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Jouons au trouble-fête.

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  • Jouons au trouble-fête.

    La Bataille de Verdun.

    On fête cela aujourd'hui : 700000 morts dont 35000 maghrébins. 35000 de nos parents Algériens, Marocains et Tunisiens. 35000 soldats venus des quatre coins de la Sous-France d'alors. 35000 soldats de la Sous-France ont vécu l'ultime souffrance.

    J'ai interviewé à l'instant même un de ces soldats. Je l'ai imaginé, il a votre tronche, ma tronche. Algérien, tunisien, marocain, ce n'est pas important, ce qui est important c'est : L'imaginer. L'écouter. On va même lui donner un nom, tiens. Il s'appelle MAT ( M-arocain A-lgérien T-unisien ). MAT comme décédé en Arabe. MAT en 1916. MAT exposé en première ligne.

    - Bonjour TAM, c'est ta fête aujourd'hui. Belle journée hein ! Et tout ce beau monde qui se recueille sur ta tombe. Des gradés, Généraux, Maréchaux, des honorables et tout ! Coud'onc TAM, tu peux-tu nous dire deux mots sur cette bataille qui t'as coûté la vie. Juste deux mots pour tes arrières-arrières-petits-enfants du forum Algérie, section Café du Village ?

    - Café du Village ? Hein ! Y s'intéressent-tu à ces choses tu penses ? Me semble; sont plus bronché(e)s dans des histoires de mamours, genre tu m'aimes-tu, moi non plus... Pis, c'est long même en deux mots raconter Verdun...

    - Minute TAM, on les aime nous. Pis, y sont très jeunes, normal. Font dans le vacarme. Mais ça anime aussi. Y'ont un style télégraphique. Et si tu résumes dans le style télégraphique genre, mettons lily.. court, mais court ?

    - OK, ben, les gradés, les chefs nous ont fait des discours sur la grandeur de notre entreprise. La liberté. La mère patrie. Wallah On ne voulait libérer personne. Nous faisions la guerre et la guerre c'est Tue, Tue, Tue...Des types nous ont fait des discours. Des généraux, des maréchaux, des enc-ulés. Ils ont tous dit des conneries. Sauf un. Il s'appelait françois de France, je ne sais plus quel était son grade. Il a dit : " Il y a des pauvres types qui doivent faire ce putain de boulot, aller sur les premières lignes, et les pauvres types, c'est vous "...

    On avait fait 10 répétitions en Algérie. Avec des vrais fusils. Beaucoup de morts. Morts pendant la répétition, tu te rends compte ? Et un jour ce fut Verdun. Mais on se foutait bien que ce fût Verdun. Les soldats se foutent de savoir où ils vont...

    Il y avait plein de corps partout. Des têtes ici. Des pieds plus loin. Les blessés n'étaient pas des blessés, c'était des types éventrés, des frères tams à qui on essayait de remettre les intestins dans le ventre... 2 heures, 3 heures, voilà ce que dure une bataille. Le reste c'est de l'attente. De la souffrance. Et de la peur. Les soldats des premières lignes mourraient l'un après l'autre. Pis, un jour, pas longtemps après, c'était mon tour. Voilà. C'est-tu assez télégraphique à ton goût.

    - Oui TAM, merci au nom de tous les télégraphiques. Mais il y'a aussi les autres, ceux qui, demain, viendront se recueillir sur ta tombe. Un mot peut-être ?

    - À ces gradés de mes deux, tu peux leur dire que si je pouvais reprendre mon fusil, je leur donnerai 3 secondes pour décoller de ma face : un, deux, trois, Boum... Ne vous y trompez pas, ce n'est pas notre mémoire que célèbrent ces gradés, ces sornettes, ces sonneries, ces musées, ce mémorial, c'est la guerre elle-même qu'ils célèbrent et non sa fin. La guerre combien de fois recommencée depuis celle-là, mes salauds ? En Algérie, en Indochine, en Corée, en Indochine encore devenu le Vietnam, au Liban, Sarajevo, Vukovar, Beyrouth, le Kosovo, la 2ème guerre mondiale et je ne parlerai pas des guerres oubliées d'Afrique... Bon c'est assez.

    On fête cela aujourd'hui : 700000 morts.

