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Sables minés .

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  • Sables minés .

    La communication officielle algérienne sur la situation au Mali est minimaliste et, une fois n'est pas coutume, il sera difficile de reprocher aux autorités algériennes de faire preuve d'excès de prudence.

    Sur le fond, il est impossible à l'Algérie, même si ses dirigeants le voulaient, de se désintéresser de la situation d'un pays - ou d'un territoire - avec lequel elle a une si longue frontière. Il serait fâcheux de se retrouver avec la même passivité qui a prévalu dans le cas de la Libye où la diplomatie algérienne a passé le plus de son temps à se défendre au lieu d'agir. Mais cet intérêt obligé ne doit pas pour autant justifier des actions précipitées. A plus forte raison quand on voit des sollicitations se multiplier de l'extérieur avec parfois des questionnements pressants sur «la passivité de l'Algérie».

    Le terrain est suffisamment miné que l'on ne s'empresse pas à aller vers des aventures dont on ne mesure pas totalement les risques. Les révélations du Canard Enchaîné sur les fonds qataris qui se déversent sur les acteurs gris de la région du nord du Mali commandent en effet d'agir en fonction des réalités du terrain et d'une information de qualité. Les incitations à une intervention directe au Mali qui deviennent très fortes, on ne peut que le constater, doivent être appréciées à l'aune de l'intérêt de l'Algérie et de ses voisins. Les informations sur l'argent qatari qui se déverserait sur les groupes armés au nord du Mali sont inquiétantes si elles s'avéraient vraies. Mais le doute dans ce domaine reste permis sur l'usage dont on veut en faire. Rien n'interdit de penser que ces révélations viennent à point pour signifier à l'Algérie qu'elle a tout intérêt à intervenir rapidement.

    En réalité, la seule certitude est que le grenouillage est en train d'atteindre un sommet dans le nord du Mali. Il s'alimente d'une déliquescence de la situation à Bamako où les putschistes n'en finissent pas de bloquer le début de transition. Ces putschistes qui ont abandonné de facto l'Azawad aux rebelles targuis et aux djihadistes mettent l'accent sur une intervention au Nord qui les dispenserait de se retirer du pouvoir. Voilà qui n'est guère engageant pour une force africaine. C'est comme si l'on demandait à cette force d'aller faire le boulot au nord du Mali, pendant que les officiers putschistes continuent de régenter la vie à Bamako à coup de décisions désordonnées et d'arrestations dans les rangs des forces politiques.

    Il semble que la chose a été plus ou moins comprise par l'Union africaine. L'organisation panafricaine commence à pencher pour une intervention militaire au nord du Mali et entend demander un «appui» de l'Onu à travers une requête officielle. Il s'agit d'aller jusqu'à la mobilisation des moyens militaires pour rétablir l'autorité du Mali sur le nord du pays et à combattre les «groupes terroristes» «criminels» ou «autres». La formulation large englobe aussi bien la rébellion targuie, le «laïc» MNLA compris, que les groupes islamistes et terroristes. Mais, sans que cela soit formulé comme une condition préalable, l'UA avec l'Onu et les représentants de l'Afrique de l'Ouest ont exigé une dissolution «immédiate» de l'ex-junte malienne. C'est pourtant bien un préalable. Le désordre politique et décisionnel qui règne à Bamako n'est pas de nature à inciter les autres pays de la région à s'engager dans des sables fortement minés. La prudence des responsables algériens est largement justifiée.


    par M. Saadoune
    Le Quotidien d'Oran
    " Celui qui passe devant une glace sans se reconnaitre, est capable de se calomnier sans s'en apercevoir "
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