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Chronique d'un Boudiaf égyptien

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  • Chronique d'un Boudiaf égyptien

    « Où va l'Egypte ?» aurait écrit un Boudiaf du Caire. Avant de se faire assassiner, lui aussi. Car où va ce pays et sa révolution après la décision des militaires de dissoudre presque le parlement islamiste ? Vers le cas algérien : éradicateur contre islamistes, avec des milliers de morts et zéro démocratie. Peut-être.

    En Algérie, on regarde déjà avec grimace l'évolution de ce pays vers son algérianisation. La révolution n'y réussi pas encore. Elle semble se diriger vers l'échec. Et encore une fois, l'amertume : voir la promesse se résoudre à la même équation : une dictature conservatrice chassée par une dictature islamiste qui sera chassée par une dictature militaire. Le choix entre le mal et le pire.

    Le printemps «arabe» est entrain d'invalider l'idée de démocratie en faveur de la dictature de la stabilité. On y apprend à désespérer d'être un jour en démocratie, libre et heureux et tolérant. On s'y résout à la fatalité. Par impuissance, par culture, par enjeu, par réflexe et par voies de faits. Quelle est la solution au cas «arabe» si la révolution mène à l'islamisme et l'islamisme aux militaires ou à la théocratie salafiste, genre les hideux qui enlaidissent la Tunisie et son Jasmin ? Faut-il ne rien faire puisque «faire» mène au désastre ? Se contenter des Belkhadem pour éviter les Ali Benhadj ? C'est quoi la solution ? si même une révolution ne mène pas au bonheur et à la justice, mais seulement à se faire voler par les chars ou les barbes ? La solution serait donc impossible et n'existe pas si on n'est pas l'Homme Blanc ?

    Elle existe mais est cependant difficile : se débarrasser des deux dictatures connues, en même temps, au même moment en double décapitation. Les «deux» veut dire la dictature du régime et la dictature de la Religion comme politique. Si on ne le fait pas, en même temps et en synchronisation, l'une prendra la place de l'autre et ainsi de suite. Il faut les chasser toutes deux, en même temps, dans le cadre d'une profonde révolution contre la terre et le ciel, le képi et la barbe. Sans cela, on doit refaire et refaire encore. Aujourd'hui par exemple, l'Egypte est coincée entre les deux maux parce qu'elle n'a pas pu se débarrasser des deux dictatures du monde «arabe». Autant pour nous, ici en Algérie : pas de dictature réelle, mais pas de démocratie vraie. Juste la régence du terrain vague par la caserne. Tout pousse à désespérer de soi et des siens quand on regarde ce qui se passe dans la mémoire des algériens, les places d'Egypte et les boulevards des tunisiens, sauf la lucidité : il ne faut pas en effet décrédibiliser l'idée de la démocratie et de la révolution à cause d'un échec, de deux ou de dix échecs. Il faut seulement corriger l'effort par la raison : chasser les deux dictatures et pas seulement la plus visible. Se répéter que ce n'est pas l'idée de démocratie qui est mauvaise mais l'idée que l'on se fait d'elle et l'idée qu'on essaye de nous faire croire sur son inutilité. Nous avons droit à la justice et au bonheur, tous. Nous ou, au moins, nos enfants. A commencer par le jeune Tarik qui risque trois ans de prison au pays de Tab djnanou. Les islamistes ne sont pas une fatalité, ni les casernes. Il faut chasser les deux. En même temps. En même temps surtout.
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    par Kamel Daoud


    Le Quotidien d'Oran

    " Celui qui passe devant une glace sans se reconnaitre, est capable de se calomnier sans s'en apercevoir "

  • #2
    kamel daoud toujours clair et mordant..

    moi , personnellement c'est l'expérience tunisienne qui me semble interressante à suivre , car pour la premiére fois dans le monde arabe ,on assiste à un cas politique qui rejoint l'exemple turc , c'est à dire un parti islamiste ( ennahda) qui semble se muer à la faveur de la gouvernance en parti proche des démocrates musulmans de l'AKP et un parti démocrate laic ( parti de merzouki) qui partage le pouvoir avec le premier en bonne intelligence ..et bien sur une armée qui semble rentrée dans ces casernes

    il reste bien sur l'équation salafiste et les anciens du régime , qui seront toujours là pour saboter tout effort national de tirer la république tunisienne vers le haut ...
    ارحم من في الارض يرحمك من في السماء
    On se fatigue de voir la bêtise triompher sans combat.(Albert Camus)

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    • #3
      il reste bien sur l'équation salafiste et les anciens du régime , qui seront toujours là pour saboter tout effort national de tirer la république tunisienne vers le haut ...
      Et c'est là le véritable danger pour les tunisiens .
      " Celui qui passe devant une glace sans se reconnaitre, est capable de se calomnier sans s'en apercevoir "

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      • #4
        je vois le problème autrement :

        -je reste sidéré devant le degré d'inefficacité et d'incapacité des élites , des parties , des "spécialistes" , des "bach mohandes" , des "docteurs" , "ustad " ,"khabeer" et j'en passe.......de découvrir la logique et d'appliquer son contenu à la grande catastrophe qui menace leur pays.
        Je suis encore plus sidéré de voir cette densité de faux intellectuels ,pétris et cuits par la méthode russe , incapables d'appliquer une logique déjà figurant dans tous les livres de base du droit constitutionnel ou d'imiter les pays qui sont passés par la même crise et qui , plus intelligents , ont sut tirer le fil par le bon bout !

