En Libye, l’Humanité est à peu près le seul journal à rendre compte de la réalité. Alors que les autres grands médias encensent triomphalement le résultat d’élections qui ont vu 40 % d’abstentions et un récital de violences, l’organe communiste décrit un Conseil national de transition peinant à établir son autorité ailleurs que sur quelques quartiers de Tripoli et un pays en plein chaos aux mains des milices et des tribus.
Libération note qu’aux yeux de plusieurs Etats africains, la guerre occidentale a déstabilisé l’ensemble du Sahel en provoquant une dissémination sans précédent d’armes en tous genres. Et pour preuve de la dérive religieuse du nouveau pouvoir-croupion, L’International Herald Tribune précise que le leader de la coalition “libérale” qui a remporté le scrutin, Mahmoud Jibril, a pris grand soin de rejeter publiquement l’étiquette “laïque” attribuée à son Alliance des forces nationales, et s’est dépêché de tendre une main fraternelle aux islamistes.
En Tunisie, les Salafistes n’aiment pas les artistes. Le Canard enchaîné raconte comment s’est terminée, le 10 juin dernier, la dixième édition du Printemps des arts. “La nuit même, des islamistes attaquent l’exposition, vandalisent et volent. le lendemain, à la télévision, le ministre des Affaires religieuses condamne les œuvres, qu’il n’a pas vues. Dans les mosquées, les imams appellent au lynchage des artistes pour apostasie, déchaînant la colère des jeunes islamistes dans tout le pays. Un mort, des dizaines de blessés ; des tribunaux, des postes de police, des bâtiments administratifs incendiés.”
En Syrie, les officiers français de la Direction du renseignement militaire (DRM) constatent que la présence d’Al Qaeda – qui est loin d’avoir disparu avec la mort de son gourou – est en nette progression. Non seulement ses combattants anti-Assad arrivent d’Irak, mais des centaines de djihadistes, dont certains formés au Kosovo, viennent de Libye, d’Egypte, de Jordanie et du Liban. Ils garnissent les rangs d’une rébellion financée et armée par de solides gardiens du culte comme l’Arabie Saoudite et le Qatar.
En Turquie, le célèbre pianiste Fazil Say, de renommée internationale, est poursuivi en justice pour avoir osé proclamer son athéisme dans un pays de plus en plus confessionnel. Il risque un an et demi de prison après avoir déclaré au grand quotidien Hürriyet : “La pression du conservatisme religieux est de plus en plus forte.” L’AKP, le parti islamique au pouvoir depuis 2002, accentue son emprise sur cet Etat membre de l’OTAN, après avoir affaibli la résistance laïque de l’armée.
Au Soudan, le nord de Khartoum, dirigé par l’islamiste Omar el-Bechir et son Parti du congrès national, a déclaré la guerre au sud de Juba, dirigé par Salva Kiir Mayardit et son Mouvement de libération du Soudan, refusant de voir son rival transformer sa nouvelle indépendance en affranchissement de la charia.
En ex-Yougoslavie, après le démantèlement brutal par l’Occident de l’Etat fédéral, la Bosnie a été livrée aux successeurs musulmans d’Izetbegovic et les stratèges de Washington ont fabriqué un pseudo-Etat islamique mafieux au Kosovo, après avoir écrasé sous les bombes les défenseurs orthodoxes serbes de la chrétienté.
Ces “avancées” musulmanes alimentent la crainte – et l’irritation – de voir se répandre une foi fondée sur les excès de la charia et le refus de l’indépendance laïque de l’Etat. Conservateurs et progressistes convergent dans la résistance à une confession qui contredit leurs convictions ou leurs valeurs : les uns redoutent un populisme de solidarité avec les démunis et de lutte contre la corruption qui pourrait menacer leurs privilèges ; les autres s’inquiètent de voir ignorés des acquis de civilisation qu’ils ont mis des siècles à conquérir. Le choc de culture s’exacerbe. Une nouvelle hantise remplace chez beaucoup la peur ancienne : le péril noir barbu a pris la place du péril rouge le couteau entre les dents.
Bloc contre bloc. Rome contre les barbares. La modernité contre la régression. Dans de nombreux esprits, le tableau est simple. Et la conclusion s’impose. Les politiciens qui nous dirigent sont aveugles ou demeurés. Obsédés par leur dévotion au credo technocratique, libéral et mercantile des Etats-Unis, ils ne voient pas le danger d’un alléchant substitut spirituel.
