Hessa, parisienne depuis quatre ans, a un train de vie de princesse mais considère qu’elle a les pieds sur terre. Elle dévoile son budget (démesuré) à Rue89.
Les mains de Hessa dans un café du XVIe arrondissement de Paris en mai 2012 (Nolwenn Le Blevennec/Rue89)
Hessa (son prénom a été modifié) est si riche, c’est assommant. Cette jeune Koweitienne vit à Paris, dans le XVIe arrondissement. Elle parle arabe dans le Golfe, un mélange de français et d’anglais à Paris. Ses parents la financent largement et le gouvernement koweitien lui verse chaque mois une bourse colossale. Elle dit que, pour elle, rien n’est « out of reach » (hors de portée).
Petite brune, jolie, Hessa est habillée de façon décontractée, en T-shirt et jean. L’argent ne se voit pas au premier coup d’œil. Mais quand elle parle et même dans sa démarche, elle a la langueur des gens qui ne sont jamais inquiets.
Elle est arrivée à Paris il y a quatre ans. Au bout d’un an, elle a lâché ses études de droit à la Sorbonne. Elle a choisi d’intégrer l’American university of Paris (AUP). Dans cette école, elle a retrouvé un milieu social familier et sa bande de copines koweitiennes.
« On l’appelle, entre nous, l’American university of Arabs. C’est un endroit fréquenté par des élites du monde. Il y a des enfants de grands patrons et de familles royales. Aujourd’hui, les connexions valent plus que les diplômes. »
Le jour de notre rencontre, elle vient d’être diplômée. Pour la récompenser, ses parents vont lui offrir la montre Audemars Piguet (dans les 30 000 euros) dont elle rêve depuis un an. Pour la faire patienter, sa mère lui a déjà fait cadeau d’un « tennis bracelet », bijou en diamants qu’elle porte au poignet.
Le restaurant de Kanye West
Pour la rentrée prochaine, Hessa a abandonné l’idée de monter une agence de pub à l’occidentale au Koweit. Elle a rencontré le propriétaire d’un restaurant parisien très branché, ils sont devenus amis, il lui a proposé de monter une franchise de son enseigne dans le Golfe.
« Tu connais pas ? C’est un resto très “fashion oriented” près de ma fac, tu y vois des gens comme Elie Saab ou Kanye West, beaucoup de gens du Golfe. Il me fait vraiment confiance pour développer la marque. »
Son père va financer le projet. Ils partageront les « profits », « fifty-fifty » :
« Il essaye de me faire peur pour voir si j’en ai vraiment envie, il ne veut pas que ce soit un caprice. Cela devrait être fait à la rentrée, inch’allah. Je suis en train de réfléchir à comment importer les produits. »
Elle a hâte de rentrer au Koweit, le confort de son pays lui manque. Là-bas, un chauffeur la conduit partout dans sa Range Rover. Mais cela va lui faire drôle de ne plus pouvoir sortir seule après 22 heures sans risquer de « salir » son nom.
La burqa, « concept intéressant »
Musulmane pratiquante, Hessa dit qu’elle ne se sent pas prête à porter le voile. Mais c’est un concept intéressant, dit-elle : le corps est quelque chose d’intime et ce n’est pas idiot de le préserver des regards.
« Même la burqa, cela peut sembler extrême, mais c’est intéressant. Ne voir d’une femme que ses yeux entourés de “blackness” [de noir, ndlr], c’est la vérité. “How real can that be ?” [quoi de plus vrai ? ] »
Si elle avait pu voter, Hessa aurait choisi Hollande :
« Sans trop savoir pourquoi. Juste parce que Nicolas Sarkozy n’a pas été clair avec les Arabes, et que je pense qu’un Président est avant tout le chef des gens et non pas des capitaux. »
Comme Nicolas Sarkozy, elle aime pourtant les belles montres. Elle en porte une, de marque Hublot, noire, dont le cadran est criblé de diamants (environ 15 000 euros). Je lui demande si c’est une fausse. Elle me regarde d’un air gêné : bien sûr que non.
Une paire de Louboutin à 1 000 euros
Ses dépenses les plus mémorables : des chaussures Louboutin à 1 000 euros, une facture de téléphone d’un montant équivalent.
