Bonsoir, par rapport à 2000 mesurons les progrés économiques de l'Algérie, bilan largement positif pour Cherif Ouazani, et pour vous ?
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Les performances économiques de l’Algérie des années 2000 sont indéniables. Doivent-elles être imputées à la seule flambée des cours sur les marchés des hydrocarbures ? Répondre par l’affirmative reviendrait à occulter une donnée essentielle : le chemin parcouru par ce pays depuis quelques années.
La dernière décennie du XXe siècle avait été cataclysmique. Après une esquisse de démocratisation ratée, une sanglante insurrection islamiste a fait près de 150 000 morts, sans parler de millions d’orphelins, de traumatisés et de handicapés. Le coût économique de cette tragédie a été estimé à plus de 20 milliards de dollars. Quant au « tissu social », les dommages qu’il a subis ont longtemps paru irréparables…
Pourtant, la stabilité politique a bel et bien été restaurée. Et l’Algérie a retrouvé une partie de son poids diplomatique. Chefs d’État et patrons de grands groupes industriels se succèdent à Alger. Longtemps jugée infréquentable, l’Armée nationale populaire est aujourd’hui un partenaire privilégié de l’Otan. Après quarante ans de « socialisme scientifique » et une décennie noire, l’économie algérienne s’est en grande partie libéralisée. L’entrée en vigueur de l’accord d’association avec l’Union européenne ouvre la voie à la création d’une zone de libre-échange et annonce une prochaine adhésion à l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
L’importance des réserves de change (64 milliards de dollars, au 31 mars dernier) autorise la mise en œuvre d’une politique volontariste de modernisation et de développement. La rente pétrolière contribue sans nul doute à l’amélioration des conditions de vie de la population, mais ne suffit pas à expliquer les mutations en cours depuis le début du nouveau siècle. La transparence de la gestion s’est beaucoup améliorée depuis quelques années. Le bilan de la Sonatrach, première entreprise africaine, est désormais accessible sur Internet. Et la redistribution sociale des fruits de la croissance est empreinte d’une grande sagesse (le montant des transferts dépasse tout juste 5 milliards de dollars par an), ce qui n’a certes pas toujours été le cas depuis l’indépendance. Mais avant d’engager son pari ambitieux de faire de l’Algérie un « dragon » africain, Bouteflika se devait de commencer par le commencement : rétablir la paix.
Depuis son retour aux affaires, en avril 1999, Bouteflika est parvenu à maîtriser la situation sécuritaire, grâce à un savant dosage de traitement politique, de lutte antiterroriste et de mesures d’apaisement. Le 13 janvier 2000, une grâce amnistiante a été accordée et, le 1er mars dernier, une amnistie décrétée. Des combattants islamistes purgeant, pour certains, de lourdes peines d’emprisonnement ont été libérés, des maquisards repentis ont réussi à se réinsérer socialement. Dans les deux cas, Bouteflika a demandé et obtenu l’aval du suffrage universel.
Certaines questions se posaient alors. Comment les familles de victimes allaient-elles cohabiter avec les bourreaux ? Pourraient-elles pardonner des crimes aussi barbares ? Comment oublier les tortures et les exécutions sommaires qui ont accompagné la lutte contre le terrorisme ? Certes, la paix a été privilégiée au détriment d’une justice totale. Mais comment en aurait-il pu être autrement ? La priorité de Bouteflika a toujours été de faire cesser le bain de sang, de favoriser la réconciliation pour enfin tourner la page, préparer l’avenir et laisser de côté un passé qui a trop longtemps paralysé l’Algérie. Résultat : plus de six mille islamistes ont quitté ?les maquis et les irréductibles du Groupe salafiste ?pour la prédication et le combat (GSPC) sont aujourd’hui très isolés.
Reste à présent à rattraper le retard pris en matière de développement, en gardant à l’esprit une donnée essentielle : pétrole et gaz, les principales richesses de l’Algérie, ne sont pas éternels. Dès 2000, Bouteflika a mis en place un Plan national de développement de l’agriculture (PNDA) : subventions à la production, rationalisation des cultures, modernisation des techniques d’irrigation, etc. Une salutaire bouffée d’oxygène pour un secteur en quasi-jachère depuis la catastrophique révolution agraire de 1973. L’agriculture est ainsi parvenue à absorber près de 500 000 travailleurs victimes du programme d’ajustement structurel imposé par le FMI jusqu’en avril 1997. La sensible augmentation de la production a contribué à réduire le montant des importations - et celui de la facture alimentaire. Enfin, le PNDA a permis de lutter efficacement contre la désertification (plantation de plusieurs millions d’arbres) et de concilier aménagement du territoire et préservation de l’environnement.