    Un survivant ( si on en trouve ) racontera ses souvenirs aux journalistes. Le chef d'État et quelques gradés discourront sur la paix. Les hôteliers feront des affaires d'or.

    700000 morts qu'on fête ou qu'on tue encore ?

    700000 morts, même pas un record. Presque du bricolage à côté de la 2è guerre mondiale, d'Hiroshima, de la guerre d'Algérie qui devait suivre tout de suite après. Et ce n'était encore pas assez. On a recyclé les survivants en Indochine, en Corée, en Algérie, au Vietnam. On n'a jamais arrêté depuis. Nicaragua, Cambodge, Afghanistan, Tchad, Somalie. Ca s'étripe à la minute où j'écris en Irak, en Afghanistan, en Palestine, au Soudan, au Rwanda. Cela n'empêchera pas le chef d'État Chirac, les gradés aussi, de dire JAMAIS PLUS. Cela ne les empêchera pas de mentir à 700 mille morts en leur disant que leur sacrifice n'a pas été vain, que c'était pour une juste guerre.

    Menteurs. Crocodiles.

    Vous jouez du clairon dans l'abattoir où vous avez sacrifié 700 mille fois l'Homme et sa moitié... 700000 morts que vous retuez encore.

  • #2
    Bloum

    on ne fête pas, on commémore

    non, ce n'est vraiment pas une fête...

    qu'ils soient d'ici ou d'ailleurs,
    d'hier ou d'aujourd'hui,
    n'oublions pas ceux qui sont morts à cause de la folie des hommes...

    malheureusement, je ne crois pas que la raison remplacera la folie...

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    • #3


      TAM MAT? et on celebre sa mort?, quel scandale!

      Merci Bloum, pour toutes tes chroniques!

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      • #4
        merci bloom

        ils ont cette sacre habitude pietiner les vivants et danser sur la tombe des morts en nous disant jamais plus...mais le massacre continue au nom de cette sacro-sainte liberte!
        sainte...mon oeil!

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        • #5
          ce qui est sûr

          c'est qu'il y avait ça aussi en France en 1943 AU Struthof dans les Vosges
          ( alsace/lorraine)


          Le four crématoire

          Les cadavres( pendus préalablement) étaient placés sur un brancard métallique muni de roulettes à l'avant, et introduits dans le four qui était chauffé au coke.
          je passe les autres détails qui pourraient heurter les âmes sensibles...




          je suis profondément anti militariste de toutes mes tripouilles, mais si on ne parle plus... koiki font les plus jeunes ?

          OUI oui, il faut RABACHER, dire et redire...
          et n'oublier personne
          Dernière modification par Absente, 25 juin 2006, 20h37.

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          • #6
            salut Joce,

            ma cousine est née au Struthof

            mon oncle y est mort

            ce n'était pas un camp où l' on exterminait les juifs mais les politiques, les prisonniers et les gitans...

            c'est vrai, le devoir de mémoire est important

            mais parfois, j'ai peur qu'il ne suscite l'inverse

            la fascination
            regarde, les néo-nazis...

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            • #7
              TU AS RAISON pour cette déviance, c'est pourquoi je pense que c'est au système scolaire d'y participer...

              y zont du boulot les enseignants ...

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              • #8
                Pour commencer : « on ne fête pas, on commémore. non, ce n'est vraiment pas une fête... ». Mais si Makéda, je vous assure. Fêter comme célébrer. Fêter comme commémorer. Fêter comme célébrer comme franc. Commémorer comme solenniser comme hypocrite. Mais si madame, je distingue bien. Et non madame je n'invente rien. j'ai appris à distinguer entre ceci et cela en lisant Louis Calaferte dans un livre qui s'appelle C'est la guerre (Folio), un livre que vous devriez lire Makéda, pour distinguer fêter de commémorer, il vous débarrassera d'un paradigme... . Mais ce n'est pas ce dont je voulais parler. Je voulais parler des célébrations qui vont déferler toute la journée. De ce cirque, de ces médailles, de ces discours, de ces monuments aux morts, de ces musées de la guerre, de ce sens de l'Histoire ou plutôt de ce sens qu'on essaie de donner à l'Histoire en célébrant ses guerres. En célébrant, oui. Comme on célèbre au festival de la patate et du homard. Cela faisait 89 ans l'an dernier, cela en fera 91 ans l'an prochain. Et quoi ? Ces milliers de jeunes soldats : algériens, marocains, tunisiens, sont-ils moins cocus de l'Histoire cette année ? Ces cocus de l'Histoire depuis 90 ans sont au nombre de 120000 si on compte tous les africains.