Ils ne comprennent pas la force du ressort religieux. Et dans leur ignorance, ils ne mesurent pas les effets pervers de leurs compromis, les résultats désastreux de leur naïve défense des droits de l’homme, la pernicieuse irréalité de leur poursuite de la démocratie.
En fait, ceux qui sont de cet avis ont à la fois raison et tort. Il est vrai que la religion musulmane est très éloignée de nos conceptions laïques et républicaines. Il est vrai que ses fanatiques entachent leur militantisme de provocations, d’absurdités et de crimes. Il est vrai que leurs comportements d’un autre âge gagnent du terrain. Il est vrai que nos politiciens ne brillent pas par leur perspicacité. Mais ces constats élémentaires sont loin de rendre compte de la réalité. Avant de se lancer tête baissée dans l’impasse d’une réaction islamophobe à sens unique, il faut explorer l’envers du décor.
A première vue, l’énumération de la première partie de cet article prouverait l’échec d’une politique occidentale imprudente et mal inspirée. Mais une seconde version éclaire des coulisses plus complexes. Elle exige l’abandon de beaucoup d’idées reçues et de clichés de propagande. Elle mérite un examen.
Notre Occident est dirigé par le tandem anglo-saxon où les Etats-Unis ont pris le guidon. Or les grosses têtes de Washington sont loin d’être toutes vides. Certaines d’entre elles poursuivent avec ruse et efficacité leur objectif majeur : assurer l’hégémonie internationale héritée de l’Angleterre. Ces soldats de l’empire savent que l’obstacle principal à cette domination mondiale est toute forme d’indépendance, qui peut se transformer en indocilité. D’où leur chasse à la souveraineté des nations et à leurs chefs indisciplinés. Ils ont agencé des coups d’Etats en Amérique du Sud. Ils ont mené des guerres contre la Yougoslavie, l’Irak, la Libye. Ils ont fomenté les “révolutions de couleur” en Asie centrale. Toutes dans le même but : supprimer les résistants.
Depuis longtemps, l’islam leur pose un problème. Une idéologie mobilise des masses qui échappent à leur Nouvel ordre mondial. D’une façon d’autant plus dangereuse qu’elle est spirituelle. Un inacceptable défi. Il leur faut en venir à bout pour sécuriser le colonialisme du dollar. Ce n’est pas une question de religion. La religion, ils s’en moquent. C’est une question de stratégie, de première place à consolider.
Comment y arriver ? Un moyen est classique : diviser pour régner. C’est là qu’il faut s’accrocher pour ne pas perdre le fil de l’intrigue.
Les “printemps arabes”, présentés comme des soulèvements spontanés de peuples avides de démocratie, ont porté au pouvoir les Frères musulmans et d’autres compagnons de route. Donc facilité en apparence l’extension de cet islam si redouté. Mais loin d’être le fruit de la bêtise politique, c’est l’aboutissement d’un plan mûrement prémédité, consistant à manœuvrer une partie de l’umma contre l’autre. C’est-à-dire, en l’occurrence, utiliser les sunnites bien pris en mains contre les chiites plus difficiles à manipuler.
Comme l’écrit un géopoliticien réputé, le Dr Webster Tarpley : “La création d’un front sunnite uni sert de soutien à la stratégie fondamentale des USA et du Royaume Uni dans le Moyen Orient, qui est de former un bloc de pays arabes sunnites (notamment l’Egypte, l’Arabie Saoudite, les Etats du Golfe et la Jordanie) avec la participation d’Israël, qui combatte le front chiite iranien, comprenant la Syrie, le Hezbollah, le Hamas et diverses forces radicales.” Une stratégie qui a pour but d’abattre les deux derniers Etats indépendants de la région : la Syrie et l’Iran.