Hessa n’a pas spécialement envie de découvrir le monde, l’humanitaire ne l’intéresse pas. Sa façon à elle de garder les pieds sur terre, c’est de pratiquer sa religion. La plupart de ses amis du Golfe vivent dans une indécence absolue :
« Je suis bien plus “modest” qu’eux, si vous saviez ! »
Elle ajoute que sa mère vient d’une région peu favorisée, et qu’elle sait à quoi « ressemblent » les gens pauvres.
Quand on lui demande par quel hasard elle est tombée sur Rue89 (c’est elle qui nous a contacté pour qu’on réalise son porte-monnaie), alors qu’elle n’est pas le cœur de cible, Hessa répond :
« Come on, ce n’est pas un petit blog inconnu. »
Revenus : 8 661 euros par mois
Bourses de l’Etat koweitien : 4 211 euros par mois
Hessa explique en préambule :
« Mon pays est tout petit, et il est très, très riche. Les nationaux bénéficient donc de grands privilèges aux moments importants de leur vie comme les études ou le mariage. »
Hessa rappelle qu’environ 1 million de Koweitiens vivent au Koweit. Le reste de la population (un peu plus de deux millions) est composé d’Indiens, de Philippins. Seuls ceux qui ont la nationalité koweitienne peuvent profiter des largesses de l’Etat.
Les étudiants qui ont des « notes raisonnables » au bac se voient proposer une bourse d’Etat par le ministère de l’Enseignement supérieur pour étudier à l’étranger.
Le Koweit paye à Hessa l’intégralité du coût de ses études : 26 000 euros par an pour l’AUP, soit 2 170 euros par mois.
Il lui verse 2 000 euros en plus d’argent de poche tous les mois. L’Etat prend également en charge un billet d’avion aller-retour pour le Koweit, les frais médicaux et des extras :
« On reçoit 500 euros [soit 41 euros par mois, ndlr] en septembre pour acheter des vêtements, mais cela ne permet pas d’acheter grand-chose. »
En échange, Hessa ne doit pas salir la réputation de son pays, et c’est la raison pour laquelle elle préfère rester anonyme.
Hessa explique que la plupart des gens qui le souhaitent obtiennent la bourse. Ceux qui ne l’ont pas du premier coup peuvent faire une demande plus tard. S’ils ont eu des bonnes notes, ils se font rembourser tous leurs frais rétroactivement.
Les mains de Hessa dans un café du XVIe arrondissement de Paris en mai 2012 (Nolwenn Le Blevennec/Rue89)
Hessa (son prénom a été modifié) est si riche, c’est assommant. Cette jeune Koweitienne vit à Paris, dans le XVIe arrondissement. Elle parle arabe dans le Golfe, un mélange de français et d’anglais à Paris. Ses parents la financent largement et le gouvernement koweitien lui verse chaque mois une bourse colossale. Elle dit que, pour elle, rien n’est « out of reach » (hors de portée).
Petite brune, jolie, Hessa est habillée de façon décontractée, en T-shirt et jean. L’argent ne se voit pas au premier coup d’œil. Mais quand elle parle et même dans sa démarche, elle a la langueur des gens qui ne sont jamais inquiets.
Elle est arrivée à Paris il y a quatre ans. Au bout d’un an, elle a lâché ses études de droit à la Sorbonne. Elle a choisi d’intégrer l’American university of Paris (AUP). Dans cette école, elle a retrouvé un milieu social familier et sa bande de copines koweitiennes.
« On l’appelle, entre nous, l’American university of Arabs. C’est un endroit fréquenté par des élites du monde. Il y a des enfants de grands patrons et de familles royales. Aujourd’hui, les connexions valent plus que les diplômes. »
Le jour de notre rencontre, elle vient d’être diplômée. Pour la récompenser, ses parents vont lui offrir la montre Audemars Piguet (dans les 30 000 euros) dont elle rêve depuis un an. Pour la faire patienter, sa mère lui a déjà fait cadeau d’un « tennis bracelet », bijou en diamants qu’elle porte au poignet.
Le restaurant de Kanye West
Pour la rentrée prochaine, Hessa a abandonné l’idée de monter une agence de pub à l’occidentale au Koweit. Elle a rencontré le propriétaire d’un restaurant parisien très branché, ils sont devenus amis, il lui a proposé de monter une franchise de son enseigne dans le Golfe.
