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EXCLUSIF. "J'étais l'épouse de Mohamed Merah"

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  • EXCLUSIF. "J'étais l'épouse de Mohamed Merah"

    Elle est veuve à l'âge où ses copines essaient des vernis à ongles flower pink dans la supérette du quartier. Elle est veuve à l'âge frivole où les coeurs papillonnent. Elle est veuve à 18 ans et ne sait pas trop bien pourquoi. Ni de qui, d'ailleurs. Hizia Myriam aura été l'épouse, mariée religieusement, donc sans validation à l'état civil, de Mohamed Merah, le terroriste dingue d'Allah comme de jeux vidéo en réseau, qui, en mars, tua sept personnes, plongeant la France dans l'épouvante morbide et cinq familles dans le deuil.

    Hizia est la deuxième fille d'Ismaïl, agent de sécurité, et de Naïma. Elle est née dans le nord de la France, quatre ans après Nouria, son aînée. Amina, 11 ans, et Farah, 4 ans, complètent la fratrie. La famille s'est installée dans le Sud, à Blagnac, banlieue tristounette de Toulouse. En juin 2011, Hizia a 17 ans. Elle met fin à sa première année de BEP sanitaire et social. Elle ne cherche pas de travail, elle est à la maison et elle attend. L'an passé, sa grand-mère est morte, Hizia eut du chagrin, puis partit un temps en Algérie. Qu'a-t-elle vu dans ce pays qui n'est pas le sien ? "Après, j'ai décidé de porter le jilbab, qui est cette cape et cette jupe sombre", raconte-t-elle aux policiers qui l'entendent. Ses parents ne commentent guère. Sa mère se promène tête nue, sa soeur aînée cheveux au vent, Hizia choisit, elle, de lourdes étoffes noires. "Deux mois après, j'ai décidé de porter le niqab, qui est le voile qui couvre le visage." La toute jeune fille ne sent plus le soleil picoter son front et se dit contente. "Je suis respectueuse des lois de mon pays et je me découvre le visage quand j'y suis obligée, je ne me considère pas comme une musulmane radicale, je suis juste pratiquante et heureuse comme cela." Hizia s'explique encore. "Ma famille est pratiquante, au fil du temps ma foi a grandi, mais cette foi n'est pas la résultante d'un enseignement, je n'ai jamais été endoctrinée. "

    Beau gosse des cités

    Un mois après avoir quitté l'école, Hizia a l'idée de se marier. Devenir l'épouse d'un gentil garçon, cela donnerait un sens à ce temps si long qui s'égrène depuis la chambre familiale où Hizia peut retirer son niqab. "J'en ai parlé dans ma communauté et j'ai rencontré un premier homme qui avait les mêmes aspirations que moi. Il avait 18 ans mais notre relation a tourné court car il n'y a pas eu réciprocité des sentiments." Trois mois plus tard, la jeune femme, voilée du front aux chevilles, fait la connaissance de Mohamed Merah. "Je ne l'avais jamais vu auparavant et je ne connaissais pas sa famille. Nous nous sommes fréquentés une quinzaine de jours, et sa façon d'être me plaisait." Quinze jours pour croire en cette "réciprocité des sentiments". Un nom pour l'amour ? "Nous avons décidé de nous marier avec l'accord de nos deux familles."

    Le 15 décembre 2011, devant un imam, Hizia se donne à ce beau gosse des cités dont le père a quitté le foyer et dont la mère s'épuise en heures de ménage. Elle s'offre à ce garçon dont le sourire pétille et dont elle paraît sincèrement ignorer qu'il rentre de séjours chez les talibans, où des gosses perdus comme lui apprennent à manier les armes pour tuer, qu'il s'entraîne au carnage en regardant, excité, ces vidéos atroces où des enfants afghans meurent éventrés sous la mitraille des soldats américains. Elle voit que Mohamed est plaisant, "quelqu'un de gentil, de doux, de souriant, je suis réellement tombée amoureuse de lui après le mariage. On regardait Les Simpson ensemble, il parlait beaucoup et avait besoin qu'on l'écoute, il avait besoin d'amour, et je le comparais à un bébé".

    Détachement

    Un "bébé" dangereusement clivé. Tandis qu'il s'est lié par ce "halal" (mariage religieux) à cette toute jeune épouse sur la place dallée de la cité des Izards, le jeune homme fanfaronne. "Soit il était au quartier, soit on allait en boîte, se souvient Mourad, 22 ans, il bossait au black ou il jouait au foot. Je ne vois pas quand il aurait pu s'occuper d'une femme." Un copain avec qui Merah fréquenta le centre de formation en carrosserie témoigne également de ce détachement, étonnant pour un couple neuf qu'on voudrait croire amoureux : "Sa femme ne lui demandait rien. De l'extérieur, marié ou pas, il n'a rien changé à son mode de vie."

