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Historique du concept de "développement"

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    Historique du concept de "développement"

    Qu’appelle t-on le « développement » ?
    Comment le définir ?
    Quelles sont les pratiques qui le caractérisent ?
    Quelle est son histoire ?
    Quel constat peut on avancer de cinquante années de « développement » ?
    Les pauvres sont-ils de plus en plus pauvres et les riches de plus en plus riches ?
    Ne convient-t-il pas de remettre en cause ce concept et les pratiques qui le caractérisent à la vue de cinquante ans de « développement » ?
    Des alternatives sont elles proposées ?
    Qu’est ce que la pauvreté ?
    La lutte contre la pauvreté peut elle légitimer le discours dominant sur le « développement » ?
    Une analyse sur les causes de la précarité ne doit elle pas entraîner une analyse sur les causes de la richesse ?
    Pauvreté et richesse ne sont elles pas les deux faces d’une même pièces ?

    Voici une série de questions auxquelles le exte qui suit prétend apporter une réponse. La critique (certainement critiquable) que nous proposons sur le « développement » a pour objectif de débusquer et de comprendre les incohérences entre le discours comme celui de la Banque Mondiale illustré par son slogan… "Notre reve : un monde sans pauvreté" …et ses pratiques.

    A. Au fait, le « développement » ça veut dire quoi ?

    Comment s’y retrouver parmi les multiples débats, les multiples actions entreprises au nom du « développement » ? Comment définir un concept aussi vaste ?

    Une prise de recul n’est pas aisée tant ce concept fait partie des idées dominantes de notre temps. Cependant, à travers une approche historique, nous allons tenter de cerner le contenu et l’influence du discours sur le « développement » qui a envahit le monde depuis la fin de la seconde guerre mondiale.

    La force de ce discours tient à la séduction qu’il exerce. En effet, comment ne pas succomber à l’idée qu’il existerait une manière aussi simple d’éliminer la pauvreté ? Qui oserait penser, simultanément, que le remède pourrait aggraver le mal que l’on veut combattre ?

    Depuis 50 ans les promesses sont inlassablement répétées et
    les expériences constamment reproduites. Comment expliquer que chaque échec soit l’occasion d’un nouveau sursis et non d’une remise en cause profonde du développement ?

    En partant du postulat ci-dessus, nous allons tenter dans cette partie de déconstruire le mythe du développement et pour cela de mesurer l’écart entre le discours et les pratiques.

    L’histoire a permis de distinguer clairement le communisme idéologique et le « socialisme réel », pourquoi ne pas faire de même en montrant l’écart qui sépare l’espérance d’un bonheur généralisé que prône le « développement » et la réalité des pratiques qui se caractérisent par un accroissement des inégalités et l’omni-marchandisation du monde ?

    1) Comment définir le « développement » ?

    Des tonnes de définitions sont proposées, cependant elles mélangent bien souvent le souhait et la réalité des faits. Or, une bonne définition doit être celle qu’un martien, sans connaissance aucune sur notre société, est à même de comprendre.
    Un exemple nous est donné avec le Rapport mondial sur le développement humain de 1991 dont voici la définition :

    « Le principal objectif du développement humain est d’élargir la gamme des choix offerts à la population, qui permettent de rendre le développement plus démocratique et plus participatif. Ces choix doivent comprendre des possibilités d’accéder au revenu et à l’emploi, à l’éducation et aux soins de santé, et à un environnement propre ne présentant pas de danger. L’individu doit également avoir la possibilité de participer pleinement aux décisions de la communauté et jouir des libertés humaines, économiques et politiques. »[1]
    Est-ce cela aujourd’hui le « développement » ou est-ce le souhait du PNUD ?

