Les containers, autrefois révolutionnaires dans le domaine du transport de marchandises, sont aujourd’hui devenus une figure emblématique du logement économique, durable, modulable et recyclable.
Quelles sont leurs réelles qualités? Pourrait-on imaginer qu’ils surpassent un jour les modes de construction traditionnels ?
Modèle de maison container
Le container, ou conteneur, a été inventé en 1956 par un transporteur routier américain, Malcom Mac Lean. Celui-ci eut l’idée de transporter par bateau des remorques de camion afin de faciliter les transits entre les transports routiers et maritimes. La caisse fut plus tard dissociée de la remorque, ce qui donna naissance au container tel que nous le connaissons aujourd’hui.
Des milliers de containers transitent chaque jour à travers le monde (9 400 000 conteneurs ont circulés en 2004). Outre un mode de conditionnement, il a donc l’avantage d’être un support logistique terrestre, puis maritime. Il est ce qu’on appelle une Unité de Transport Intermodal ou UTI, leader sur le marché du transport de marchandises.
Cependant, nombre d’entre eux restent stockés dans les ports du monde entier. Certains ne sont plus en état de voyager et stagnent en attente d’être transformés ou détruits.
Des architectes eurent l’idée de réutiliser ces grandes boîtes d’acier plutôt que de les laisser dépérir à quai aux quatres coins du monde.
Leur taille standard, environ 12 x 2,5 x 2,5 mètres pour les dimensions moyennes, offre de nombreuses possibilités d’assemblage, à la manière de Lego géants. Ils peuvent être aisément retaillés et réassemblés pour créer de plus grands espaces.
Les containers utilisés en architecture sont ceux appelés conteneurs maritimes de dernier voyage. Cependant, certaines agences ne réutilisent pas d’anciens containers. Ces derniers sont conçus uniquement dans le but de devenir des habitats contemporains et n’ont jamais voyagé.
Ayant été étudiés pour le transport de lourdes marchandises, un transbordage facile et rapide ainsi que pour permettre leur superposition, leur structure est très résistante (les cadres avant et arrière peuvent supporter plus de 100 tonnes). Celle-ci devient alors l’ossature même du bâtiment, supportant les planchers, le mobilier et les habitants.
Manutention de containers, port de Wilmington, Etats-Unis
Le container devient habitat
La crise actuelle touchant également l’immobilier, on a vu se développer un marché spécifique nommé l’immobilier low-cost. La maison container a réussi à tirer son épingle du jeu et prendre son envol, même si elle demeure peu répandue à ce jour.
Cette tendance est venue des États-Unis. En effet, les américains importent beaucoup plus qu’ils n’exportent. Aussi, de nombreux containers restaient stockés au port ou devaient voyager à vide. Ils eurent l’idée de les utiliser de manière différente, et pourquoi pas faire des maisons avec ?
Ce principe de recyclage des containers s’est ensuite exporté dans d’autres pays, notamment au Nord de l’Europe.
Parmi les premiers à avoir utilisé le container comme moyen de construction économique, fiable et surtout rapide, nous pouvons noter les universités.
Pour faire face à la pénurie de logements, les dirigeants d’université ont cherché de nouveaux concepts de résidences étudiantes. Le constructeur hollandais Tempohousing a développé ce concept d’habitat container et lancé des programmes de construction de cités container. La plus connue est celle d’Amsterdam réalisée en 2002.
Il est difficile de déterminer qui fut le premier à solutionner la crise du logement en milieu estudiantin par ce mode de construction tant les projets s’entrecroisent.
En parallèle de Tempohousing, l’agence londonienne Nicholas Lacey and Partners débute un projet similaire à Trinity Buoy Wharf.
Devant la réussite d’un projet de logements classiques et de bureaux, ce cabinet d’architecture eu également l’idée de transposer cela à une cité universitaire.
Entrée et façade Est de « Container City II » de l’agence Nicholas Lacey and Partners.
Les containers offrent aux étudiants l’avantage de logements peu onéreux et plus spacieux que leurs anciennes chambres. Pour un conteneur de 25m², le loyer est en moyenne de 300€.
De plus, ces cités container se montent très rapidement, 6 mois environ et peuvent être aisément démontées et déplacées.
