Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Les producteurs de pétrole s'inquiètent de la baisse des prix

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Les producteurs de pétrole s'inquiètent de la baisse des prix

    L'évolution des cours du baril dépendra de l'Arabie saoudite, sommée par certains membres de l'OPEP de réduire sa production




    La décrue des prix du pétrole depuis trois mois - essentiellement due aux craintes sur la croissance mondiale - commence à profiter à certains secteurs frappés par la flambée du brut au cours de l'hiver 2011-2012. A moins de 90 dollars, le prix du baril de brent a atteint fin juin son plus bas niveau depuis dix-huit mois, avant de remonter à 98 dollars. Seul un fort regain de tensions entre l'Iran et les Occidentaux sur le programme nucléaire de Téhéran pourrait faire rebondir les cours.

    Depuis dimanche 1er juillet, la République islamique ne peut plus exporter son or noir vers l'Europe ou l'Asie. Cet embargo, décidé par l'Europe et soutenu par les Etats-Unis, n'a eu aucun effet sur les marchés, qui avaient anticipé la mise en quarantaine du troisième exportateur mondial. " Le pétrole iranien se vend toujours sur les marchés internationaux ", assurait le ministre du pétrole, Rostam Ghassemi, le jour même de l'entrée en vigueur de la mesure, affirmant qu'elle n'aurait " aucun effet " sur l'économie du pays.

    Même si la Chine absorbe 20 % des exportations de brut iranien et si l'Inde continue de pouvoir en importer (comme la Corée du Sud), les observateurs notent que l'Iran doit stoker massivement son brut et a mis en maintenance de nombreuses installations. S'approvisionner en Iran va devenir très difficile après la décision des compagnies d'assurances européennes, qui couvrent 90 % du trafic maritime mondial, de refuser de garantir les cargaisons.

    Projets coûteux

    Les exportations de Téhéran seraient tombées de 2,5 à 1,5 million de barils par jour (sur une consommation mondiale de 89 millions) depuis janvier. Une perte compensée par le retour de la Libye, la montée en puissance de l'Irak, le développement des pétroles de schiste (shale oil) aux Etats-Unis et, surtout, une production au plus haut depuis trente ans en Arabie saoudite, qui s'était opposée à toute baisse de production, mi-juin, lors du dernier sommet de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP).

    Cette position, en ligne avec les demandes des pays consommateurs, a permis au ministre saoudien du pétrole, Ali Al-Naïmi, de dire que son pays a entraîné la baisse des prix et " fourni un stimulus à l'économie ". Pour combien de temps ? Le cartel ne restera pas l'arme au pied si les prix continuent de baisser, pénalisant le financement des politiques publiques (aides sociales, infrastructures...).

    " Les prix ne devraient pas pouvoir baisser durablement au-dessous de 80 dollars le baril, car les pays de l'OPEP, y compris l'Arabie saoudite, ont besoin d'un baril entre 90 et 100 dollars pour équilibrer leur budget ", prévient Olivier Appert, président de l'Institut français du pétrole Energies nouvelles (IFPEN). Le point de bascule est même de 107 dollars à Abou Dhabi et de 112 dollars en Algérie.

    L'Iran et l'Algérie plaident donc pour une nouvelle réunion de l'OPEP afin de décider une baisse de la production qui doperait les cours. Sans réponse de Riyad jusqu'à présent. Dans les prochains mois, l'évolution des prix sera " largement entre les mains de l'Arabie saoudite ", juge le cabinet londonien Centre for Global Energy Studies (CGES). Il rappelle que le premier exportateur mondial reste " libre de produire à sa guise " au-delà de son quota OPEP.

    Les compagnies pétrolières n'ont pas non plus intérêt à une baisse qui compromettrait le financement de projets coûteux (sables bitumineux, offshore profond). " Il faut des prix suffisamment élevés pour faire face aux nouveaux défis technologiques, avec une prise en compte accrue des contraintes environnementales. Tout cela entraîne des coûts, et ces coûts, il faut bien que quelqu'un les paye ", expliquait récemment le PDG de Total dans un entretien à l'AFP. Moins d'investissement se traduirait, selon Christophe de Margerie, par moins de pétrole et une flambée des prix, comme en 2007-2008.

    Le recul des prix réduit le risque d'inflation et ajoute un peu de pouvoir d'achat au moment où les tarifs du gaz (en Europe ou en Asie) et de l'électricité augmentent. En France, le prix moyen du litre de gazole a encore baissé la semaine dernière (1,3167 euro), comme ceux du super sans plomb 95 (1,5026 euro) et 98 (1,5608 euro).

    Les facteurs de baisse dominent : l'économie ne donne pas de signes de reprise, le marché pétrolier est très bien approvisionné et les stocks n'ont jamais été aussi importants, notamment aux Etats-Unis.

    Il reste que le prix du pétrole est à un niveau historiquement élevé en dépit de la baisse enregistrée depuis début avril. Le brent valait en moyenne 114 dollars au premier semestre, alors que le renforcement du billet vert pénalisait aussi les acheteurs européens.

    L'or noir pourrait flamber à nouveau si Téhéran se livre à un peu de gesticulation politique et renouvelle ses menaces de blocage du détroit d'Ormuz par lequel transite un tiers du pétrole mondial acheminé par voie maritime. Une centaine de députés du Majlis (le Parlement iranien) ont présenté, mardi, une proposition de loi en ce sens.

    Jean-Michel Bezat

    © Le Monde
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
Chargement...
X