    La définition de Gilbert Rist, professeur à l’Institut Universitaire d’Etudes du Développement (IUED) à Genève, a le mérite de distinguer les sociétés d’aujourd’hui, caractérisées par l’idéologie du développement, et celles qui l’ont précédées :

    « Le développement est constitué d’un ensemble de pratiques parfois contradictoires en apparence, qui pour assurer la reproduction sociale obligent à transformer et à détruire, de façon généralisée, le milieu naturel et les rapports sociaux en vue d’une production croissante de marchandises (biens et de services) destinées, à travers l’échange, à la demande solvable. »[2]
    2) Quelques explications :

    Les pratiques des différents acteurs sur la scène internationale peuvent apparaître comme contradictoires si l’on considère qu’une entreprise a pour objectif le profit alors qu’une ONG va privilégier par exemple le respect des droits fondamentaux.
    Pourtant (presque) tous s’accordent sur le fait que l’objectif recherché doit être l’augmentation de la production qui doit permettre l’accès de tous à la consommation, elle-même devenue synonyme d’un plus grand confort de vie. Cette logique à cela de dérangent qu’elle sous-tend que « plus » équivaut à « mieux ».

    Il est ainsi encré dans notre inconscient collectif que l’augmentation de la production est synonyme de richesse, mais est ce vrai ?
    En effet, comment ne pas admettre que dans certains cas, l’augmentation de la production de marchandises entraîne une destruction d’une part des rapports sociaux et d’autre part des équilibres environnementaux ?

    Cette remise en cause de la richesse produite renvoie au peu de considération qui est faite des « coûts externes », autrement connus sous le nom « d’externalités » (coûts environnementaux, sociaux…) dans le comptabilisation du Produit Intérieur Brut (PIB).

    L’exemple du naufrage de l’Erika montre que la destruction du milieu naturel peut engendrer une production et donc de la « croissance », puisque cette catastrophe s’inscrit en positif dans le PIB d’un pays du fait des actions de dépollution entreprises.

    Voici à ce sujet un extrait d’une interview de Patrick Viveret, conseiller référendaire à la Cour des Comptes, auteur du rapport : « Les nouveaux facteurs de richesses » remis au Secrétaire d’Etat à l’Economie Solidaire, Monsieur Guy Hascouët,
    Question : « : Par exemple le naufrage de l’Erika va être comptabilisé de façon positive et les accidents de voiture aussi ? »
    Réponse de Patrick Viveret :« Tout a fait. Et a contrario, les bénévoles qui vont dépolluer les plages, eux, ne sont pas comptabilisés puisqu’ils n’ont pas généré de flux monétaires. Donc on voit bien qu’il y a quand même une représentation de la croissance qui pose problème, et plus les questions qui nous sont posées sont d’un côté les questions sociales et humaines et d’autre part les questions écologiques, moins le taux de croissance nous renseigne sur ce qui est vraiment important pour nos sociétés. Dans le PIB, seule la partie de la richesse qui s’exprime à travers de la monnaie est comptabilisée. Quantités d’autres richesses, richesses sociales par exemple, ne sont pas comptabilisées parce qu’elles ne s’expriment pas par la monnaie. Dans l’exemple de l’Erika, les bénévoles qui vont dépolluer les plages remplissent une fonction positive tout à fait considérable. Non seulement elle n’est pas comptabilisée, mais on peut même dire qu’ils contribuent à faire baisser le taux de croissance, parce que s’il n’y avait pas eu de bénévoles, il aurait quand même bien fallu les dépolluer, donc on aurait envoyé des gens rémunérés. Eux seraient apparus dans le PIB. Par conséquent, les bénévoles, non seulement sont invisibles, mais on peut même dire qu’ils contribuent à faire baisser le PIB. Vous voyez bien que là on marche sur la tête. »[3]
    Notre représentation de la richesse nous amène à des réactions tout à fait absurdes. Ainsi, un trader à la bourse de New York est amené à affirmer sa joie quand il apprend la catastrophe du 11 Septembre car l’événement va provoquer une hausse du prix de l’or. Ce même trader dit son espoir de voir la guerre en Irak s’enliser afin d’entraîner une hausse du prix du pétrole. Il conclut son intervention par une phrase qui montre que nous marchons sur la tête : « Dans la dévastation, il y a des opportunités. »[4]

    De la même manière on peut constater que le fait de tomber malade, voir même de mourir, est une « richesse » pour le pays, puisque cela entraîne une augmentation du PIB par le biais des dépenses maladies, des dépenses mortuaires…

    A travers ces quelques exemples nous souhaitons montrer que le « développement » dont le moyen reconnue par tous est la croissance rime beaucoup trop souvent avec « production croissante de biens et de marchandises », adoptant ainsi un angle de vue étroitement économique
    Dernière modification par Gandhi, 06 août 2012, 15h57.
    Rebbi yerrahmek ya djamel.
    "Tu es, donc je suis"
    Satish Kumar; "Tout est lié, c'est le don qui est le lien naturel entre tout".

