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Les fulmination du microcosme éclairé

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  • Les fulmination du microcosme éclairé

    Ainsi, le FFS aurait donc trahi et Aït Ahmed, dans ses vieux jours, se serait rendu, toute honte bue, au pouvoir et plus précisément au DRS pour trente deniers… Pardon, pour quelques sièges. Voici donc la thèse qui circule de la bulle des réseaux sociaux aux rédactions des journaux. Dans une formulation ultraradicale qui prête à sourire dans un pays où la classe «moyenne» sous perfusion rentière monopolise le bavardage, appelle la police à la moindre émeute de footeux de crainte pour son auto et l'armée en cas de mauvais vote de la population.

    Il faut sauver la République menacée par les «gueux» ! Le discours ultraradical est une norme commune dans le microcosme des claviers éclairés. Ceux qui attendent la révolution - calfeutrés, en cercle restreint ou en se connectant sur Internet - ne se privent pas de développer des thèses néocoloniales de détestation des Algériens, de leur lâcheté présumée, de leur fainéantise, de leur arriération… Et, bien entendu, ces belles âmes, littéralement terrifiées à l'idée que les jeunes bousculent leur très relatif confort, attendent d'eux – comme l'ont fait les islamistes – qu'ils montent au casse-pipe pour leur paver une voie royale vers les sommets fascinants du pouvoir.

    Comme si, après une «régression féconde», pour reprendre une formule bancale qui a fait florès - dans ces milieux, on aime les bons mots -, une jeunesse explosive et en plein désarroi n'allait pas basculer dans l'autodestruction et, miraculeusement, transformer l'émeute généralisée en grand soir démocratique. Par l'opération du Saint-Esprit probablement, car sans effort militant, sans cadres politiques, sans pédagogie.

    Comme si on attendait que dans le choc avec une rue désorganisée, le pouvoir et le DRS allaient finalement se résoudre à appeler ce microcosme, dessus du panier d'une société régressive, pour lui confier, enfin, le destin de l'Algérie. Il y a chez ces bateleurs de la radicalité passive une sorte d'illusion lyrique, ou plus précisément de rêve puéril, que le «Pouvoir» - et le «DRS», puisque c'est de lui qu'il s'agit constamment - aurait besoin d'eux contre les «barbares». La révolution par la rue, ils aiment éperdument, à condition qu'elle aboutisse à la reconnaissance de leur droit imprescriptible à la régenter ! On aura même lu sur Internet – cela ne s'invente pas – des déclarations fulminantes stipulant qu'aucun «changement n'est possible en Algérie sans que soient jugés les généraux» ! Rien que ça !

    Convaincues par l'argument, les baïonnettes reconnaîtront enfin le Beau et le Juste ! Parce que, n'est-ce pas mon cher ?, la révolution rêvée dans la «bulle» est chic et moderne… On doit pouvoir y conter fleurette et y déclamer éventuellement quelques jolis vers, sans que des primitifs analphabètes viennent brûler les petites voitures des grands leaders en devenir. Comment cela serait-il possible avec le mépris de la plèbe que ces guides virtuels distillent à grandes rasades d'octets ? Comment cela serait-il possible sans autre implication de ces penseurs du verbe désincarné en quête d'approbation civilisée ? Alors même que le reste de l'Algérie serait, selon eux, en proie depuis toujours à la répression, la corruption, l'obscurantisme et à la… religion ?

    Ah, la religion ! Ne parlons pas de l'hypothèse, parfaitement plausible dans la vacuité politique actuelle, qu'un mouvement de rue finisse par rechercher et trouver une forme d'organisation autour des mosquées, comme on l'a plus ou moins connu. Dans cette hypothèse, nul besoin d'un effort particulier d'imagination : on appellera l'armée pour nettoyer le décor et réduire ces subversifs qui joueraient - n'est-ce pas ? - une partition saoudienne ou qatarie.

    Ainsi donc, tenter de faire de la politique même dans des conditions rédhibitoires serait, au nom des puristes de tribune dématérialisée, une infâme trahison, une ineffaçable félonie. Il ne s'agit pas de politique et encore moins de tenter d'en faire : pour le microcosme élitaire, l'incantation devrait former la réalité. Connexion sur la toile et déconnexion avec le réel. Quelque chose ne tourne vraiment pas rond dans la bulle…

    Le Quotidien d'Oran
    la curiosité est un vilain défaut.
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