Un article du célèbre journaliste Seymour Hersh, dans le New Yorker de 2007, intitulé “The Redirection” (la réorientation), donne une idée de cet envers du décor. Il y révèle que les Américains, les Saoudiens et les Israéliens collaborent derrière un paravent sunnite d’anti-sionisme factice ; que les Etats-Unis entretiennent un vaste réseau de militants et de terroristes (dont certains entraînés dans des camps d’Al Qaeda) ;
que le clan Hariri au Liban, travaillant avec les Saoudiens et les Américains, a créé un refuge sur le sol libanais pour les groupes fanatiques engagés aujourd’hui dans la déstabilisation de la Syrie. Son analyse démontre que les Frères musulmans sont un instrument important utilisé dans l’effort US-saoudien-israélien de détruire la Syrie et l’Iran. Le programme a débuté sous Bush ; il se poursuit aujourd’hui sous Obama, prouvant ainsi la continuité de la politique impériale.
“Pour saper l’Iran qui est en majorité chiite, écrit Hersh cité par Land destroyer Report, l’administration Bush a décidé de reconfigurer ses priorités dans le Moyen Orient. Au Liban, l’administration coopère avec le gouvernement saoudien, qui est sunnite, dans des opérations clandestines destinées à affaiblir le Hezbollah, l’organisation chiite soutenue par l’Iran. Les Etats-Unis ont aussi participé à des opérations secrètes ciblant l’Iran et son allié syrien.”
Ces affirmations sont confirmées dans un rapport de 2009 du Brookings Institution, intitulé “Which Path to Persia” (quel chemin vers la Perse). Il y est précisé, entre autres : “Les Frères musulmans sont souvent décrits comme étant anti-israéliens, anti-US et anti-Occident en général. En réalité, ils sont – et ont toujours été – une création servile du développement dans le monde islamique de l’hégémonie de Wall Street et des financiers de la City. (...)
Les Etats-Unis et l’Occident en général, considèrent le Proche-Orient comme rien de plus qu’un amas de débris de l’empire ottoman à être utilisé et exploité. Quand émergent nationalisme ou résistance, ses différents composants doivent être dressés les uns contre les autres dans des conflits meurtriers.”
Ainsi derrière une islamisation envahissante qui paraît être l’effet pervers d’interventions occidentales ratées, se dessine un vaste plan d’asservissement du Proche-Orient qui, lui, n’est pas loin de réussir. Sa motivation : la mainmise américaine, drapée dans le trompe-l’œil de la démocratie. Ses instigateurs : les USA, l’Arabie Saoudite, le Qatar, Israël, et quelques comparses gouvernementaux issus de “printemps” populaires préparés, infiltrés et contrôlés.
Louis DALMAS
Libération note qu’aux yeux de plusieurs Etats africains, la guerre occidentale a déstabilisé l’ensemble du Sahel en provoquant une dissémination sans précédent d’armes en tous genres. Et pour preuve de la dérive religieuse du nouveau pouvoir-croupion, L’International Herald Tribune précise que le leader de la coalition “libérale” qui a remporté le scrutin, Mahmoud Jibril, a pris grand soin de rejeter publiquement l’étiquette “laïque” attribuée à son Alliance des forces nationales, et s’est dépêché de tendre une main fraternelle aux islamistes.
En Tunisie, les Salafistes n’aiment pas les artistes. Le Canard enchaîné raconte comment s’est terminée, le 10 juin dernier, la dixième édition du Printemps des arts. “La nuit même, des islamistes attaquent l’exposition, vandalisent et volent. le lendemain, à la télévision, le ministre des Affaires religieuses condamne les œuvres, qu’il n’a pas vues. Dans les mosquées, les imams appellent au lynchage des artistes pour apostasie, déchaînant la colère des jeunes islamistes dans tout le pays. Un mort, des dizaines de blessés ; des tribunaux, des postes de police, des bâtiments administratifs incendiés.”
En Syrie, les officiers français de la Direction du renseignement militaire (DRM) constatent que la présence d’Al Qaeda – qui est loin d’avoir disparu avec la mort de son gourou – est en nette progression. Non seulement ses combattants anti-Assad arrivent d’Irak, mais des centaines de djihadistes, dont certains formés au Kosovo, viennent de Libye, d’Egypte, de Jordanie et du Liban. Ils garnissent les rangs d’une rébellion financée et armée par de solides gardiens du culte comme l’Arabie Saoudite et le Qatar.