  • #2
    d’une part et d’autre part qui est fortement lié à une appréciation occidentale des choses comme la maîtrise de la nature par exemple.

    Pour faire face à cette critique d’un « développement » centré sur l’économie les institutions internationales ont mis en place des nouveaux indicateurs tels que l’Indice de Développement Humain (IDH). Cependant, même avec ce nouvel indice le « piège » reste le même à savoir que la croissance est considéré comme le noyau dur du « développement ».

    Mais comment ne pas convenir comme Patrick Viveret que :

    « L’économie est seconde par rapport à ces deux richesses premières que sont d’un côté les richesses écologiques et d’autre part les richesses humaines. »[5]

    3) Les préceptes que sous tendent la notion de « développement »


    Afin de comprendre en quoi Gilbert Rist touche juste, il convient de déconstruire le contenu idéologique du « développement ». C'est-à-dire, d’essayer de comprendre quels principes communément admis sous-tendent le concept de « développement » ?
    La liste qui suit n’est absolument pas exhaustive mais présente quelques préceptes inconsciemment accepté par tous, ceux la même qu’il convient de questionner pour une remise en cause profonde du « développement » :

    - Le développement est un processus naturel
    Si tous les pays du monde croient dans le « développement » malgré les échecs chroniques que souligne, entre autre, l’exclusion croissante des plus démunis dans nos propres pays, c’est que tous s’accordent pour considérer qu’il s’agit d’un processus naturel, au même titre que la naissance et le bourgeonnement d’une plante. Ce processus comprendrait un ensemble d’étapes à franchir (une révolution agricole puis une révolution industrielle) et de conditions à remplir (bonne gouvernance, respect des droits de l’Homme…).

    L’influence des « étapes de la croissance » de Rostow[6], étudiée plus loin, demeure très présent dans notre inconscient collectif.

    Pourtant, comment imaginer que l’extension du mode de vie occidentale est envisageable à l’échelle du monde quand l’on sait que 20% de la population de la planète s’abroge 80% des ressources ?

    Nous allons démontrer plus loin que l’état de « développement » des nations occidentales a des causes historiques et qu’il n’est pas transposable.

    Au moyen de cette métaphore biologique (le développement d’une plante), on rapporte donc un phénomène social complexe à un phénomène naturel, en faisant comme si ce qui est vrai pour l’un est nécessairement vrai pour l’autre. Loin de l’éclaircir, la métaphore obscurcit le concept.

    - le « développement » se mesure par la croissance.
    On pourrait penser que le « développement » réside dans une considération bien plus large que la simple croissance. Cependant, la foi en la croissance est tellement forte qu’il n’est pas possible d’envisager un « développement » autre qu’à travers des indicateurs économiques. Les deux exemples qui suivent l’illustrent parfaitement :

    Le gouvernement français a appelé, après les attentats du 11 Septembre à la consommation patriotique afin de soutenir la croissance. Or, on a pu observer à la suite de cet événement des éléments positifs non quantifiables comme le don du sang, le renforcement de la solidarité… N’est-ce donc pas absurde que de lire la confiance dans l’avenir, la solidarité ou le patriotisme à travers les chiffres de la consommation ?

    Georges Bush Senior proclame en 1992 au Sommet de la Terre de Rio : " Notre niveau de vie n'est pas négociable. " Le niveau de vie se résume-t-il à la seule croissance économique ? Une meilleure qualité de l’air, une meilleure gestion des déchets, une meilleure qualité alimentaire ne sont ils pas des signes de l’augmentation du niveau de vie ?

    La foi en la croissance a pour conséquence l’adoption d’un angle de vue strictement économique mesuré qui plus est par un indicateur (PIB) qui ne prend pas en compte les destructions systématiques qu’engendre la production.

