Le Musée El-Moudjahid et l’ONM honorent la mémoire de cinq frères CHEKROUN, martyrs de la révolution de Novembre 1954
Pas moins de cinq frères sont tombés, les armes à la main, durant la guerre de libération nationale. Il s’agit de Saïd, né en 1921 et mort en 1956 à Mizrana, Mohand-Améziane, né en 1927 et mort en 1955 à Boudjima, Moh-Saïd, né en 1931 et mort en 1958 Mizrana, Ramdane, né en 1934 et mort en 1958 à Mizrana et Ali, né en 1937 et mort en 1960 à Aït-Aïssa-Mimoun. Les cinq frères, devons-nous rappeler, sont morts les armes à la main pour que l’Algérie cesse d’être sous la domination française.
C’est le Musée El-Moudjahid de Tizi-Ouzou et l’Organisation Nationale des Moudjahidine de la wilaya de Tizi-ouzou qui, conjointement, ont organisé hier au niveau du siège de la première institution citée une manifestation en hommage à la mémoire de cette fratrie. Il est cependant vrai qu’officiellement, l’hommage était destiné à la mémoire du martyr Moh-Saïd, Novembriste. Le premier Novembre 1954 à zéro heure, Moh-Saïd Chekroun, à l’instar de nombreux combattants kabyles placés sous le commandement d’Amar Ouamrane, attaqua les forces coloniales à Blida, identifiée comme wilaya IV. Aussi ce matin, la grande salle du Musée El-Moudjahid était pleine à craquer de monde. Il y avait des Moudjahidine dont les compagnons de feu Moh-Saïd Chekroun, des veuves de Chouhouda, des enfants et de Chouhada et de Moudjahidine, des personnalités de divers horizons. Il va sans dire que les membres de la famille de sang de ces cinq martyrs étaient venus en force à Tizi-Ouzou. Parmi eux, se trouvaient leurs deux frères, Arezki et Hand. Hand est aujourd’hui nonogénaire. Il est né en 1916. Arezki est quant à lui âgé de 88 ans. Les compagnons d’armes des martyrs ont été nombreux à monter à la tribune pour apporter leurs témoignages. Moh-Saïd Kaci Challal de Tissegouine, Mohamed Ouzaïd dit Mouh-Oumouh de Tifra, Smaïl Idir dit Smaïl Ouguemoun et Mohand Akouren étaient de ceux-là. L’un des témoins de Moh-Saïd Chekroun car il était son secrétaire raconta comment le martyr trouva la mort au cours de ce mois de juillet 1958. Ecoutons-le : « Les responsables militaires français ont mis au point une opération d’encerclement de la forêt Mizrana avec pour objectif de la pénétrer pour déloger les maquisards. Le plan de l’opération a été mené dans le plus grand secret. C’est pourquoi, les maquisards n’ont eu vent de cette opération que le jour où ils ont constaté l’encerclement de leurs positions. Parmi les responsables de l’ALN, il y avait le célèbre Muh l’Indochine ( Muh l’Indochine était le surnom donné à Mohamed Fahem parce qu’il avait fait la guerre d’Indo-Chine. Sa compétence et ses faits d’armes sont de notoriété). C’est lui-même qui s’est proposé à organiser la riposte. Il était donc question d’improviser une stratégie de riposte. (Selon le général à la retraite, Khaled Nezzar, un bon militaire est celui qui sait improviser. Il a fait cette déclaration en se basant sur les faits d’armes des militaires algériens au Proche-Orient durant les guerres de 1967 et la 1973). C’est ainsi que Muh l’Indochine avait formé lui aussi un énormes cercle à l’intérieur de la forêt en divisant les combattants de l’ALN par groupes de 05 éléments.
Au matin de cette journée où devait commencer la bataille, voilà que le haut responsable militaire qui devait commander l’opération arrive sur les lieux à bord d’un hélicoptère. Au moment où ce responsable militaire et ses proches collaborateurs descendirent de l’appareil, C’est Muh l’Indochine et son groupe qui les accueillirent avec un feu nourri. Ce haut responsable qui devait diriger l’opération et ses collaborateurs furent tués sur le coup. Ce fut le commencement de la bataille. Celle-ci fut terminée par la victoire des combattants de l’ALN puisque les militaires français n’ont jamais réussi à pénétrer la forêt de Mizrana.