« Tu connais pas ? C’est un resto très “fashion oriented” près de ma fac, tu y vois des gens comme Elie Saab ou Kanye West, beaucoup de gens du Golfe. Il me fait vraiment confiance pour développer la marque. »
Son père va financer le projet. Ils partageront les « profits », « fifty-fifty » :
« Il essaye de me faire peur pour voir si j’en ai vraiment envie, il ne veut pas que ce soit un caprice. Cela devrait être fait à la rentrée, inch’allah. Je suis en train de réfléchir à comment importer les produits. »
Elle a hâte de rentrer au Koweit, le confort de son pays lui manque. Là-bas, un chauffeur la conduit partout dans sa Range Rover. Mais cela va lui faire drôle de ne plus pouvoir sortir seule après 22 heures sans risquer de « salir » son nom.
La burqa, « concept intéressant »
Musulmane pratiquante, Hessa dit qu’elle ne se sent pas prête à porter le voile. Mais c’est un concept intéressant, dit-elle : le corps est quelque chose d’intime et ce n’est pas idiot de le préserver des regards.
« Même la burqa, cela peut sembler extrême, mais c’est intéressant. Ne voir d’une femme que ses yeux entourés de “blackness” [de noir, ndlr], c’est la vérité. “How real can that be ?” [quoi de plus vrai ? ] »
Si elle avait pu voter, Hessa aurait choisi Hollande :
« Sans trop savoir pourquoi. Juste parce que Nicolas Sarkozy n’a pas été clair avec les Arabes, et que je pense qu’un Président est avant tout le chef des gens et non pas des capitaux. »
Comme Nicolas Sarkozy, elle aime pourtant les belles montres. Elle en porte une, de marque Hublot, noire, dont le cadran est criblé de diamants (environ 15 000 euros). Je lui demande si c’est une fausse. Elle me regarde d’un air gêné : bien sûr que non.
Une paire de Louboutin à 1 000 euros
Ses dépenses les plus mémorables : des chaussures Louboutin à 1 000 euros, une facture de téléphone d’un montant équivalent.
Hessa n’a pas spécialement envie de découvrir le monde, l’humanitaire ne l’intéresse pas. Sa façon à elle de garder les pieds sur terre, c’est de pratiquer sa religion. La plupart de ses amis du Golfe vivent dans une indécence absolue :
« Je suis bien plus “modest” qu’eux, si vous saviez ! »
Elle ajoute que sa mère vient d’une région peu favorisée, et qu’elle sait à quoi « ressemblent » les gens pauvres.
Quand on lui demande par quel hasard elle est tombée sur Rue89 (c’est elle qui nous a contacté pour qu’on réalise son porte-monnaie), alors qu’elle n’est pas le cœur de cible, Hessa répond :
« Come on, ce n’est pas un petit blog inconnu. »
Revenus : 8 661 euros par mois
Bourses de l’Etat koweitien : 4 211 euros par mois
Hessa explique en préambule :
« Mon pays est tout petit, et il est très, très riche. Les nationaux bénéficient donc de grands privilèges aux moments importants de leur vie comme les études ou le mariage. »
Hessa rappelle qu’environ 1 million de Koweitiens vivent au Koweit. Le reste de la population (un peu plus de deux millions) est composé d’Indiens, de Philippins. Seuls ceux qui ont la nationalité koweitienne peuvent profiter des largesses de l’Etat.
Les étudiants qui ont des « notes raisonnables » au bac se voient proposer une bourse d’Etat par le ministère de l’Enseignement supérieur pour étudier à l’étranger.
Le Koweit paye à Hessa l’intégralité du coût de ses études : 26 000 euros par an pour l’AUP, soit 2 170 euros par mois.
Il lui verse 2 000 euros en plus d’argent de poche tous les mois. L’Etat prend également en charge un billet d’avion aller-retour pour le Koweit, les frais médicaux et des extras :
« On reçoit 500 euros [soit 41 euros par mois, ndlr] en septembre pour acheter des vêtements, mais cela ne permet pas d’acheter grand-chose. »
En échange, Hessa ne doit pas salir la réputation de son pays, et c’est la raison pour laquelle elle préfère rester anonyme.
Hessa explique que la plupart des gens qui le souhaitent obtiennent la bourse. Ceux qui ne l’ont pas du premier coup peuvent faire une demande plus tard. S’ils ont eu des bonnes notes, ils se font rembourser tous leurs frais rétroactivement.
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