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Le numéro deux libyen d'Al-Qaida tué au Pakistan

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  • Le numéro deux libyen d'Al-Qaida tué au Pakistan

    L'annonce de la mort d'Abou Yahya al-Libi, haut responsable d'al-Qaida tué lors d'une frappe aérienne au Pakistan lundi dernier, le 4 juin, est le début de la fin d'une relation qui liait l'organisation-mère al-Qaida en Afghanistan à sa branche en Afrique du Nord, al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI).

    Quant cette dernière portait encore le nom de Groupe salafiste pour le prêche et le combat (GSPC) et que ses opérations meurtrières ne visaient pas encore tous les gouvernements du Sahel, Abou Yahya al-Libi incitait déjà les extrémistes à l'action et cherchait à renforcer le terrorisme dans la région.

    Ces dernières années, al-Libi espérait que la branche maghrébine serait en mesure de soutenir une organisation al-Qaida centrale confrontée à son effondrement par suite de la guerre mondiale contre la terreur et du tarissement de ses ressources financières.

    Un voyage vers l'extrémisme

    Abou Yahya al-Libi est le surnom de Mohamed Hassan Qaid, un terroriste libyen spécialisé en chimie. Dans les années 1980, il avait rejoint le Groupe islamique combattant libyen (GICL) qui luttait contre les Soviétiques et cherchait à renverser l'ancien leader Mouammar Kadhafi.

    Il s'était rendu en Mauritanie au début des années 1990, où il avait passé trois ans à étudier les sciences de la charia. A l'époque, il n'était pas l'un des leaders du GICL, mais seulement un étudiant envoyé par ce groupe, selon Noman Benotman, un ancien dirigeant du GICL.

    Un salafiste détenu à la prison de Nouakchott pour avoir participé à des opérations terroristes a expliqué à Magharebia sous couvert de l'anonymat que "al-Libi affichait des tendances extrémistes et conseillait à ses collègues mauritaniens de mettre en place un émirat islamique. Il avait été interrogé par la police de Nouakchott puis relâché par la suite. Mais il restait sous surveillance permanente."

    En 1993, al-Libi avait épousé une femme de la région, Tut Bint Abderrehmane, aujourd'hui âgée de 34 ans, dans le quartier de Sebkha de Nouakchott.

    En 1994, il avait dit à sa femme qu'il comptait terminer ses études au Soudan, où il déménagea avec sa famille avant de la renvoyer à Nouakchott. Il se rendit alors en Afghanistan, où il travailla comme spécialiste de l'internet pour le mouvement radical taliban avant d'être arrêté par les services de renseignement pakistanais en 2002.

    En 2005, il réussit à s'évader d'une prison afghane en compagnie de trois autres hommes. Al-Libi mit à profit cette évasion pour apparaître comme un leader radical. Il commença alors à diriger le bras médiatique de l'organisation al-Qaida, apparaissant dans de nombreuses vidéos et tentant de justifier les attentats terroristes en s'appuyant sur des textes religieux.

    Par la suite, al-Libi acheta une maison pour sa femme et ses enfants dans le quartier de Dar al-Naim à Nouakchott. A l'époque, les responsables de la sécurité pensaient que sa famille recevait une aide financière d'une personne inconnue. Cependant, sa famille souffrait beaucoup de son absence, sa femme et ses enfants expliquant lors d'interviews avec des journalistes que son engagement dans des actes terroristes les privait de toute stabilité familiale.

    Al-Libi réussit à faire venir sa femme et ses enfants en Libye en avril 2011 dans des circonstances ambiguës, alors que des éléments d'al-Qaida s'infiltraient dans le pays lors de la révolte contre le régime de Kadhafi. Sa famille habite aujourd'hui en Libye, ont indiqué des sources familiales à Magharebia.

    Assistance d'AQMI à une al-Qaida malade

    Les documents récupérés dans la villa de ben Laden à Abbottabad et rendus publics le mois dernier par les Etats-Unis, montrent l'importance d'al-Libi en tant que "passerelle entre les générations", en mesure d'unir les branches géographiquement dispersées d'al-Qaida.

