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Herzlich willkommen in Deutschland

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    Déjà peu fréquentes avant la crise, les introductions de start-up européennes au Nasdaq, le marché boursier américain réservé aux valeurs technologiques, sont devenues rarissimes.

    La prochaine pourrait bien être une jeune entreprise allemande. Novaled, spécialisée dans la technologie Oled (particulièrement utilisée dans le domaine des écrans plats et des luminaires), est dans les starting-blocks. Première particularité de cette société qui emploie 130 personnes à Dresde (Saxe) : c'est un universitaire allemand, Karl Leo, qui l'a créée en 2001 pour valoriser une de ses innovations. Deuxième particularité : depuis 2003, c'est un Français qui la dirige. Sous la gouverne de Gildas Sorin, ce qui n'était à l'époque qu'un laboratoire est devenu une entreprise dotée de succursales au Japon et en Corée, et Samsung est l'un de ses principaux clients. Forts des premiers bénéfices réalisés en 2011, la direction et les fonds d'investissement qui accompagnent Novaled depuis le début ont décidé de tenter l'aventure du Nasdaq. Le tout avec la bénédiction des pouvoirs publics locaux, qui n'ont jamais rechigné à cofinancer les investissements de l'entreprise. "Ce qui intéresse Dresde et la Saxe, ce sont les emplois que nous créons et les impôts que nous payons. Nos clients sont en Asie, nous espérons être cotés aux Etats-Unis, mais notre développement profitera à l'Allemagne", explique Gildas Sorin.


    Ce cas n'est pas un cas isolé. A l'autre bout de la ville, un autre Français, Thibaud Le Séguillon, est également à la tête d'une start-up créée par l'université de Dresde. Heliatek utilise la même technologie que Novaled, mais, au lieu de produire de la lumière avec de l'électricité, l'entreprise fait l'inverse. Elle transforme l'énergie solaire en électricité. Créée en 2006, Heliatek n'a pas encore de client mais espère bien que demain ses semi-conducteurs montés sur des bandes de polyester rendront les panneaux solaires obsolètes, tout comme Gildas Sorin espère ranger nos luminaires au rayon des antiquités.


    Si ce dernier avait travaillé en Forêt- Noire (pour Thomson) avant de rejoindre Dresde, Thibaud Le Séguillon ne connaissait ni l'Allemagne ni l'industrie solaire. Grâce au réseau social Linkedin, une chasseuse de têtes basée à Munich a repéré en 2011 ce Français spécialiste des circuits imprimés flexibles qui travaillait dans une multinationale à Shanghaï et l'a convaincu de quitter les 15 000 salariés qu'il avait sous sa coupe pour prendre la direction d'une start-up de 80 personnes.


    Ces deux exemples en témoignent : dans une Allemagne vieillissante où la main-d'oeuvre qualifiée commence à faire défaut, le pays recourt de plus en plus aux étrangers pour occuper des postes stratégiques. Une étude publiée le 5 juillet par l'Institut de l'économie allemande de Cologne (IW Köln) le confirme. Selon celle-ci, 2,8 millions de personnes sont arrivées en Allemagne entre 1999 et 2009 pour travailler. Parmi elles, 42 000 médecins et 185 000 titulaires d'un diplôme universitaire en mathématiques, informatique, sciences naturelles ou technique. La part des immigrants très spécialisés ou exerçant des fonctions d'encadrement augmente. Ils représentaient 12 % des nouveaux arrivants en 2000 et 21 % en 2009.



    Tous n'ont pas forcément trouvé de travail correspondant à leur qualification, mais selon l'étude, 22 000 médecins et 88 400 diplômés de l'université ont eu cette chance. A son niveau, Novaled reflète bien ce nouveau melting-pot allemand, puisque l'entreprise emploie des salariés venus de neuf pays. De plus, une fois en poste, ces spécialistes progressent. En 2000, 12 % des diplômés arrivés en 1989 avaient une fonction hiérarchique. Un pourcentage passé à 16 % en 2005 et à 21 % en 2009, malgré la crise.


    Il y a tout lieu de penser que cette dernière accélère la tendance. En 2011, près d'un million de personnes sont arrivées en Allemagne (958 000 exactement), et 679 000 en sont sorties. Soit un solde migratoire de 279 000 personnes, un record depuis 1996. Si celui-ci est notamment positif avec la Pologne (+ 66 000) et la Roumanie (+ 36 000), le nombre d'immigrants en provenance de Grèce a bondi de 90 % et le nombre d'Espagnols a augmenté de 52 %.


    L'Allemagne fait d'ailleurs tout pour attirer les étrangers, notamment qualifiés, comme le montre sa campagne lancée dans le monde entier : "Make it in Germany." Un simple coup d'oeil comparatif sur la "homepage" du site Internet de l'Office français de l'immigration et de l'intégration et de celui de son homologue allemand, le Bundesamt für Migration und Flüchtlinge, est révélateur. Alors que le site français est aussi chaleureux que le Journal officiel et n'existe qu'en deux versions (français et anglais), le site allemand (également disponible en anglais, russe et turc), barré d'un grand "Willkommen in Deutschland", donne l'impression que l'Allemagne est un melting-pot et que, au bout de quelques semaines, l'immigré venu du bout du monde se sentira chez lui au fin fond de la Bavière.


    Pourtant la réalité n'est pas aussi idyllique. Seul un tiers des 250 000 étudiants étrangers qui ont obtenu un diplôme en Allemagne restent dans ce pays à la fin de leurs études. "L'Allemagne passe pour insensible et intolérante", reconnaît un dirigeant de l'agence pour l'emploi. Comme si entre ce pays et les étrangers qui y résident se développait un rapport utilitariste bien plus qu'une relation affective.


    lemonde
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