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Un mois de juin décisif pour l'Europe

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  • Un mois de juin décisif pour l'Europe

    « Sell in May and go Away » L’adage boursier connu par tous les spécialistes aura tenu ses promesses. Tous les différents actifs auront connu des phases de repli dans un contexte macroéconomique difficile après des résultats d’entreprises pourtant plutôt encourageants pour le 1er trimestre.


    A l’échelle mondiale, de nombreux éléments inquiètent. En Chine, les anticipations de croissance du PIB ont été revues à la baisse (7.9% contre 8.1% pour le 2ème trimestre). Aux Etats-Unis, ce sont les indicateurs de l’emploi qui déçoivent, avec un taux de chômage qui remonte à 8.2%, les créations d’emplois qui reculent fortement ainsi que les statistiques de la construction et du logement qui montrent un ralentissement de l’activité. Sur le Vieux continent, la récession est attendue dans quatre pays (Italie, Espagne, Portugal et Grèce) et la macroéconomie (Indice PMI, Ventes de détail, PIB) ne montre pas de signe d’amélioration.

    On note ainsi que le problème européen s’étend à l’échelle mondiale ainsi que dans les pays émergents qui, jusqu’à présent, étaient épargnés par le ralentissement économique. Ces régions constituaient un relais de croissance pour les entreprises multinationales, cependant la propagation du ralentissement économique pourrait peser sur les prévisions de croissance de ces groupes diversifiés à l’international.

    La situation financière inquiète en Europe : Le taux des obligations des pays périphériques augmente à l’image de l’Espagne dont le système bancaire concentre toutes les attentions. L’établissement Bankia (4ème banque du pays) a été nationalisé après plusieurs provisionnements pour défaut de remboursement de crédit. L’état espagnol a ainsi versé 4.5 milliards d’euros pour prendre le contrôle de la maison-mère, BFA ainsi que 45% du capital de la banque, mais il doit encore trouver 19 milliards pour recapitaliser le groupe bancaire. Le gouvernement n’a pas encore fait appel à la BCE mais il semblerait, selon certains analystes que la solution est d’utiliser le Mécanisme européen de stabilité financière pour trouver les capitaux nécessaires.

    Outre-Atlantique, les marchés actions qui surperformaient largement les indices européens ont commencé une phase de correction, amplifiée également par l’échec de l’introduction du géant des réseaux sociaux, Facebook. Probablement survalorisée lors de son introduction (près de 100 milliards de dollars soit 153 fois les bénéfices estimés pour 2012), le groupe de Palo Alto subit de lourdes prises de bénéfices (plus de 45% de baisse depuis les plus hauts enregistré le premier jour de cotation).

    De nombreux éléments à venir au cours du mois de juin pourraient permettre une baisse de l’aversion au risque, notamment de nouveaux éléments politiques sur le cas grec, d’éventuelles interventions de la part des autorités monétaires (baisse des taux directeurs), des injections de liquidité ou encore des plans d’assouplissement quantitatifs.


    Les événements politiques

    G7

    Les ministres des finances et les banquiers centraux des 7 plus grandes puissances mondiales se sont réunis en urgence en raison de l’aggravation rapide de la crise en Zone euro qui pénalise l’ensemble des pays riches dont les Etats Unis. Le pays qui connait sa plus longue sortie de crise depuis les années 1929 fait pression sur l’Europe et notamment sur l’Allemagne pour l’inciter à relancer la croissance à court terme et assouplir les exigences de déficit et de niveau d’endettement. Rappelons que les élections américaines approchent et que Barack Obama pense déjà à sa réélection.

    L’Espagne qui rencontre de plus en plus de difficultés pour se financer auprès des marchés financiers (taux d’intérêt proche de 7%) fut au cœur des préoccupations. A titre d’exemple, Madrid doit refinancer 82 milliards d’euros de dettes et ses régions devront payer 16 milliards d’euros de dette au second semestre 2012.

