Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Explications dilatoires .

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Explications dilatoires .

    Explications dilatoires




    « Je dérange ceux qui regardent le futur». La formule équivoque de M. Ahmed Ouyahia – en quoi «regarder le futur» serait-il négatif ? – ne fera pas date. En revanche, quand un Premier ministre, qui a officié pendant longtemps, déclame que «l'argent maffieux commande dans le pays», on se dit que la sentence mérite d'être gravée dans le marbre.

    L'homme, qui a gouverné avec rudesse, pour utiliser un euphémisme, qui a ponctionné les salaires et ouvert la chasse aux cadres – des charrettes entières de responsables intermédiaires, le plus souvent acquittés après un séjour dans la broyeuse carcérale –, livre une observation peu réjouissante de sa propre gouvernance. L'amer constat est noyé dans un discours filandreux où sa responsabilité et celle du gouvernement sont diluées dans un «échec collectif» ! «C'est un échec du gouvernement et aussi un échec collectif. Si le changement du gouvernement pouvait arranger les choses, je voterais avec les dix doigts (sic)».

    L'analyse de M. Ouyahia est courte. «Le train a mal démarré en 90, lorsque l'Algérie a opté pour l'économie libérale basée sur l'importation et oubliant la production. Il faudra du temps pour que les choses changent». Voilà donc une explication discutable. Elle schématise une situation dont la dimension politique est totalement évacuée. En 90, le train avait été lancé pour une modernisation de l'économie, où le marché a sa place mais dans le cadre d'un processus de démocratisation qui devait favoriser la transparence, assurer l'indépendance de la justice et permettre à l'Etat d'exercer son rôle de régulateur. Faut-il rappeler que la mise en place par les réformateurs d'un Observatoire du commerce extérieur, au début des années 90, a déclenché l'une des plus honteuses campagnes jamais orchestrées contre le ministre de l'Economie de l'époque, M. Ghazi Hidouci ?

    En cassant la marche vers la démocratie, on a bien placé le pays dans la logique d'une économie d'importation animée, dans un contexte de violence généralisée, par des acteurs opaques. Si aujourd'hui Ahmed Ouyahia affiche son impuissance et celle du gouvernement – pourtant autoritaire et grand émetteur d'ukases ! –, il faut bien en rechercher l'explication politique. Car si on tente d'éluder cet aspect primordial, c'est qu'on ne veut toujours pas admettre que la solution n'est pas de nature technique mais bel et bien politique. La réponse ne peut se situer dans les improbables bricolages que la bureaucratie s'ingénie à produire. Les bricolages sont la traduction d'un choix clairement politique, entre réponse administrative à courte vue et injustes campagnes «mains propres» ciblant des seconds couteaux de l'administration et du secteur économique, et sans jamais aller au-delà.

    La bureaucratie, qui refuse que les instruments de la démocratie et de l'Etat de droit soient instaurés pour réguler dans la durée le champ économique, a clairement choisi le laisser-faire mais fait mine de «sévir» ponctuellement dans les marges. Effet de manche et, accessoirement, élimination de quelques branches desséchées par affaiblissement du parrainage au sein du pouvoir.

    Le Premier ministre suggère que l'emprise maffieuse dont il fait état serait quasiment une fatalité «technique», alors même que son essence est purement politique. «J'ai mal à mon pays lorsqu'il fait dans le container», soupire Ouyahia. On a du mal à comprendre, après tant de dommages, que l'on continue à confondre l'effet et la cause et refuser d'admettre que le défaut de démocratie et d'Etat de droit est le problème, le nœud gordien de toutes les dérives que le Premier ministre déplore dans un mea culpa peu convaincant.

    De ce point de vue, oui : Ahmed Ouyahia dérange «ceux qui regardent le futur» !



    par M. Saadoune


    Le Quotidien d'Oran
    " Celui qui passe devant une glace sans se reconnaitre, est capable de se calomnier sans s'en apercevoir "

  • #2
    L'homme, qui a gouverné avec rudesse, pour utiliser un euphémisme, qui a ponctionné les salaires et ouvert la chasse aux cadres – des charrettes entières de responsables intermédiaires, le plus souvent acquittés après un séjour dans la broyeuse carcérale
    Tu as bien fait de souligner ce passage.
    Ils sont des milliers de cadres, pour leur immense majorité tout à fait intègres, à avoir été injustement emprisonnés, salis, brisés, en application des instructions d'Ouyahia.

