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L'Espagne est le nouvel homme malade de l'Europe

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  • L'Espagne est le nouvel homme malade de l'Europe

    Après la Grèce, l'Irlande et le Portugal, elle sera sans doute le prochain pays de l'Union monétaire à réclamer une aide extérieure pour sauver un secteur bancaire en déconfiture et apaiser un Etat qui peine à éponger ses déficits.

    Aujourd'hui frappé par la récession et un chômage de masse, Madrid était pourtant, il y a quelques années encore, cité en exemple : une croissance au-delà de la moyenne de la zone euro, un chômage réduit de 5 points entre 2000 et 2007 et une dette publique équivalente à 36 % à peine de son produit intérieur brut (PIB) avant la crise de 2008... Un miracle économique qui masquait de profonds déséquilibres.

    LA BULLE IMMOBILIÈRE A GONFLÉ LA CROISSANCE
    Comme nombre de pays d'Europe du Sud, l'entrée de l'Espagne en zone euro s'est traduite par une forte réduction du coût du crédit, qui s'est alors aligné sur celui de ses partenaires. Mais l'afflux d'argent bon marché a été mal exploité se concentrant presque exclusivement sur le secteur du bâtiment.
    "La construction a pris une part démesurée dans l'économie, représentant jusqu'à 12 % de l'emploi, contre 8 % au début des années 1990, et 5 % à 6 % pour la moyenne des pays de la zone euro", indique Jesus Castillo, économiste chez Natixis, qui cite ce chiffre édifiant : en 2007, le pays construisait 760 000 logements, trois fois plus qu'en 1995 et autant que la France, l'Allemagne et l'Italie réunies ! Une expansion qui s'est traduite par des importations en masse de composants et par un déséquilibre de la balance commerciale.
    Gourmand en main-d'oeuvre, le secteur a aussi happé les travailleurs, y compris certains jeunes tentés de lâcher leurs études pour prendre un travail peu qualifié et bien rémunéré.
    Quand la bulle a éclaté en 2008, tout un pan de l'économie a disparu. Pour l'heure, rien ne l'a remplacé. On estime souvent que la construction d'un logement occupe deux à trois personnes pendant un an. Le plongeon du nombre de mises en chantier en Espagne (87 000 aujourd'hui) aura donc mis sur le carreau 1,5 à 2 millions de travailleurs dans le pays.

    LA FOLIE DES GRANDEURS DES RÉGIONS
    En novembre 2011, le quotidien El Pais était face à un dilemme. Chargée de décrire les projets les plus pharaoniques des dix dernières années, la rédaction ne savait que choisir. Fallait-il parler de ce port (1,8 milliard d'euros) conçu à Valence pour accueillir, en 2007, la 32e America's Cup aujourd'hui déserté ? Ou de la sublime Ciudad de las Artes y las Ciencias (1,3 milliard), dessinée à Valence par l'architecte Santiago Calatrava, qui en est réduite aujourd'hui à célébrer des mariages pour remplir ses caisses ? Ou bien de cet aéroport (500 millions), à Ciudad Real en Castille-La Manche, le plus grand au monde ?
    Ces mégaprojets, souvent dictés par la mégalomanie des présidents de région, ont coûté cher à l'Espagne. "Tout le monde se croyait chef d'Etat", souffle un économiste à Madrid, qui préfère rester anonyme.
    En 2011, si le déficit public du pays a dérapé jusqu'à 8,91 % du PIB, contre 6 % prévus, c'est aux deux tiers à cause des dix-sept communautés autonomes. Responsables des dépenses de santé et d'éducation, peu modulables, elles ont vu leurs recettes, très liées au secteur de la construction, s'étioler.
    Le chef du gouvernement, Mariano Rajoy, a décidé d'imposer aux régions une discipline comparable à celle que l'Europe impose à ses pays membres, avec la possibilité de sanctions et d'une mise sous tutelle en cas de non-respect des règles. Mais dans un pays où cette décentralisation est inscrite dans la Constitution, certaines régions, jalouses de leur indépendance, sont prêtes à jouer les dissidentes.
    LA BULLE DU CRÉDIT DÉGÉNÈRE EN CRISE BANCAIRE
    Les établissements financiers espagnols, acteurs et victimes de la crise, ont arrosé de crédits les entreprises et les ménages, notamment pour qu'ils s'achètent ces maisons construites en pagaille.
    Selon la banque d'Espagne, l'endettement des entreprises et des ménages atteint aujourd'hui 218 % du PIB. Avec la récession, les faillites d'entreprises se multiplient, le chômage enfle et les acteurs ne peuvent plus rembourser leurs crédits.
    Les banques espagnoles ont ainsi, dans leur bilan, pas moins de 184 milliards d'euros de mauvaises dettes. Le secteur financier, indispensable au financement de la croissance, doit donc être renfloué - à hauteur d'une somme qu'on estime entre 40 et 80 milliards d'euros - même si cela a de quoi scandaliser le grand public.

    UN ETAT DÉCRÉDIBILISÉ
    Il serait en mesure d'apporter la somme nécessaire aux banques s'il n'avait lui aussi failli. L'évaluation des problèmes des banques, en particulier de Bankia, comme le déficit des régions n'a cessé d'être réévalué. En outre, à peine le pacte budgétaire européen approuvé, M. Rajoy a indiqué, le 2 mars, qu'il ne tiendrait pas ses engagements en matière de déficit. Finalement, en 2012, celui-ci représentera 5,3 % du PIB, au lieu des 4,4 % prévus.
    La défiance des marchés s'est installée, les taux d'intérêt réclamés par les investisseurs ont grimpé jusqu'à plus de 6,5 % pour des emprunts à dix ans. Dans ces conditions, "le marché de la dette est fermé" au pays, a reconnu en début de semaine Cristobal Montoro, le ministre du budget. Tout était dit.

    Claire Gatinois avec Sandrine Morel (à Madrid)
    Obama avoue que l'économie américaine ne va "pas bien""Il est urgent d'agir" : Barack Obama a pressé, vendredi 8 juin, ses partenaires d'outre-Atlantique d'agir rapidement en consolidant leur système bancaire et en coordonnant davantage leur politique budgétaire. A quelques mois de l'élection américaine, le 6 novembre, et une semaine après la publication de mauvais chiffres du chômage pour le mois de mai, l'hôte de la Maison Blanche s'inquiète des incertitudes économiques qui pèsent sur son pays.
    D'autant que l'agence d'évaluation financière Standard & Poor's a menacé, vendredi, d'abaisser la note des Etats-Unis une nouvelle fois d'ici à 2014. "L'Europe est notre plus important partenaire commercial", a noté

    LE MONDE
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