Les embouteillages paralysent la ville pendant des heures.
Routes bouchonnées, chantiers encombrants, projets aux oubliettes, déchets envahissants, Béjaïa, comme une région orpheline, fait peine à voir. Le chef-lieu de wilaya y compris.
A peine le passage fixe de la police de Bir Slam franchi, la couleur est annoncée. Après le calvaire de la RN26, les automobilistes replongent dans le supplice des Quatre Chemins.
Un énième point noir accueille les dizaines de milliers d’estivants qui viennent se détendre à Béjaïa. La ville s’affiche inhospitalière. Les automobilistes replongent dans l’encombrement, le stress et l’énervement. La circulation automobile se trouve congestionnée à ce niveau sous le nombre démultiplié des véhicules qui gagnent la ville. C’est que là a poussé un chantier d’un échangeur.
Ouvert le 13 mai dernier, au mauvais moment, tout juste à la veille de la saison estivale. Le projet devait être entamé il y a... une dizaine d’années. «Le projet de réalisation d’un échangeur au niveau du site dit les Quatre Chemins remonte aux année 2000-2001», se rappelle Rabah Nasri, ex-P/APW. Le projet a vu passer deux walis, Rachid Fatmi et Ali Berdrici, et le troisième, Hamou Ahmed Touhami, l’actuel wali, pourrait bien ne pas être l’inaugurateur d’un échangeur qui n’est pas encore sorti du sol. Le refus de quelques commerçants d’être délocalisés ailleurs a plombé le projet pendant de longues années. La facilité avec laquelle les pouvoirs publics se sont avoués vaincus face à cet obstacle laisse d’autant plus perplexe que le projet a repris dix ans plus tard en gardant sur place les commerçants qu’on ne juge finalement pas nécessaire de déplacer. Le projet a vu entre-temps son budget gonfler de 186 milliards de centimes.
Que du temps et d’argent perdus. Sur contrat, l’échangeur est à réceptionner au bout de deux ans de travaux, c’est-à-dire pas avant le printemps 2014, si bien sûr les futurs et inévitables intempéries et fermetures de route ne décident pas d’un ajournement. Ce sont là les arguments qu’ont avancés les autorités pour expliquer le retard pris dans la livraison de la trémie d’Aâmriw, par où passent les visiteurs nombreux de la côte ouest de la wilaya. «L’ouverture de la trémie d’Aâmriw sera faite avant la saison estivale prochaine», avait promis, l’hiver dernier, M. Ourabah, le DTP de la wilaya. Mi-juillet, la trémie d’Aâmriw n’est pas encore totalement réceptionnée.
Le chantier est à son dixième mois. On est encore dans l’opération de creusement. Tout comme pour sa réception, son entame, prévue pour juin 2011, a été annoncée pour la mi-août, un retard que les autorités ont, cette fois-ci, voulu. C’est pour éviter les «désagréments aux estivants», avait-on expliqué. Retard pour retard, le chantier a finalement été lancé en septembre 2011. Les «désagréments», les estivants y sont de plain-pied.
Pour les déstresser, il est possible peut-être de les impressionner par le parc «d’attractions» de la ville, celui du lac Mezzaïa. Un vrai désert ! Il y a des lustres qu’on y a prévu plein de choses : grande roue, auto-tamponneuses… Que dalle ! A défaut d’un bateau pirate glissant sur le lac, le commun des Bougiotes a aujourd’hui le fort sentiment d’être mené en bateau.
Faut-il peut-être voir du côté des Oliviers, sur les hauteurs de la ville, où se trouve un espace de jeux et de détente. Le spectacle est désolant, triste : des enfants, insoucieux qu’ils sont et soifs de jeux, montent, dans un espace sale, des toboggans et balançoires dégradés, bons à grossir une décharge publique. Sur plus d’un plan, il y a un incroyable laxisme des autorités. «Ce n’est pas la faute aux citoyens, c’est celle de l’APC», avouait, tout récemment, sur les ondes de la radio locale, un élu de l’APC de Béjaïa, à propos de l’entassement des déchets ménagers dans la ville. Un aveu d’échec, qui a le mérite d’être fait, mais qu’il est impossible d’arracher à l’exécutif de wilaya. Pourtant !
