRE DE GASQUET, Les Echos
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