Comment peut-on expliquer le retard enregistré en matière de savoir-faire industriel et de transfert de technologie, malgré les bonnes intentions de partenaires industriels étrangers ?
A l’instar de tous les pays en voie de développement, l’Algérie accuse un retard du fait de sa forte dépendance vis-à-vis des pays étrangers dans ce domaine. Il faut noter, par ailleurs, qu’indéniablement, l’acquisition de la technologie requiert un investissement dont les coûts sont parfois exorbitants. Ce retard peut être aussi attribué au phénomène de fuite des cerveaux dont l’Algérie a beaucoup souffert depuis plusieurs années. Pour remédier à cette situation, les pouvoirs publics ont mis en œuvre une politique spécifique visant le transfert de la technologie. Nous avons aussi demandé aux partenaires étrangers voulant s’installer en Algérie de ramener de la technologie et de former des cadres algériens à son appropriation. L’innovation et la valorisation des résultats de la recherche scientifique sont un moyen efficace pour réduire le déficit technologique de nos entreprises. Pour rapprocher le monde de l’industrie de celui de la recherche scientifique, nous avons mis en œuvre des programmes visant l’encouragement des entreprises à l’innovation, notamment par l’attribution d’un prix national de l’innovation et la mise en place de centres d’appui à la technologie et à l’innovation (CATI). Notre diaspora à l’étranger peut être aussi un pourvoyeur de technologie pour l’économie nationale. Elle a fait l’objet de plusieurs actions de sensibilisation pour sa mobilisation en vue de relever sa contribution au transfert de technologie. Je cite au passage la création en mars 2012 de l’Association internationale de la diaspora algérienne (Aida), dont l’objectif est de structurer cette diaspora et de fixer les modalités pratiques de sa contribution au développement de l’économie nationale et au transfert de la technologie. Je voudrais mettre l’accent sur l’importance de la formation dans la maîtrise et l’appropriation de la technologie. Vous pouvez toujours acheter de la technologie, mais si vous ne disposez pas d’une ressource humaine qualifiée maîtrisant cette technologie, votre investissement est voué à l’échec. Pour cela, notre politique repose essentiellement sur la formation d’une ressource humaine qualifiée (managers, cadres) pour lui permettre de répondre aux enjeux et défis technologiques du secteur.
Pourquoi l’Algérie n’a toujours pas sa propre usine de construction de voitures, alors qu’elle a entamé dès 1970 ce processus avec le montage de véhicules industriels par la SNVI ?
Votre question nécessite, en fait, deux clarifications. Premièrement : les processus de production de véhicules industriels et de véhicules particuliers que vous appelez «voitures» sont très différents (on peut citer par exemple le niveau des volumes de production qui sont de 20 à 400 fois plus importants pour les véhicules particuliers). Deuxièmement : le projet véhicules particuliers actuellement en cours de négociations depuis 15 mois ne portera aucunement sur une activité de montage en tant que finalité. Il s’agit en, réalité, d’un projet véhicules particuliers intégré qui permettra une intégration au niveau du site de production (intégration verticale), mais aussi une intégration à l’extérieur du site de production (intégration horizontale) de pièces et de composants divers au niveau du réseau de sous-traitants locaux (privés et publics) à développer. L’activité montage ne sera donc qu’une phase d’apprentissage mais elle ne constitue en aucune manière une finalité. Dans ce cadre, nous pensons que les raisons objectives essentielles qui ont freiné, jusque-là, la mise en place d’une véritable industrie automobile en Algérie sont :
1- Les conditions de développement d’un réseau de sous-traitants locaux suffisants et répondant aux standards internationaux n’étaient pas réunies. Tous les constructeurs automobiles exigent cette condition.
2- La demande du marché était très faible.
3- Il fallait trouver un partenaire qui accepte d’investir en Algérie avec des partenaires nationaux pour produire une gamme de produits de standard international et sous le label du partenaire.
En fait et, même si le «gros de la production» est destiné au marché local (aujourd’hui l’Algérie importe plus de 400 000 véhicules par an pour plus de 4 milliards de dollars US), une partie des produits devra être, à terme, destinée à l’exportation. Pour cela, il faut aussi exiger que les véhicules soient fabriqués avec le label d’un grand constructeur. Aujourd’hui, je peux vous confirmer que toutes ces conditions sont réunies ou en cours de mise en œuvre. Le travail est déjà entamé avec le constructeur Renault sur le terrain pour le développement d’un réseau de sous-traitants locaux performants (privés et publics) qui constitue un passage obligé pour le développement d’une industrie automobile viable. Ce travail est également en cours d’élargissement avec tous les constructeurs qui réalisent des partenariats industriels en Algérie (Daimler, Liebherr, Deutz, MTU). Les niveaux d’intégration des véhicules particuliers prévus dans le nouveau projet avec Renault devraient ainsi atteindre 60%, au moins, à terme. Aujourd’hui, plus de 400 000 véhicules de différentes marques sont importés, sans aucune contrepartie et l’Algérie débourse plus de 4 milliards de dollars/an. Donc, le marché est là et il devient nécessaire et urgent de le satisfaire par une production nationale de marque qui pourrait permettre un début de réduction de la facture des importations, mais aussi assurer la création de 15 000 à 20 000 emplois en amont et en aval du projet véhicules particuliers. Les discussions menées depuis 15 mois avec Renault ont permis de dégager un premier accord en mai 2012. La création de la nouvelle société en partenariat avec Renault (avec la règle 51-49%) est prévue pour être concrétisée au plus tard en octobre de l’année en cours. La fin de l’année 2012 constituera, nous l’espérons, la date de démarrage effectif du développement de l’industrie automobile en Algérie.
