Le terrorisme jette ses dernières forces
Il est malheureusement vrai que ces derniers jours, les éléments d’Aqmi de la zone 2 (Bouira, Tizi- Ouzou et Boumerdès), en déclenchant une attaque contre une unité de la Police nationale en Haute-Kabylie (les Ouacifs), ont réalisé un coup médiatique dans une région politiquement très sensible.
21 Juin 2012, Le Soir d’Algérie,
C’est leur méthode : se regrouper et frapper là où ils peuvent créer un impact médiatique. Il suffit cependant de lire les comptes rendus de presse pour s’apercevoir que depuis janvier de cette année, les pertes dans les rangs des djihadistes sont très importantes. En revanche, le recrutement devient pour eux plus difficile. Ce qui rend les responsables de la sécurité optimistes.
Nous avons longuement discuté, avant l’attaque contre le commissariat des Ath Ouacifs, avec l’un d’eux à ce propos. Il a une forte conviction que l’Algérie aborde l’ultime phase de la lutte contre le terrorisme. A notre question sur la situation sécuritaire dans le centre du pays, la réponse a été sans ambiguïté. «Le terrorisme est maintenant résiduel.»
C’est l’affirmation d’un officier supérieur activant depuis les débuts dans la lutte contre les salafistes armés du GIA, du GSPC puis d’Aqmi et, qui plus est, a des compétences pour fournir une expertise fiable en la matière. Il était au cœur de la bataille et a vécu toutes les mutations du terrorisme dans la région (Boumerdès) la plus touchée. C’est, rappelons-le, le même haut gradé qui a attiré notre attention, en 2007, et ce plusieurs mois avant la survenance des attentats kamikazes en série.
Le concept du «terrorisme résiduel» ayant causé de gros dégâts politiques et a valu pour son auteur, Ahmed Ouyahia, qui l’avait lancé par inadvertance, une volée de bois vert de la part de l’opinion publique, et vu l’importance de ce diagnostic pour l’avenir à moyen terme du pays, nous avons donc réitéré notre question à ce sujet.
Et à notre interlocuteur d’insister : «Je vous le dis, le terrorisme est désormais résiduel. » Nous énumérerons par ailleurs quelques récents méfaits des terroristes, notamment le dernier attentat à Zemmouri contre un élément de l’ANP, pour tenter de contredire la thèse de l’officier.
Ce dernier, qui est sur le front depuis le début, est sûr de son jugement. «Je vous le concède, il y a effectivement cet attentat de Zemmouri mais c’est un jeu d’enfant que de confectionner une bombe artisanale et de la placer sous le véhicule d’un homme qui habite une cité populaire. Je vous fais remarquer qu’un terroriste seul peut causer des dégâts.
Rappelez-vous, un seul individu a ébranlé un pays et mis en émoi tout un continent.» Il faisait allusion au djihadiste Merah, laissant, par ailleurs, entendre qu’il parle du terrorisme résiduel et non de l’extinction totale de ce phénomène. En clair, il estime qu’Aqmi, en tant qu’organisation, a quasiment perdu ses capacités de nuisance. Pour lui, seuls restent dans les maquis des groupuscules ou des individus en errance et en déperdition qui peuvent ressurgir pour tenter de faire mal.
L’officier revient sur le cas de Zemmouri, localité que l’on pourrait considérer comme un point d’observation sur les activités d’Aqmi et sa nuisance dans la wilaya de Boumerdès pour rappeler qu’il ne reste dans cette localité que 4 éléments rattachés à la katibat El Arkam.
Cette phalange est celle qui a causé le plus de dégâts dans tout le centre du pays. Par ailleurs, le constat au niveau de toute la wilaya de Boumerdès est fait : l’effectif de l’ex-GSPC ne dépasse plus les 25 éléments disséminés à travers les maquis de la région.
Pour les services de sécurité, ces terroristes sont à l’heure actuelle beaucoup plus préoccupés par leur survie. En 2010 par exemple, Aqmi pouvait aligner un effectif qui comptait plus d’une centaine d’hommes armés qui terrorisaient les communes de Boumerdès.