    Après la mort de ben Laden, les noms de plusieurs successeurs potentiels ont circulé, notamment celui d'Abou Yahya al-Libi. Mais il est resté numéro deux du mouvement, derrière l'actuel leader de l'organisation, Ayman al-Zawahiri.

    Bill Braniff, spécialiste du terrorisme, a expliqué que le rang d'al-Libi dans la chaîne de commandement n'était pas aussi important que sa valeur en tant que spécialiste de la propagande.

    "Il est très difficile pour al-Qaida de trouver quelqu'un qui soit son porte-parole et diffuse ses instructions", a-t-il ajouté, soulignant que "l'organisation a besoin de quelqu'un que tous puissent voir et écouter."

    "La perte d'al-Libi va renforcer le problème de leadership au sein d'al-Qaida, qui a déjà perdu sa capacité à diriger le travail de ses groupes alliés, comme le montrent les documents retrouvés dans la maison de ben Laden", a ajouté ce spécialiste.

    Selon Hamadi Ould Dah, spécialiste des groupes terroristes et analyste stratégique, al-Libi "supervisait et mettait en oeuvre les programmes destinés à consolider les relations avec les groupes alliés dans le monde entier, notamment AQMI. Par conséquent, sa mort mettra un terme aux liens entre l'organisation-mère et sa branche maghrébine."

    Parallèlement au rôle essentiel qu'il jouait parmi les dirigeants de l'organisation al-Qaida, al-Libi a diffusé dix-sept enregistrements vidéo et audio entre 2006 et 2008, dans lesquels il expliquait les objectifs et la stratégie d'al-Qaida, selon IntelCenter, l'instance chargée de surveiller les sites web djihadistes.

    Début juin 2009, Abou Yahya al-Libi avait tenté d'inciter à plus d'opérations terroristes en Algérie, à une époque où les capacités de l'organisation-mère en Afghanistan étaient sur le déclin.

    Il avait consacré une vidéo entière à parler du GSPC, rebaptisé AQMI sous la direction d'Abdelmalek Droukdel (alias Abou Moussaab Abdelouadoud) pour tenter de forger des liens plus étroits entre l'organisation-mère et sa filiale maghrébine. Il avait lancé une fatwa, selon sa propre interprétation de la charia, affirmant que le "djihad" était permissible en Algérie, et même encore plus important qu'en Palestine.

    Au cours du même mois, il avait publié plusieurs déclarations contre les dirigeants du Maghreb et lancé une fatwa demandant que leurs résidences soient prises pour cibles par les groupes terroristes. Il y parlait "d'occupation" en Algérie, au Maroc, en Tunisie et en Libye, et demandait aux peuples du Maghreb d'aider les groupes terroristes dans leurs tentatives de mobiliser plus de jeunes et de surmonter le rejet par les habitants du Maghreb de la violence commise par ces groupes.

    Selon le journaliste Mohamed Ould Sid al-Mokhtar, al-Libi "avait pour habitude de truffer ses discours de versets du Coran pour tromper ses partisans, en les énonçant hors de leur contexte".

    Dans une vidéo publiée en juin 2009, il appelait les jeunes du Maghreb à soutenir les groupes terroristes au Sahara. "Apportez-leur vos capacités, et sachez que leur victoire sera votre victoire", affirmait-il.

    Al-Libi avait également tenté de mettre à profit sa position au sein de l'organisation-mère al-Qaida pour stimuler le moral en berne des terroristes par suite des succès des efforts de coordination. Dans l'un de ses messages, il appelait "les héros du Maghreb islamique en Algérie, en Mauritanie, au Mali, au Niger, en Libye, en Tunisie et au Maroc à unir leurs rangs".

    En décembre dernier, il était apparu dans une vidéo critiquant la mise en oeuvre de la loi dans la Libye de l'après-Kadhafi, et expliquant que ce pays "doit être régi par la charia", mettant en garde contre "la construction d'un Etat démocratique" et "la création de partis politiques". Al-Libi souhaitait la création d'une commission chargée de fixer la tendance post-révolutionnaire de liquidation des anciens fidèles de Kadhafi, de prendre une décision irrévocable pour créer "un émirat islamique" et de rejeter l'ouverture.

    Source: Magharebia
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