Quelles sont les perspectives pour l’industrie algérienne à moyen et long termes ?
Dans la phase actuelle que traverse l’économie nationale, le développement industriel peut devenir un moteur de croissance indéniable, eu égard au potentiel existant. Au demeurant, sa relance ne peut être le seul fait du secteur privé. Le secteur public marchand peut servir de locomotive pour initier, encadrer et promouvoir des actions de promotion et d’expansion industrielles. Notre pays cumule une expérience industrielle de plusieurs décennies qui lui confère un avantage comparatif inégalé par rapport aux pays à structure économique similaire. Le secteur industriel demeure le moyen le plus puissant pour réussir notre intégration dans l’économie mondiale et faire de l’Algérie un pays émergent et une puissance régionale. L’Algérie demeure un pays qui dispose d’un potentiel important et d’une grande expérience dans le secteur industriel, avec de réelles possibilités de redéploiement. Il s’agit de se mobiliser pour impulser la croissance industrielle prévue à court et à moyen terme et la pérenniser dans le temps. L’avenir du secteur industriel algérien est tributaire de sa capacité à relever certains défis majeurs, à savoir la mise à niveau technologique des entreprises, l’institution de mécanismes de concertation intersectorielle et l’engagement d’une démarche de valorisation des matières premières nationales et leur industrialisation. Pour cela, nous œuvrons pour faire émerger un certain nombre de grandes entreprises performantes publiques et privées notamment dans certaines filières que nous considérons comme stratégiques. Ces grandes entreprises permettront de développer un tissu de PME dynamiques. Cela nécessite la mise en place d’une nouvelle organisation du secteur, dont la réhabilitation doit redevenir un enjeu national auquel toutes les parties prenantes doivent pouvoir apporter leur contribution. Il s’agira pour nous de mettre à niveau nos entreprises, d’améliorer leur compétitivité industrielle et de bâtir une industrie innovante, pourvoyeuse de valeur ajoutée, créatrice de richesse et d’emploi, et garante d’une économie compétitive peu dépendante des hydrocarbures.
A l’instar de tous les pays en voie de développement, l’Algérie accuse un retard du fait de sa forte dépendance vis-à-vis des pays étrangers dans ce domaine. Il faut noter, par ailleurs, qu’indéniablement, l’acquisition de la technologie requiert un investissement dont les coûts sont parfois exorbitants. Ce retard peut être aussi attribué au phénomène de fuite des cerveaux dont l’Algérie a beaucoup souffert depuis plusieurs années. Pour remédier à cette situation, les pouvoirs publics ont mis en œuvre une politique spécifique visant le transfert de la technologie. Nous avons aussi demandé aux partenaires étrangers voulant s’installer en Algérie de ramener de la technologie et de former des cadres algériens à son appropriation. L’innovation et la valorisation des résultats de la recherche scientifique sont un moyen efficace pour réduire le déficit technologique de nos entreprises. Pour rapprocher le monde de l’industrie de celui de la recherche scientifique, nous avons mis en œuvre des programmes visant l’encouragement des entreprises à l’innovation, notamment par l’attribution d’un prix national de l’innovation et la mise en place de centres d’appui à la technologie et à l’innovation (CATI). Notre diaspora à l’étranger peut être aussi un pourvoyeur de technologie pour l’économie nationale. Elle a fait l’objet de plusieurs actions de sensibilisation pour sa mobilisation en vue de relever sa contribution au transfert de technologie. Je cite au passage la création en mars 2012 de l’Association internationale de la diaspora algérienne (Aida), dont l’objectif est de structurer cette diaspora et de fixer les modalités pratiques de sa contribution au développement de l’économie nationale et au transfert de la technologie. Je voudrais mettre l’accent sur l’importance de la formation dans la maîtrise et l’appropriation de la technologie. Vous pouvez toujours acheter de la technologie, mais si vous ne disposez pas d’une ressource humaine qualifiée maîtrisant cette technologie, votre investissement est voué à l’échec. Pour cela, notre politique repose essentiellement sur la formation d’une ressource humaine qualifiée (managers, cadres) pour lui permettre de répondre aux enjeux et défis technologiques du secteur.
Pourquoi l’Algérie n’a toujours pas sa propre usine de construction de voitures, alors qu’elle a entamé dès 1970 ce processus avec le montage de véhicules industriels par la SNVI ?