    - La civilisation occidentale est supérieure puisqu’elle est « développée »
    Considérer notre société comme « moderne » est un effet de l’arrogance occidentale et encore une fois de l’adoption d’un prisme de vue strictement économique. Pourtant, toute société s’inscrit dans une tradition.

    Pour éviter ce travers, il faut éviter le grand partage entre tradition et modernité. Tout le monde ne vit il pas dans le même espace temps ?

    N’avons-nous pas tous déjà entendu un touriste de retour d’un voyage en Afrique dire : « ils vivent comme au Moyen-Âge ! »?

    - Le « développement » est une « mission sacrée de civilisation »[7].
    Le lexique relatif à la religion est très présent dans de nombreux textes relatifs au « développement ». La charité est une composante essentielle qui marque les discours à tel point qu’il s’agit de se demander si le « développement » n’est pas un élément de la religion moderne ?


    Il apparaît donc que croire au « développement » est une manière linéaire d’envisager l’histoire.
    Ce qu’il y a de plus étonnant dans les discours officiels est que tout le monde partage les mêmes constats d’échecs, mais malgré tout le « développement » reste présenté comme une solution et non comme la racine du problème. Voici deux exemples qui montrent le doute que les institutions internationales éprouvent :
    Le dernier rapport de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) établit que « les pays pauvres les moins ouverts à la mondialisation sont ceux qui ont le plus progressé en termes de revenu par habitant, au contraire des pays les plus ouverts. »[8].
    Le PNUD affirme dans son rapport sur le développement humain de 2002 que « Pour une grande partie de la planète, les perspectives sont sombres ".
    Force est de constater que la croyance en le développement est plus forte que le doute qu’il engendre.

    Maintenant que nous avons mis en évidence ces lignes de forces inconscientes qui guident notre pensée du « développement », nous allons étudier en quoi le « développement » est d’abord le fruit d’une construction historique et pourquoi il est une barrière à l’autodétermination des peuples.

    B. L‘histoire du concept de « développement »
    Afin de comprendre l’enchaînement des discours et des pratiques qui ont mené à l’ère du « développement », nous allons survoler des passages clefs de son histoire. Pour plus d’informations sur le sujet, le livre de Gilbert Rist « Le développement, histoire d’une croyance occidentale » est une source incontournable sur laquelle s’appuient les lignes qui suivent.

    1) De la colonisation…

    La colonisation est, en son temps, considéré comme l’extension planétaire de la civilisation. Sa justification philanthropique est ainsi résumée dans un discours de Victor Hugo, qui expose comment on a pu accepter l’inacceptable :

    « La destinée des hommes est au Sud (…). Le moment est venu de faire remarquer à l’Europe qu’elle a, à coté d’elle, l’Afrique (…). Au 19ème siècle, le Blanc a fait du Noir un homme ; au 20ème siècle, l’Europe fera de l’Afrique un monde. Refaire une Afrique nouvelle, rendre la vieille Afrique maniable à la civilisation, tel est le problème ; l’Europe le résoudra.
    Allez, peuples ! Emparez vous de cette terre ! Prenez la ! A qui ! A personne. Prenez cette terre à Dieu ! Dieu donne la terre aux hommes. Dieu offre l’Afrique à l’Europe. Prenez la ! Ou les rois apportaient la guerre, apportez la concorde ! Prenez la non pour le canon, mais pour la charrue ! Non pour le sabre mais pour le commerce ! Non pour la bataille mais pour l’industrie ! Non pour la conquête, mais pour la fraternité ! Versez votre trop plein dans cette Afrique, et du même coup résolvez vos questions sociales ! Changez vos prolétaires en propriétaires ! Allez faites ! Faites vos routes, faites des ports, faites des villes ! Croisez, cultivez, colonisez, multipliez ! Et que sur cette terre de plus en plus dégagée des prêtres et des princes, l’esprit divin s’affirme par la paix et l’esprit humain par la liberté ! »[9]
    Pour convaincre l’opinion française, les deux arguments majeurs étaient tout d’abord que la colonisation n’est pas une affaire de choix mais un « devoir moral » pour le bien être général de l’humanité, et d’autre part le « fait accompli », c’est-à-dire que puisque les colonies existent il faut en assumer la responsabilité.