    A l’issue de cette conférence, les dirigeants européens ont promis une action rapide pour l’Espagne qui est au bord de la faillite. L’Allemagne a pour sa part affirmé que le pays devait faire appel au FESF qui dispose d’une capacité de prêts de 440 milliards d’euros. De son coté, la France souhaite une recapitalisation directe des banques espagnoles. Les américains ne se sont pas montrés très convaincus par ces décisions, ils préfèrent une mutualisation des dettes afin de lisser les taux d’emprunts des pays de la zone euro sous la forme d’euro-obligations.

    Union bancaire

    Le 6 juin, la Commission européenne va dévoiler son fameux plan d’union bancaire destiné à mieux gérer les situations de crise majeure telles que les faillites d’établissements financiers ou d’assurance.
    Cependant, ce plan ne pourra être mis en place qu’à partir de 2018. A terme, ce système permettra d’éviter le recours aux fonds publics en dernier ressort en cas de faillite d’un établissement bancaire ou d’un grand groupe d’assurance considérés comme « too big too fail »mais présentant un risque systémique majeur. En théorie, les pertes seraient supportées par les actionnaires et les créanciers. Un fonds de secours sera créé au niveau national auquel le secteur bancaire contribuera à hauteur de 1% de ses encours des dépôts à 10 ans.

    En pratique, les banques devront prévoir un plan de prévention des risques en cas de détérioration de leurs finances. Ensuite, les autorités donneront leur feu vert au déclenchement du plan. Enfin, dans un troisième temps, lorsqu’un établissement sera déclaré en faillite ce dernier aura le choix entre plusieurs options. La vente de ses activités sans accord des actionnaires, le transfert à une autorité publique d’une partie de ses activité ou encore le transfert des créances douteuses à une « bad bank » (entité juridique permettant le transfert d’actifs toxiques).


    Elections législatives en Grèce

    En Grèce, le résultat des élections législatives reste une inconnue de taille pour les marchés financiers : en effet, le parti pro austérité « Nouvelle Démocratie » dispose d’une courte avance d’après les sondages sur le parti Syriza opposé au programme d’austérité imposé par la Troïka (FMI, UE et BCE) pour répondre aux objectifs de déficits et de niveau d’endettement global. Le 3ème parti « Pasok » soutient les plans européens d’aide.

    Le parlement grec dispose de 300 sièges. Les derniers sondages place la ND en tête avec environ 25% des voix, soit 75 sièges plus les 50 (prime réservée au parti en tête), ce parti disposerait donc d’un total de 125 sièges. L’autre parti pro austérité, le Pasok est crédité d’environ 13% des voix soit environ 39 sièges. Ainsi les partis favorables à la rigueur disposeraient de 164 sièges, une majorité. En revanche, si le parti « Syriza » (crédité de 22 à 28% d’intention de vote), arrive en tête, il disposerait entre 116 et 134 sièges ce qui placerait la Grèce dans une situation d’impossibilité d’obtenir une majorité au Parlement.

    Si le 2ème scénario se produit, les dirigeants européens devront trancher entre 2 options : soit la Grèce quitte la Zone euro et retrouve sa monnaie d’origine, la Drachme qui sera fortement dévaluée. Dans ce cas, toutes les créances de la Grèce seront effacées. Les banques françaises semblent avoir envisagé cette hypothèse extrême. Les CDS, contrats d’assurances sur les dettes souveraines devront théoriquement se déclencher (évènement de crédit pris en compte car défaut de l’émetteur) ce qui conduirait les assureurs à rembourser les prêteurs. L’impossibilité des assureurs à honorer ces contrats pourrait aboutir à une crise systémique comme en 2008 où l’assureur AIG a du être renfloué par l’Etat américain.