    Avant de s'unir à Hizia, Merah fréquenta une jeune femme que nous nommerons Mounia, à laquelle il proposa également une union religieuse. "Avec le recul, j'ai l'impression qu'il cherchait plutôt une couverture et à faire plaisir à sa mère. Surtout, il cherchait quelqu'un de très pieux. Quand je le taquinais sur les boîtes de nuit, il me disait : Je fais rien, je ne bois que du Coca." Le Toulousain en quête d'une femme pieuse s'arrange avec cet amour comme avec la religion. Il compose, traficote, deale.

    Discret

    Chez le jeune ménage, le quotidien effare. "Notre foi, raconte Hizia, était présente, nous avions de nombreuses conversations religieuses mais nous passions du temps à jouer à la PlayStation à Call of Duty en réseau et à Need for Speed. Personne ne venait chez nous parce que Mohamed ne voulait pas que d'autres hommes me voient. Il continuait, lui, à fréquenter ses anciens amis de la cité qui se disent musulmans mais qui ne le sont pas réellement." Et Mohamed, son mari, son "bébé qui a tant besoin d'amour", qui se prépare à tuer en plein jour, à bout touchant, deux petits garçons et leur père, une fillette et trois soldats en uniforme, est-il à ses yeux un bon musulman ? "Il connaissait bien le Coran. Mohamed ne tenait pas à ce que nous nous rendions à la mosquée, il ne voulait pas que j'y aille, et il ne voulait pas y aller, ni à Toulouse ni ailleurs. Il disait ne pas vouloir se faire remarquer et il m'avait dit avoir ses raisons sans me les préciser. J'aurais aimé qu'il porte la tenue traditionnelle de notre foi et la barbe, je le lui avais demandé, mais il ne voulait pas, pour être, selon lui, discret."

    La jeune femme poursuit son récit sans réaliser l'effarante confusion de la conduite de son mari : "Mohamed était fier de sa foi et ce n'est pas par pudeur qu'il voulait être discret." Discret pour quoi, pour qui ? Hizia n'aura guère le temps de s'interroger sur ce mari qui la cache tandis qu'il sort en boîte boire du Coca. Ils vivent des revenus sociaux, feront deux fois les courses, dépensant en tout 170 euros, réglés en liquide. Puis, le mardi 2 janvier, "Mohamed m'a déposée devant chez mes parents et il a demandé de divorcer".

    Le 11 mars, au guidon d'un scooter, le divorcé entame son équipée sanglante. Le 22 mars, après trente heures d'assaut durant lequel il cite des versets du Coran, Mohamed Merah est abattu par les hommes du RAID, sur lesquels il a tiré comme un forcené. Hizia est "très surprise". Puis elle calcule. "Selon notre foi en cas de divorce, si l'on veut pouvoir revivre ensemble sans repasser devant l'imam, il faut le faire avant la fin de la troisième période menstruelle de la femme. La mienne s'est finie la veille du décès de Mohamed et, de ce fait, dans mon esprit, j'ai perdu mon mari." Bien que répudiée, elle se considérait toujours comme l'épouse de Mohamed Merah. Hizia, veuve à 18 ans. Après dix-sept jours de mariage.

    Par EMILIE LANEZ, JEAN-MICHEL DÉCUGIS ET AZIZ ZEMOURI
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    Repères

    15 décembre 2011 : mariage religieux entre Hizia D. et Mohamed Merah.

    2 janvier 2012 : séparation des époux.

    11 mars 2012 : Mohamed Merah assassine Imad ibn-Ziaten, maréchal des logis-chef au 1er régiment du train parachutiste à Toulouse.

    15 mars 2012 : il tue le caporal Abel Chennouf et Mohamed Legouad, militaires au régiment du génie parachutiste à Montauban.

    19 mars 2012 : Merah assassine, à l'école juive Ozar Hatorah de Toulouse, Myriam Monsonego, 8 ans, Gabriel Sandler, 4 ans, Arieh Sandler, 5 ans, et leur père, Jonathan Sandler.

    21 mars 2012, 3 h15 : la DCPJ et la DCRI aidées du RAID placent le domicile de Merah, à Toulouse, sous surveillance.

    22 mars, 10 h 30 : Merah est abattu.
    le point
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    Je n'est lu que la première parti la plus intéressante

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    • #3
      "Après, j'ai décidé de porter le jilbab, qui est cette cape et cette jupe sombre", raconte-t-elle aux policiers qui l'entendent. Ses parents ne commentent guère. Sa mère se promène tête nue, sa soeur aînée cheveux au vent, Hizia choisit, elle, de lourdes étoffes noires. "Deux mois après, j'ai décidé de porter le niqab, qui est le voile qui couvre le visage."
      Tu vois directement quand c'est un article d'occidentaux, c'est lourdingue un truc de ouf.
      Ya Allah, al Aziz, al Hakim. a7fadh jazair wa al maghareb al kabir

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