L’émaillage du territoire par un dispositif sécuritaire et le harcèlement constant par l’Armée et les éléments de la BMPJ (Brigades mobiles de la police judiciaire) ont porté leurs fruits. Plus d’une vingtaine de terroristes ont été éliminés rien que pour la région de Boumerdès. Rappelons que la wilaya de Boumerès et celle de Tizi-Ouzou étaient les régions essentielles du nord du pays pour les salafistes armés. «Aqmi est brisée.»
Insiste l’officier. «Pour preuve, notre pays a organisé d’importantes échéances (campagne électorale, élections, divers examens nationaux, ndlr) qui se sont bien déroulées. Pensez-vous que si les terroristes avaient la capacité de nuisance pour les perturber auraient hésité un instant ?» Questionné sur le risque d’attentat kamikaze, le responsable sécuritaire estime que cette menace est, à l’heure actuelle, quasiment nulle.
Selon lui, les émirs d’Aqmi basés au Sahel (nord du Mali), qui disposent de millions d’euros arrachés par le chantage aux Occidentaux et un pouvoir sur un immense territoire, n’ont rien à faire dans le Tell d’Algérie et ne s’aviseront pas de sitôt à accourir pour se mettre sous les ordres de Droukdel, émir d’Aqmi réduit à l’errance dans les forêts de Kabylie. Des renforts et de l’armement peuvent-ils remonter du Sahel en direction des groupuscules restants ou en vue de reconstituer d’autres groupes au nord du pays ? «La seule tentative d’acheminer des armes du Sud vers le Nord avait été menée par les terroristes du Nord.
Elle a échoué. S’agissant d’éventuels mouvements de renfort à l’initiative des terroristes du Sud pour venir en aide à ceux du Nord, la mission reste pour eux suicidaire car ils doivent franchir plusieurs étapes situées dans le Sahara algérien et les villes des Hauts-Plateaux de notre pays. Il se trouve que les citoyens de ces régions sont farouchement opposés à ces islamistes armés», a affirmé, avec assurance, notre interlocuteur qui a néanmoins dû tempérer son enthousiasme à l’évocation de l’expansion dangereuse que prennent les réseaux de trafic de drogue à partir des frontières de l’ouest de notre pays.
Et Droukdel dans tout cela ? «Il ne commande plus parce qu’il ne dispose plus de relais pour acheminer ses instructions. Mieux encore, les terroristes de la nouvelle génération ou les survivants qui n’ont aucune formation idéologique n’ont que faire de convictions politiques ou des ordres d’un émir invisible.» C’est ce que les services de sécurité ont constaté en interrogeant les derniers repentis.
Rupture
Pour soutenir sa conviction quant à la dislocation irréversible des groupes armés, l’officier cite plusieurs indices. Il y a d’abord l’aspect politique.
Pour lui, la rupture entre les salafistes armés et la population, particulièrement sa frange jeune, qui constituait le gisement de recrutement, est consommée. «Lorsque le frère d’un terroriste abattu par les services de sécurité vient vers nous pour dénoncer des terroristes qui faisaient pression sur lui dans le but de l’enrôler, c’est un signe qui ne trompe pas sur le changement au sein de la population qui a, depuis longtemps, pris la mesure de la nature et l’objectif de ces sanguinaires. Je vous rappelle, en outre, que la population nous fournit une aide précieuse.
Souvent, en effet, c’est grâce aux informations que nous transmettent les citoyens que des opérations sont menées avec succès», dira, non sans satisfaction, l’officier.
S’agissant du recrutement, comme toutes les sources sont désormais taries, les émirs survivants tournent autour des familles de terroristes emprisonnés, au maquis ou éliminés pour faire pression sur leurs proches pour d’abord les impliquer dans les réseaux de soutien, les obligeant par la suite à fuir vers le maquis. Même cette méthode ne marche plus. De plus, depuis plusieurs mois, nous n’avons plus reçu d’informations, faisant état de la montée de jeunes vers le maquis.