    Une autre hypothèse est envisagée en cas d’absence de majorité pro austérité : les européens continuent à prêter à la Grèce sans imposer de limite de déficits au pays qui resterait alors dans la Zone euro.
    Selon l’agence Fitch Rating, la probabilité que la Grèce sorte de la zone euro est d’environ 30%.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    Elections législatives en France

    Un sondage publié récemment par Ipsos crédite le PS et ses alliés divers gauches de 249 à 291 sièges de député (majorité absolue : 289 sièges). 69% des personnes interrogés se disent sûr de leur choix.
    Un remaniement pourrait avoir lieu après les législatives selon les résultats. Certains analystes affirment que la France pourrait être la cible d’attaques spéculatives après cette échéance.

    Dans l’absolu, cet évènement ne devrait pas avoir beaucoup d’impact sur les marchés financiers : il semble que le gouvernement ait pris en compte la menace qui pèse sur la France. Le 1er ministre a affirmé qu’il respecterait l’engagement de réduction de déficit à 3% du PIB fin 2016. En effet en taxant d’avantage les contribuables aisés et en réduisant les niches fiscales, le gouvernement peut augmenter considérablement ses recettes à court terme. De plus la récente détente sur les taux obligataires ainsi que la chute des cours du pétrole constituent des « recettes » qui n’étaient pas prévues dans le projet budgétaire du parti socialiste.


    Mini sommet européen

    Un sommet entre les 4 dirigeants européens se tiendra après les législatives du 17 juin en France et en Grèce, le 22 juin à Rome, avant le sommet semestriel de l’UE qui débute le 28 et 29 juin. Angela Merkel, François Hollande, Mariano Rajoy et Mario Monti se réuniront pour évoquer la crise au sein de la Zone euro.
    L’Italie veut se placer en médiateur entre les positions divergentes françaises et allemandes. Les dirigeants italien et espagnol souhaitent davantage de mesure de soutien à court terme pour la croissance pour compenser l’impact des mesures d’austérité. L’Italie reste favorable aux euro obligations.

    Sommet semestriel de l’UE

    Lors de ce sommet, les dirigeants européens devraient se pencher sur le cas de la Grèce et notamment préparer un plan de sortie du pays au cas où l’élection législative du 17 juin n’ait pas donné de majorité au Parlement grec.
    Un pacte de croissance pourrait aussi voir le jour avec notamment les mesures suivantes : mobilisation de 80 milliards d’euros de fonds structurels pour les PME et une augmentation des capacités de prêts de la BEI.
    La question des "Euro-Bonds" devrait toujours diviser même si un « Project bond », emprunts européens destinés à financer des projets d’infrastructures pourrait être mis au point.

    Sell in May and go Away


    Dans la situation actuelle, tous les actifs à risques ont pris part au mouvement généralisé de repli sur les places financières.
    Les matières premières agricoles et industrielles ont fortement corrigé.
    L’euro a reculé contre la majorité des devises, depuis le début du mois de mai, il perd 850 pips face au dollar, 900 pips face au Yen, mais reste stable contre la Livre Sterling.

    Sur les marchés actions, les valeurs cycliques ont particulièrement subi les arbitrages des opérateurs dans un contexte d’incertitude. Le secteur financier a également pâti de la situation inquiétante de certains établissements espagnols alors que les valeurs parapétrolières se sont repliées dans le sillage des cours du BRENT et du WTI.


    L’aversion au risque peut se mesurer grâce à différents indicateurs, notamment le VIX aux Etats-Unis (calculé sur les options du S&P 500) ou le VCAC pour le marché parisien. Il s’agit d’indicateurs de volatilité sur les marchés options qui permettent de refléter la confiance (ou le stress) des investisseurs.

    On les appelle communément « indices de la peur » car ils permettent de jauger le sentiment des opérateurs sur les marchés. On considère que dans la zone 15 / 20, la situation est plutôt calme, alors qu’au dessus de 25, la tension commence à peser sur les marchés. Il faut ainsi suivre le franchissement des 25 ou une accélération rapide de ces indices pour détecter un signe précurseur de tension sur les marchés.

