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Investissements colossaux pour une faible croissance en Algérie

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  • Investissements colossaux pour une faible croissance en Algérie

    Depuis l’indépendance, l’Algérie a consenti des investissements colossaux dans l’économie pour n’obtenir en fin de compte qu’une croissance faible, en retard sur les performances des pays voisins.

    Tel est le résumé de l’intervention d’Ahmed Bouyacoub, professeur d’économie à l’université d’Oran, hier, au dernier jour des travaux du colloque international d’El Watan organisé à la salle Cosmos (Riadh El Feth) à Alger.
    Chiffres à l’appui, le conférencier fait une rétrospective des actions engagées par l’Algérie entre 1964 et 2010 : «Pendant de longues périodes, le taux d’investissement a été le plus élevé. Il a atteint 48% en 1978, un pic jamais égalé.» M. Bouyacoub précise qu’un taux d’investissement élevé n’est pas synonyme de croissance élevée. Sur la même période, le taux d’investissement était, à titre de comparaison, de 26% au Maroc, 20% en Egypte et 29% en Tunisie. En matière d’exécution des projets, il rappelle que le taux effectif est demeuré «très faible» pendant 41 ans. «Des programmes n’ont pas été réalisés ou ajournés (…). Des masses d’argent sont ainsi bloquées. Il en découle du gaspillage, des surfacturations et de la corruption», estime-t-il.

    Pour ce qui est du volume d’investissement, celui-ci a été encore très élevé, rappelle-t-il. Selon lui, entre 1970 et 2010, l’Algérie a investi 501 dollars par habitant, alors que la Tunisie a consenti 488 dollars, l’Egypte 454 dollars et le Maroc 308 dollars.
    Ceci dit, l’orateur souligne qu’il faut relativiser l’idée, selon laquelle le pays est riche. «Sur 41 ans, l’Algérie a investi l’équivalent de ce que la France a investi en 2008», argue M. Bouyacoub.
    S’agissant de la répartition de la structure de l’investissement global, 55% de la masse d’argent ont été injectés dans les constructions et les travaux publics, 22% dédiés aux biens d’équipement, 12% à l’achat de matériel de transport, 6% à la réalisation de travaux pétroliers et seulement 4% aux services. «Cette structure reflète la dépendance de l’économie vis-à -vis des importations», analyse ce chercheur associé au Cread d’Oran.
    Toujours pendant cette période, l’Etat assurait près de 48% de l’investissement global alors que les entreprises «individuelles» seulement 10% ; les investissements direct étrangers (IDE) couvraient 2 ,6%. «Très faible», commente-t-il. A titre de comparaison, les IDE atteignaient 20% de l’investissement global au Maroc. «Cette structure en elle-même génère de la contre-performance. Par exemple, la part majoritaire de l’Etat dans les investissements est la traduction de la faiblesse de l’économie», explique-t-il.
    «Le mode de conduite des investissements suppose une administration outillée. Or, les administrations ne sont pas outillées ou organisées pour être le fer de lance de l’investissement ou pour contrôler ceux qui obtiennent les marchés, d’où les dérapages lors de la construction d’infrastructures», déplore-t-il. «Malgré l’ouverture économique proclamée, presque 85% des investissements sont réalisés par le domaine public, ce qui est considérable. Il y a peu d’acteurs pour beaucoup d’argent», avance encore M. Bouyacoub.
    IDH en progression
    Jusqu’en 2000, le taux d’investissement a toujours été plus élevé que le taux de rente, surplus du PIB alors que le taux de rente le plus bas a été enregistré en 1988. Actuellement, le taux de rente est d’environ 30%. «Depuis 2000, il y a une incapacité à transformer les ressources en richesses. C’est une autre contre-performance», estime-t-il, affirmant que l’Algérie est l’un des rares pays à souffrir de l’excès de ressources par incapacité à mobiliser des investisseurs.
    Autre contre-performance : cet argent dépensé n’a pas eu l’impact souhaité en matière de création d’emploi. Pour autant, M. Bouyacoub souligne que l’étude seule du taux de croissance n’est pas représentative. D’ailleurs, les institutions internationales s’appuient aussi sur l’indicateur de développement humain (IDH). «L’IDH algérien est quasiment équivalent à celui tunisien, contrairement à ce qu’on dit, il y a du développement en Algérie», dit-il. En conclusion, il indique que «malgré un taux d’investissement élevé, une croissance faible, un climat des affaires détestable, certains éléments de développement humain ont progressé».
    A la question : «Comment peut-on avoir un IDH important alors que le taux de croissance peut être très modeste ?», il répond : «En Algérie, l’espérance de vie se situe autour de 73 ans grâce à l’hygiène. Les jeunes, dans les villes, sont en bonne santé. La population est majoritairement urbaine, jeune et mieux éduquée. Tout cela influe sur l’IDH.»

    Hocine Lamriben
    El Watan
    Othmane BENZAGHOU
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