Pénétrante autoroutière : peut-être pour… 2016
D’année en année, le projet de la pénétrante autoroutière de Béjaïa cumule des retards préjudiciables. D’anciennes promesses l’avaient donnée pour opérationnelle en 2010. Mi-2012, on attend encore les études de l’avant-projet détaillé (APD) que les Sud-Coréens, du bureau d’études Kyung Dong, devaient déjà livrer à l’ Agence nationale des autoroutes (ANA), le maître d’ouvrage. Ce n’est qu’après la réception de cette étude que commencera l’opération d’indemnisation, qui risque de patiner vu les oppositions presque inévitables dans la région, des futurs expropriés.
Le projet est passé par des péripéties incroyables. En 2001, une voie express avait été programmée pour la wilaya mais ne sera pas réalisée puisque quatre ans plus tard, en 2005, on décide de changer d’option : ce sera une pénétrante. Huit ans plus tard, elle n’est pas encore là. Pour être optimiste, elle ne le sera pas dans au moins trois autres années parce que le projet nécessite un délai de réalisation d’au moins trois ans à partir de la signature de l’ordre de service qui permettra l’installation du chantier. Mais, on n’en est pas encore là. Retard ? «Le projet est en avance», avait déclaré, au risque d’exacerber le dépit des habitants de la wilaya, l’ex-ministre des Travaux publics, Amar Ghoul, en visite de travail dans la wilaya.
«Les travaux concernant le tunnel et le viaduc de Sidi Aïch seront lancés incessamment», avait promis Ghoul, l’actuel député. «Incessamment» ? Amar Ghoul l’avait promis en octobre 2011, et il «pesait (ses) mots». D’autres obstacles guettent ce «projet du siècle», et c’est le wali himself qui le dit : manque de gravier dans la wilaya et les oppositions des citoyens. Et on avait oublié les «intempéries». En un mot : la pénétrante ce ne sera pas pour demain.
Kamel Medjdoub-elwatan
Routes bouchonnées, chantiers encombrants, projets aux oubliettes, déchets envahissants, Béjaïa, comme une région orpheline, fait peine à voir. Le chef-lieu de wilaya y compris.
A peine le passage fixe de la police de Bir Slam franchi, la couleur est annoncée. Après le calvaire de la RN26, les automobilistes replongent dans le supplice des Quatre Chemins.
Un énième point noir accueille les dizaines de milliers d’estivants qui viennent se détendre à Béjaïa. La ville s’affiche inhospitalière. Les automobilistes replongent dans l’encombrement, le stress et l’énervement. La circulation automobile se trouve congestionnée à ce niveau sous le nombre démultiplié des véhicules qui gagnent la ville. C’est que là a poussé un chantier d’un échangeur.
Ouvert le 13 mai dernier, au mauvais moment, tout juste à la veille de la saison estivale. Le projet devait être entamé il y a... une dizaine d’années. «Le projet de réalisation d’un échangeur au niveau du site dit les Quatre Chemins remonte aux année 2000-2001», se rappelle Rabah Nasri, ex-P/APW. Le projet a vu passer deux walis, Rachid Fatmi et Ali Berdrici, et le troisième, Hamou Ahmed Touhami, l’actuel wali, pourrait bien ne pas être l’inaugurateur d’un échangeur qui n’est pas encore sorti du sol. Le refus de quelques commerçants d’être délocalisés ailleurs a plombé le projet pendant de longues années. La facilité avec laquelle les pouvoirs publics se sont avoués vaincus face à cet obstacle laisse d’autant plus perplexe que le projet a repris dix ans plus tard en gardant sur place les commerçants qu’on ne juge finalement pas nécessaire de déplacer. Le projet a vu entre-temps son budget gonfler de 186 milliards de centimes.