                Pour commencer, j'ai dit. Pour continuer, qu'il s'imprime dans les consciences, qu'on y pense ne serait-ce qu'une seconde. Devoir de mémoire. La mémoire française est sélective, absolument Makéda, des milliers de soldats maghrébins occultés, exclus de la mémoire 90 ans. Devoir de mémoire, absolument, tout en faisant bien attention qu'il ne devienne ni petite politique, ni grande culpabilité, ni élection divine des soldats de la "Sous-France" hier servis comme chair à canon. Qu'il devienne devoir d'Histoire obligatoire à l'école, comme les maths et les sciences, si j'ose dire comme Joce... Vous préférez commémorer dans le sens de rappeler, évoquer ? Commémorer quoi ? La guerre ne s'est jamais arrêtée. Même pas une journée.


                Bonjour Dahbia. Merci El-Fares. Le plaisir est pour moi.

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                • #9
                  je ne crois pas que la mémoire maghrébine soit moins sélective...
                  je ne voudrais pas remonter dans l'histoire pour le démontrer...

                  et je ne souhaite pas non plus donner de leçon à qui que ce soit...

                  j'aime souvent vous lire, Bloum, mais pas aujourd'hui...

                  et je continuerai à dire commémorer plutôt que fêter...ce n'était pas pour vous corriger mais parce que, personnellement, j'ai mal de voir le mot "fête" associé à une telle journée...c'est tout

                  la mort des soldats maghrébins est aussi triste que celle des paysans français ou allemands qui ne savaient même pas pourquoi on les avait envoyés dans les tranchées...
                  et ne soyons pas sélectifs et pensons aussi aux soldats de Madagascar et d'Afrique noire...
                  et par respect pour eux, tous, on ne doit pas dire fêter...

                  c'est vrai , pas un jour sans guerre,
                  et c'est parti pour durer...

                  car même vous, vous avez utilisé des mots comme une arme dans votre post...
                  Dernière modification par Absente, 26 juin 2006, 14h14.

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                  • #10
                    Pourtant sur le site de RFi on parle de celebration.....Ce n'est pas pour te contrarier Makéda.
                    http://www.rfi.fr/radiofr/editions/0...6_20060128.asp


                    et je continuerai à dire commémorer plutôt que fêter, c'est plus sage et reconnaissant!

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                    • #11
                      bloum

                      il faut lire, s'il vous plait

                      ma cousine est née au Struthof
                      mon oncle y est mort
                      commemorer c'est fêter certes mais avec solennité,
                      alors oui, tous les flons flons et autres machins, ça ne présente pas d'intéret...

                      N'empêche....ce n'est pas si inutile que cela puisque précisément ,nous sommes entrain d'en parler

                      là je ne vous trouve pas drôle moi non plus,vous touchez à des choses que les gens d'Alsace Lorraine ont vécu de plein fouet, sans trop comprendre ce qui leur arrivait.

                      Même si tout ce tapage de célébration peut sembler ridicule, puisqu'on continuera à tuer, et à envoyer à l'abattoir des gens qui n'ont rien demander, il n'empêche, BLOUM, que les célébrations sont nécessaires AUX PETITES GENS.
                      A ceux qui pleurent encore....EUX, ILS ONT besoin DE CETTE RECONNAISSANCE....

                      maintenant, que les officiels s'en emparent, là je suis d'accord avec vous...

                      Mais pour le coup, là, tu as blessé, et là, je ne te trouve pas drôle....
                      Dernière modification par Absente, 26 juin 2006, 10h39.

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                      • #12
                        j'en ai connus des anciens combattants de la guerre 14-18, les poilus ;
                        ils en parlaient, eux, de leurs compagnons de misère venus d'Afrique...
                        ils en parlaient comme de frères...

                        et Dieu qu'ils y tenaient, aux commémorations officielles, pour ne pas tomber dans l'oubli comme là-bas, dans les tranchées...

                        leurs yeux avaient vu si loin au-delà de la mort...

                        bon, passons...


                        la guerre a de beaux jours devant elle...

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