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L’Algérie, le néolibéralisme et l’économie administrée

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  • L’Algérie, le néolibéralisme et l’économie administrée

    L’Algérie, le néolibéralisme et l’économie administrée

    Le FCE à Omar Aktouf : «Vous n’avez qu’à bien lire nos cinquante propositions»


    El Watan le 26.07.12


    Réda Hamiani, président du FCE.

    S’il est une ligne de conduite à laquelle le Forum des chefs d’entreprise s’est tenu mordicus depuis sa création, c’est celle d’avoir appelé sans relâche à la dynamique du débat d’idées autour de l’économie algérienne, de ses modes d’organisation, de ses performances et de son devenir. Nous avons toujours considéré comme un enrichissement la diversité des opinions et des points de vue, y compris quand nous n’en partagions pas la substance.


    Dans cet esprit, nous étions habitués au discours de M. Aktouf sur les dérives d’une certaine mondialisation, sur les errements d’une partie de la finance mondiale et sur la manière dont l’Algérie les subit. Ses critiques du système capitaliste mondial, par ailleurs largement répandues à travers la presse mondiale, sont bien connues des analystes et observateurs économiques dans notre pays. Aussi, quand bien même il nous est arrivé quelquefois de déplorer son manque de nuances, il n’entre pas dans notre propos de le suivre sur ce terrain-là. Mais il y a quelque chose de rageant à entendre dénier, par un intellectuel algérien officiant dans un grand pays développé, le droit pour une organisation de chefs d’entreprise de faire des propositions publiques pour une économie nationale plus performante, moins dépendante de ses richesses en matières premières et en mesure de créer de la valeur ajoutée et d’offrir des perspectives d’emplois durables à sa jeunesse.
    Oui, M. Aktouf, le chef d’entreprise algérien, comme n’importe quel citoyen - pas plus sans doute, mais pas moins non plus – est parfaitement en droit et en capacité de penser sa société et son bien être.
    Surtout, il est sidérant de lire sous sa plume que les «50 propositions du FCE pour une économie moins dépendante des hydrocarbures» ne sont rien d’autre qu’une suite de recettes néolibérales directement inspirées de Milton Friedman et de l’école de Chicago. Etablir un parallèle entre nos propositions et les politiques initiées aux Etats-Unis par Ronald Reagan ou Georges Bush est un non sens. Pour qui connaît un tant soit peu le fonctionnement de l’économie algérienne, ce serait même du plus haut comique, à tout le moins de la paresse intellectuelle.
    Disons le plus clairement et plus simplement. En quoi ce serait donc une forme quelconque de libéralisme sauvage que de proposer :
    - De permettre à des entrepreneurs algériens de pouvoir investir dans leur pays, d’y créer des emplois et de la valeur ajoutée, dans le cadre des lois établies, sans avoir à demander une autorisation préalable d’un quelconque bureaucrate ;
    - de permettre aux banques locales d’exercer plus sainement le métier qui est le leur, celui de pouvoir financer le développement de projets économiques viables, au lieu de s’entêter à en faire des guichets administratifs sans autonomie et sans capacité de décision ;
    - de dépoussiérer et de simplifier un environnement des affaires incohérent et tentaculaire qui bloque producteurs et investisseurs et qui empêche de mobiliser les immenses liquidités stockées dans les coffres des banques publiques au service du développement économique et social national ;
    - de consacrer l’essentiel des ressources publiques à développer le système éducatif national au lieu des renflouements à répétition d’entreprises publiques malades ;
    - de s’intéresser plus sérieusement au traitement du marché informel, plutôt que s’échiner à considérer les actes de gestion dans les entreprises publiques comme relevant des procédures pénales ;
    - de protéger les producteurs nationaux contre une forme sauvage de libéralisation commerciale qui a vu les importations multipliées quatre fois au cours des toutes dernières années ;
    - ou de mettre effectivement sur pied un Conseil national de la concurrence dont la création remonte à une législation datant de l’année 1995 ?
    On pourrait continuer à dérouler à loisir une à une nos cinquante propositions. Nous invitons M. Aktouf à les lire. Elles plaident toutes, de manière claire et cohérente, pour une économie de marché étroitement régulée. Elles pourraient, du reste, être critiquées ou considérées comme peu pertinentes. Mais, à moins d’un parti pris de malhonnêteté, il est difficile de les rattacher en quoi que ce soit à une forme quelconque de libéralisme effréné ou mal digéré.
    A nos yeux, les marchés internationaux, bons ou mauvais, sont une donnée intrinsèque que nous sommes simplement tenus de prendre en compte, dont nous pouvons saisir les opportunités et contre lesquels nous devons, le cas échéant, nous protéger. Ainsi, et même si l’on venait à endosser cette charge de M. Aktouf contre les excès du mondialisme néolibéral, il nous est difficile de comprendre en quoi le FCE y est responsable, en quoi il y est impliqué et en quoi ce procès le concerne en particulier. Tout cela est bien dérisoire.
    Mais, en fin de compte, si nous avons choisi tout de même de faire cette mise au point, c’est parce que c’est précisément ce type de discours antimondialiste que l’on nous tient depuis longtemps, qui fait le lit de la bureaucratie locale contre laquelle se bat notre association.
    C’est bien connu : notre bureaucratie, qui asphyxie les producteurs de richesses dans notre pays, se présente elle-même comme le dernier rempart qui nous protège des dérives de l’économie mondiale. On l’a d’ailleurs bien vu en 2008 : notre système bancaire, tout ossifié et défaillant qu’il était, n’a-t-il pas invoqué ses propres rigidités et son immobilisme comme autant de sages précautions qui nous avaient opportunément prémuni contre les méfaits de la crise financière internationale ? Un peu comme dans cette vieille histoire de «Djeha» qui, voyant sa gandoura tomber dans un ravin, se félicitait lui-même et fort à propos de n’y être pas dedans.
    Si M. Aktouf s’intéresse réellement à l’économie de son pays, il devrait, plutôt que de nous donner des leçons, faire d’abord l’effort de mieux le connaître et de mieux le comprendre. Ce dernier écrit qu’il vient de commettre, nous montre en tous cas qu’il est complètement déconnecté de ses réalités.
    Othmane BENZAGHOU

