Publié Le: mer,20 juin 2012
| Par René Naba
Alain Juppé, «Le meilleur d’entre nous» !!!… Vraiment ?
Portrait : Se plaçant au-dessus de la curée, Alain Juppé brigue la présidence de l’UMP en Novembre 2012 afin de ressouder l‘unité d’un parti qui lui a été usurpé par son prédécesseur, Nicolas Sarkozy, dont l’échec présidentiel a gravement lézardé l’édifice. Retour sur le parcours de celui qui fut longtemps présenté au sein du parti néogaulliste comme «le meilleur d’entre nous».
Paris- Les sentiers de la gloire et de la renommée promis à ce surdoué déboucheront sur un épouvantable chemin de croix. A l’épreuve des faits, «le meilleur d’entre nous» se révèlera un piètre gestionnaire de la diplomatie française comme auparavant du patrimoine français. Par trois fois désavoué par le peuple, de surcroit lourdement sanctionné moralement par la justice de son pays pour «avoir trahi la confiance du peuple souverain»; accablante sentence dont l’écho se perpétue de nos jours dans les prétoires de la République comme la marque infamante d’une stigmatisation morale à perpétuité.
Le condottiere de la Syrie
Son engouement pour la Syrie aura été à la mesure de son dépit de la Libye. A la mesure de sa détestation de la gestion libyenne du tandem Nicolas Sarkozy-Bernard Henry Lévy. La Syrie, son obsession, dont il voulait en faire son tremplin, son rebond, son bâton de maréchal vers une nouvelle destinée présidentielle, s’est soustraite à lui, refusant d’être la proie de ses ambitions. Son Austerlitz, fée carabosse maléfique, un Waterloo. Ah la morne plaine en ligne d’horizon de la Berezina.
«Juppé… On se souvient de la façon dont il s’est conduit au moment de la Bosnie, puis du Rwanda, il sera forcément contre cette histoire libyenne. Il ne serait pas Juppé s’il n’était pas contre. Si je peux me permettre un conseil: tout faire depuis ici, à travers la cellule diplomatique, et ne rien dire à personne -garder le secret, même pour Juppé», chuchotera l’intrigant BHL à l’oreille complaisante de Nicolas Sarkozy, ravi de jouer un mauvais tour au meilleur des compagnons des chiraquiens et sarkozystes réunis (1).
Embarqué volontaire à bord du Titanic en sauveur du naufrageur du gaullisme, Nicolas Sarkozy, au lendemain de la calamiteuse prestation de la diplomatie française lors du printemps arabe de l’hiver 2011, Alain Juppé subira de plein fouet l’affront du duo, deux semaines après sa nomination. Au point que des journalistes se poseront publiquement la question de savoir si Alain Juppé «le vrai, le fort, le tatoué, celui qui rassemble les diplomates égarés ou indignés» n’a pas été «remanié par BHL» (2), floué par Sarkozy, par la réception à l’Elysée d’une délégation de rebelles libyens, en compagnie du roman-enquêteur, mais à l’insu du nouveau ministre des Affaires étrangères.
Ah le camouflet. Juppé écumant de rage à sa sortie d’une conférence ministérielle européenne à Bruxelles, la colère rentrée, la mâchoire crispée, le mépris incrusté sur un rictus figé, les jurons contenus face aux caméras du monde entier. Sublime spectacle de stoïcisme face à cet invraisemblable coup de Jarnac. La marque d’une ingratitude suprême.
Sur les malheurs du peuple libyen, Nicolas Sarkozy avait en effet décidé de sceller sa réconciliation avec le philosophe du botulisme, afin de purger un contentieux souterrain para matrimonial, à la faveur d’un indécent ballet diplomatique, couvrant de ridicule la France, en contournant, le gaulliste Alain Juppé, supposé restaurer le prestige terni de la diplomatique française. Mais cela, Juppé ne pouvait le savoir. Il en paiera le prix en termes de marginalisation dans l’affaire libyenne.
L’implication d’un des chefs de file de la stratégie médiatique israélo-américaine sur le théâtre européen aura été fatale à la révolution libyenne, qui dérivera vers l’islamisme par défiance anti occidentale, de même que l’instrumentalisation de citoyens français d’origine syrienne à la tête de l’opposition syrienne dénaturera le combat libératoire des Syriens, le déviant vers un bourbier inextricable.
