Le printemps arabe n'a pas pris en Algérie. «Pas encore» ne désespèrent pas à préciser les spécialistes de bon augure, tous ces visionnaires bien intentionnés qui persistent à prédire à notre pays un saut qualitatif vers un avenir radieux par la grâce d'une explosion sans pareil toujours en gestation, plus que jamais en «voie d'imminence».
Si le printemps n'a pas pris jusqu'ici, malgré l'insoutenable souffrance d'un peuple tout entier pris en otage par un pouvoir sanguinaire et enfermé dans une immense prison à ciel ouvert, c'est parce que l'argent du pétrole a été distribué à tout va pour calmer les esprits et acheter ainsi une paix sociale relative, fragile, illusoire car en fait cette distribution de la rente n'a profité qu'aux réseaux mafieux qui vampirisent le pays depuis l'indépendance, une indépendance qui n'est d'ailleurs qu'une vaste fumisterie dont les mécanismes de nuisance se sont mis en œuvre pendant la révolution, comme nous l'expliquent si bien cette petite poignée de lumineux historiens algériens, pour la plupart établis à Paris, dont l'objectivité et les vertus sont indiscutables tant qu'ils se rangent du bon côté de la barrière – une paix achetée donc, mais pour combien de temps ? Vous verrez, bientôt vous verrez ! Mais puisqu'on ne voit pas encore, et que les plumitifs aux ordres du DRS, parviennent vaille que vaille à cacher le soleil avec leur tamis, réalisant cet exploit inouï de leurrer un peuple si bien informé par ailleurs, il faut leur supprimer la publicité étatique pour les réduire au silence. Oui, il faut donner un coup de pouce aux forces vives de la nation. Comme en Libye ou en Syrie, il faut toujours donner des coups de pouce à la révolution. Le dernier en date a été imaginé par un article, d'opinion et non d'analyse, du Financial times où l'Algérie est qualifiée «d'hyper-faucon» des pays de l'Opep, rien que cela. La baisse des prix du pétrole a conduit Yousfi, notre ministre, à protester contre l'augmentation «injustifiée» des quotas par certains pays, principalement l'Arabie saoudite, et se ranger dans le camp de l'Iran ou du Venezuela, voire même de l'Irak. Un non-événement si l'on tient compte de nos modestes capacités de producteur. Mais voilà, l'offensive est lancée. L'explication de cette «hyper agitation» de notre ministre tient au fait que l'Algérie est au bord du gouffre! Le spectre du chaos se profile devant nous. La catastrophe tant annoncée est enfin là. Une armada d'économistes, des agents d'influence aux titres pompeux, sont convoqués pour développer des raisonnements simples : l'Algérie vit de son pétrole, or les prix du pétrole s'effondrent, donc l'Algérie bascule, va basculer, dans le précipice. Mais le remède existe et il n'est pas trop tard pour l'appliquer. Résumons l'essentiel de ce qui est prescrit : il suffit que l'Algérie ne dépende plus exclusivement de son pétrole. Comment ? En engageant rapidement les réformes qu'il faut. Quelles sont ces réformes ? Arrêter de distribuer l'argent à tout va (c'est-à-dire arrêter d'acheter la paix sociale, avec tous les gaspillages que l'on peut imaginer) et l'orienter vers le privé qui produira les richesses nécessaires à tous. Enlever à la majorité (passive) et donner à la minorité (active). Et, en attendant la production de ces richesses, comment va réagir le peuple ? Mais le peuple n'aura qu'à faire sa révolution ! Réduits à leur expression basique, tous ces discours spécialisés es catastrophe imminente, signifient que ces grands communicateurs à la noix de coco veulent manipuler le pouvoir (une entité manipulable, il est vrai, sans âme, bureaucratisée, bête et méchante) en lui faisant emprunter une voie donnée (ici les pseudo réformes économiques destinées à éviter des apocalypses imaginaires) pour qu'il pousse son peuple (supposé tout à la fois inerte et impatient d'en découdre) à se soulever! Un pari qui a pu réussir en son temps avec Chadli, et ses fameux réformateurs du «ça passe ou ça casse» d'il y a vingt ans, mais dont on voit mal comment il pourrait être tenu avec un vieux sioux comme Bouteflika encore à la barre.
