L’inquiétude persistante des marchés au sujet de la Grèce ne semble pas inquiéter les marchés en ce début de semaine. L’Euro Dollar tente même de repartir de l’avant en flirtant ce matin avec les 1.28 $ alors qu’il s’échangeait quelques jours auparavant proche de 1.26 $. Quelques raisons expliquent ce phénomène.
Les dirigeants européens veulent garder la Grèce
Nombreux seront ceux qui justifient la bonne tenue de la monnaie unique face à son homologue le dollar américain par la nouvelle tendance du moment de nos dirigeants européens. Il y a quelques semaines, le marché anticipait une sortie du pays de la Zone Euro alors que c’est maintenant le contraire qui rentre dans les mœurs : les dirigeants européens feront tout pour garder la Grèce. Ils tentent donc de lancer un message fort aux marchés mais aussi au peuple comme s’il s’agit d’un appel direct à tous les grecs de faire le bon choix le 17 juin prochain, date des nouvelles élections législatives.
En effet, l’objectif est clairement d’éviter une contagion d’une sortie de la Grèce aux pays les plus en difficulté tels l’Espagne ou l’Italie voire l’Irlande. Les banques commencent même à préparer le terrain en annonçant leur perte maximale en cas de mauvais dénouement en Grèce avec par exemple pour le Crédit Agricole un cout de 7 milliards d’euros. Des chiffres fusent également du côté des pays avec pour la France un cout estimé à 70 milliards d’euros et 600 milliards d’euros pour l’ensemble…
Sur un modèle de calcul basé sur une sortie de la Grèce, l’Euro devrait alors se diriger tout droit vers les plus bas de 2000, soit environ 0.82 $. Mais la parité flirte actuellement avec les 1.27 $ … Dans une note, UBS justifie de plusieurs arguments la réelle tenue de la monnaie unique qui passe outre les considérations d’un revirement d’anticipation du marché sur une non-sortie de la Grèce de la Zone Euro.
Une simple observation du taux à 10 ans de la Grèce montre que l’Euro n’est pas soutenu par une détente de la pression du marché à son sujet :
Quels facteurs justifient réellement la tenue de l’Euro
Le premier facteur repose sur ce que nous avions déjà évoqué les semaines dans nos articles précédents sur la différence de politique monétaire entre la FED et la BCE. La Réserve Fédérale américaine monétise sa dette depuis des années par ses assouplissements quantitatifs avec des taux qui flirtent avec les 0%. Les autres banques centrales au Japon, en Angleterre ont suivi le mouvement contre un taux d’intérêt de 1%. D’autre part, la FED pourrait proposer dans les prochains mois un nouveau Quantitative Easing, numéro 3. Si tel était le cas, ressorti la planche à billets verts diluerait la valeur du dollar américain face à ses homologues.
Dans un second temps, UBS souligne que la zone Euro fonctionne sous une forme de compte courant équilibré qui ne dépend pas des capitaux étrangers pour soutenir la valeur de la monnaie unique. Les prix du pétrole élevés ont contribué à l’achat de pétrodollars qu’ont accumulé les banques centrales mais aussi les fonds souverains que ce soit au Moyen-Orient, en Afrique du Nord ou en Norvège. Ces investisseurs diversifient leurs réserves de change en euros. Enfin, la pression exercée sur les banques européennes pour réduire leur bilan les incite à céder leurs actifs à l’étranger.
Le graphique proposé par UBS ci-dessous montre bien la chute du ratio prêts/dépôts durant les 20 dernières années du Japon qui a commencé aux Etats-Unis depuis 2008 et au Royaume-Uni depuis 2007. En Zone Euro, ce « delevarging » est encore lent même si en cours de cycle, laissant ainsi penser que la tendance devrait se poursuivre progressivement au fil des prochains mois et années. En conséquence, le rapatriement des capitaux devrait favoriser la monnaie unique.
La chute de la monnaie unique est amortie
En conclusion, l’Euro bénéfice de ce rapatriement de capitaux qui empêche la crise que traverse la Grèce d’enfoncer encore un peu plus le clou. Pour autant, la tendance de fond de la monnaie unique devrait se poursuivre lentement mais surement sauf si la Grèce fait exploser la Zone Euro notamment si les législatives ne se déroulent pas comme l’anticipent les marchés après les propos de nos dirigeants européens.