Hélas, c’est au cours de cette bataille aussi que Moh-Saïd Chekroun trouva la mort. Il fut mortellement touché par l’éclatement d’une bombe larguée par l’un des nombreux avions entrés en action ». Smaïl Ouguemoun a quant à lui témoigné du sens de la patrie et du courage des femmes et des hommes de l’ensemble de la région Iflissen-Tigzirt-Mizrana-Makouda-Ouagunoun. « Dans cette région qui m’est toujours chère que j’ai fait mon école », a assuré cet intervenant. Toujours à l’issue de son intervention, Smaïl Ouguemoun a cité beaucoup de noms de cette région avec qui il a servi dans les rangs de l’ALN. En ce qui le concerne, Muh Akouren a également apporté son témoignage sur le martyr et l’ensemble des habitants de la région d’Ath-Ouaguenoun qu’il avait tant côtoyé durant ces années de feu. Muh Akouren n’a pas caché son côté partisan de l’écriture de l’histoire de la guerre d’Algérie. C’est pourquoi il a appelé de toutes ses forces la jeunesse kabyle à se mettre à l’écriture. « Dieu merci, aujourd’hui il n’y a pas un village qui ne compte pas parmi les siens un universitaire », s’est exclamé l’intervenant avant d’ajouter : « c’est pourquoi nos jeunes filles et jeunes gens doivent recueillir des témoignages auprès des acteurs de la révolution et les retenir par des écrits afin que les générations futures apprennent leur histoire ».
S’agissant du maquisard Moh-Saïd-Kaci Challal, son intervention consistera à apporter un témoignage non seulement sur les frères martyrs CHEKROUN mais aussi sur les Novembristes de la région Ouagunoun-Makouda. Selon son témoignage, cette région a donné en tout onze Novembristes dont sept d’entre eux ont donné des frappes à Blida. Pour le grand village de Tarihant qui regroupe également Tissegouine et Takhamnt n’Eldjir, il compte en tout 85 martyrs dont 04 sont des femmes. A propos justement des Novembristes qui ont donné des frappes à Blida, 04 sont originaires du grand village de Tarihant, deux sont originaires du village martyr Stita (Makouda) et le septième est originaire d’Ath-Aïssa-Mimoun. Après ces interventions, d’autres en ont suivi. Et de chacune, un grand intérêt à y tirer. Hélas, il est impossible de les consigner toutes dans un seul article journalistique. Notons toutefois, que des titres et des diplômes honorifiques ont été remis à la famille de sang des cinq martyrs. Trois reconnaissances ont été remises aux mains de leur frère Arezki, une reconnaissance à la veuve de Moh-Saïd et la cinquième aux mains de la fille de martyr Saïd, prénommée Fadhma.
Addenda : la veuve de Moh-Saïd Chekroun ne s’est jamais remariée même si elle n’a pas eu d’enfant avec son mari. Son veuvage est survenu jusque quelque temps après son union avec son mari. Par fidélité à la mémoire de son mari, elle a décidé de ne pas se remarier. Par ailleurs, la tombe du martyr Ramdane Chekroun n’est jamais retrouvée jusqu’à maintenant. L’un des neveux des cinq martyrs, prénommé Saïd et qui aujourd’hui un prestigieux architecte, a lancé un appel à toutes celles et tous ceux qui puissent avoir une idée sur le lieu où est enterré son oncle Ramdane de contacter sa famille. « Aujourd’hui encore, dit Saïd Chekroun, nous ressentons la douleur de ne pas pouvoir nous incliner sur la tombe de mon oncle ». Ce que l’on sait à propos de feu Ramdane Chekroun, c’est qu’il est mort en 1958 dans la vaste forêt de Mizrana.
Cependant, la forêt de Mizrana était presque sans arrêt le théâtre de batailles entre les combattants de l’ALN et les forces militaires françaises. Ceci rend dès lors les orientations difficiles. Selon bien des témoignages dignes de foi, il n’était pas rare que des cadavres aussi bien des combattants de l’ALN que des militaires français fussent dévorés par des chacals. Le combattant de l’ALN, Amar Amoudache du village El-Kelaâ, commune de Tgzirt a témoigné un jour à un de ses proches qu’après une longue et dure bataille, il a surpris un chacal en train de dévorer le cadavre d’un combattant de l’ALN. Le chacal, à l’instar de la plus part des carnassiers, mange la chair humaine. Ceci dit, nous souhaitons vivement que la tombe du martyr Ramdane Chekroun soit retrouvée un jour.
