Un quatrième mandat de Bouteflika n’est plus totalement exclu
Le pouvoir tenté de reporter pour après 2014 les réformes démocratiques promises
Près de deux mois et demi après les législatives du 10 mai, le pouvoir semble en panne de solutions pour la suite. La nouvelle APN est déjà paralysée – les députés sont partis en vacances sans avoir voté ou discuté un seul texte – et le nouveau gouvernement n’a toujours pas été nommé. La principale cause ? Le refus des partis politiques d’y prendre part. Le FFS, le MSP et le PT, déçus par les résultats des législatives, ne veulent pas siéger dans le nouvel exécutif. Les autres petites formations qui possèdent un peu de crédibilité refusent également d’y prendre part.
Le président Bouteflika se trouve face à un choix complexe : nommer un gouvernement FLN‑RND ou un exécutif composé de technocrates. Dans les deux cas, cela reviendrait à invalider de fait les résultats des législatives du 10 mai dernier, présentées comme une étape décisive dans le processus de démocratisation de l’Algérie promise en 2011 en plein printemps arabe. Face à cette situation, le pouvoir tente quelques manœuvres. La plus visible concerne par exemple le cas Amar Ghoul. L’ancien ministre des Travaux publics s’apprête à lancer son propre parti politique, uniquement pour "crédibiliser" son retour au gouvernement. Le départ annoncé de M. Ghoul du MSP n’est en effet pas lié à un désaccord politique avec son parti. D’ailleurs, à aucun moment l’ancien ministre, élu en mai sur la liste de l’Alliance de l’Algérie verte à Alger, n’a fait état de divergences avec sa formation. Le seul point de désaccord concerne son retour au gouvernement.
Mais la situation de blocage a de fortes chances de persister, voire de s’aggraver. Les partis d’opposition, échaudés par le déroulement et les résultats des dernières législatives, vont se montrer très réticents à participer aux prochaines étapes : la révision de la Constitution et surtout l’élection présidentielle de 2014. Cette dernière étape est la plus décisive. Mais le pouvoir ne semble faire aucun effort pour tenter au moins de la présenter comme un rendez‑vous ouvert à la compétition. Bien au contraire. Toutes les informations en provenance des cercles de décision évoquent des manœuvres et des luttes de clans pour favoriser tel ou tel candidat.
Un contexte qui pourrait même favoriser une candidature du président Bouteflika pour un quatrième mandat. Cette perspective, inimaginable il y a quelques mois après le printemps arabe, ne semble désormais plus exclue. En cas d’absence d’un candidat de consensus, l’actuel président prolongerait son bail à El Mouradia. C’est peut‑être ce qui explique le retard pris dans l’élaboration de la nouvelle Constitution, avec notamment le sort qui sera réservé à l’article sur la limitation des mandats présidentiels.
En fait, le pouvoir, à travers sa stratégie actuelle, donne l’impression de vouloir faire de 2014 non pas l’aboutissement du processus démocratique mais son commencement. Sa stratégie pourrait se résumer ainsi : nous allons contrôler tout le processus jusqu’en 2014 (élections législatives et municipales, révision de la Constitution et choix du président de la République) et ce sera au président qui sera élu en 2014 de choisir sa méthode et son calendrier pour instaurer une véritable démocratie dans le pays. Un choix dangereux et risqué dans un contexte social difficile.
TSA
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