Bel exploit que de mésestimer le nationalisme chatouilleux des Syriens, nourri d’une forte suspicion à l’égard de l’ancien pouvoir colonial, artisan du démembrement de leur pays.
Faute psychologique impardonnable, elle conduira le chef de la branche
syrienne de la confrérie des Frères Musulmans à réclamer la démission de la porte-parole française de l’opposition, Basma Kodmani, à la carrière exclusivement académique, structurellement ombiliquée aux administrations du camp atlantiste, l’IFRI d’abord, la Ford Foundation ensuite, Arab Reforme Initiative enfin, sans passé oppositionnel, sans tradition de lutte sur le terrain (3).
Au terme d’un an de prestation chaotique des supplétifs syriens de l’administration française, elle suscitera, en réaction, la mise sur pied, hors de l‘orbite française, dans le giron saoudien, d’une nouvelle entité de substitution à la structure poussive, en la personne de Nofal Dawalibi, fils de l’ancien premier ministre syrien Maarouf Dawalibi mais néanmoins homme d’affaires saoudien, provoquant la démission du chef nominal de l’opposition Bourhane Ghalioune, dans la foulée de la prise de fonction du socialiste François Hollande.
Faute psychologique impardonnable en ce que la nouvelle campagne française de Syrie, en tandem avec le Qatar, a voulu ignorer la moitié de la planète, la Chine et la Russie, disposant d’un double véto au Conseil de sécurité, l’Inde et l’Afrique du sud, les nouvelles autorités morales de du XXI me siècle, le Brésil, la puissance montante de la sphère latino-américaine, le BRICS, trois milliards de personnes, soit la moitié de l’humanité. Au point que se pose la question de l‘utilité des centres de recherches sur le monde arabe financés à grand frais par les contribuables français, qu’induit cette succession de bourdes, en Tunisie, en Egypte, en Libye, enfin en Syrie (4). Pour un surdoué, cela fait tâche.
Erreur fatale, tant pour le bilan diplomatique de la mandature présidentielle de Nicolas Sarkozy que pour l’ancien prodige gaulliste. Métronome de ses propres revers, Juppé mutera au fur et à mesure de l’évolution du conflit syrien, par proximité électorale française, vers une posture philo sioniste, concédant à Israël le droit de modifier unilatéralement ses frontières, au mépris des principes du Droit international.
Erreur fatale, le choix de ses compagnons d’aventure, le premier, son mentor, qui lui vaudra le déshonneur d’une condamnation judiciaire, par substitution, pour emplois fictifs, le second, le déshonneur du ridicule, par préméditation de l’usurpateur du parti dont il est le fondateur. On ne se méfie jamais assez de ses amis de trente ans.
Craignant de perdre son âme, excédé par les dérives du vecteur qu’il voulait rassembleur, l’Union pour un Mouvement Populaire (UMP), Juppé tentera au lendemain du premier tour des élections présidentielles de 2012, désastreux pour son camp, de reprendre la main. Mal lui en prit. Il fera l’objet d’un rappel à l’ordre de son cadet, lui enjoignant de demeurer dans les rangs, sans songer à récupérer son bien (5).
Ah quel calvaire. La coupe jusqu’à la lie. L’homme qui avait dégagé sans ménagement les juppettes (les femmes ministres) de son gouvernement, en 1995, se retrouvera chauffeur de salle d’un meeting électoral à Lyon, le 29 avril 2012, dissertant sur la comptabilité du gaullisme et du sarkozysme. Faux dur mutique, comme il l’avait été dans l’affaire Clearstream lors du bras de fer épique entre son ancien directeur de cabinet et son nouveau président, il se laissera supplanter au poteau par le turbo propulseur de la diplomatie française, Dominique de Villepin, son ancien disciple, son désormais alter ego, plus qu’égal.
Dans une retentissante tribune au Journal le Monde, ce personnage de légende de la scène internationale se distinguera par une vigoureuse profession de foi gaulliste, soldant avec panache son combat homérique avec le président sortant qu’il aura toisé avec succès tout au long de sa mandature, vainqueur par KO technique du «croc de boucher» Sarkozy (6).