Que du temps et d’argent perdus. Sur contrat, l’échangeur est à réceptionner au bout de deux ans de travaux, c’est-à-dire pas avant le printemps 2014, si bien sûr les futurs et inévitables intempéries et fermetures de route ne décident pas d’un ajournement. Ce sont là les arguments qu’ont avancés les autorités pour expliquer le retard pris dans la livraison de la trémie d’Aâmriw, par où passent les visiteurs nombreux de la côte ouest de la wilaya. «L’ouverture de la trémie d’Aâmriw sera faite avant la saison estivale prochaine», avait promis, l’hiver dernier, M. Ourabah, le DTP de la wilaya. Mi-juillet, la trémie d’Aâmriw n’est pas encore totalement réceptionnée.
Le chantier est à son dixième mois. On est encore dans l’opération de creusement. Tout comme pour sa réception, son entame, prévue pour juin 2011, a été annoncée pour la mi-août, un retard que les autorités ont, cette fois-ci, voulu. C’est pour éviter les «désagréments aux estivants», avait-on expliqué. Retard pour retard, le chantier a finalement été lancé en septembre 2011. Les «désagréments», les estivants y sont de plain-pied.
Pour les déstresser, il est possible peut-être de les impressionner par le parc «d’attractions» de la ville, celui du lac Mezzaïa. Un vrai désert ! Il y a des lustres qu’on y a prévu plein de choses : grande roue, auto-tamponneuses… Que dalle ! A défaut d’un bateau pirate glissant sur le lac, le commun des Bougiotes a aujourd’hui le fort sentiment d’être mené en bateau.
Faut-il peut-être voir du côté des Oliviers, sur les hauteurs de la ville, où se trouve un espace de jeux et de détente. Le spectacle est désolant, triste : des enfants, insoucieux qu’ils sont et soifs de jeux, montent, dans un espace sale, des toboggans et balançoires dégradés, bons à grossir une décharge publique. Sur plus d’un plan, il y a un incroyable laxisme des autorités. «Ce n’est pas la faute aux citoyens, c’est celle de l’APC», avouait, tout récemment, sur les ondes de la radio locale, un élu de l’APC de Béjaïa, à propos de l’entassement des déchets ménagers dans la ville. Un aveu d’échec, qui a le mérite d’être fait, mais qu’il est impossible d’arracher à l’exécutif de wilaya. Pourtant !
Pénétrante autoroutière : peut-être pour… 2016
D’année en année, le projet de la pénétrante autoroutière de Béjaïa cumule des retards préjudiciables. D’anciennes promesses l’avaient donnée pour opérationnelle en 2010. Mi-2012, on attend encore les études de l’avant-projet détaillé (APD) que les Sud-Coréens, du bureau d’études Kyung Dong, devaient déjà livrer à l’ Agence nationale des autoroutes (ANA), le maître d’ouvrage. Ce n’est qu’après la réception de cette étude que commencera l’opération d’indemnisation, qui risque de patiner vu les oppositions presque inévitables dans la région, des futurs expropriés.
Le projet est passé par des péripéties incroyables. En 2001, une voie express avait été programmée pour la wilaya mais ne sera pas réalisée puisque quatre ans plus tard, en 2005, on décide de changer d’option : ce sera une pénétrante. Huit ans plus tard, elle n’est pas encore là. Pour être optimiste, elle ne le sera pas dans au moins trois autres années parce que le projet nécessite un délai de réalisation d’au moins trois ans à partir de la signature de l’ordre de service qui permettra l’installation du chantier. Mais, on n’en est pas encore là. Retard ? «Le projet est en avance», avait déclaré, au risque d’exacerber le dépit des habitants de la wilaya, l’ex-ministre des Travaux publics, Amar Ghoul, en visite de travail dans la wilaya.
«Les travaux concernant le tunnel et le viaduc de Sidi Aïch seront lancés incessamment», avait promis Ghoul, l’actuel député. «Incessamment» ? Amar Ghoul l’avait promis en octobre 2011, et il «pesait (ses) mots». D’autres obstacles guettent ce «projet du siècle», et c’est le wali himself qui le dit : manque de gravier dans la wilaya et les oppositions des citoyens. Et on avait oublié les «intempéries». En un mot : la pénétrante ce ne sera pas pour demain.
Kamel Medjdoub-elwatan
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