  • #2
    Mercredi 25 juillet 2012

    L'éternelle stratégie de l'autruche néolibérale ?


    Lassé de nager à contre-courant et de «labourer les mers», comme disait Bolivar, j’ai décidé, il y a quelque temps, que je ne me fatiguerai plus à prendre la plume au sujet de notre pays et de ses politiques.
    Mais des évènements, déclarations, écrits, articles récents, me poussent irrésistiblement à réagir, tant l’esprit et la lettre en semblent être dénis de réalités, pour ne pas dire pensée magique qui dure et perdure, tout en causant toujours plus de dégâts.
    Un certain Einstein avait l’habitude de dire qu’«il est impossible de résoudre un problème à partir des systèmes de pensées qui lui ont donné naissance». Ce genre d’idée ne semble pas effleurer l’esprit de «penseurs» qui, de Washington à Berlin, en passant par les inconditionnels des business-schools à la US, jusque Alger, croient pouvoir guérir les ravages du néolibéralisme par plus de néolibéralisme. Il en est ainsi des fameuses «50 propositions» de notre valeureux Forum des chefs d’entreprises (comme si être chef d’entreprise conférait automatiquement le droit et les capacités de penser la société et son bien-être !), de prises de positions de nombre de journalistes, économistes, anciens ministres de l’économie qui veulent «repenser sur l’économie algérienne», de collègues intellectuels, professeurs membres de «think-tanks» tout dévoués à l’entreprise-privée-remède-à-tout... et j’en passe.
    Alors que, en toute évidence éclatante, au moins depuis 2008, il est aveuglant que ce néolibéralisme et sa mondialisation, basés sur l’idolâtrie du privé, le dogme du marché «dit libre» et la détestation de l’Etat – entre autres – sont le cuisant (pour ne pas dire criminel) échec d’une doctrine économique frisant l’intégrisme académique, érigeant un certain fanatisme idéologique issu des Chicago boys en «science» prouvée et aboutie.
    Le monde néolibéral brûle de partout : les Néron de la mondialisation le contemplent et en rajoutent !
    Depuis le sauvetage (par cet Etat tant honni, rappelons-le) de la finance (non l’économie) mondiale, on peut dire que, enfin, le modèle néolibéral s’est révélé pour ce qu’il est : un système dont tous les bénéfices sont privatisés et les coûts socialisés. A-t-on vu des patrons, des milliardaires… un «marché» quelconque, venir au secours de la planète mise à sac par les gangsters-banquiers-boursicoteurs et autres hauts diplômés en traficotage-spéculation sortis des business-schools américaines ? Non ! Ce sont les Etats, avec de l’argent purement public ! Mais à peine renfloués et récompensés, les mêmes gangsters-traficoteurs en redemandent. Et économistes, intellectuels et politiciens leur donnent raison. Nul ne veut voir qu’il n’existe plus d’Amérique (ou même d’Europe) réellement «capitaliste» dite «de libre entreprise privée» : l’Etat US ayant racheté (donc étatisé, nationalisé) la «totalité du système financier» ; tout ce qui appartenait à ce système lui appartient !
    La moindre épicerie qui dispose d’une ligne de crédit bancaire n’a plus rien de «privé» sauf ses profits, bien entendu. Qui peut nier qu’aujourd’hui, les USA ne sont qu’une sorte de nouveau capitalisme d’Etat, digne des pires soviétismes à la Brejnev ? Où se trouve donc cette «entreprise privée» dont on nous rebat les oreilles ? Où étaient ses magiques vertus lors des successives crises de 1930 à 2008 ? Mais… l’Etat, lui, était toujours là ! La question qui se pose est : Etat pour et par qui ? Pas celle de l’Etat in abstracto. Qui s’agite de tout bord en Europe pour sauver les meubles qui restent sinon les Etats ? Mais tels des Néron, les dirigeants regardent leur Rome brûler, tout en psalmodiant les incantations néolibérales qui sont les sources mêmes de l’incendie. Qui peut nier que, autant du côté des USA que de l’Europe, on ne fait qu’aller de bulles en bulles ? Qu’on ne sait absolument plus quoi faire ? Ni que dire ? Rajoutant mesures néolibérales sur dégâts néolibéraux ! Pauvre Einstein, si tu savais !