        - d'un autre côté et pour revenir à Si Boudiaf , je crois que le monde arabe est malade par le syndrome du père ou par un complexe d'Oedipe aussi tardif que fortement prononcé .
        A l'origine était la recherche du chef de tribu qui était le père idéal que les véritables pères ne pouvaient égaler : force, pouvoir et argent .
        Ensuite s'est greffé un relent religieux qui a fait des prophètes les pères sublimes qu'on ne peut jamais avoir ......on ne peut juste que "sur" parler d'eux , les rêver et les adorer chacun selon la profondeur de sa blessure qui va du pratiquant normal jusqu'à l'exalté et à l'extrémiste.
        Les temps modernes , eux aussi , n'ont pas échappé à cette loi : la quête des za3ems, des rais, des Grands Moujahids , des Akhs (frère) , raffek , des fakhamatouhou et des saheb al jalala et j'en passe est devenue le sport favori de toutes les révolutions qu'elles soient militaires ou de palais.
        Ainsi surgirent les Nasser , les Saddam, les Sadat, les Hafed, les Boumediene , les Bourguiba et tous les rois et tous les sultans .
        Tous les complexes des peuples semblent trouver dans leur présence la clé de leur apaisement et de leur domestication .

        Sommes nous condamnés toujours à la recherche du PERE ?
        Oui , l'exemple égyptien est encore récent pour nous le rappeler : les plus endurcis des jeunes revoltés ont été les premiers à rechercher leurs PERE auprès des militaires qui sont les véritables exploitants du pays et les véritables faiseurs de rais !
        La revolution egyptienne n'avait pas à être "récupérée" par l'armée : ce sont les rebelles qui , d'eux même, l'ont remise à leur propre ennemi .

        Seulement , une issue de secours pour les peuples demeure ouverte :
        -l'instruction et la formation
        -le rejet du monolinguisme et l'ouverture sur les langues, les cultures et les religions des autres
        -le rejet du système éducatif qui , en bon appareil d'état , fait perpétuer l'idéologie de la recherche et de l'acceptation du père qui , curieusement , est le dénominateur commun des communistes, des sectaires extrémistes et des fachistes chauvins .
        Dernière modification par portesperance, 17 juin 2012, 17h32.

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        • #5
          moi , personnellement c'est l'expérience tunisienne qui me semble interressante à suivre , car pour la premiére fois dans le monde arabe ,on assiste à un cas politique qui rejoint l'exemple turc , c'est à dire un parti islamiste ( ennahda) qui semble se muer à la faveur de la gouvernance en parti proche des démocrates musulmans de l'AKP et un parti démocrate laic ( parti de merzouki) qui partage le pouvoir avec le premier en bonne intelligence ..et bien sur une armée qui semble rentrée dans ces casernes

          il reste bien sur l'équation salafiste et les anciens du régime , qui seront toujours là pour saboter tout effort national de tirer la république tunisienne vers le haut ...
          Rien à ajouter, Monsieur XENON a dit l'essentiel,
          C'est un système qui devrait tenir la route, si on arrive à maîtriser les quelques variables exogènes par rapport au plan initial .

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          • #6
            Daoud pèche comme toujours par sa tendance à écrire en gardant bien vissées ses oeillères idéologiques; il fait son beurre sur l'actualité, en ignorant les réalités dont elle est porteuse.
            En vrac :

            - Vouloir associer la situation Egytienne à celle de l'Algérie des années 90's dénote d'un manque de culture politique et de rigueur analytique : les forces en présence sont elles les mêmes ? Les configurations géopolitiques analogues ? La sociologie des deux pays...? Ces petites réserves qu'un étudiant prendraient la peine de lever avant d'initier une réflexion, n'embarrassent pas Daoud.


            - Au delà du fait que son intervention relève plus du texte fermé, qui se parle à lui-même, que d'un discours ouvert sur l'extérieur, on peut noter de réelles contradictions à l'intérieur même de son propos.

            Il énonce souvent à partir d'un "nous", virtuel et absolu, qui serait l'expression pure d'une volonté populaire toute tendue vers la "laïcité"...En ignorant le fait que le volonté du "peuple" égyptien, le "on" majoritaire et concret si on préfère, s'est exprimé dans les urnes : et le "on" de la réalité a porté les Frères Musulmans au pouvoir. Il y a donc "malhonnêteté intellectuelle" de la part de Daoud, malhonnêteté qui devient une "faute" morale et logique, quand il veut que l'on impose, au nom de la démocratie, des propres vues idéologiques minoritaires même quand elles s'opposent explicitement à la volonté de la majorité. La démocratie est affaire de représentation et Daoud est si vaniteux qu'il veut que les miroirs arrêtent de réfléchir d'autres corps que les siens...
            Dernière modification par Dandy, 17 juin 2012, 20h25.

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