De nombreux programmes ont vu le jour, notamment en Grande Bretagne mais également au Havre. Ces récentes implantations en France, Hollande et Angleterre prouvent l’intérêt que portent de nombreux pays à ce type de construction.
Des agences de design se sont spécialisées dans le développement de projets réalisés à partir de containers. Urban Space Management a réalisée elle aussi des maisons et immeubles mais également des gymnases, des salles de classe, des centres de loisirs, …
Ceci montre les grandes possibilités qu’offrent ces caisses métalliques.
Dunraven Sports Hall, projet de USM, Mars 2009
Un collectif new-yorkais fait particulièrement parler de lui dans les magazines spécialisés et livres traitant du design et de l’architecture : l’agence LOT-EK.
Celle-ci propose des projets inédits comme les célèbres flagship pour Puma ou Uniqlo ; des unités d’habitations nomades telles que the mobile dwelling unit, mais également la possibilité d’assembler des modules de base pour créer sa propre maison à partir de profils prédéfinis, les Container Home Kit.
Cette agence a fait du container un réel champ d’expérimentations.
Mobile dwelling unit, LOT-EK, 2000
Un mode de construction écologique et avantageux.
Le container n’est pas en lui même écologique puisqu’il est constitué d’acier, mais le principe du recyclage de produits déjà existants rend cette technique de construction écologique.
Le concept constructif est innovant. On superpose des caissons préexistants pour arriver à une maison contemporaine. Ceci permet d’obtenir une structure solide et durable sans les déchets produits par une construction classique. De plus ceux-ci sont aisément démontables et leur retraitement est simple. Une grande partie de leur structure est recyclable.
On peut également s’inscrire davantage dans une démarche de développement durable en privilégiant des moyens d’isolation écologiques comme une toiture végétalisée par exemple.
Cove Park, Ecosse, 2006
En plus de son approche environnementale, le container est un outil de construction financièrement avantageux. Une maison container peut en effet coûter deux à trois fois moins chère qu’une construction traditionnelle. Un container neuf coûte environ 2500 euros et environ 1 500 euros en occasion. Sa durée de vie est de 5 à 6 ans, voire 10 ans avec un entretien régulier en trafic maritime. Celle-ci peut aller jusqu’à 60 ans lorsqu’il est utilisé à des fins d’habitation. Il peut donc servir à la création d’une maison neuve mais également à l’extension à moindre coût d’un logement existant.
Extension de maison, Christophe Nogry, Nantes 2010
Constructions modulaires et containers, de proches cousins…
Avant que le container ne soit utilisé comme logement, des structures proches étaient déjà employé en architecture. On donnera ainsi l’exemple des Algeco, eux aussi employés pour la conception de bâtiments temporaires à plus ou moins long terme. En France, ils sont fréquemment utilisés pour des bâtiments publics, en attente d’une solution d’expansion.
D’autres constructions modulaires et modulables, comme les kiosques ou bulles de vente, sont eux aussi répandus pour le commerce et la représentation. Ceux-ci ont en commun leur mobilité et leur facilité d’installation. Ce sont des points de vente pratiques, visibles et adaptés au commerce de proximité.
Les containers, de nouveaux usages
Les containers sont à l’étude pour répondre à une situation d’urgence. En cas de catastrophe naturelle, ils pourraient devenir des logements de secours. Même s’ils ne sont pas l’idéal sur le plan thermique, un agencement intelligent permettrait de créer des espaces abrités ainsi que de l’ombre, ce qui peut être intéressant dans les pays chauds.
De plus, chaque container pourrait être envoyé avec à son bord un kit constitué de produits de première nécessité (matelas, couvertures, kit santé, kits hygiène, bidons remplis d’eau douce,…). Ils pourraient être une solution au ravitaillement et au relogement rapide bien que temporaire.
Le projet SEED de l'Université de Clemson afin de construire des maisons à base de contenairs après le séisme en Haïti
Conclusion
Nous pouvons donc constater que nous sommes loin d’avoir épuisé les ressources qu’offrent les containers. Bien que logements alternatifs, ils ont su prouver leurs qualités et ainsi trouver une place dans le paysage architectural contemporain. On ne compte plus les projets de containers escamotables, flottants, … Semblant parfois anecdotiques, les recherches menées autour de ces boîtes métalliques montrent qu’elles sont à la fois source d’inspiration et structure expérimentale de nos futurs logements.