    Pendant ce temps, en Algérie…
    Sait-on qu’un certain Adam Smith (père spirituel absolu, à son insu, des néolibéraux) a écrit ceci : «Laissez trois businessmen faire du business sans surveiller ce qu’ils font et vous avez trois brigands !» Cette phrase du «maître» devrait faire réfléchir à dix fois avant de parler du moindre bienfait du dit «sain libre marché autorégulé». Mais que ce soit dans les «50 propositions», dans les déclarations et écrits récents de certains professeurs et/ou ex-ministres de l’Economie, de maints journalistes «spécialisés»… il n’en est, en ce qui concerne l’Algérie, que de super-crédos, à mon avis, plus néolibéraux les uns que les autres. Il n’est sempiternellement question que de libérer le marché des entraves de l’Etat (à admettre qu’il y ait «Etat» en Algérie et non simple régime de maffieux profiteurs néocolonisés-cooptés, mais on fait «comme si»), de laisser le champ libre (sinon dérouler tapis rouge) à «l’investissement privé», de laisser jouer la saine concurrence, la miraculeuse «compétitivité» (comprendre baisse des salaires, pollution accélérée et enrichissement infini des riches – confondu avec bien être économique), de donner de l’oxygène à la «pauvre» entreprise privée, étranglée par de la bureaucratie étatiste, par de la corruption institutionnalisée, par des charges démentes, des syndicats boulimiques et staliniens… Certains vont même jusqu’à invoquer les «PPP» (partenariats public-privé) comme planche de salut, ou encore l’attraction de (philanthropiques) multinationales et autres «investissements directs étrangers».
    En un mot comme en mille, disent-ils, faisons de l’Algérie une USA bis avec tous les crédos venant de ce pays mythique : peuple de leaders et de super-self-made-men, modèle démocratique (l’argent fait ce qu’il veut comme il veut), modèle de pure efficacité économique et de démocratie méritocratique. Mais qui donc ose poser la question du pourquoi tout cela a conduit au chaos mondial de 2008, parti des USA, qui est loin d’en finir ? Qui ose mettre à l’ordre du jour la question de savoir si, une bonne fois, cette sacro-sainte entreprise privée n’a que des droits et des privilèges ? Ne sert-elle donc qu’à enrichir (quitte à tuer les facteurs mêmes qui le permettent : le travail et la nature) leurs patrons (je ne dis pas propriétaires car combien, et même des plus gigantesques, ne fonctionnent quasiment qu’avec de l’argent public ?).
    Mais… implorons et invitons les dieux patrons privés-héros, le modèle des USA et de Harvard, seules et uniques planches de salut. Nions que les «PPP» ont ruiné l’Angleterre et mis à genoux USA, Canada et Québec ; nions que le système du «tout privé», du libéralisme économique et de la mondialisation a ruiné la planète, nature comprise, à force de partout imposer (via les IFI en particulier) le modèle US. Plongeons dans le déni de réalité le plus total et cela sauvera l’Algérie !
    Othmane BENZAGHOU

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    • #3
      (suite)