Il est malheureusement vrai que ces derniers jours, les éléments d’Aqmi de la zone 2 (Bouira, Tizi- Ouzou et Boumerdès), en déclenchant une attaque contre une unité de la Police nationale en Haute-Kabylie (les Ouacifs), ont réalisé un coup médiatique dans une région politiquement très sensible.
21 Juin 2012, Le Soir d’Algérie,
C’est leur méthode : se regrouper et frapper là où ils peuvent créer un impact médiatique. Il suffit cependant de lire les comptes rendus de presse pour s’apercevoir que depuis janvier de cette année, les pertes dans les rangs des djihadistes sont très importantes. En revanche, le recrutement devient pour eux plus difficile. Ce qui rend les responsables de la sécurité optimistes.
Nous avons longuement discuté, avant l’attaque contre le commissariat des Ath Ouacifs, avec l’un d’eux à ce propos. Il a une forte conviction que l’Algérie aborde l’ultime phase de la lutte contre le terrorisme. A notre question sur la situation sécuritaire dans le centre du pays, la réponse a été sans ambiguïté. «Le terrorisme est maintenant résiduel.»
C’est l’affirmation d’un officier supérieur activant depuis les débuts dans la lutte contre les salafistes armés du GIA, du GSPC puis d’Aqmi et, qui plus est, a des compétences pour fournir une expertise fiable en la matière. Il était au cœur de la bataille et a vécu toutes les mutations du terrorisme dans la région (Boumerdès) la plus touchée. C’est, rappelons-le, le même haut gradé qui a attiré notre attention, en 2007, et ce plusieurs mois avant la survenance des attentats kamikazes en série.
Le concept du «terrorisme résiduel» ayant causé de gros dégâts politiques et a valu pour son auteur, Ahmed Ouyahia, qui l’avait lancé par inadvertance, une volée de bois vert de la part de l’opinion publique, et vu l’importance de ce diagnostic pour l’avenir à moyen terme du pays, nous avons donc réitéré notre question à ce sujet.
Et à notre interlocuteur d’insister : «Je vous le dis, le terrorisme est désormais résiduel. » Nous énumérerons par ailleurs quelques récents méfaits des terroristes, notamment le dernier attentat à Zemmouri contre un élément de l’ANP, pour tenter de contredire la thèse de l’officier.
Ce dernier, qui est sur le front depuis le début, est sûr de son jugement. «Je vous le concède, il y a effectivement cet attentat de Zemmouri mais c’est un jeu d’enfant que de confectionner une bombe artisanale et de la placer sous le véhicule d’un homme qui habite une cité populaire. Je vous fais remarquer qu’un terroriste seul peut causer des dégâts.
Rappelez-vous, un seul individu a ébranlé un pays et mis en émoi tout un continent.» Il faisait allusion au djihadiste Merah, laissant, par ailleurs, entendre qu’il parle du terrorisme résiduel et non de l’extinction totale de ce phénomène. En clair, il estime qu’Aqmi, en tant qu’organisation, a quasiment perdu ses capacités de nuisance. Pour lui, seuls restent dans les maquis des groupuscules ou des individus en errance et en déperdition qui peuvent ressurgir pour tenter de faire mal.
L’officier revient sur le cas de Zemmouri, localité que l’on pourrait considérer comme un point d’observation sur les activités d’Aqmi et sa nuisance dans la wilaya de Boumerdès pour rappeler qu’il ne reste dans cette localité que 4 éléments rattachés à la katibat El Arkam.
Cette phalange est celle qui a causé le plus de dégâts dans tout le centre du pays. Par ailleurs, le constat au niveau de toute la wilaya de Boumerdès est fait : l’effectif de l’ex-GSPC ne dépasse plus les 25 éléments disséminés à travers les maquis de la région.
Pour les services de sécurité, ces terroristes sont à l’heure actuelle beaucoup plus préoccupés par leur survie. En 2010 par exemple, Aqmi pouvait aligner un effectif qui comptait plus d’une centaine d’hommes armés qui terrorisaient les communes de Boumerdès.