Et si un jour, nous vivions tous en boîte ?
Chez Mutien
Quelles sont leurs réelles qualités? Pourrait-on imaginer qu’ils surpassent un jour les modes de construction traditionnels ?
Modèle de maison container
Le container, ou conteneur, a été inventé en 1956 par un transporteur routier américain, Malcom Mac Lean. Celui-ci eut l’idée de transporter par bateau des remorques de camion afin de faciliter les transits entre les transports routiers et maritimes. La caisse fut plus tard dissociée de la remorque, ce qui donna naissance au container tel que nous le connaissons aujourd’hui.
Des milliers de containers transitent chaque jour à travers le monde (9 400 000 conteneurs ont circulés en 2004). Outre un mode de conditionnement, il a donc l’avantage d’être un support logistique terrestre, puis maritime. Il est ce qu’on appelle une Unité de Transport Intermodal ou UTI, leader sur le marché du transport de marchandises.
Cependant, nombre d’entre eux restent stockés dans les ports du monde entier. Certains ne sont plus en état de voyager et stagnent en attente d’être transformés ou détruits.
Des architectes eurent l’idée de réutiliser ces grandes boîtes d’acier plutôt que de les laisser dépérir à quai aux quatres coins du monde.
Leur taille standard, environ 12 x 2,5 x 2,5 mètres pour les dimensions moyennes, offre de nombreuses possibilités d’assemblage, à la manière de Lego géants. Ils peuvent être aisément retaillés et réassemblés pour créer de plus grands espaces.
Les containers utilisés en architecture sont ceux appelés conteneurs maritimes de dernier voyage. Cependant, certaines agences ne réutilisent pas d’anciens containers. Ces derniers sont conçus uniquement dans le but de devenir des habitats contemporains et n’ont jamais voyagé.
Ayant été étudiés pour le transport de lourdes marchandises, un transbordage facile et rapide ainsi que pour permettre leur superposition, leur structure est très résistante (les cadres avant et arrière peuvent supporter plus de 100 tonnes). Celle-ci devient alors l’ossature même du bâtiment, supportant les planchers, le mobilier et les habitants.
Manutention de containers, port de Wilmington, Etats-Unis
Le container devient habitat
La crise actuelle touchant également l’immobilier, on a vu se développer un marché spécifique nommé l’immobilier low-cost. La maison container a réussi à tirer son épingle du jeu et prendre son envol, même si elle demeure peu répandue à ce jour.
Cette tendance est venue des États-Unis. En effet, les américains importent beaucoup plus qu’ils n’exportent. Aussi, de nombreux containers restaient stockés au port ou devaient voyager à vide. Ils eurent l’idée de les utiliser de manière différente, et pourquoi pas faire des maisons avec ?
Ce principe de recyclage des containers s’est ensuite exporté dans d’autres pays, notamment au Nord de l’Europe.
Parmi les premiers à avoir utilisé le container comme moyen de construction économique, fiable et surtout rapide, nous pouvons noter les universités.
Pour faire face à la pénurie de logements, les dirigeants d’université ont cherché de nouveaux concepts de résidences étudiantes. Le constructeur hollandais Tempohousing a développé ce concept d’habitat container et lancé des programmes de construction de cités container. La plus connue est celle d’Amsterdam réalisée en 2002.
Il est difficile de déterminer qui fut le premier à solutionner la crise du logement en milieu estudiantin par ce mode de construction tant les projets s’entrecroisent.
En parallèle de Tempohousing, l’agence londonienne Nicholas Lacey and Partners débute un projet similaire à Trinity Buoy Wharf.
Devant la réussite d’un projet de logements classiques et de bureaux, ce cabinet d’architecture eu également l’idée de transposer cela à une cité universitaire.
Entrée et façade Est de « Container City II » de l’agence Nicholas Lacey and Partners.
Les containers offrent aux étudiants l’avantage de logements peu onéreux et plus spacieux que leurs anciennes chambres. Pour un conteneur de 25m², le loyer est en moyenne de 300€.
De plus, ces cités container se montent très rapidement, 6 mois environ et peuvent être aisément démontées et déplacées.
De nombreux programmes ont vu le jour, notamment en Grande Bretagne mais également au Havre. Ces récentes implantations en France, Hollande et Angleterre prouvent l’intérêt que portent de nombreux pays à ce type de construction.
