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Pourquoi l'Espagne au bord de l'asphyxie refuse d'être secourue

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  • Pourquoi l'Espagne au bord de l'asphyxie refuse d'être secourue

    Un sauvetage de la quatrième puissance économique de la zone euro dans les conditions actuelles des mécanismes de solidarité européens comportent pour Madrid un coût politique certain, mais pourrait avoir aussi un impact financier considérable. C'est pourquoi le gouvernement Rajoy préfèrerait que l'aide se manifeste sous une autre forme.

    "Ils ne veulent pas. Ils sont trop orgueilleux", a affirmé à Reuters une source du G7 en marge de la réunion du groupe mardi, à propos d'un recours au fonds de secours européen par l'Espagne. En effet, le gouvernement de Mariano Rajoy refuse tout sauvetage de son économie par les fonds européens. Mais est-ce là seulement péché d'orgueil ? La situation est certes critique. Avec le sauvetage de Bankia, la quatrième banque d'Espagne, les besoins de recapitalisation des banques pourraient s'élever à plus de 60 milliards d'euros.

    Madrid rejette la conditionnalité liée au MES

    Trois options principales s'offrent à l'Espagne pour y faire face : l'émission de dette, mais les taux de plus de 6 % rendent ces opérations très onéreuses. "En ce moment, comme Etat, nous avons un problème pour accéder aux marchés, pour refinancer notre dette", a ainsi concédé Cristobal Montoro, ministre du Budget. Par ailleurs, l'Espagne milite pour que le Mécanisme Européen de Stabilité (MES) puisse recapitaliser directement les banques sans passer par les Etats. Mais cette option n'est pas opérationnelle même si sa gestation s'accélère. Enfin, se pose la question du recours au fonds de secours dans ses conditions actuelles, mais celui-ci s'adresse seulement aux Etats et l'aide apportée est « subordonnée à une stricte conditionnalité ». C'est cette option que rejette l'exécutif espagnol.

    Un recours "techniquement" impossible

    Outre qu'un sauvetage de l'Espagne serait « techniquement » impossible, d'après Cristobal Montoro, en allusion à la taille de la quatrième économie de la zone euro, le gouvernement affirme que le pays n'a pas besoin d'être secouru. L'Espagne estime qu'elle a fait toutes les réformes nécessaires et que ce dont elle a besoin désormais est de « davantage d'Europe"... et donc d'une union bancaire, et d'euro-obligations, comme l'a réclamé mardi Rajoy au Sénat.

    De fait, pour les analystes, le problème espagnol est circonscrit au secteur financier. Or, en termes comptables, l'Espagne pourrait y faire face seule : "On arrivera à un ratio de 86% dette/PIB si la recapitalisation est de 60 milliards", un taux inférieur à celui de nombreux pays d'Europe, calcule José Carlos Díez, chez Intermoney. De plus, le spread (écart entre les taux allemand et espagnol à dix ans) est élevé mais à plus de 6%, le taux d'intérêt reste acceptable s'il ne se prolonge pas.. Toutefois, le risque de fermeture des marchés à l'Espagne fait que l'accès direct au MES semble la meilleure option.

    Le risque d'une perte de confiance dans la dette publique

    Par ailleurs, compte tenu des réformes engagées et de la mise au pas des régions, en voie de respecter leurs engagements de déficit en 2012, un sauvetage assorti de conditions budgétaires semble inutile, voire contreproductif. "L'UE pourrait imposer la hausse de la TVA, la baisse des retraites et des salaires des fonctionnaires... ce qui n'a pas d'utilité pour résoudre le problème du secteur financier", rappelle Daniel Pingarrón, chez IG Markets. « Ces solutions équivaudraient à celles de Rajoy, mais en plus strict, avec les risques d'explosion sociale qui s'ensuivent", ajoute José Ramón Pin, économiste à l'IESE.

    Les analystes s'inquiètent en outre de la hausse de coût de financement associée à tout sauvetage. « La perte de confiance en la dette publique s'accompagnera d'une fuite des capitaux et de la fermeture des marchés au secteur privé », explique José Carlos Díez, économiste en chef chez Intermoney. En mars, 66 milliards d'euros ont déjà été sortis des banques espagnoles. Enfin, le coût politique d'un tel sauvetage constitue en soi un puissant argument contre son recours: "Il serait compris comme un échec absolu du gouvernement de Rajoy et pourrait provoquer des élections anticipées", affirme Daniel Pingarrón. D'aucuns estiment toutefois qu'avec une majorité absolue du parti de Mariano Rajoy (PP) au Parlement, cette possibilité est écartée.

    Gaëlle Lucas, à Madrid
    tribune.fr
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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