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Algerie:la plus grave crise de l'investissement productif depuis 1962

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  • Algerie:la plus grave crise de l'investissement productif depuis 1962

    Cinquante ans après l’indépendance, la nation doit se poser la question sur ses choix de politique économique et sociale, réévaluer sa stratégie gazière et pétrolière, soumettre à débat son régime de change et reconsidérer sa politique du logement. C’est en ces termes que le professeur Abdelatif Benachenhou, ancien ministre des Finances, a tenté de mettre en évidence la nécessité, pour l’Algérie, de repenser sa politique de développement au moment, dit-il, où le pays «connaît la plus grave crise de l’investissement productif depuis l’indépendance». Invité, hier à Alger, pour débattre de l’initiative du Forum des chefs d’entreprises (FCE), «Cinquante propositions pour un nouveau pacte de croissance», M. Benachenhou a d’emblée souligné que «la libéralisation de l’économie est devenue aujourd’hui presque indispensable».
    Il est vrai, introduit-il, que «nous sommes dans un contexte où l’Algérie attend la formation d’un nouveau gouvernement et que notre environnement régional et nos partenaires de l’Europe latine sont en mauvais état et pour une longue période» mais, insiste-t-il, il y a effectivement urgence, comme le propose le FCE, d’œuvrer à instaurer un nouveau régime de croissance moins dépendant des hydrocarbures.
    La croissance économique actuelle de l’Algérie, lance-t-il, est à quelque 50% le fait du secteur des hydrocarbures ; l’investissement de l’Etat et celui du secteur de l’énergie représentent une part de 85% de l’investissement global, tandis que le reste émane surtout du petit secteur marchand et seulement 1% de l’industrie et des services modernes. «Nous avons un taux d’investissement à la chinoise, mais une croissance trois fois moindre que la Chine», ironise l’ancien ministre.
    Règle des 51/49% : «trop générale pour être efficace»
    Développant un discours foncièrement orienté vers une logique de libéralisation franche, Abdelatif Benachenhou estime qu’aujourd’hui, le secteur public est confiné dans une politique de «ni restructuration ni privatisation». Or, déplore-t-il, «la politique du ni, ni» est tout simplement «une non-politique». Dans ce même ordre d’idées, l’ancien argentier du pays n’a pas hésité à critiquer la fameuse règle des 51/49% imposée à tout partenaire étranger, la qualifiant ouvertement de «mesure trop générale pour être efficace». «Régler les problèmes d’investissement avec du nationalisme primaire n’est pas une bonne méthode», a-t-il soutenu.
    Aussi, selon lui, la règle des 51/49% doit être modulée au cas par cas, car on ne peut raisonnablement pas proposer un tel partenariat à une firme internationale qui offrirait, par exemple, un équipement de haute technologie qu’elle a réussi à développer en investissant tant de fonds et de temps.
    Sur sa lancée, il réitère une nouvelle fois la nécessité pour l’Algérie de procéder à une réévaluation de sa politique gazière et, par conséquent, celle pétrolière, dès lors, a-t-il dit, que le marché international a complètement changé. S’agissant, en revanche, de la proposition du FCE portant sur le développement des énergies renouvelables, l’orateur l’a tout simplement jugée impertinente en lançant à l’adresse de l’assistance : «Si vous voulez ruiner définitivement Sonelgaz, dites qu’on va faire de l’énergie renouvelable.»
    «Il faut une industrie bancaire à trois pieds»
    Les structures financières algériennes sont réputées encore sous-développées et l’industrie bancaire demeure non concurrentielle, reconnaît l’ancien ministre des Finance. Faisant allusion au cas d’El Khalifa Bank, il réaffirme que «ce n’est pas parce qu’il y a eu un accident qu’il faut fermer l’autoroute».Aussi, préconise-t-il, «il faut aller vers une industrie bancaire à trois pieds, soit des banques privées algériennes, des banques étrangères et des banques publiques intégrant la commercialité».
    Au sujet de la politique de change, le conférencier affiche clairement sa réticence quant à la ligne observée en la matière par la Banque d’Algérie, à savoir le maintien de la stabilité du taux de change effectif réel sur la base d’un modèle de calcul du FMI. Sans aller jusqu’à proposer une autre idée de politique de change, il se contente de soutenir que «nous avons au moins l’obligation de faire un débat là-dessus».
    Dans le même contexte, il explique, à propos de la proposition du FCE d’aller vers une certaine amnistie fiscale pour canaliser l’informel, que l’enjeu est de savoir comment on doit procéder, en s’interrogeant surtout si une telle démarche pourrait tarir les sources d’enrichissement illicite.
    Logement : «On marche la tête en bas»
    «Je ne connais pas d’autres pays que l’Algérie où la protection sociale est aussi importante et où la grogne est aussi forte», commente Abdelatif Benachenhou. Les transferts, indique-t-il, représentent quelque 21% du PIB, dont 3,8% au logement, 1,5% aux hôpitaux, 1,3% aux moudjahidine, 3% en aides aux familles et 1,2% en aide aux démunis. «Nous avons un problème de microfinance car la consommation est excessive, mais cela ne se voit pas parce qu’elle est subventionnée», affirme-t-il.
    En matière de politique de financement du logement, estime l’ancien conseiller du président Bouteflika, «on marche carrément la tête en bas». Et d’ajouter qu’il y a urgence de réévaluer cette politique, car on ne peut continuer sur cette voie sans savoir à quelles catégories profitent exactement ces programme de logement.
    Il y a une importante catégorie d’Algériens, explique M. Benachenhou, qui ne sont ni assez riches ni assez pauvres pour accéder à un logement. L’Etat doit aussi prendre en considération la situation de ces orphelins du logement, de même qu’il y a nécessité aujourd’hui de consentir un effort supplémentaire en faveur de l’éducation de base, conclut l’invité du Forum des chefs d’entreprises.

    EL WATAN
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