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France/Israël : Relations militaires depuis 1948.
France/Israël : Relations militaires depuis 1948
DE L'ARMEMENT AU BOYCOTT
Le couple franco-israélien a eu des relations tumultueuses durant les 60 dernières années passant de l'amour fou à la rupture totale en matière militaire.
La France de Pétain avait collaboré activement avec le régime nazi et participé avec zèle à la solution finale. Après la guerre et le génocide juif, la France de la Libération et du général de Gaulle encourage et participe à la création de l'Etat d'Israël. Déjà en 1946, Ben Gourion et d'autres membres de la Haganah, une organisation sioniste considérée comme terroriste par les britanniques, avaient trouvé refuge à Paris. De la capitale ils organisaient des envois d'armes vers la Palestine britannique.. Le soutien français à la cause sioniste se concrétisera en 1947 avec le vote historique à l'ONU sur la partition de la Palestine et la reconnaissance le 20 mai 1949 de l'indépendance d'Israël. La 4eme République va prolonger cette lune de miel avec comme point d'orgue la crise de Suez en 1956.
Les paras sautent sur Suez
Juillet 1956, le leader égyptien Gamal Abdel Nasser proclame la nationalisation du canal de Suez et décrète un blocus appliqué aux navires israéliens. Pour défendre leurs intérêts économiques et politiques, l'ancien colonisateur britannique et la France décident d'intervenir militairement. Cette action permet à la France de se rapprocher toujours plus de l'Etat d’Israël. L'opération est un fiasco, les Américains et les Russes demandent aux deux pays de cesser leur action. Après Suez, la France devient le premier partenaire économique et surtout militaire de l'Etat hébreux. De nombreux accords commerciaux sont signés et en 1964, la France allait également appuyer la signature d'un accord commercial avec Israël, auprès de ses partenaires communautaires européens.
La France arme Israël
Dans ces relations économiques, un commerce va dominer tous les autres, l'armement. La France devient le plus gros fournisseur d'armes à Israël. Elle participe à son programme balistique avec le lanceur Shavit, comète en français propulsé grâce à la technologie française. Le constructeur français Dassault lui fournit ses mirages 3 qui feront des ravages en 67 pendant la guerre des six jours. Mais surtout c'est dans le domaine atomique que les Français vont aider les Israéliens à maitriser l'arme nucléaire, un accord secret en ce sens fut signé en 1956.
La rupture
Les plus belles histoires ont une fin et c'est la guerre des six jours de 1967 qui va mettre un terme à cette union militaro-économique franco-israélienne. En juin de cette année-là, la chasse israélienne attaque par surprise les aérodromes égyptiens. La réponse du général de Gaulle est radicale, il condamne l'agression israélienne et réaffirme le refus de la France de ne tenir pour acquis aucun fait accompli.
Mais le président français va encore plus loin lors d'une conférence de presse à l'Elysée en novembre 67 en déclarant : "les Juifs, jusqu’alors dispersés, mais qui étaient restés ce qu’ils avaient été de tout temps, c’est-à-dire un peuple d’élite, sûr de lui-même et dominateur, en viennent, une fois rassemblés dans le site de leur ancienne grandeur, à changer en ambition ardente et conquérante les souhaits très émouvants qu’ils formaient depuis dix-neuf siècle".
Je t'aime moi non plus
Avec cette déclaration, de Gaulle est accusé d'antisémitisme. D'une entente cordiale et chaleureuse, les relations franco-israéliennes tournent à la guerre froide. La France ne vend plus d'armes à Israël mais aux pays arabes et son soutien au peuple palestinien va se transmettre de président en président. François Mitterrand et Jacques Chirac continueront la politique du général. Israël exclura la France du jeu des négociations au Proche Orient au profit des Américains car elle est considérée comme pro-arabe, même si elle prône la création d'un Etat palestinien au côté d'Israël. Avec Nicolas Sarkozy le ton change, il opte pour une politique plus équilibrée avec un soutien plus appuyé à Israël. Il fait surtout exploser 42 ans de boycott d'achat et de vente d'armes israéliennes en juillet 2011. En effet la France a acheté des drones israéliens, avion de reconnaissance sans pilote pour l'armée française. Avec l'arrivée de François Hollande et de la présidence normale, l'Etat français devrait revenir à sa politique d'embargo initiée par le général de Gaulle en 1967.