      À propos de certains intellectuels et autres think tanks algériens
      Je ne m’attarderai pas davantage sur les thèses d’anciens ministres, du FCE, de certains journalistes «spécialisés»… mais j’aimerai singulièrement revenir sur les écrits et thèses récents de mon collègue de HEC Montréal, Taieb Hafsi. En tant que personnes, nous n’avons que respect et même amitié, l’un pour l’autre, mais en tant qu’intellectuels, il est plus que normal que nous ayons des divergences : de la confrontation des idées jaillira peut-être une forme de lumière pour notre pauvre pays, devenu, comme l’a dit son propre chef de gouvernement actuel, «un cabaret et une économie de bazar».
      Fidèle à ses références de prédilection, mon éminent collègue n’hésite pas à appeler de nouveau récemment (Liberté du 19 juin 2012) à la rescousse ses inspirations étasuniennes pour tenter de trouver solution à la terrible équation algérienne. Sous le titre «L’étatisme économique est l’ennemi de la prospérité», son texte débute par des «histoires d’horreur» anti-libre entreprise à l’algérienne et continue par des critiques de l’étatisme, de la bureaucratie-étatisme-corruption endémique… pour finir sur un éloge du libertarisme à la US, clairement affirmé par le concept «US pur jus» dit de «l’incrémentalisme disjoint», issu d’une fumeuse théorie de bons vieux «classiques» des théories des organisations à l’américaine : Braybrooke R & C Lindblom (1963).
      Débutons par son «histoire d’horreur» qui démarre la démonstration de l’inanité de l’Etat «qui se mêle d’économie» en Algérie : il s’agirait d’un «jeune» futur dynamique entrepreneur qui «comptait investir une bonne partie des ressources qu’il avait accumulées depuis deux décennies (…) dans un projet qui comprenait entre autres deux hôtels cinq étoiles, appartements de standing, centre commercial, cinéma, piscine, etc. Tout cela au bord de la mer, non loin de Annaba». Et Hafsi ajoute que ce n’est là qu’«une histoire parmi bien d’autres»…
      Mais pour ce qui me concerne, une des histoires d’horreur (compte tenu du contexte) que j’aimerais qu’on me conte, c’est comment ce jeune futur dynamique… a-t-il fait pour «accumuler» de telles ressources !? En deux décennies !? Rétro-commissions ? Surexploitation de ses compatriotes ? Détournements ? Trabendo ?... Économies sur son salaire !? Ou alors, ce sont là des questions à ne pas poser ?
      Combien d’autres histoires d’horreur de ce genre mon collègue recense-t-il en notre pays puisque, apparemment, ce serait loin d’être la seule ? Pourrait-il organiser une recherche ou un think tank financés par le FCE et «autres», sur ce sujet ? Ce serait tout à fait fascinant. Passons sur «l’étatisme» et les clichés, aussi expéditifs que surannés associant «étatisme» et «soviétisme»… comme si 70 ans d’Union soviétique pouvaient s’analyser en trois coups de cuillère à pot et comme si en Allemagne il n’y avait aucun étatisme, ni en Suède, ni en Norvège… Pourtant, parmi les meilleurs pays au monde sur tous les plans (mais eux ont de «vrais» Etats, pas des cliques de maffieux profiteurs cooptés-néocolonisés comme dans nos pays ou un pseudo-Etat tenu entre les crocs de lobbies – véritable hypercorruption légale – comme aux USA)…
      Allons plus directement à l’essentiel de la quintessence du propos : le fameux incrémentalisme disjoint. Ce concept implique qu’une des hypothèses smithiennes soit réalité : l’égalité absolue d’une infinité de parties prenantes dans le jeu politico-économique. Or on sait que rien n’est plus faux (J. Stiglitz, dont fait mention mon collègue, a obtenu son Nobel sur un aspect de cette question : l’information asymétrique). Un certain James O’Connor (The Fiscal Crisis of the State, Massachusetts, MIT Press, 1973) tout aussi étasunien que les autres (et ce sans parler de superclassiques comme J. K. Galbraith, Baran & Sweezy, Thorstein Veblen…) a littéralement tordu le cou à cette notion de l’incrémentalisme disjoint tout simplement en démontrant que pour que ce ce genre de choses fonctionne, il faut un véritable pluralisme démocratique qui n’existe pas aux USA !
      Pluralisme démocratique voulant que tout un chacun, théoriquement, soit capable de défendre ses intérêts à égalité devant l’Etat : depuis les défenseurs des grenouilles vertes du Maryland jusqu’aux lobbies des assurances ou des pétrolières ! Or qui ignore la différence de «poids» devant le Congrès ou devant la Maison-Blanche, de voix venant de groupes écologistes, de défenseurs de sans-abri, de Noirs, de jeunes, de chômeurs… en comparaison à GM, ITT, ATT, Monsanto, Goldman Sachs… Wall Street !? Qui est dupe de cette farce étasunienne de pluralisme démocratique de façade, indispensable à toute élémentaire idée d’incrémentalisme disjoint ? Les Algériens ? Allons !
      De quelques pistes malgré tout
      Pour qu’on ne m’accuse pas (encore) de «passer mon temps à critiquer sans rien proposer» et pour la énième fois, je répète :
      - Au niveau mondial : comme l’a dit Chirac Lui-même, obliger les multinationales à payer des salaires de «dignité citoyenne» et «taxer leurs mirifiques profits».
      - Au niveau macro : comme en Allemagne, Japon, Suède… où il y a des «Etats» dignes de ce nom : inscrire les politiques économiques et de gestion (cogestion par exemple) dans les constitutions et cesser de faire du capital et du patronat les rois et maîtres de tout.
      - Au niveau méso : limiter les profits, dividendes… revenus des patrons à un seuil infranchissable qui est celui de s’enrichir sur le chômage, la pauvreté, la pollution, la mal éducation ou la mal santé… des masses (l’intérêt même des patrons est d’avoir des citoyens-employés les plus cultivés-sains possibles et une nature la moins dégradée qu’il se peut).
      - Au niveau micro enfin : une entreprise (dont je ne nie nullement la cardinale utilité aux côtés d’un Etat qui joue son rôle d’Etat) qui n’est pas que machine à profits maximaux pour ses seuls «patrons» mais institution responsable, collégiale, qui comprend que le bien-être économique passe avant tout par l’ampleur du salariat, avec le souci du bien commun aux côtés de syndicats admis comme contrepoids démocratiques-gestionnaires naturels… comme en Allemagne.

