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482 pages pour raconter le rebelle

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  • 482 pages pour raconter le rebelle

    Il maitrisait sa langue et la chanson pour lui etait un jeu de mots que nous écoutions et continons a faire avec plein de plaisir....Parler de lui n'est pas une chose facile, meme avec 482 pages et un jeu de mots comme l'a fait Abderrahmane Lounès, l'auteur.


    «Fidélité intransigeante à mes idées, je mourrai de façon exemplaire, en irréductible et en éternel rebelle, comme j’ai toujours vécu».

    Les livres? Abderrahmane Lounès , cet éternelle jongleur avec les mots, en a commis plusieurs. Cette fois, il nous revient avec des éditions revues et corrigées de deux ouvrages sur le même personnage. Le personnage est Matoub Lounès et les deux livres réédités sont: Le testament et Le barde flingué.

    Deux ouvrages et un homme dont le nom n’a jamais été gonflé à l’hormone publicitaire. Les deux rééditions réapparaissent à la veille de la commémoration du huitième anniversaire de son assassinat. Huit ans déjà! C’est donc un hommage qu’un homme peut rendre à un autre homme. Le barde flingué est une biographie romancée du chanteur indéfinissable.
    N’espérez pas décrocher au bout des premières lignes de ce livre dont l’entame se nomme d’ailleurs, «En guise d’intro à l’huile d’olive». Et puis, les chapitres se succèdent. Ils défilent rapidement: Bruit de fureur, La course du lièvre à travers les...chants, L’Itinéraire, Les premières expériences, L’appel sous les drapeaux, La conquête de la capitale, La race des vainqueurs , Etre ou ne pas être, et, Toutes les femmes sont folles. Respirez! Vous avez déjà bu d’une seule rasade les 80 premières pages «du Barde flingué». On tombe rarement sur un livre aussi énergique, sans le moindre répit. ça se délire très vite. On s’y accroche pour ne pas tomber. On est emporté dans l’accélération, par le rythme. On continue à suivre les pérégrinations de ce chanteur à la fois haï et mal- aimé, à la fois adulé et mystifié. C’est complètement la déroute et voilà Matoub cru. Le barde flingué c’est donc l’histoire poignante de ce chanteur rebelle qui ne peut s’adapter à aucun moule. Dans l’exercice de la rébellion, Matoub aura été souverain jusqu’à modeler de sa voie et à incarner de son être une jeunesse sevrée de tout, sauf de l’injustice. C’est ainsi que l’auteur l’a romancé. On se laisse porter par les lignes fluides du livre.


    Abderrahamane Lounès nous décline Matoub au bout des 293 pages du Barde flingué avec un style constant, soutenu et entretenu avec la machine à manier les jeux de mots qui captent de plus les idées et les humeurs du temps. Durant la lecture, on se pose la question de savoir si Matoub est génétiquement codé sur la rébellion. Et puis, une fois le livre terminé, on est contaminé par....la rébellion matoubienne. «J’accepte toutes les violences sauf celle du sang» dit- il dans Le testament, une autre édition revue et corrigée que nous présente l’auteur. Avec le verbe, le défunt Matoub cristallise l’opinion. Avec le mot il griffe. Au bout d’une rhétorique, il adoucit le quotidien implacable. D’un mot, d’une citation, il nourrit l’espoir, il inspire le soulagement. Certains le croient fou, d’autres le disent seulement simple! Bercé entre innocence et démence, on comprendra mieux une des multiples facettes du personnage en lisant les deux éditions de Abderrahamane Lounès.

    «Qui est le vrai Matoub?» ainsi s’ouvrit Le testament, une édition revue et corrigée de 89 pages. C’est un dialogue entre les deux Lounès. Abderahmane, l’auteur et Matoub le rebelle. «J e suis comme n’importe qui. Je cultive volontiers l’approximation et le paradoxe dans la conversation. J’ai le chic de dérouter les gens. Par jeu ou par nécessité je me plais à brouiller les pistes....». Une entrée en matière qui n’était pas moins prenante au point de ne plus pouvoir s’en détacher. Y a-t-il quelque chose qui nuit à ta carrière? interroge l’auteur. «(...) mon intransigeance. Ma conscience de l’éthique ou du verbe me rejettent violemment en marge. En marge des clans et des écoles. En marge du conformisme et de moi-même» répond Matoub. Il enchaîne avec son style au vitriol: «Une chose est certaine: fidélité intransigeante à mes idées, je mourrai de façon exemplaire, en irréductible et en éternel rebelle, comme j’ai toujours vécu». Lire Le testament lorsqu’on a le temps de le finir d’une traite est la meilleure façon pour l’apprécier. Une écriture sublime qui me laisse une certaine tristesse de l’avoir lu si vite.

    - L'Expression
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