L’homme qui a «trahi la confiance du peuple souverain»
Les avatars de Daewoo ou le bradage d’un joyau industriel pour un franc symbolique
«Le meilleur d’entre nous» est un piètre gestionnaire, c’est à tout le moins ainsi qu’il apparaîtra pour l’éternité. Pour l’homme du «Franc symbolique».
Au-delà de ses qualités, immenses, Alain Juppé passera à la postérité pour l’homme qui aura voulu brader, pour un franc symbolique, une entreprise stratégique «Thomson» et qui s’est délesté au profit d’intérêts privés de la plus importante compagnie maritime navale, la Compagnie générale maritime (CMA-CGM), d’un pays, la France, qui dispose d’un domaine maritime international parmi les plus importants du monde.
A moins que ce technocrate habile, fin connaisseur des arcanes administratifs, présumant toutefois de ses capacités, n’ait voulu tirer argument du formalisme bureaucratique de Bruxelles, les fameux «critères de convergence» de Maastricht, pour opérer la plus grande opération de délocalisation du financement occulte du RPR, le parti budgétivore chiraquien, dont il a été le responsable des finances à la Marie de Paris.
Sauf à considérer ces deux opérations comme une gratification du pouvoir chiraquien à des bailleurs de fonds électoraux, l’empressement de M. Juppé à lester son pays des joyaux de son économie n’a jamais trouvé explication convaincante.
Droit dans des bottes, comme il se plait à se décrire, une raideur que confère une certitude suffisante, Alain Juppé, alors Premier ministre, passant outre aux conseils de prudence de son entourage, affiche, en 1996, au sortir d’un semestre social houleux, son intention de vendre au groupe Daewoo l’entreprise publique Thomson Multimédia, officiellement «très endettée», contre 1 franc symbolique après sa recapitalisation par l’État, à hauteur de 11 milliards de francs.
Curieux procédé qui consiste à doter en capital public une entreprise vouée à être cédée à des intérêts privés, qui plus est un groupe hors de la sphère francophone.
| Par René Naba
Alain Juppé, «Le meilleur d’entre nous» !!!… Vraiment ?
Portrait : Se plaçant au-dessus de la curée, Alain Juppé brigue la présidence de l’UMP en Novembre 2012 afin de ressouder l‘unité d’un parti qui lui a été usurpé par son prédécesseur, Nicolas Sarkozy, dont l’échec présidentiel a gravement lézardé l’édifice. Retour sur le parcours de celui qui fut longtemps présenté au sein du parti néogaulliste comme «le meilleur d’entre nous».
Paris- Les sentiers de la gloire et de la renommée promis à ce surdoué déboucheront sur un épouvantable chemin de croix. A l’épreuve des faits, «le meilleur d’entre nous» se révèlera un piètre gestionnaire de la diplomatie française comme auparavant du patrimoine français. Par trois fois désavoué par le peuple, de surcroit lourdement sanctionné moralement par la justice de son pays pour «avoir trahi la confiance du peuple souverain»; accablante sentence dont l’écho se perpétue de nos jours dans les prétoires de la République comme la marque infamante d’une stigmatisation morale à perpétuité.
Le condottiere de la Syrie
Son engouement pour la Syrie aura été à la mesure de son dépit de la Libye. A la mesure de sa détestation de la gestion libyenne du tandem Nicolas Sarkozy-Bernard Henry Lévy. La Syrie, son obsession, dont il voulait en faire son tremplin, son rebond, son bâton de maréchal vers une nouvelle destinée présidentielle, s’est soustraite à lui, refusant d’être la proie de ses ambitions. Son Austerlitz, fée carabosse maléfique, un Waterloo. Ah la morne plaine en ligne d’horizon de la Berezina.
«Juppé… On se souvient de la façon dont il s’est conduit au moment de la Bosnie, puis du Rwanda, il sera forcément contre cette histoire libyenne. Il ne serait pas Juppé s’il n’était pas contre. Si je peux me permettre un conseil: tout faire depuis ici, à travers la cellule diplomatique, et ne rien dire à personne -garder le secret, même pour Juppé», chuchotera l’intrigant BHL à l’oreille complaisante de Nicolas Sarkozy, ravi de jouer un mauvais tour au meilleur des compagnons des chiraquiens et sarkozystes réunis (1).