Xavier FENAUX
Les dirigeants européens veulent garder la Grèce
Nombreux seront ceux qui justifient la bonne tenue de la monnaie unique face à son homologue le dollar américain par la nouvelle tendance du moment de nos dirigeants européens. Il y a quelques semaines, le marché anticipait une sortie du pays de la Zone Euro alors que c’est maintenant le contraire qui rentre dans les mœurs : les dirigeants européens feront tout pour garder la Grèce. Ils tentent donc de lancer un message fort aux marchés mais aussi au peuple comme s’il s’agit d’un appel direct à tous les grecs de faire le bon choix le 17 juin prochain, date des nouvelles élections législatives.
En effet, l’objectif est clairement d’éviter une contagion d’une sortie de la Grèce aux pays les plus en difficulté tels l’Espagne ou l’Italie voire l’Irlande. Les banques commencent même à préparer le terrain en annonçant leur perte maximale en cas de mauvais dénouement en Grèce avec par exemple pour le Crédit Agricole un cout de 7 milliards d’euros. Des chiffres fusent également du côté des pays avec pour la France un cout estimé à 70 milliards d’euros et 600 milliards d’euros pour l’ensemble…
Sur un modèle de calcul basé sur une sortie de la Grèce, l’Euro devrait alors se diriger tout droit vers les plus bas de 2000, soit environ 0.82 $. Mais la parité flirte actuellement avec les 1.27 $ … Dans une note, UBS justifie de plusieurs arguments la réelle tenue de la monnaie unique qui passe outre les considérations d’un revirement d’anticipation du marché sur une non-sortie de la Grèce de la Zone Euro.
Une simple observation du taux à 10 ans de la Grèce montre que l’Euro n’est pas soutenu par une détente de la pression du marché à son sujet :
Quels facteurs justifient réellement la tenue de l’Euro
Le premier facteur repose sur ce que nous avions déjà évoqué les semaines dans nos articles précédents sur la différence de politique monétaire entre la FED et la BCE. La Réserve Fédérale américaine monétise sa dette depuis des années par ses assouplissements quantitatifs avec des taux qui flirtent avec les 0%. Les autres banques centrales au Japon, en Angleterre ont suivi le mouvement contre un taux d’intérêt de 1%. D’autre part, la FED pourrait proposer dans les prochains mois un nouveau Quantitative Easing, numéro 3. Si tel était le cas, ressorti la planche à billets verts diluerait la valeur du dollar américain face à ses homologues.
Dans un second temps, UBS souligne que la zone Euro fonctionne sous une forme de compte courant équilibré qui ne dépend pas des capitaux étrangers pour soutenir la valeur de la monnaie unique. Les prix du pétrole élevés ont contribué à l’achat de pétrodollars qu’ont accumulé les banques centrales mais aussi les fonds souverains que ce soit au Moyen-Orient, en Afrique du Nord ou en Norvège. Ces investisseurs diversifient leurs réserves de change en euros. Enfin, la pression exercée sur les banques européennes pour réduire leur bilan les incite à céder leurs actifs à l’étranger.
Le graphique proposé par UBS ci-dessous montre bien la chute du ratio prêts/dépôts durant les 20 dernières années du Japon qui a commencé aux Etats-Unis depuis 2008 et au Royaume-Uni depuis 2007. En Zone Euro, ce « delevarging » est encore lent même si en cours de cycle, laissant ainsi penser que la tendance devrait se poursuivre progressivement au fil des prochains mois et années. En conséquence, le rapatriement des capitaux devrait favoriser la monnaie unique.
La chute de la monnaie unique est amortie
En conclusion, l’Euro bénéfice de ce rapatriement de capitaux qui empêche la crise que traverse la Grèce d’enfoncer encore un peu plus le clou. Pour autant, la tendance de fond de la monnaie unique devrait se poursuivre lentement mais surement sauf si la Grèce fait exploser la Zone Euro notamment si les législatives ne se déroulent pas comme l’anticipent les marchés après les propos de nos dirigeants européens.
Xavier FENAUX
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