De Tizi-Ouzou, par Saïd Tissegouine
Tamurt.info
Pas moins de cinq frères sont tombés, les armes à la main, durant la guerre de libération nationale. Il s’agit de Saïd, né en 1921 et mort en 1956 à Mizrana, Mohand-Améziane, né en 1927 et mort en 1955 à Boudjima, Moh-Saïd, né en 1931 et mort en 1958 Mizrana, Ramdane, né en 1934 et mort en 1958 à Mizrana et Ali, né en 1937 et mort en 1960 à Aït-Aïssa-Mimoun. Les cinq frères, devons-nous rappeler, sont morts les armes à la main pour que l’Algérie cesse d’être sous la domination française.
C’est le Musée El-Moudjahid de Tizi-Ouzou et l’Organisation Nationale des Moudjahidine de la wilaya de Tizi-ouzou qui, conjointement, ont organisé hier au niveau du siège de la première institution citée une manifestation en hommage à la mémoire de cette fratrie. Il est cependant vrai qu’officiellement, l’hommage était destiné à la mémoire du martyr Moh-Saïd, Novembriste. Le premier Novembre 1954 à zéro heure, Moh-Saïd Chekroun, à l’instar de nombreux combattants kabyles placés sous le commandement d’Amar Ouamrane, attaqua les forces coloniales à Blida, identifiée comme wilaya IV. Aussi ce matin, la grande salle du Musée El-Moudjahid était pleine à craquer de monde. Il y avait des Moudjahidine dont les compagnons de feu Moh-Saïd Chekroun, des veuves de Chouhouda, des enfants et de Chouhada et de Moudjahidine, des personnalités de divers horizons. Il va sans dire que les membres de la famille de sang de ces cinq martyrs étaient venus en force à Tizi-Ouzou. Parmi eux, se trouvaient leurs deux frères, Arezki et Hand. Hand est aujourd’hui nonogénaire. Il est né en 1916. Arezki est quant à lui âgé de 88 ans. Les compagnons d’armes des martyrs ont été nombreux à monter à la tribune pour apporter leurs témoignages. Moh-Saïd Kaci Challal de Tissegouine, Mohamed Ouzaïd dit Mouh-Oumouh de Tifra, Smaïl Idir dit Smaïl Ouguemoun et Mohand Akouren étaient de ceux-là. L’un des témoins de Moh-Saïd Chekroun car il était son secrétaire raconta comment le martyr trouva la mort au cours de ce mois de juillet 1958. Ecoutons-le : « Les responsables militaires français ont mis au point une opération d’encerclement de la forêt Mizrana avec pour objectif de la pénétrer pour déloger les maquisards. Le plan de l’opération a été mené dans le plus grand secret. C’est pourquoi, les maquisards n’ont eu vent de cette opération que le jour où ils ont constaté l’encerclement de leurs positions. Parmi les responsables de l’ALN, il y avait le célèbre Muh l’Indochine ( Muh l’Indochine était le surnom donné à Mohamed Fahem parce qu’il avait fait la guerre d’Indo-Chine. Sa compétence et ses faits d’armes sont de notoriété). C’est lui-même qui s’est proposé à organiser la riposte. Il était donc question d’improviser une stratégie de riposte. (Selon le général à la retraite, Khaled Nezzar, un bon militaire est celui qui sait improviser. Il a fait cette déclaration en se basant sur les faits d’armes des militaires algériens au Proche-Orient durant les guerres de 1967 et la 1973). C’est ainsi que Muh l’Indochine avait formé lui aussi un énormes cercle à l’intérieur de la forêt en divisant les combattants de l’ALN par groupes de 05 éléments.
Au matin de cette journée où devait commencer la bataille, voilà que le haut responsable militaire qui devait commander l’opération arrive sur les lieux à bord d’un hélicoptère. Au moment où ce responsable militaire et ses proches collaborateurs descendirent de l’appareil, C’est Muh l’Indochine et son groupe qui les accueillirent avec un feu nourri. Ce haut responsable qui devait diriger l’opération et ses collaborateurs furent tués sur le coup. Ce fut le commencement de la bataille. Celle-ci fut terminée par la victoire des combattants de l’ALN puisque les militaires français n’ont jamais réussi à pénétrer la forêt de Mizrana.