Embarqué volontaire à bord du Titanic en sauveur du naufrageur du gaullisme, Nicolas Sarkozy, au lendemain de la calamiteuse prestation de la diplomatie française lors du printemps arabe de l’hiver 2011, Alain Juppé subira de plein fouet l’affront du duo, deux semaines après sa nomination. Au point que des journalistes se poseront publiquement la question de savoir si Alain Juppé «le vrai, le fort, le tatoué, celui qui rassemble les diplomates égarés ou indignés» n’a pas été «remanié par BHL» (2), floué par Sarkozy, par la réception à l’Elysée d’une délégation de rebelles libyens, en compagnie du roman-enquêteur, mais à l’insu du nouveau ministre des Affaires étrangères.
Ah le camouflet. Juppé écumant de rage à sa sortie d’une conférence ministérielle européenne à Bruxelles, la colère rentrée, la mâchoire crispée, le mépris incrusté sur un rictus figé, les jurons contenus face aux caméras du monde entier. Sublime spectacle de stoïcisme face à cet invraisemblable coup de Jarnac. La marque d’une ingratitude suprême.
Sur les malheurs du peuple libyen, Nicolas Sarkozy avait en effet décidé de sceller sa réconciliation avec le philosophe du botulisme, afin de purger un contentieux souterrain para matrimonial, à la faveur d’un indécent ballet diplomatique, couvrant de ridicule la France, en contournant, le gaulliste Alain Juppé, supposé restaurer le prestige terni de la diplomatique française. Mais cela, Juppé ne pouvait le savoir. Il en paiera le prix en termes de marginalisation dans l’affaire libyenne.
L’implication d’un des chefs de file de la stratégie médiatique israélo-américaine sur le théâtre européen aura été fatale à la révolution libyenne, qui dérivera vers l’islamisme par défiance anti occidentale, de même que l’instrumentalisation de citoyens français d’origine syrienne à la tête de l’opposition syrienne dénaturera le combat libératoire des Syriens, le déviant vers un bourbier inextricable.
Bel exploit que de mésestimer le nationalisme chatouilleux des Syriens, nourri d’une forte suspicion à l’égard de l’ancien pouvoir colonial, artisan du démembrement de leur pays.
Faute psychologique impardonnable, elle conduira le chef de la branche
syrienne de la confrérie des Frères Musulmans à réclamer la démission de la porte-parole française de l’opposition, Basma Kodmani, à la carrière exclusivement académique, structurellement ombiliquée aux administrations du camp atlantiste, l’IFRI d’abord, la Ford Foundation ensuite, Arab Reforme Initiative enfin, sans passé oppositionnel, sans tradition de lutte sur le terrain (3).
Au terme d’un an de prestation chaotique des supplétifs syriens de l’administration française, elle suscitera, en réaction, la mise sur pied, hors de l‘orbite française, dans le giron saoudien, d’une nouvelle entité de substitution à la structure poussive, en la personne de Nofal Dawalibi, fils de l’ancien premier ministre syrien Maarouf Dawalibi mais néanmoins homme d’affaires saoudien, provoquant la démission du chef nominal de l’opposition Bourhane Ghalioune, dans la foulée de la prise de fonction du socialiste François Hollande.
Faute psychologique impardonnable en ce que la nouvelle campagne française de Syrie, en tandem avec le Qatar, a voulu ignorer la moitié de la planète, la Chine et la Russie, disposant d’un double véto au Conseil de sécurité, l’Inde et l’Afrique du sud, les nouvelles autorités morales de du XXI me siècle, le Brésil, la puissance montante de la sphère latino-américaine, le BRICS, trois milliards de personnes, soit la moitié de l’humanité. Au point que se pose la question de l‘utilité des centres de recherches sur le monde arabe financés à grand frais par les contribuables français, qu’induit cette succession de bourdes, en Tunisie, en Egypte, en Libye, enfin en Syrie (4). Pour un surdoué, cela fait tâche.