En Turquie, le célèbre pianiste Fazil Say, de renommée internationale, est poursuivi en justice pour avoir osé proclamer son athéisme dans un pays de plus en plus confessionnel. Il risque un an et demi de prison après avoir déclaré au grand quotidien Hürriyet : “La pression du conservatisme religieux est de plus en plus forte.” L’AKP, le parti islamique au pouvoir depuis 2002, accentue son emprise sur cet Etat membre de l’OTAN, après avoir affaibli la résistance laïque de l’armée.
Au Soudan, le nord de Khartoum, dirigé par l’islamiste Omar el-Bechir et son Parti du congrès national, a déclaré la guerre au sud de Juba, dirigé par Salva Kiir Mayardit et son Mouvement de libération du Soudan, refusant de voir son rival transformer sa nouvelle indépendance en affranchissement de la charia.
En ex-Yougoslavie, après le démantèlement brutal par l’Occident de l’Etat fédéral, la Bosnie a été livrée aux successeurs musulmans d’Izetbegovic et les stratèges de Washington ont fabriqué un pseudo-Etat islamique mafieux au Kosovo, après avoir écrasé sous les bombes les défenseurs orthodoxes serbes de la chrétienté.
Ces “avancées” musulmanes alimentent la crainte – et l’irritation – de voir se répandre une foi fondée sur les excès de la charia et le refus de l’indépendance laïque de l’Etat. Conservateurs et progressistes convergent dans la résistance à une confession qui contredit leurs convictions ou leurs valeurs : les uns redoutent un populisme de solidarité avec les démunis et de lutte contre la corruption qui pourrait menacer leurs privilèges ; les autres s’inquiètent de voir ignorés des acquis de civilisation qu’ils ont mis des siècles à conquérir. Le choc de culture s’exacerbe. Une nouvelle hantise remplace chez beaucoup la peur ancienne : le péril noir barbu a pris la place du péril rouge le couteau entre les dents.
Bloc contre bloc. Rome contre les barbares. La modernité contre la régression. Dans de nombreux esprits, le tableau est simple. Et la conclusion s’impose. Les politiciens qui nous dirigent sont aveugles ou demeurés. Obsédés par leur dévotion au credo technocratique, libéral et mercantile des Etats-Unis, ils ne voient pas le danger d’un alléchant substitut spirituel.
Ils ne comprennent pas la force du ressort religieux. Et dans leur ignorance, ils ne mesurent pas les effets pervers de leurs compromis, les résultats désastreux de leur naïve défense des droits de l’homme, la pernicieuse irréalité de leur poursuite de la démocratie.
En fait, ceux qui sont de cet avis ont à la fois raison et tort. Il est vrai que la religion musulmane est très éloignée de nos conceptions laïques et républicaines. Il est vrai que ses fanatiques entachent leur militantisme de provocations, d’absurdités et de crimes. Il est vrai que leurs comportements d’un autre âge gagnent du terrain. Il est vrai que nos politiciens ne brillent pas par leur perspicacité. Mais ces constats élémentaires sont loin de rendre compte de la réalité. Avant de se lancer tête baissée dans l’impasse d’une réaction islamophobe à sens unique, il faut explorer l’envers du décor.
A première vue, l’énumération de la première partie de cet article prouverait l’échec d’une politique occidentale imprudente et mal inspirée. Mais une seconde version éclaire des coulisses plus complexes. Elle exige l’abandon de beaucoup d’idées reçues et de clichés de propagande. Elle mérite un examen.
Notre Occident est dirigé par le tandem anglo-saxon où les Etats-Unis ont pris le guidon. Or les grosses têtes de Washington sont loin d’être toutes vides. Certaines d’entre elles poursuivent avec ruse et efficacité leur objectif majeur : assurer l’hégémonie internationale héritée de l’Angleterre. Ces soldats de l’empire savent que l’obstacle principal à cette domination mondiale est toute forme d’indépendance, qui peut se transformer en indocilité. D’où leur chasse à la souveraineté des nations et à leurs chefs indisciplinés. Ils ont agencé des coups d’Etats en Amérique du Sud. Ils ont mené des guerres contre la Yougoslavie, l’Irak, la Libye. Ils ont fomenté les “révolutions de couleur” en Asie centrale. Toutes dans le même but : supprimer les résistants.