Marc-Antoine Valverde pour ARTE Journal
DE L'ARMEMENT AU BOYCOTT
Le couple franco-israélien a eu des relations tumultueuses durant les 60 dernières années passant de l'amour fou à la rupture totale en matière militaire.
La France de Pétain avait collaboré activement avec le régime nazi et participé avec zèle à la solution finale. Après la guerre et le génocide juif, la France de la Libération et du général de Gaulle encourage et participe à la création de l'Etat d'Israël. Déjà en 1946, Ben Gourion et d'autres membres de la Haganah, une organisation sioniste considérée comme terroriste par les britanniques, avaient trouvé refuge à Paris. De la capitale ils organisaient des envois d'armes vers la Palestine britannique.. Le soutien français à la cause sioniste se concrétisera en 1947 avec le vote historique à l'ONU sur la partition de la Palestine et la reconnaissance le 20 mai 1949 de l'indépendance d'Israël. La 4eme République va prolonger cette lune de miel avec comme point d'orgue la crise de Suez en 1956.
Les paras sautent sur Suez
Juillet 1956, le leader égyptien Gamal Abdel Nasser proclame la nationalisation du canal de Suez et décrète un blocus appliqué aux navires israéliens. Pour défendre leurs intérêts économiques et politiques, l'ancien colonisateur britannique et la France décident d'intervenir militairement. Cette action permet à la France de se rapprocher toujours plus de l'Etat d’Israël. L'opération est un fiasco, les Américains et les Russes demandent aux deux pays de cesser leur action. Après Suez, la France devient le premier partenaire économique et surtout militaire de l'Etat hébreux. De nombreux accords commerciaux sont signés et en 1964, la France allait également appuyer la signature d'un accord commercial avec Israël, auprès de ses partenaires communautaires européens.
La France arme Israël
Dans ces relations économiques, un commerce va dominer tous les autres, l'armement. La France devient le plus gros fournisseur d'armes à Israël. Elle participe à son programme balistique avec le lanceur Shavit, comète en français propulsé grâce à la technologie française. Le constructeur français Dassault lui fournit ses mirages 3 qui feront des ravages en 67 pendant la guerre des six jours. Mais surtout c'est dans le domaine atomique que les Français vont aider les Israéliens à maitriser l'arme nucléaire, un accord secret en ce sens fut signé en 1956.
La rupture
Les plus belles histoires ont une fin et c'est la guerre des six jours de 1967 qui va mettre un terme à cette union militaro-économique franco-israélienne. En juin de cette année-là, la chasse israélienne attaque par surprise les aérodromes égyptiens. La réponse du général de Gaulle est radicale, il condamne l'agression israélienne et réaffirme le refus de la France de ne tenir pour acquis aucun fait accompli.
Mais le président français va encore plus loin lors d'une conférence de presse à l'Elysée en novembre 67 en déclarant : "les Juifs, jusqu’alors dispersés, mais qui étaient restés ce qu’ils avaient été de tout temps, c’est-à-dire un peuple d’élite, sûr de lui-même et dominateur, en viennent, une fois rassemblés dans le site de leur ancienne grandeur, à changer en ambition ardente et conquérante les souhaits très émouvants qu’ils formaient depuis dix-neuf siècle".
Je t'aime moi non plus
Avec cette déclaration, de Gaulle est accusé d'antisémitisme. D'une entente cordiale et chaleureuse, les relations franco-israéliennes tournent à la guerre froide. La France ne vend plus d'armes à Israël mais aux pays arabes et son soutien au peuple palestinien va se transmettre de président en président. François Mitterrand et Jacques Chirac continueront la politique du général. Israël exclura la France du jeu des négociations au Proche Orient au profit des Américains car elle est considérée comme pro-arabe, même si elle prône la création d'un Etat palestinien au côté d'Israël. Avec Nicolas Sarkozy le ton change, il opte pour une politique plus équilibrée avec un soutien plus appuyé à Israël. Il fait surtout exploser 42 ans de boycott d'achat et de vente d'armes israéliennes en juillet 2011. En effet la France a acheté des drones israéliens, avion de reconnaissance sans pilote pour l'armée française. Avec l'arrivée de François Hollande et de la présidence normale, l'Etat français devrait revenir à sa politique d'embargo initiée par le général de Gaulle en 1967.
Marc-Antoine Valverde pour ARTE Journal