      Omar Aktouf, Ph. D. : professeur titulaire HEC Montréal
      Othmane BENZAGHOU

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      • #4
        « C’est la mode en Algérie de dénigrer la période étatique »

        Par N. Boukharouba

        Enfin ! un autre son de cloche qui s’élève dans la cacophonie des lobotomisés au service d’Ali Baba et de ses quarante voleurs, qui s’escriment chaque jour à détruire tout ce qui pourrait aider l’Etat à se relever et à se tenir debout sans aide extérieure ou intérieure intéressée.

        C’est à croire que le dénigrement du secteur public est la seule préoccupation de ces messieurs, ces laudateurs des nouveaux monopoles maffieux de la génération spontanée qui a surgi récemment dans notre pays, qui contrôle tout les leviers et centres de décisions. Le temps et la situation actuelle de l’Algérie prouvent, sans discussion aucune, que sans le passage par la période «étatique», et si l’Algérie eut été livrée aux bonnes grâces du «privé» ultralibéral à l’indépendance du pays, comme le préconisaient certains à l’époque, il n’y aurait eu aucun progrès social ou économique en Algérie. L’Etat est absolument indispensable, surtout pour une population aussi démunie et mal préparée comme la nôtre. C’est la mode en Algérie de dénigrer cette période étatique, et vous allez causer beaucoup de grincements de dents chez ces adulateurs de l’Amérique et de son free-enterprise. J’ai vécu pendant de très longues années au Etats-Unis où j’ai pu constater certaines conséquences de ce système ultralibéral tant vanté qu’on veut introduire chez nous.

        La misère humaine que j’ai pu observer dans l’Appallachia (Ohio du Sud, Kentucky, Tennesse, West Virginia), par exemple, n’a aucun équivalent en Algérie ! Que dirait-on alors des quartiers-jungles, les no man’s land comme ceux d’East L. A., des Chula Vista à San Diego, et des nombreux ghettos des grandes villes américaines que j’ai pu visiter, comme à Detroit, Chicago, Cleveland et New York. Ce sont des visions d’horreurs qui m’ont à jamais marqué. Dieu merci, on n’a pas encore ce genre d’aberrations en Algérie, mais on s’y achemine de bon pied. Que Dieu nous en préserve In challah. Ce qu’on ne dira jamais ouvertement, c’est que même en Amérique, «Nobody likes the rich, but the rich !»