    Dans la foulée, des centaines d'entreprises publiques qui dérangeaient par leur simple existence le développement de l'économie de bazar et de rapine, ont été dissoutes après avoir été décapitées par instrumentalisation de la justice.
    Des centaines de milliards de dinars (!) ont été dépensés sur budget de l'Etat pour fermer des unités de production tout à fait rentables, en vue de laisser la place libre à la mafia de l'import-import.

    La cause invoquée pour l'incarcération de cadres par fournées entières a été "la mauvaise gestion". Derrière cette accusation, le parquet qui s'auto-saisissait de ces affaires sur la base d'une simple lettre anonyme, tirait la conclusion, par bêtise, ignorance ou même connivence avec des intérêts occultes, qu'il y a eu détournement des deniers publics là où il n'y a eu que des actes de gestion très souvent bénéfiques pour l'entreprise concernée (affaire SIDER par exemple).

    Maintenant qu'Ouyahia reconnaît qu'il s'est trompé, que sa gestion et celles de ses équipes gouvernementales a livré, "à partir de 1990", l'économie nationale à des "groupes mafieux" qui dictent leurs lois aux instances de l'Etat (comme par exemple l'abandon honteux par le gouvernement Ouyahia de la décision de rendre obligatoire les règlements par chèque des transactions de plus de 500.000 DA), il doit se livrer (ou être livré) à la justice pour avoir été intentionnellement un si mauvais "gestionnaire", chose dont il a lui-même, ses proches, mentors et protégés tiré largement des profits politiques et surtout sonnants et trébuchants.
    "Je suis un homme et rien de ce qui est humain, je crois, ne m'est étranger", Terence

    Commentaire


    • #3
      un aveu d'échec ne dédouane pas des erreurs commises

      Commentaire


      • #4
        malheureusement, on n'en est pas au premier "aveu d'échec" en si haut lieu... qu'on se rappelle le speech de boutef en 2008, à la Coupole, et son fameux "nous avons cru emprunter un chemin qui nous mène au paradis, mais hélas..."

        on dirait que ce genre d'entourloupes devient récurrent en fin de cycle chez nos gouvernants !

        Commentaire


        • #5
          Envoyé par Hidhabi
          on dirait que ce genre d'entourloupes devient récurrent en fin de cycle chez nos gouvernants !
          Quelles ont été et quelles seront les conséquences concrètes des aveux d'échec et d'erreur de Bouteflika et d'Ouyahia? Aucune, si ce n'est qu'ils sont toujours là.

          Je pense que ces soi-disant aveux sont des auto-pardon et des "auto-acquittements" de leurs auteurs. Leurs échecs et erreurs sont évidents (école sinistrée, économie rentière sans base productive, chômage, bureaucratie, corruption, administration et système bancaire archaïques, autoritarisme, etc.). Ils les reconnaissent du bout des lèvres pour empêcher tout débat sérieux sur le bilan de leur règne et sur les mesures à prendre pour redresser la situation. Une manière pernicieuse de préparer les esprits pour un prolongement de leurs carrières politiques et la préservation de leurs privilèges et intérêts.
          Dernière modification par benam, 04 juin 2012, 16h01.
          "Je suis un homme et rien de ce qui est humain, je crois, ne m'est étranger", Terence

          Commentaire


          • #6
            J'ai toujours eu du respect pour cet homme, pour son courage d'affronter les problème a bras-le-corps, mais cette je ne le comprends pas. Je ne sais pas s'il m'a déçu, je n'irais pas jusque là vu le sale boulot des reformes dont il était chargé, mais cet aveux est venu beaucoup en retard. Puisqu'il savait tout ça pourquoi il n'a jeté l'éponge plutôt ?? Avouer son échec dont tout le monde est au courant, là, je crois qu'il verse dans la démagogie.
            Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots."
            Martin Luther King

            Commentaire


            • #7
              Il n'y a aucune vision.
              Vous voulez aller d'un point A à un point B sans savoir où se situe le point B.

              Commentaire

              Chargement...
              X