Hélas, c’est au cours de cette bataille aussi que Moh-Saïd Chekroun trouva la mort. Il fut mortellement touché par l’éclatement d’une bombe larguée par l’un des nombreux avions entrés en action ». Smaïl Ouguemoun a quant à lui témoigné du sens de la patrie et du courage des femmes et des hommes de l’ensemble de la région Iflissen-Tigzirt-Mizrana-Makouda-Ouagunoun. « Dans cette région qui m’est toujours chère que j’ai fait mon école », a assuré cet intervenant. Toujours à l’issue de son intervention, Smaïl Ouguemoun a cité beaucoup de noms de cette région avec qui il a servi dans les rangs de l’ALN. En ce qui le concerne, Muh Akouren a également apporté son témoignage sur le martyr et l’ensemble des habitants de la région d’Ath-Ouaguenoun qu’il avait tant côtoyé durant ces années de feu. Muh Akouren n’a pas caché son côté partisan de l’écriture de l’histoire de la guerre d’Algérie. C’est pourquoi il a appelé de toutes ses forces la jeunesse kabyle à se mettre à l’écriture. « Dieu merci, aujourd’hui il n’y a pas un village qui ne compte pas parmi les siens un universitaire », s’est exclamé l’intervenant avant d’ajouter : « c’est pourquoi nos jeunes filles et jeunes gens doivent recueillir des témoignages auprès des acteurs de la révolution et les retenir par des écrits afin que les générations futures apprennent leur histoire ».
S’agissant du maquisard Moh-Saïd-Kaci Challal, son intervention consistera à apporter un témoignage non seulement sur les frères martyrs CHEKROUN mais aussi sur les Novembristes de la région Ouagunoun-Makouda. Selon son témoignage, cette région a donné en tout onze Novembristes dont sept d’entre eux ont donné des frappes à Blida. Pour le grand village de Tarihant qui regroupe également Tissegouine et Takhamnt n’Eldjir, il compte en tout 85 martyrs dont 04 sont des femmes. A propos justement des Novembristes qui ont donné des frappes à Blida, 04 sont originaires du grand village de Tarihant, deux sont originaires du village martyr Stita (Makouda) et le septième est originaire d’Ath-Aïssa-Mimoun. Après ces interventions, d’autres en ont suivi. Et de chacune, un grand intérêt à y tirer. Hélas, il est impossible de les consigner toutes dans un seul article journalistique. Notons toutefois, que des titres et des diplômes honorifiques ont été remis à la famille de sang des cinq martyrs. Trois reconnaissances ont été remises aux mains de leur frère Arezki, une reconnaissance à la veuve de Moh-Saïd et la cinquième aux mains de la fille de martyr Saïd, prénommée Fadhma.
Addenda : la veuve de Moh-Saïd Chekroun ne s’est jamais remariée même si elle n’a pas eu d’enfant avec son mari. Son veuvage est survenu jusque quelque temps après son union avec son mari. Par fidélité à la mémoire de son mari, elle a décidé de ne pas se remarier. Par ailleurs, la tombe du martyr Ramdane Chekroun n’est jamais retrouvée jusqu’à maintenant. L’un des neveux des cinq martyrs, prénommé Saïd et qui aujourd’hui un prestigieux architecte, a lancé un appel à toutes celles et tous ceux qui puissent avoir une idée sur le lieu où est enterré son oncle Ramdane de contacter sa famille. « Aujourd’hui encore, dit Saïd Chekroun, nous ressentons la douleur de ne pas pouvoir nous incliner sur la tombe de mon oncle ». Ce que l’on sait à propos de feu Ramdane Chekroun, c’est qu’il est mort en 1958 dans la vaste forêt de Mizrana.
Cependant, la forêt de Mizrana était presque sans arrêt le théâtre de batailles entre les combattants de l’ALN et les forces militaires françaises. Ceci rend dès lors les orientations difficiles. Selon bien des témoignages dignes de foi, il n’était pas rare que des cadavres aussi bien des combattants de l’ALN que des militaires français fussent dévorés par des chacals. Le combattant de l’ALN, Amar Amoudache du village El-Kelaâ, commune de Tgzirt a témoigné un jour à un de ses proches qu’après une longue et dure bataille, il a surpris un chacal en train de dévorer le cadavre d’un combattant de l’ALN. Le chacal, à l’instar de la plus part des carnassiers, mange la chair humaine. Ceci dit, nous souhaitons vivement que la tombe du martyr Ramdane Chekroun soit retrouvée un jour.
De Tizi-Ouzou, par Saïd Tissegouine
Tamurt.info
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