        On aura beau camoufler et enjoliver les choses, le conflit entre haves et have-nots est permanent, et il est toujours d’actualité. On aura beau essayer de nous embobiner en enrobant les prêches dans des termes repoussoir ou manichéens tels que «capitalisme Vs. socialisme», ou bien, dans d’autres propos aussi nébuleux que «mondialisation» et «liberté du marché autorégulateur», le citoyen terrien moyen, ici ou ailleurs, s’est réveillé à ses droits et ne veut plus trimer pour enrichir une oligarchie de riches et de jouisseurs. Sa devise reste toujours aussi vivante et retrouve ses vieux accents de légende : à chacun selon son labeur et selon sa contribution à la richesse commune. Je me rappelle bien de ce que furent les membres de cette génération spontanée de nouveaux riches, bien avant qu’elle ne se métamorphose en caste de «self-made-men».

        Par exemple, cet homme très médiatisé qui, aujourd’hui, possède des monopoles nationaux très lucratifs ; je me rappelle qu’il était comptable chez le père d’une de mes connaissances qui possédait à l’époque une usine du côté de Oued Smar ! Aujourd’hui, il est à la tête d’un méga-groupe économique très connu. Par quel miracle un simple petit comptable se retrouve-t-il à la tête d’un tel empire économique en l’espace d’une vingtaine d’années ? Grâce aux crédits de l’Etat généreusement alloués dans les années 1980 tout simplement ! Ces crédits ne furent, bien sûr, jamais remboursés. Ce sont ces mêmes serpents qui crient le plus contre cet Etat qu’ils vont finir par bouffer.
        Les Joe Kennedy abondent en Algérie : ces bootleggers ayant réussi dans le trafic des choses illicites sont en passe d’installer leur progéniture à la Présidence de l’Algérie. Que c’est triste de voir tout ce blanchiment d’argent sale accumulé par papa. Mais, vous feriez acte de salubrité publique en intervenant plus fréquemment pour contredire nos grands entrepreneurs «self-made men» algériens, tous ces petits émules de Joe Kennedy qui n’arrêtent pas de nous chanter les vertus de la libre entreprise.


        N. Boukharouba, professeur à l’université de Guelma, 26 juillet 2012. El Watan
        Othmane BENZAGHOU

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        • #5
          Abdelatif Benachenhou au Forum des chefs d’entreprises

          «La plus grave crise de l’investissement productif depuis 1962»


          El Watan le 23.06.12
          «Régler les problèmes d’investissement avec du nationalisme primaire n’est pas une bonne méthode», estime l’ancien ministre des Finances, Abdelatif Benachenhou l Selon lui, la politique de change pratiquée par la Banque d’Algérie doit au moins faire l’objet d’un large débat.