    Il convient de s’interroger à la vue des similitudes entre colonisation et « développement » concernant d’une part la justification philanthropique et d’autre part la manière de rallier les peuples à la cause.
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    Commentaire


    • #3
      …à la néo-colonisation[10]

      Les dirigeants français n'ont jamais réellement souhaité l'indépendance de leur ancien empire colonial et ce pour plusieurs raisons :
      - des raisons politiques : garder un cortège d'états clients (un réservoir de votes) permettant à la France d'occuper une position importante dans les institutions internationales ; tenir la place assignée à la France dans la "Guerre froide", en évitant la propagation du communisme dans les anciennes colonies.

      - des raisons économiques : l'accès aux matières premières stratégiques comme l'uranium ou le pétrole ; la perpétuation des rentes des sociétés coloniales (cacao, banane, bois, café, etc.).

      - une raison inavouable : le détournement des rentes africaines finance le mouvement gaulliste (via des circuits qui irrigueront par la suite les autres partis de gouvernement).

      2) La société des nations et le système des mandats

      Si la colonisation a élaboré un argumentaire permettant de justifier l’intervention dans les pays extra européens, la SDN va légitimer l’internationalisation de cette intervention au nom de la civilisation.
      C’est le traité de Versailles du 28 Juin 1919 qui met fin à la première guerre mondiale et qui est précédé du pacte de la Société des nations créant ainsi la première institution politique internationale permanente.
      La SDN attribue des mandats aux anciens pays colonisateurs en les obligeant a rendre des comptes auprès de la Commission permanente des mandats.
      Il convient de s’interroger s’il ne s’agit pas de la légitimation d’un régime colonial par une organisation internationale ?

      Le pacte de la SDN est en tout cas intéressant à plusieurs égards :
      Il y figure pour la première fois la notion de « degré de développement » qui justifie un classement des nations tout en affirmant qu’il existe, au sommet de l’échelle, des nations « développées ».

      De plus, la justification des mandats se coule dans un langage humanitaro-religieux qui se confère à une « mission sacrée de civilisation »[11]. Il y aurait donc au delà des intérêts politiques et économiques, des valeurs universelles[12] qui légitime l’intervention auprès d’autres peuples.

      Ne retrouve-t-on pas dans le discours actuel ce même évolutionnisme, ce même universalisme et cette même justification philanthropique ?

      La colonisation et le système des mandats occupent le même espace temporel, spatial et idéologique. C’est cet espace qui a permis d’ouvrir la voie au « développement ».

      3) Le point IV du président Truman

      Le 20 Janvier 1949 Truman prononce son discours d’investiture. Trois idées firent rapidement l’unanimité : Les Etats-Unis continueraient à soutenir l’ONU, à poursuivre le plan Marshall et enfin à participer à la création d’une organisation commune de défense (OTAN) pour faire face à la menace soviétique. Une extension aux nations défavorisées proposée par un proche de Truman fut acceptée parce qu’elle semblait originale et populaire. Il s’agit du point IV.
      Ce texte est la source de notre vision actuelle du « développement ». Il innove tant sur le plan conceptuel que dans la manière de concevoir les relations internationales :

      - une nouvelle vision du monde : le « sous développement »
      C’est la première fois que l’adjectif « sous développés » est employé dans un texte à pareille diffusion.
      L’apparition du « sous développement »évoque non seulement l’idée d’un changement possible en direction d’un état final, mais surtout la possibilité de provoquer ce changement. Mais c’est aussi la vision du monde qui change, le rapport « colonisés/colonisateurs » laissant la place à la nouvelle dichotomie « développés/sous développés ». Dans le premier cas, les deux parties n’appartiennent pas au même univers, il n’était pas envisageable que les colonisés deviennent les colonisateurs alors que dans le second, les « sous développés » ont l’espoir (l’illusion ?) de pouvoir atteindre le stade suprême de nations « développées ».

      - L’ère du « développement »
      On a parlé après la seconde guerre mondiale du droit à l’autodétermination pour les nouvelles nations indépendantes mais l’on voit qu’en gagnant leur indépendance, les anciennes colonies ont perdu leur identité et leur autonomie économique et politique parce qu’elles ont été contraints de cheminer sur la voie du développement tracé par d’autres qu’eux.
      Il s’agit ici d’une critique fondamentale à savoir que le « développement » a ôté toute possibilité pour les peuples d’envisager le futur autrement qu’à travers l’étroite fenêtre du « développement ».