Depuis longtemps, l’islam leur pose un problème. Une idéologie mobilise des masses qui échappent à leur Nouvel ordre mondial. D’une façon d’autant plus dangereuse qu’elle est spirituelle. Un inacceptable défi. Il leur faut en venir à bout pour sécuriser le colonialisme du dollar. Ce n’est pas une question de religion. La religion, ils s’en moquent. C’est une question de stratégie, de première place à consolider.
Comment y arriver ? Un moyen est classique : diviser pour régner. C’est là qu’il faut s’accrocher pour ne pas perdre le fil de l’intrigue.
Les “printemps arabes”, présentés comme des soulèvements spontanés de peuples avides de démocratie, ont porté au pouvoir les Frères musulmans et d’autres compagnons de route. Donc facilité en apparence l’extension de cet islam si redouté. Mais loin d’être le fruit de la bêtise politique, c’est l’aboutissement d’un plan mûrement prémédité, consistant à manœuvrer une partie de l’umma contre l’autre. C’est-à-dire, en l’occurrence, utiliser les sunnites bien pris en mains contre les chiites plus difficiles à manipuler.
Comme l’écrit un géopoliticien réputé, le Dr Webster Tarpley : “La création d’un front sunnite uni sert de soutien à la stratégie fondamentale des USA et du Royaume Uni dans le Moyen Orient, qui est de former un bloc de pays arabes sunnites (notamment l’Egypte, l’Arabie Saoudite, les Etats du Golfe et la Jordanie) avec la participation d’Israël, qui combatte le front chiite iranien, comprenant la Syrie, le Hezbollah, le Hamas et diverses forces radicales.” Une stratégie qui a pour but d’abattre les deux derniers Etats indépendants de la région : la Syrie et l’Iran.
Un article du célèbre journaliste Seymour Hersh, dans le New Yorker de 2007, intitulé “The Redirection” (la réorientation), donne une idée de cet envers du décor. Il y révèle que les Américains, les Saoudiens et les Israéliens collaborent derrière un paravent sunnite d’anti-sionisme factice ; que les Etats-Unis entretiennent un vaste réseau de militants et de terroristes (dont certains entraînés dans des camps d’Al Qaeda) ;
que le clan Hariri au Liban, travaillant avec les Saoudiens et les Américains, a créé un refuge sur le sol libanais pour les groupes fanatiques engagés aujourd’hui dans la déstabilisation de la Syrie. Son analyse démontre que les Frères musulmans sont un instrument important utilisé dans l’effort US-saoudien-israélien de détruire la Syrie et l’Iran. Le programme a débuté sous Bush ; il se poursuit aujourd’hui sous Obama, prouvant ainsi la continuité de la politique impériale.
“Pour saper l’Iran qui est en majorité chiite, écrit Hersh cité par Land destroyer Report, l’administration Bush a décidé de reconfigurer ses priorités dans le Moyen Orient. Au Liban, l’administration coopère avec le gouvernement saoudien, qui est sunnite, dans des opérations clandestines destinées à affaiblir le Hezbollah, l’organisation chiite soutenue par l’Iran. Les Etats-Unis ont aussi participé à des opérations secrètes ciblant l’Iran et son allié syrien.”
Ces affirmations sont confirmées dans un rapport de 2009 du Brookings Institution, intitulé “Which Path to Persia” (quel chemin vers la Perse). Il y est précisé, entre autres : “Les Frères musulmans sont souvent décrits comme étant anti-israéliens, anti-US et anti-Occident en général. En réalité, ils sont – et ont toujours été – une création servile du développement dans le monde islamique de l’hégémonie de Wall Street et des financiers de la City. (...)
Les Etats-Unis et l’Occident en général, considèrent le Proche-Orient comme rien de plus qu’un amas de débris de l’empire ottoman à être utilisé et exploité. Quand émergent nationalisme ou résistance, ses différents composants doivent être dressés les uns contre les autres dans des conflits meurtriers.”
Ainsi derrière une islamisation envahissante qui paraît être l’effet pervers d’interventions occidentales ratées, se dessine un vaste plan d’asservissement du Proche-Orient qui, lui, n’est pas loin de réussir. Sa motivation : la mainmise américaine, drapée dans le trompe-l’œil de la démocratie. Ses instigateurs : les USA, l’Arabie Saoudite, le Qatar, Israël, et quelques comparses gouvernementaux issus de “printemps” populaires préparés, infiltrés et contrôlés.
Louis DALMAS
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