    Ces indices sont inversement corrélés avec les actifs à risques. Une hausse des indices de volatilité coïncide avec une baisse des sous-jacents considérés comme risqués. On observe bien dans le graphique ci-dessous une accélération franche depuis la mi-mars de l’indice de volatilité VCAC qui évolue actuellement à proximité des 35 alors que le VIX n’a lui commencé à se retourner qu’à partir du mois de mai. Preuve en est que les tensions viennent de l’Europe et se propagent aux marchés américains.





    L’aversion au risque entraine des arbitrages au profit des dettes souveraines de l’Allemagne ou encore de la France. Ci-dessous, on observe une dichotomie entre l’évolution des rendements à 10 ans de ces 2 pays comparativement à celle de l’Italie ou de l’Espagne. Les taux sont bien supérieurs pour ces deux Etats du sud de l’Europe et le spread avec le Bund allemand et l’OAT française continue de s’écarter. Un plus bas historique a été atteint sur les taux obligataires allemand et français au cours du mai, signe d’une défiance des opérateurs pour le risque et en quête d’actifs refuges.


    Rendement des obligations à 10 ans :





    En vert : L’Espagne
    En rose : L’Italie
    En blanc : La France
    En Jaune : Le Bund allemand



    Des mesures de soutien

    BCE

    La dernière décision de la Banque centrale européenne a été d’injecter 1000 milliards de liquidités pour refinancer les banques sous forme de prêts à 3 ans.
    Le but de l’opération était de faire en sorte que les banques rachètent les obligations d’Etat et fasse baisser les taux. Cela a aussi permis aux banques de se refinancer et consolider leur bilan
    Les gouverneurs de la BCE ont laissé leur taux de refinancement inchangés à 1%. Le taux de dépôt et de prêt sont également maintenus à 0.25 et 1.75%.

    Pour le moment la BCE refuse d’assouplir trop rapidement l’accès au crédit avant que les Etats ne fassent des efforts de réduction de déficit importants. En revanche, on peut s’attendre à des aides de refinancement à long terme (type LTRO) pour donner un stimulus à l’économie et ainsi faciliter le retour à la croissance et rendre les objectifs de déficits plus atteignables.


    FED / QE3

    La publication du livre beige de la FED, qui analyse la situation économique dans sa globalité, devrait donner des indications quant aux intentions des autorités américaines. Ce document servira de base de travail à la réunion qui se tiendra les 19 et 20 juin. Le Quantitative Easing 3, que beaucoup d’opérateurs anticipent depuis de nombreux mois, pourrait enfin voir le jour et redonner de la confiance au marché. Ben Bernanke donnera jeudi 7 Juin une conférence devant le Congrès, il pourrait ainsi évoquer le sujet tant attendu du QE3 suite aux récents chiffres d’activités, de l’emploi et de l’immobilier décevant outre Atlantique.

    Cette mesure quantitative qui permettrait de maintenir les taux longs à des niveaux relativement bas.
    Quelle serait la conséquence sur les marchés ?
    Cela entrainerait une baisse du dollar et donc une appréciation des actifs libellés dans cette monnaie (Matière premières, Pétrole, Or, Argent). Plus généralement, les marchés actions profiteraient de cet afflux de liquidités grâce à une baisse de l’aversion au risque des investisseurs.



    La clé reste une fois de plus dans la main des politiques mais également des banquiers centraux. Les institutions financières ne souhaitent pas « utiliser tous leurs moyens d’actions » avant d’avoir plus de visibilité sur la situation politique en Europe. Les différentes échéances du mois de juin devront permettre de développer une politique unifiée et cohérente au sein de la zone Euro. L’issue du scrutin en Grèce sera suivie de près pour la mise en place de mesures concrètes.



    Philbert VEISSIERES & Etienne VEBER

    © Zonebourse.com 2012
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

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