      Comme le dit Gilbert Rist : « La solution ainsi proposée est véritablement hégémonique car elle passe non seulement pour la meilleure, mais encore pour la seule possible. »[13]

      4) La conférence de Bandung

      La conférence de Bandung de 1955 marque le début d’une revendication collective pour l’autodétermination des pays du Tiers Monde dans le domaine du « développement ». A priori, il y avait tout à y gagner : respectabilité et prospérité. Pour autant, cette conférence que l’on considère souvent comme l’expression d’une position forte des pays du Tiers monde ne s’écarte pas du chemin évolutionniste du « développement ».
      En effet, ce dernier est envisagé comme une nécessité universelle, censée advenir partout au terme d’un important effort d’intégration à l’économie mondiale.

      5) Les étapes de la croissance de Rostow
      Il est aujourd’hui de bon ton de critiquer le célèbre ouvrage de Rostow publié en 1960.
      Sa thèse se résume ainsi :
      « A considérer le degré de développement de l’économie, on peut dire de toutes les sociétés qu’elles passent par l’une des cinq phases suivantes : la société traditionnelle, les conditions préalables du démarrage, le démarrage, le progrès vers la maturité et l’ère de la consommation de masse. »[14]
      On retrouve dans son écrit l’usage de la métaphore biologique du développement comme ci ce dernier poursuivait une logique implacable en tous lieux et en tous temps.
      Son discours est intéressant car il a influencé jusqu'à notre inconscient collectif. On peut néanmoins interroger la pertinence de certains arguments :
      - La société traditionnelle constitue le degré 0 de l’histoire, et correspond à un état naturel de « sous développement » et une manière de le prouver est qu’elles sont en lutte constante contre la rareté.
      Un paradoxe mérite ici d’être relevé : Dans nos sociétés « développées », l’homo oeconomicus est un être à besoins illimités que les acteurs de l’économie tentent de stimuler et de satisfaire. Le rôle de ses acteurs n’est il donc pas de lutter contre la rareté ? Au contraire, à partir du moment où l’on considère avoir des besoins limités, où l’on refuse l’accumulation on se situe dans des sociétés d’abondance.
      - les conditions préalables au décollage : Il s’agit de passer d’une société traditionnelle à une société moderne. On retrouve donc ici la pensée évolutionniste.
      - le décollage, stade que l’on peut mettre en parallèle avec la vision naturaliste du bourgeon qui éclôt.
      - la maturité que Rostow décrit comme le stade où « la société s’adapte comme elle l’entend aux besoins de la production à haut rendement de l’époque contemporaine »[15]
      - L’ère de la consommation de masse, le stade final censé procuré des « bienfaits incontestables »[16].

      La modernisation ne serait alors qu’une occidentalisation du monde. Avec l’ère du « développement », tous poursuivent le même but qui s’encre dans la philosophie évolutionniste de l’histoire : l’accession au stade final de la consommation de masse.


      6) Le « développement à particule »[17]
      En quoi consiste le « développement à particule » ? Il s’agit d’ajouter au mot « développement » toute sorte d’adjectif afin de lui procurer une nouvelle légitimation. (Développement durable, humain, social, responsable…)

      Deux évènements ont marqué les années 90 dans le cadre du développement : le rapport Brundtland en 87 et le sommet de la terre de 92. Ils ont donné une audience mondiale aux problèmes de l’environnement. Il est d’ailleurs significatif d’observer qu’aucun projet n’est maintenant pris au sérieux s’il ne comporte pas un volet environnemental.
      Dans l’esprit des écologistes, le développement durable peut être pressenti comme un volume de production qui soit conforme à ce que peut supporter l’écosystème. Cependant, l’interprétation dominante est bien de produire plus avec moins. La croissance n’est absolument pas remise en cause, il s’agit maintenant de prendre en compte dans le développement un critère supplémentaire : l’environnement. Cependant le noyau dur que représente la croissance ne saurait être remis en cause :
      « Ce dont nous avons besoin, c’est d’une nouvelle ère de croissance, une croissance vigoureuse et, en même temps, socialement et “environnementalement” soutenable », énonçait le rapport Brundtland.
      Rebbi yerrahmek ya djamel.
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      Commentaire