L’émaillage du territoire par un dispositif sécuritaire et le harcèlement constant par l’Armée et les éléments de la BMPJ (Brigades mobiles de la police judiciaire) ont porté leurs fruits. Plus d’une vingtaine de terroristes ont été éliminés rien que pour la région de Boumerdès. Rappelons que la wilaya de Boumerès et celle de Tizi-Ouzou étaient les régions essentielles du nord du pays pour les salafistes armés. «Aqmi est brisée.»
Insiste l’officier. «Pour preuve, notre pays a organisé d’importantes échéances (campagne électorale, élections, divers examens nationaux, ndlr) qui se sont bien déroulées. Pensez-vous que si les terroristes avaient la capacité de nuisance pour les perturber auraient hésité un instant ?» Questionné sur le risque d’attentat kamikaze, le responsable sécuritaire estime que cette menace est, à l’heure actuelle, quasiment nulle.
Selon lui, les émirs d’Aqmi basés au Sahel (nord du Mali), qui disposent de millions d’euros arrachés par le chantage aux Occidentaux et un pouvoir sur un immense territoire, n’ont rien à faire dans le Tell d’Algérie et ne s’aviseront pas de sitôt à accourir pour se mettre sous les ordres de Droukdel, émir d’Aqmi réduit à l’errance dans les forêts de Kabylie. Des renforts et de l’armement peuvent-ils remonter du Sahel en direction des groupuscules restants ou en vue de reconstituer d’autres groupes au nord du pays ? «La seule tentative d’acheminer des armes du Sud vers le Nord avait été menée par les terroristes du Nord.
Elle a échoué. S’agissant d’éventuels mouvements de renfort à l’initiative des terroristes du Sud pour venir en aide à ceux du Nord, la mission reste pour eux suicidaire car ils doivent franchir plusieurs étapes situées dans le Sahara algérien et les villes des Hauts-Plateaux de notre pays. Il se trouve que les citoyens de ces régions sont farouchement opposés à ces islamistes armés», a affirmé, avec assurance, notre interlocuteur qui a néanmoins dû tempérer son enthousiasme à l’évocation de l’expansion dangereuse que prennent les réseaux de trafic de drogue à partir des frontières de l’ouest de notre pays.
Et Droukdel dans tout cela ? «Il ne commande plus parce qu’il ne dispose plus de relais pour acheminer ses instructions. Mieux encore, les terroristes de la nouvelle génération ou les survivants qui n’ont aucune formation idéologique n’ont que faire de convictions politiques ou des ordres d’un émir invisible.» C’est ce que les services de sécurité ont constaté en interrogeant les derniers repentis.
Rupture
Pour soutenir sa conviction quant à la dislocation irréversible des groupes armés, l’officier cite plusieurs indices. Il y a d’abord l’aspect politique.
Pour lui, la rupture entre les salafistes armés et la population, particulièrement sa frange jeune, qui constituait le gisement de recrutement, est consommée. «Lorsque le frère d’un terroriste abattu par les services de sécurité vient vers nous pour dénoncer des terroristes qui faisaient pression sur lui dans le but de l’enrôler, c’est un signe qui ne trompe pas sur le changement au sein de la population qui a, depuis longtemps, pris la mesure de la nature et l’objectif de ces sanguinaires. Je vous rappelle, en outre, que la population nous fournit une aide précieuse.
Souvent, en effet, c’est grâce aux informations que nous transmettent les citoyens que des opérations sont menées avec succès», dira, non sans satisfaction, l’officier.
S’agissant du recrutement, comme toutes les sources sont désormais taries, les émirs survivants tournent autour des familles de terroristes emprisonnés, au maquis ou éliminés pour faire pression sur leurs proches pour d’abord les impliquer dans les réseaux de soutien, les obligeant par la suite à fuir vers le maquis. Même cette méthode ne marche plus. De plus, depuis plusieurs mois, nous n’avons plus reçu d’informations, faisant état de la montée de jeunes vers le maquis.
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