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L'Algérie ne s'affole pas encore mais songe à diminuer les dépenses publiques

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  • L'Algérie ne s'affole pas encore mais songe à diminuer les dépenses publiques

    EN ALGÉRIE, la baisse du prix du baril a valeur d'avertissement. Elle vient rappeler une constante de l'économie algérienne : sa dépendance à la rente énergétique, laquelle a représenté, en 2011, 37 % du produit intérieur brut, 97 % des recettes d'exportations et 70 % des recettes de l'Etat grâce à la fiscalité pétrolière.

    Voilà deux ans que le budget de l'Etat est en déficit : 4 % du PIB en 2011, 6 % attendus cette année. Pour atteindre l'équilibre, il lui faudra désormais " un prix du baril de pétrole supérieur à 110 dollars ", a prévenu, dimanche 1er juillet, la Banque d'Algérie.

    Si, en 2011, le prix moyen du baril de pétrole algérien était de 112 dollars, il a terminé la semaine à Londres à 85 dollars, après être descendu quelques jours plus tôt à moins de 80 dollars.

    Il n'y a pourtant pas péril en la demeure. L'Algérie dispose de considérables réserves de change (200 milliards de dollars) et surtout d'une cagnotte destinée, précisément, à faire face aux fluctuations du cours du pétrole : le Fonds de régulation des ressources (FRR), dont le montant est de 65 milliards de dollars (51,5 milliards d'euros). Ce qui fait dire à la Banque d'Algérie que, si le cours du brut chutait à un niveau similaire à celui de 2009 (autour de 60 dollars), le pays recourrait au FRR, " lequel couvrira, le cas échéant, dix ans de déficit budgétaire. "

    Dépendance accrue

    Reste que, loin de diminuer, la dépendance de l'Algérie à ses recettes en hydrocarbures s'accroît. Les dépenses de l'Etat, aussi bien que les importations, restent tributaires du cours du baril. Que se passerait-il en cas de chute prolongée du pétrole ?

    Dans son rapport 2012, le Fonds monétaire international a imaginé deux scénarios. L'un, de base, prévoit le baril autour de 95 à 100 dollars. Dans ce cas, les réserves de change permettraient de couvrir quatre années d'importations de biens et services.

    L'autre, plus pessimiste, imagine un baril à 55 dollars en 2012, puis 70 dollars les années suivantes. Les réserves de change ne couvriraient alors plus que 2,5 années d'importations.

    Il s'ensuivrait une baisse des dépenses d'investissement, un ralentissement de la croissance et une hausse du chômage.

    Tous les experts s'accordent à le reconnaître : ce n'est que si la baisse du cours du baril s'installait dans la durée que la situation deviendrait alarmante. " En dessous des 110 dollars, on s'installerait dans un déficit budgétaire permanent, piochant année après année dans le FRR, ce ne serait pas soutenable ", souligne Ihsane El Kadi, journaliste économique et directeur de publication de Maghreb Emergent.

    Pour lui, la phase d'" hyperdépenses " et de relance par la dépense publique est terminée. " On va réduire la voilure. Il faut s'attendre à un budget 2013 non pas d'austérité mais de rigueur, avec une réduction des ambitions de dépenses publiques ", prévoit-il.

    Si les autorités peuvent éventuellement jouer sur les dépenses d'équipement, leur marge de manoeuvre est mince quant aux dépenses de fonctionnement. En 2011, quand le printemps arabe a explosé dans la région, la paix sociale a été achetée au prix fort : 40 milliards de dollars d'augmentation sur deux ans en salaires et recrutements publics.

    Florence Beaugé

    © Le Monde
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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