      • #4
        La perception dominante qu’en ont les dirigeants d’entreprises est ainsi résumée par monsieur Michel de Fabiani, président de BP France :
        « Le développement durable, c'est tout d'abord produire plus d'énergie, plus de pétrole, plus de gaz, peut-être plus de charbon et de nucléaire, et certainement plus d'énergie renouvelable. Dans le même temps, il faut s'assurer que cela ne se fait pas au détriment de l'environnement. »[18]
        Et si le problème se fait passer pour la solution ?

        7) Le PNUD et le développement humain

        Depuis 1990, le Programme des Nations Unis pour le Développement (PNUD), commande à un groupe d’experts internationaux un Rapport Mondial sur le « Développement Humain ».
        Quelques questions s’imposent alors : A quoi bon le développement s’il n’est pas centré sur l’homme ? Est-ce à dire que le développement avait jusque là été inhumain ?
        Il s’agissait en réalité d’apporter un supplément d’âme à une notion largement discréditée.

        Conclusion

        Il est significatif de remarquer à quel point ces événements historiques ont des caractéristiques communes : l’évolutionnisme qui sous tend la supériorité occidentale, la justification philanthropique qui permet de rallier l’opinion et l’universalisme qui légitime l’intervention dans les pays du Sud. D’autre part, tous partagent la croyance que le noyau dur du « développement » est la croissance économique.

        Ce texte propose d’interroger le sens de mots souvent acceptés comme allant de soi, tels que « développement », « richesse », « misère » ou « pauvreté ». Or l’utilisation des mots renferme un sens, transpire l’histoire d’un pays et d’un peuple. Essayons donc de remettre en cause quelques concepts bien établis.

        a) La généralisation du discours de lutte contre la pauvreté

        La lutte contre la pauvreté a fait une apparition en force dans les discours de la communauté internationale ces dix dernières années. Par exemple, les Objectifs du Millénaire pour le Développement se proposent de « réduire de moitié avant 2015 la proportion de la population vivant dans la pauvreté extrême »[1]. L’objectif est séduisant mais représentatif des échecs du « développement » dans la mesure où l’on est passé d’une lutte critiquable pour le « développement » de tous (voir la partie en annexe : « Le développement d’hier à aujourd’hui ») à une lutte contre la pauvreté de quelques uns.

        La problématique de la pauvreté nécessite un rappel historique. En effet, on a oscillé autour de trois pôles pour s’en accommoder. Le premier est caritatif, il repose sur la compassion souvent renforcée par un sentiment d’obligation religieuse (l’aumône ou la zakat). Le second est politique et relève du maintien de l’ordre. A ce titre, il est significatif que la réaction post attentats du 11 Septembre de James Wolfenson, président de la Banque Mondiale, fût de déclarer qu’il y avait urgence à intensifier les programmes de lutte contre la pauvreté. Les pauvres dérangent et sont ainsi mis au ban de la société[2]. Le troisième pôle consiste à contraindre les pauvres à se rendre utile afin de bénéficier des secours que la société leur accorde. D’où la création, par exemple, des « work house» en Angleterre, lieux ou les pauvres étaient hébergés en échange de leur travail sans toucher aucun salaire. Il est significatif de noter que ces « work houses » sont apparues pendant la période du Victorianisme, justement au moment où la pauvreté et la misère dérangeaient de plus en plus. Ces maisons étaient un moyen d’enfermer « le mal » et de le contrôler pour qu’il ne contamine pas le reste de la société.

        L’objectif que rassemblent ces trois domaines de la lutte contre la pauvreté consiste à la rendre acceptable et non à la combattre. En effet, la combattre entraînerait une remise en cause profonde de notre société qui ne propose que des pansements sans chercher à combattre les racines du mal.