La suite...
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Les performances économiques de l’Algérie des années 2000 sont indéniables. Doivent-elles être imputées à la seule flambée des cours sur les marchés des hydrocarbures ? Répondre par l’affirmative reviendrait à occulter une donnée essentielle : le chemin parcouru par ce pays depuis quelques années.
La dernière décennie du XXe siècle avait été cataclysmique. Après une esquisse de démocratisation ratée, une sanglante insurrection islamiste a fait près de 150 000 morts, sans parler de millions d’orphelins, de traumatisés et de handicapés. Le coût économique de cette tragédie a été estimé à plus de 20 milliards de dollars. Quant au « tissu social », les dommages qu’il a subis ont longtemps paru irréparables…
Pourtant, la stabilité politique a bel et bien été restaurée. Et l’Algérie a retrouvé une partie de son poids diplomatique. Chefs d’État et patrons de grands groupes industriels se succèdent à Alger. Longtemps jugée infréquentable, l’Armée nationale populaire est aujourd’hui un partenaire privilégié de l’Otan. Après quarante ans de « socialisme scientifique » et une décennie noire, l’économie algérienne s’est en grande partie libéralisée. L’entrée en vigueur de l’accord d’association avec l’Union européenne ouvre la voie à la création d’une zone de libre-échange et annonce une prochaine adhésion à l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
L’importance des réserves de change (64 milliards de dollars, au 31 mars dernier) autorise la mise en œuvre d’une politique volontariste de modernisation et de développement. La rente pétrolière contribue sans nul doute à l’amélioration des conditions de vie de la population, mais ne suffit pas à expliquer les mutations en cours depuis le début du nouveau siècle. La transparence de la gestion s’est beaucoup améliorée depuis quelques années. Le bilan de la Sonatrach, première entreprise africaine, est désormais accessible sur Internet. Et la redistribution sociale des fruits de la croissance est empreinte d’une grande sagesse (le montant des transferts dépasse tout juste 5 milliards de dollars par an), ce qui n’a certes pas toujours été le cas depuis l’indépendance. Mais avant d’engager son pari ambitieux de faire de l’Algérie un « dragon » africain, Bouteflika se devait de commencer par le commencement : rétablir la paix.
Depuis son retour aux affaires, en avril 1999, Bouteflika est parvenu à maîtriser la situation sécuritaire, grâce à un savant dosage de traitement politique, de lutte antiterroriste et de mesures d’apaisement. Le 13 janvier 2000, une grâce amnistiante a été accordée et, le 1er mars dernier, une amnistie décrétée. Des combattants islamistes purgeant, pour certains, de lourdes peines d’emprisonnement ont été libérés, des maquisards repentis ont réussi à se réinsérer socialement. Dans les deux cas, Bouteflika a demandé et obtenu l’aval du suffrage universel.
Certaines questions se posaient alors. Comment les familles de victimes allaient-elles cohabiter avec les bourreaux ? Pourraient-elles pardonner des crimes aussi barbares ? Comment oublier les tortures et les exécutions sommaires qui ont accompagné la lutte contre le terrorisme ? Certes, la paix a été privilégiée au détriment d’une justice totale. Mais comment en aurait-il pu être autrement ? La priorité de Bouteflika a toujours été de faire cesser le bain de sang, de favoriser la réconciliation pour enfin tourner la page, préparer l’avenir et laisser de côté un passé qui a trop longtemps paralysé l’Algérie. Résultat : plus de six mille islamistes ont quitté ?les maquis et les irréductibles du Groupe salafiste ?pour la prédication et le combat (GSPC) sont aujourd’hui très isolés.
Reste à présent à rattraper le retard pris en matière de développement, en gardant à l’esprit une donnée essentielle : pétrole et gaz, les principales richesses de l’Algérie, ne sont pas éternels. Dès 2000, Bouteflika a mis en place un Plan national de développement de l’agriculture (PNDA) : subventions à la production, rationalisation des cultures, modernisation des techniques d’irrigation, etc. Une salutaire bouffée d’oxygène pour un secteur en quasi-jachère depuis la catastrophique révolution agraire de 1973. L’agriculture est ainsi parvenue à absorber près de 500 000 travailleurs victimes du programme d’ajustement structurel imposé par le FMI jusqu’en avril 1997. La sensible augmentation de la production a contribué à réduire le montant des importations - et celui de la facture alimentaire. Enfin, le PNDA a permis de lutter efficacement contre la désertification (plantation de plusieurs millions d’arbres) et de concilier aménagement du territoire et préservation de l’environnement.
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