Des agences de design se sont spécialisées dans le développement de projets réalisés à partir de containers. Urban Space Management a réalisée elle aussi des maisons et immeubles mais également des gymnases, des salles de classe, des centres de loisirs, …
Ceci montre les grandes possibilités qu’offrent ces caisses métalliques.
Dunraven Sports Hall, projet de USM, Mars 2009
Un collectif new-yorkais fait particulièrement parler de lui dans les magazines spécialisés et livres traitant du design et de l’architecture : l’agence LOT-EK.
Celle-ci propose des projets inédits comme les célèbres flagship pour Puma ou Uniqlo ; des unités d’habitations nomades telles que the mobile dwelling unit, mais également la possibilité d’assembler des modules de base pour créer sa propre maison à partir de profils prédéfinis, les Container Home Kit.
Cette agence a fait du container un réel champ d’expérimentations.
Mobile dwelling unit, LOT-EK, 2000
Un mode de construction écologique et avantageux.
Le container n’est pas en lui même écologique puisqu’il est constitué d’acier, mais le principe du recyclage de produits déjà existants rend cette technique de construction écologique.
Le concept constructif est innovant. On superpose des caissons préexistants pour arriver à une maison contemporaine. Ceci permet d’obtenir une structure solide et durable sans les déchets produits par une construction classique. De plus ceux-ci sont aisément démontables et leur retraitement est simple. Une grande partie de leur structure est recyclable.
On peut également s’inscrire davantage dans une démarche de développement durable en privilégiant des moyens d’isolation écologiques comme une toiture végétalisée par exemple.
Cove Park, Ecosse, 2006
En plus de son approche environnementale, le container est un outil de construction financièrement avantageux. Une maison container peut en effet coûter deux à trois fois moins chère qu’une construction traditionnelle. Un container neuf coûte environ 2500 euros et environ 1 500 euros en occasion. Sa durée de vie est de 5 à 6 ans, voire 10 ans avec un entretien régulier en trafic maritime. Celle-ci peut aller jusqu’à 60 ans lorsqu’il est utilisé à des fins d’habitation. Il peut donc servir à la création d’une maison neuve mais également à l’extension à moindre coût d’un logement existant.
Extension de maison, Christophe Nogry, Nantes 2010
Constructions modulaires et containers, de proches cousins…
Avant que le container ne soit utilisé comme logement, des structures proches étaient déjà employé en architecture. On donnera ainsi l’exemple des Algeco, eux aussi employés pour la conception de bâtiments temporaires à plus ou moins long terme. En France, ils sont fréquemment utilisés pour des bâtiments publics, en attente d’une solution d’expansion.
D’autres constructions modulaires et modulables, comme les kiosques ou bulles de vente, sont eux aussi répandus pour le commerce et la représentation. Ceux-ci ont en commun leur mobilité et leur facilité d’installation. Ce sont des points de vente pratiques, visibles et adaptés au commerce de proximité.
Les containers, de nouveaux usages
Les containers sont à l’étude pour répondre à une situation d’urgence. En cas de catastrophe naturelle, ils pourraient devenir des logements de secours. Même s’ils ne sont pas l’idéal sur le plan thermique, un agencement intelligent permettrait de créer des espaces abrités ainsi que de l’ombre, ce qui peut être intéressant dans les pays chauds.
De plus, chaque container pourrait être envoyé avec à son bord un kit constitué de produits de première nécessité (matelas, couvertures, kit santé, kits hygiène, bidons remplis d’eau douce,…). Ils pourraient être une solution au ravitaillement et au relogement rapide bien que temporaire.
Le projet SEED de l'Université de Clemson afin de construire des maisons à base de contenairs après le séisme en Haïti
Conclusion
Nous pouvons donc constater que nous sommes loin d’avoir épuisé les ressources qu’offrent les containers. Bien que logements alternatifs, ils ont su prouver leurs qualités et ainsi trouver une place dans le paysage architectural contemporain. On ne compte plus les projets de containers escamotables, flottants, … Semblant parfois anecdotiques, les recherches menées autour de ces boîtes métalliques montrent qu’elles sont à la fois source d’inspiration et structure expérimentale de nos futurs logements.
Et si un jour, nous vivions tous en boîte ?
Chez Mutien
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