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Le plan secret de Thales pour délocaliser ses radars

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  • Le plan secret de Thales pour délocaliser ses radars

    Le groupe d'électronique a programmé toute une série de transferts d'une partie de son activité radar dans plusieurs pays bas coûts. Outre Singapour, Thales réfléchit à créer des unités de production et à qualifier des sous-traitants au Maroc, au Brésil, au Kazakhstan et en Inde sur la période 2013-2016.


    C'est bien connu, les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent. Un registre parfaitement utilisé par Thales, qui a publié jeudi dernier un démenti à la suite de la parution d'un article de la "latribune.fr" faisant état d'une menace réelle sur l'emploi sur son site d'Ymare (223 personnes), près de Rouen, voire d'une fermeture à terme. Nous confirmons nos informations tout en étant plus précis et... plus exhaustif. Car la délocalisation d'une partie du site près de Rouen, ville natale de François Hollande et chère au ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, n'est en fait qu'une petite partie du vaste plan tenu secret de Thales, qui a prévu un transfert de plusieurs de ses activités radars à Singapour mais aussi au Brésil, au Maroc et en Asie du sud-est sur la période 2013-2016. Le groupe étudie également le projet encore très amont de fabriquer des composants du dernier petit bijou de la division Opérations aériennes, le radar GM400, en zone dollar, et plus précisément aux Etats-Unis où une consultation est en cours pour qualifier des fournisseurs.

    Dans un document confidentiel interne du groupe d'électronique que "latribune.fr" s'est procuré, Thales a bien l'intention d'installer à Singapour une unité de production (appelé PRC dans le jargon de Thales ou Product Radar Chain) de radars de contrôle de la navigation aérienne (144 emplois sur les 223). Soit une économie évaluée par Thales sur les coûts de production de 14 % par rapport à Ymare. Cela va demander à Thales un investissement de 2 millions d'euros mais au bout de deux ans, le groupe table sur un montant d'économies de 7 millions d'euros par an. Dans ce document rédigé à l'issue d'une réunion du 22 mai, et contrairement au démenti, il n'est nullement question de transferts d'activités sur le site d'Ymare. Bien au contraire...

    Entre Rouen et Singapour, Thales économise 19 millions par an

    En plus de l'unité de production transférée à Singapour, Thales a également prévu de faire fabriquer par des fournisseurs locaux les cartes électroniques et des modules pour les sous-ensembles électroniques (module octopack et ibox), qui seront à leur tour intégrés surplace. En lieu et place des sous-traitants de la région de Rouen. Soit un gain d'économies de coûts de production de 6 % (12 millions d'euros par an au bout de 1,5 an). Le calendrier est là aussi déjà fixé. La qualification de la "supply chain" est prévue en décembre 2013 et le site de Singapour en juin 2014. La production en série est programmée pour janvier 2015. "latribune.fr" confirme que la qualification du premier radar intégré à Singapour est prévue en juin 2014 et le début de la production de série en janvier 2015. Et ce n'est pas fini. La cité-Etat devrait à terme accueillir toute la gamme des radars RSM (ATM ou Air Trafic Management) de Thales, selon le document. Ce sera aussi le cas au Brésil où Thales prévoit également d'installer une autre unité de production de radars RSM.

    Dans le démenti, Thales annonce qu'il veut "développer le site de Rouen-Ymare en mettant davantage l'accent sur des activités à forte valeur ajoutée, notamment la production de radars de surveillance côtière et, si les succès commerciaux se confirment, en développant une capacité d'intégration de radars de surveillance aérienne militaire". S'agissant du radar de surveillance côtière, le Coastwatcher, dont certains composants proviennent du groupe japonais Furino, le groupe d'électronique n'a pour le moment que deux maigres contrats dans son carnet. Pas de quoi alimenter son usine d'Ymare. D'autant qu'il perdu en 2011 un appel d'offre de la Direction générale de l'armement (DGA) appelé Spationav en vue d'équiper 54 sémaphores du littoral français. Un contrat gagné au nez et à la barbe de Thales... par la société Signalis, détenue par Cassidian (groupe EADS) et Atlas Elektronik. Faut-il également rappeler que le Coastwatcher est un radar d'une envergure beaucoup plus modeste que les radars de contrôle de la navigation aérienne et... qui nécessite par conséquent beaucoup moins de personnels.

    Après Singapour, le Maroc, le Kazakhstan et l'Inde ?

    En outre, Thales a promis à Rouen "si les succès commerciaux se confirment, une capacité d'intégration de radars de surveillance aérienne militaire". Mais dans ses projets, le groupe d'électronique a plutôt prévu, selon le document interne de Thales, d'installer une ligne de produits à Singapour à partir de la plate-forme SR3D sur laquelle est développée le nouveau radar Ground Master, une gamme de radars de défense aérienne multimission polyvalents, dédiés à la protection des ressources clés et des forces déployées sur des théâtres d'opération éloignés. Du coup, Rouen passera... après Singapour.

    Enfin, Thales réfléchit, toujours selon ce document interne, à développer une activité de sous-traitance au Maroc pour son radar GM400, un des actuels best-sellers lancés par l'actuel PDG d'Air France lorsqu'il était à la tête de cette division chez Thales, Alexandre de Juniac, que le Royaume a acheté en deux exemplaires. Economies attendues : 16 %, soit 4 millions par an. Le groupe prendra une décision d'y aller ou pas en septembre. S'il devait confirmer cette délocalisation, une qualification des sous-traitants est d'ores et déjà prévue en décembre 2013 et une production en série en juin 2014. Et Thales ne compte pas s'arrêter là. Il a églement des projets d'installer une unité de production de radars GM60 en Inde avec son partenaire Bharat Electronics et une autre au Kazakhstan avec le groupe local Granit (GM400), selon ce document interne. Et dire qu'à chaque grand prospect, Thales promet une unité de production...


    La Tribune - Michel Cabirol
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