Erreur fatale, tant pour le bilan diplomatique de la mandature présidentielle de Nicolas Sarkozy que pour l’ancien prodige gaulliste. Métronome de ses propres revers, Juppé mutera au fur et à mesure de l’évolution du conflit syrien, par proximité électorale française, vers une posture philo sioniste, concédant à Israël le droit de modifier unilatéralement ses frontières, au mépris des principes du Droit international.
Erreur fatale, le choix de ses compagnons d’aventure, le premier, son mentor, qui lui vaudra le déshonneur d’une condamnation judiciaire, par substitution, pour emplois fictifs, le second, le déshonneur du ridicule, par préméditation de l’usurpateur du parti dont il est le fondateur. On ne se méfie jamais assez de ses amis de trente ans.
Craignant de perdre son âme, excédé par les dérives du vecteur qu’il voulait rassembleur, l’Union pour un Mouvement Populaire (UMP), Juppé tentera au lendemain du premier tour des élections présidentielles de 2012, désastreux pour son camp, de reprendre la main. Mal lui en prit. Il fera l’objet d’un rappel à l’ordre de son cadet, lui enjoignant de demeurer dans les rangs, sans songer à récupérer son bien (5).
Ah quel calvaire. La coupe jusqu’à la lie. L’homme qui avait dégagé sans ménagement les juppettes (les femmes ministres) de son gouvernement, en 1995, se retrouvera chauffeur de salle d’un meeting électoral à Lyon, le 29 avril 2012, dissertant sur la comptabilité du gaullisme et du sarkozysme. Faux dur mutique, comme il l’avait été dans l’affaire Clearstream lors du bras de fer épique entre son ancien directeur de cabinet et son nouveau président, il se laissera supplanter au poteau par le turbo propulseur de la diplomatie française, Dominique de Villepin, son ancien disciple, son désormais alter ego, plus qu’égal.
Dans une retentissante tribune au Journal le Monde, ce personnage de légende de la scène internationale se distinguera par une vigoureuse profession de foi gaulliste, soldant avec panache son combat homérique avec le président sortant qu’il aura toisé avec succès tout au long de sa mandature, vainqueur par KO technique du «croc de boucher» Sarkozy (6).
L’homme qui a «trahi la confiance du peuple souverain»
Les avatars de Daewoo ou le bradage d’un joyau industriel pour un franc symbolique
«Le meilleur d’entre nous» est un piètre gestionnaire, c’est à tout le moins ainsi qu’il apparaîtra pour l’éternité. Pour l’homme du «Franc symbolique».
Au-delà de ses qualités, immenses, Alain Juppé passera à la postérité pour l’homme qui aura voulu brader, pour un franc symbolique, une entreprise stratégique «Thomson» et qui s’est délesté au profit d’intérêts privés de la plus importante compagnie maritime navale, la Compagnie générale maritime (CMA-CGM), d’un pays, la France, qui dispose d’un domaine maritime international parmi les plus importants du monde.
A moins que ce technocrate habile, fin connaisseur des arcanes administratifs, présumant toutefois de ses capacités, n’ait voulu tirer argument du formalisme bureaucratique de Bruxelles, les fameux «critères de convergence» de Maastricht, pour opérer la plus grande opération de délocalisation du financement occulte du RPR, le parti budgétivore chiraquien, dont il a été le responsable des finances à la Marie de Paris.
Sauf à considérer ces deux opérations comme une gratification du pouvoir chiraquien à des bailleurs de fonds électoraux, l’empressement de M. Juppé à lester son pays des joyaux de son économie n’a jamais trouvé explication convaincante.
Droit dans des bottes, comme il se plait à se décrire, une raideur que confère une certitude suffisante, Alain Juppé, alors Premier ministre, passant outre aux conseils de prudence de son entourage, affiche, en 1996, au sortir d’un semestre social houleux, son intention de vendre au groupe Daewoo l’entreprise publique Thomson Multimédia, officiellement «très endettée», contre 1 franc symbolique après sa recapitalisation par l’État, à hauteur de 11 milliards de francs.
Curieux procédé qui consiste à doter en capital public une entreprise vouée à être cédée à des intérêts privés, qui plus est un groupe hors de la sphère francophone.
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