          Cinquante ans après l’indépendance, la nation doit se poser la question sur ses choix de politique économique et sociale, réévaluer sa stratégie gazière et pétrolière, soumettre à débat son régime de change et reconsidérer sa politique du logement. C’est en ces termes que le professeur Abdelatif Benachenhou, ancien ministre des Finances, a tenté de mettre en évidence la nécessité, pour l’Algérie, de repenser sa politique de développement au moment, dit-il, où le pays «connaît la plus grave crise de l’investissement productif depuis l’indépendance». Invité, hier à Alger, pour débattre de l’initiative du Forum des chefs d’entreprises (FCE), «Cinquante propositions pour un nouveau pacte de croissance», M. Benachenhou a d’emblée souligné que «la libéralisation de l’économie est devenue aujourd’hui presque indispensable».
          Il est vrai, introduit-il, que «nous sommes dans un contexte où l’Algérie attend la formation d’un nouveau gouvernement et que notre environnement régional et nos partenaires de l’Europe latine sont en mauvais état et pour une longue période» mais, insiste-t-il, il y a effectivement urgence, comme le propose le FCE, d’œuvrer à instaurer un nouveau régime de croissance moins dépendant des hydrocarbures.
          La croissance économique actuelle de l’Algérie, lance-t-il, est à quelque 50% le fait du secteur des hydrocarbures ; l’investissement de l’Etat et celui du secteur de l’énergie représentent une part de 85% de l’investissement global, tandis que le reste émane surtout du petit secteur marchand et seulement 1% de l’industrie et des services modernes. «Nous avons un taux d’investissement à la chinoise, mais une croissance trois fois moindre que la Chine», ironise l’ancien ministre.
          Règle des 51/49% : «trop générale pour être efficace»
          Développant un discours foncièrement orienté vers une logique de libéralisation franche, Abdelatif Benachenhou estime qu’aujourd’hui, le secteur public est confiné dans une politique de «ni restructuration ni privatisation». Or, déplore-t-il, «la politique du ni, ni» est tout simplement «une non-politique». Dans ce même ordre d’idées, l’ancien argentier du pays n’a pas hésité à critiquer la fameuse règle des 51/49% imposée à tout partenaire étranger, la qualifiant ouvertement de «mesure trop générale pour être efficace». «Régler les problèmes d’investissement avec du nationalisme primaire n’est pas une bonne méthode», a-t-il soutenu.
          Aussi, selon lui, la règle des 51/49% doit être modulée au cas par cas, car on ne peut raisonnablement pas proposer un tel partenariat à une firme internationale qui offrirait, par exemple, un équipement de haute technologie qu’elle a réussi à développer en investissant tant de fonds et de temps.
          Sur sa lancée, il réitère une nouvelle fois la nécessité pour l’Algérie de procéder à une réévaluation de sa politique gazière et, par conséquent, celle pétrolière, dès lors, a-t-il dit, que le marché international a complètement changé. S’agissant, en revanche, de la proposition du FCE portant sur le développement des énergies renouvelables, l’orateur l’a tout simplement jugée impertinente en lançant à l’adresse de l’assistance : «Si vous voulez ruiner définitivement Sonelgaz, dites qu’on va faire de l’énergie renouvelable.»
          «Il faut une industrie bancaire à trois pieds»
          Les structures financières algériennes sont réputées encore sous-développées et l’industrie bancaire demeure non concurrentielle, reconnaît l’ancien ministre des Finance. Faisant allusion au cas d’El Khalifa Bank, il réaffirme que «ce n’est pas parce qu’il y a eu un accident qu’il faut fermer l’autoroute».Aussi, préconise-t-il, «il faut aller vers une industrie bancaire à trois pieds, soit des banques privées algériennes, des banques étrangères et des banques publiques intégrant la commercialité».
          Au sujet de la politique de change, le conférencier affiche clairement sa réticence quant à la ligne observée en la matière par la Banque d’Algérie, à savoir le maintien de la stabilité du taux de change effectif réel sur la base d’un modèle de calcul du FMI. Sans aller jusqu’à proposer une autre idée de politique de change, il se contente de soutenir que «nous avons au moins l’obligation de faire un débat là-dessus».
          Dans le même contexte, il explique, à propos de la proposition du FCE d’aller vers une certaine amnistie fiscale pour canaliser l’informel, que l’enjeu est de savoir comment on doit procéder, en s’interrogeant surtout si une telle démarche pourrait tarir les sources d’enrichissement illicite.
          Logement : «On marche la tête en bas»
          «Je ne connais pas d’autres pays que l’Algérie où la protection sociale est aussi importante et où la grogne est aussi forte», commente Abdelatif Benachenhou. Les transferts, indique-t-il, représentent quelque 21% du PIB, dont 3,8% au logement, 1,5% aux hôpitaux, 1,3% aux moudjahidine, 3% en aides aux familles et 1,2% en aide aux démunis. «Nous avons un problème de microfinance car la consommation est excessive, mais cela ne se voit pas parce qu’elle est subventionnée», affirme-t-il.
          En matière de politique de financement du logement, estime l’ancien conseiller du président Bouteflika, «on marche carrément la tête en bas». Et d’ajouter qu’il y a urgence de réévaluer cette politique, car on ne peut continuer sur cette voie sans savoir à quelles catégories profitent exactement ces programme de logement.
          Il y a une importante catégorie d’Algériens, explique M. Benachenhou, qui ne sont ni assez riches ni assez pauvres pour accéder à un logement. L’Etat doit aussi prendre en considération la situation de ces orphelins du logement, de même qu’il y a nécessité aujourd’hui de consentir un effort supplémentaire en faveur de l’éducation de base, conclut l’invité du Forum des chefs d’entreprises. 


          Akli Rezouali
          Othmane BENZAGHOU

          Commentaire


          • #6
            Selon l’ancien ministre des Finances, Abdellatif Benachenhou :

            «Nécessité d’une réflexion sur une nouvelle économie en Algérie»