Votre question nécessite, en fait, deux clarifications. Premièrement : les processus de production de véhicules industriels et de véhicules particuliers que vous appelez «voitures» sont très différents (on peut citer par exemple le niveau des volumes de production qui sont de 20 à 400 fois plus importants pour les véhicules particuliers). Deuxièmement : le projet véhicules particuliers actuellement en cours de négociations depuis 15 mois ne portera aucunement sur une activité de montage en tant que finalité. Il s’agit en, réalité, d’un projet véhicules particuliers intégré qui permettra une intégration au niveau du site de production (intégration verticale), mais aussi une intégration à l’extérieur du site de production (intégration horizontale) de pièces et de composants divers au niveau du réseau de sous-traitants locaux (privés et publics) à développer. L’activité montage ne sera donc qu’une phase d’apprentissage mais elle ne constitue en aucune manière une finalité. Dans ce cadre, nous pensons que les raisons objectives essentielles qui ont freiné, jusque-là, la mise en place d’une véritable industrie automobile en Algérie sont :
1- Les conditions de développement d’un réseau de sous-traitants locaux suffisants et répondant aux standards internationaux n’étaient pas réunies. Tous les constructeurs automobiles exigent cette condition.
2- La demande du marché était très faible.
3- Il fallait trouver un partenaire qui accepte d’investir en Algérie avec des partenaires nationaux pour produire une gamme de produits de standard international et sous le label du partenaire.
En fait et, même si le «gros de la production» est destiné au marché local (aujourd’hui l’Algérie importe plus de 400 000 véhicules par an pour plus de 4 milliards de dollars US), une partie des produits devra être, à terme, destinée à l’exportation. Pour cela, il faut aussi exiger que les véhicules soient fabriqués avec le label d’un grand constructeur. Aujourd’hui, je peux vous confirmer que toutes ces conditions sont réunies ou en cours de mise en œuvre. Le travail est déjà entamé avec le constructeur Renault sur le terrain pour le développement d’un réseau de sous-traitants locaux performants (privés et publics) qui constitue un passage obligé pour le développement d’une industrie automobile viable. Ce travail est également en cours d’élargissement avec tous les constructeurs qui réalisent des partenariats industriels en Algérie (Daimler, Liebherr, Deutz, MTU). Les niveaux d’intégration des véhicules particuliers prévus dans le nouveau projet avec Renault devraient ainsi atteindre 60%, au moins, à terme. Aujourd’hui, plus de 400 000 véhicules de différentes marques sont importés, sans aucune contrepartie et l’Algérie débourse plus de 4 milliards de dollars/an. Donc, le marché est là et il devient nécessaire et urgent de le satisfaire par une production nationale de marque qui pourrait permettre un début de réduction de la facture des importations, mais aussi assurer la création de 15 000 à 20 000 emplois en amont et en aval du projet véhicules particuliers. Les discussions menées depuis 15 mois avec Renault ont permis de dégager un premier accord en mai 2012. La création de la nouvelle société en partenariat avec Renault (avec la règle 51-49%) est prévue pour être concrétisée au plus tard en octobre de l’année en cours. La fin de l’année 2012 constituera, nous l’espérons, la date de démarrage effectif du développement de l’industrie automobile en Algérie.
Quelles sont les perspectives pour l’industrie algérienne à moyen et long termes ?
Dans la phase actuelle que traverse l’économie nationale, le développement industriel peut devenir un moteur de croissance indéniable, eu égard au potentiel existant. Au demeurant, sa relance ne peut être le seul fait du secteur privé. Le secteur public marchand peut servir de locomotive pour initier, encadrer et promouvoir des actions de promotion et d’expansion industrielles. Notre pays cumule une expérience industrielle de plusieurs décennies qui lui confère un avantage comparatif inégalé par rapport aux pays à structure économique similaire. Le secteur industriel demeure le moyen le plus puissant pour réussir notre intégration dans l’économie mondiale et faire de l’Algérie un pays émergent et une puissance régionale. L’Algérie demeure un pays qui dispose d’un potentiel important et d’une grande expérience dans le secteur industriel, avec de réelles possibilités de redéploiement. Il s’agit de se mobiliser pour impulser la croissance industrielle prévue à court et à moyen terme et la pérenniser dans le temps. L’avenir du secteur industriel algérien est tributaire de sa capacité à relever certains défis majeurs, à savoir la mise à niveau technologique des entreprises, l’institution de mécanismes de concertation intersectorielle et l’engagement d’une démarche de valorisation des matières premières nationales et leur industrialisation. Pour cela, nous œuvrons pour faire émerger un certain nombre de grandes entreprises performantes publiques et privées notamment dans certaines filières que nous considérons comme stratégiques. Ces grandes entreprises permettront de développer un tissu de PME dynamiques. Cela nécessite la mise en place d’une nouvelle organisation du secteur, dont la réhabilitation doit redevenir un enjeu national auquel toutes les parties prenantes doivent pouvoir apporter leur contribution. Il s’agira pour nous de mettre à niveau nos entreprises, d’améliorer leur compétitivité industrielle et de bâtir une industrie innovante, pourvoyeuse de valeur ajoutée, créatrice de richesse et d’emploi, et garante d’une économie compétitive peu dépendante des hydrocarbures.
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