Les céréales, une arme de destruction massive

[Neutrino]

Il fait chaud. Il fera encore chaud les prochains jours. C'est l'été. Un peu rude tout de même avec ses 40° à l'ombre. Les climatiseurs tournent à plein régime. Le réseau électrique craque de partout. Malgré tout, l'essentiel est ailleurs. C'est que la Russie et les Etats-Unis subissent une sécheresse telle que leurs récoltes en céréales baissent de manière inquiétante. Quand on sait que ces deux puissances sont les premières exportatrices de céréales au monde, il est facile d'imaginer la catastrophe. En Russie où la récolte de céréales a été en 2011 de 94 millions de tonnes, cette année les estimations font état de 75 millions de tonnes. Soit 19 millions de tonnes en moins. Pour les Etats-Unis on sait que la sécheresse a touché près de 65% du territoire et que ce sont les productions de maïs et de soja qui sont les plus touchées. Pas de chiffres pour quantifier la récolte. Les informations publiées font plutôt dans l'alarmisme que dans l'information. Il est question de «retour des émeutes de la faim» en Afrique. On parle de système alimentaire mondial fragilisé. On prévoit, bien sûr, un impact direct sur le panier de la ménagère dès l'automne. Une flambée des prix qui a d'ailleurs déjà commencé. Beaucoup d'observateurs évoquent le même scénario qu'en 2008. Pour convaincre ils y ajoutent la sécheresse au Brésil et en Australie, autres pays grands exportateurs de céréales. Tout ceci semble pourtant procéder d'une orchestration diabolique. Dans le même temps où la baisse de récoltes est annoncée à grandes manchettes, la production des agrocarburants est renforcée. Des informations contradictoires circulent d'un média à l'autre. La semaine dernière on disait François Hollande, le président français, inquiet de la flambée des prix des céréales. Il aurait même demandé une réunion d'urgence au G20. Hier, on apprenait que la récolte française de blé était «attendue en forte hausse» cette année. Il est question de 35 millions de tonnes au lieu de 33 millions de tonnes l'an passé. Pas facile de voir clair dans une jungle où les informations se multiplient et se contredisent. Ce qui arrange les affaires des spéculateurs évidemment. De même que la portée politique d'une telle surenchère sur la tension des céréales n'est plus à prouver. C'est pourquoi, il nous faut poser la question des retombées possibles de ces «manoeuvres de la faim» sur notre pays et nos capacités à y faire face. C'est dans des moments pareils qu'on peut juger d'une politique. Depuis que Rachid Benaïssa est à la tête du secteur de l'agriculture, il faut reconnaître qu'il a réussi à «réveiller» ce qu'on croyait «mort». Il a remis les agriculteurs au travail. Il leur a redonné goût et ardeur à labourer, semer, récolter. A se remettre en force, à croire à la noblesse du travail de la terre. Résultats: nous n'importerons pas cette année de blé dur ni d'orge. «Nous ne serons pas présents sur le marché international du blé dur et de l'orge jusqu'à la fin de 2012», a déclaré le DG de l'Oaic, Nourredine Kehal. Les prévisions de récolte de céréales dans notre pays, cette année, sont de l'ordre de 58 millions de quintaux. Pas loin de l'année record de 2009 avec 60 millions de quintaux. Et avec un rendement à l'hectare qui peut être encore augmenté. Reste le blé tendre qu'on importe principalement de France. Reste aussi les répercussions des hausses de prix des céréales sur les aliments du bétail. On pense au prix du lait. A celui des viandes rouges. Après avoir fait le tour des informations, qui se contredisent, autour des sécheresses dans le monde, les baisses de production de blé et la hausse des prix, on finit par avoir la nette impression qu'un grave «coup tordu» se prépare et cible des régions comme l'Afrique. Le Sahel en particulier. Avec l'espoir de nous tromper!

source: l'expression