nadjib stambouli
le jour dalgerie
Si le printemps n'a pas pris jusqu'ici, malgré l'insoutenable souffrance d'un peuple tout entier pris en otage par un pouvoir sanguinaire et enfermé dans une immense prison à ciel ouvert, c'est parce que l'argent du pétrole a été distribué à tout va pour calmer les esprits et acheter ainsi une paix sociale relative, fragile, illusoire car en fait cette distribution de la rente n'a profité qu'aux réseaux mafieux qui vampirisent le pays depuis l'indépendance, une indépendance qui n'est d'ailleurs qu'une vaste fumisterie dont les mécanismes de nuisance se sont mis en œuvre pendant la révolution, comme nous l'expliquent si bien cette petite poignée de lumineux historiens algériens, pour la plupart établis à Paris, dont l'objectivité et les vertus sont indiscutables tant qu'ils se rangent du bon côté de la barrière – une paix achetée donc, mais pour combien de temps ? Vous verrez, bientôt vous verrez ! Mais puisqu'on ne voit pas encore, et que les plumitifs aux ordres du DRS, parviennent vaille que vaille à cacher le soleil avec leur tamis, réalisant cet exploit inouï de leurrer un peuple si bien informé par ailleurs, il faut leur supprimer la publicité étatique pour les réduire au silence. Oui, il faut donner un coup de pouce aux forces vives de la nation. Comme en Libye ou en Syrie, il faut toujours donner des coups de pouce à la révolution. Le dernier en date a été imaginé par un article, d'opinion et non d'analyse, du Financial times où l'Algérie est qualifiée «d'hyper-faucon» des pays de l'Opep, rien que cela. La baisse des prix du pétrole a conduit Yousfi, notre ministre, à protester contre l'augmentation «injustifiée» des quotas par certains pays, principalement l'Arabie saoudite, et se ranger dans le camp de l'Iran ou du Venezuela, voire même de l'Irak. Un non-événement si l'on tient compte de nos modestes capacités de producteur. Mais voilà, l'offensive est lancée. L'explication de cette «hyper agitation» de notre ministre tient au fait que l'Algérie est au bord du gouffre! Le spectre du chaos se profile devant nous. La catastrophe tant annoncée est enfin là. Une armada d'économistes, des agents d'influence aux titres pompeux, sont convoqués pour développer des raisonnements simples : l'Algérie vit de son pétrole, or les prix du pétrole s'effondrent, donc l'Algérie bascule, va basculer, dans le précipice. Mais le remède existe et il n'est pas trop tard pour l'appliquer. Résumons l'essentiel de ce qui est prescrit : il suffit que l'Algérie ne dépende plus exclusivement de son pétrole. Comment ? En engageant rapidement les réformes qu'il faut. Quelles sont ces réformes ? Arrêter de distribuer l'argent à tout va (c'est-à-dire arrêter d'acheter la paix sociale, avec tous les gaspillages que l'on peut imaginer) et l'orienter vers le privé qui produira les richesses nécessaires à tous. Enlever à la majorité (passive) et donner à la minorité (active). Et, en attendant la production de ces richesses, comment va réagir le peuple ? Mais le peuple n'aura qu'à faire sa révolution ! Réduits à leur expression basique, tous ces discours spécialisés es catastrophe imminente, signifient que ces grands communicateurs à la noix de coco veulent manipuler le pouvoir (une entité manipulable, il est vrai, sans âme, bureaucratisée, bête et méchante) en lui faisant emprunter une voie donnée (ici les pseudo réformes économiques destinées à éviter des apocalypses imaginaires) pour qu'il pousse son peuple (supposé tout à la fois inerte et impatient d'en découdre) à se soulever! Un pari qui a pu réussir en son temps avec Chadli, et ses fameux réformateurs du «ça passe ou ça casse» d'il y a vingt ans, mais dont on voit mal comment il pourrait être tenu avec un vieux sioux comme Bouteflika encore à la barre.
nadjib stambouli
le jour dalgerie
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