            Jeune Indépendant

            Les perspectives économiques moroses dans la région, notamment la crise en zone euro, devraient inciter les acteurs économiques à engager une réflexion sur la mise en place d’une nouvelle économie en Algérie, a affirmé, jeudi à Alger, l’ancien ministre des Finances, Abdellatif Benachenhou. «Il est opportun de parler d’un nouveau régime de croissance, eu égard à la situation régionale difficile, notamment au mauvais état de l’environnement économique de l’Algérie», a estimé M. Benachenhou, lors d’une conférence-débat organisée par le Forum des chefs d’entreprises, (FCE), consacrée aux 50 propositions du forum pour un nouveau pacte de croissance économique.
            L’ancien ministre a exprimé, à l’occasion, son adhésion à certaines propositions du FCE pour amorcer une nouvelle dynamique de croissance moins dépendante des hydrocarbures, réfutant, toutefois, certaines d’entres elles.
            M. Benachenhou, professeur agrégé de sciences économiques, s’est dit, ainsi, solidaire du forum concernant la proposition de rétablir la liberté totale de l’acte d’investir, estimant que «la liberté d’investir va être porteuse d’une croissance importante».
            Selon l’ancien argentier, la libéralisation de l’économie est devenue «plus qu’indispensable» pour deux raisons:» l’Algérie est un pays qui connaît une grave crise d’investissement productif, environ 85 % de l’investissement global qui sont assurés par l’Etat», a-t-il ajouté. Il a affirmé, également, son adhésion à la proposition de l’organisation patronale sur la modernisation du régime de change, relevant la nécessité d’engager un débat sur la politique du taux de change adoptée par la Banque centrale actuellement. L’économiste s’est dit également en faveur de la modernisation et du renforcement du dialogue social, plaidant pour le développement du rôle du CNES dans le dialogue économique et la concertation sociale. Cependant, il s’est prononcé contre la proposition liée à la création d’une banque d’investissement spécialisée dans le développement de la PME privée, «tant que, a-t-il dit, le mode d’organisation de l’industrie bancaire n’a pas évolué». Il a plaidé, à ce titre, pour «la mise en place d’une industrie bancaire à travers la création de nouvelles banques algériennes ou étrangères, pour le financement de l’économie».
            M. Benachenhou, s’est dit, par ailleurs, «préoccupé» par la proposition du FCE ayant trait à l’amnistie fiscale, en taxant à hauteur de 10 % les montants déclarés au fisc, puis déposés dans les banques. Il a préconisé, dans ce sens, la nécessité d’identifier d’abord les sources d’enrichissement du secteur informel, conditionnant, par ailleurs, la réussite du programme national de développement des énergies renouvelables, tel que préconisé par le FCE, par l’identification au préalable du marché et des prix de vente.
            Il a appelé, à ce propos, les décideurs à développer ce programme avec les Chinois, car ces derniers, a-t-il soutenu, «maîtrisent parfaitement l’industrie électro-solaire».
            Sur le plan énergétique, l’ancien ministre a appelé à la révision de la politique gazière du pays, parallèlement à la politique pétrolière. «Dans le secteur des hydrocarbures, nous nous apprêtons à connaître des années de récession concernant la production», a-t-il estimé.
            Enfin, l’orateur a mis l’accent sur la nécessité d’effectuer des évaluations périodiques pour toute politique de développement et revoir les méthodes d’approche, soulignant l’importance de bien gérer l’inflation en période de transition
            Othmane BENZAGHOU

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            • #7
              Et selon Ott?

              Omar Aktouf est très apprécié à Montréal comme prof, énormément d'étudiants dont ma fille pensent de lui comme d'un Einstein de l'économie.
              mais ces idées, perso, me semblent rétrogrades. Trop d'état, trop de dirigisme, contrôle et bureaucratie.

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              • #8
                @Salut Bachi

                Je ne connais pas suffisamment les thèses de M. Aktouf pour avoir une opinion étayée. Cependant, les quelques bribes de réactions me laissent penser qu'il se veut le pourfendeur de la théorie néo libérale, moins il y a d'état, mieux l'économie se porte. Sur cet aspect, je peux rejoindre M. Aktouf quant au rôle de l'état, de redistributeur, de reéquilibreur, d'investisseur long terme, de garant du bien être collectif et d'une justice sociale... Concernant l'exemple algérien, je trouve l'état bien trop présent, sur tout les fronts, et il me semble nécessaire d'abord d'aménager un espace sain au privé, et ensuite, faire de l'état le garant justement des équilibres, ce qui est loin d'être le cas aujourd'hui. L'état est carrément une entrave à l’économie... devoir passer par une commission présidée par le PM pou investir est le comble de la bureaucratie...

                Pour un prof de management, il doit bien savoir que les entreprises publiques souffrent de véritables problèmes de performance, que les monopoles sont jamais bons. Or il semble faire l'impasses de ces éléments dans sa réflexion.
                Dernière modification par ott, 28 juillet 2012, 17h59.
                Othmane BENZAGHOU

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