        A ce titre, écoutons Majid Rahnema, ancien diplomate et ministre Iranien, auteur du livre Quand la misère chasse la pauvreté :
        « Les politiciens et leurs experts en pauvreté se refusent à mettre en cause les raisons profondes des phénomènes de paupérisation.
        Ce qui les intéresse est plutôt d'atténuer certains effets révoltants de ces disparités afin de mieux préserver les structures existantes de la société qui les crée. Préoccupés par leurs propres problèmes, bien plus que par ceux des pauvres, on les voit ainsi proposer sans cesse des mesures d'un caractère sédatif et des solutions illusoires qui, dans les faits, accroissent toujours davantage leur dépendance structurelle par rapport aux forces qui les exploitent. »[3]
        Les nouveaux discours qui prétendent lutter contre la pauvreté visent-ils à la rendre acceptable ou bien à la combattre ? Même si les intentions sont bonnes, les institutions internationales pensent-elles bien la pauvreté ?

        « Si votre seul outil est un marteau, tous les problèmes pour vous ressembleront à des clous. »
        Mark Twain
        b) La pauvreté est-elle bien pensée ?

        Le discours courant soutient que toute économie « sous développée » est pauvre. Par conséquent la croissance représente le moyen admis de lutte contre la pauvreté. Les institutions internationales adoptent généralement une approche globale pour lutter contre la pauvreté. Ainsi, pour le PNUD, il faut refuser de « cibler les pauvres » et multiplier les dépenses sociales en faveur d’une bonne gouvernance. La Banque Mondiale cherche quant à elle à « mieux faire fonctionner les marchés en faveur des pauvres ».

        Majid Rahnema, explique à ce propos :
        « Le discours dominant prétend que tout pays dont l’économie n’est pas avancée est pauvre. En conséquence, produire plus et avoir une économie en croissance serait la condition sine qua non de tout combat contre la pauvreté.
        Si cela était vrai, comment expliquer que les Etats-Unis abritent en leur sein plus de trente-cinq millions de pauvres ? Le plus triste est que le discours manipulateur de l’économie a fini par faire partager à cette nouvelle masse d’individus paupérisés sa propre vision des choses. Les mirages de cette économie sont si puissamment médiatisés que ni les « gagnants » ni les « perdants » ne se rendent compte que la course généralisée à la richesse est elle-même devenue une des causes de la destruction des vraies richesses physiques et culturelles du monde, en particulier dans les pays dits pauvres. »[4]
        Au regard de l’histoire, difficile de ne pas se poser la question, « et si c’était le développement qui crée la pauvreté ? » (Voir l’exemple Ladakh une région de l’Inde situé dans l’Himalaya complètement déstabilisé par l’ouverture à l’économie de marché et au développement : Voir dans mon blog l’article : quand le développement crée la pauvreté : l’exemple du Ladakh, une région de l’Himalaya indien)

        Nous observons donc que l’idée que la croissance est l’unique moyen pour lutter contre la pauvreté n’est pas satisfaisante. D’autre part, comme nous allons le voir la considération exclusivement chiffrée de la pauvreté ne rend absolument pas compte de ce qu’elle est pour les personnes qui la vivent.
        Ainsi, on répète sans cesse : « c’est un malheur, il y a 2,8 milliards d'humains qui vivent effectivement avec moins de deux dollars par jour, il faut les aider ! ». Pourtant, la pauvreté n’est pas mathématique et elle ne peut pas se résumer en quelques chiffres… N’existe-t-il pas des sociétés où l’économie monétaire est faible où il est pratiqué l’usage du don ? Est-il acceptable d’imposer un mode de vie au nom du « développement" et de la lutte contre la pauvreté ?

        Un proverbe wolof dit à ce sujet : « La pauvreté n’est pas d’être dépourvu de vêtements, est vraiment pauvre celui qui n’a personne ».

        « Alain Marie, chercheur, explique que « le ressort profond de la solidarité, et plus fondamentalement, du lien communautaire est une logique de dette ». Est pauvre celui qui est dans l’impossibilité de distribuer de l’argent dans le cadre de la solidarité communautaire et court alors le risque de se retrouver individualisé, exclu de son réseau social ; l’individu ne pouvant plus alors compter que sur ses propres ressources matérielles. »[5]
        Comment ne pas convenir avec Alain Marie que la pauvreté ne peut être analysée sous le seul angle économique ?

        Or, dire qu’il y a urgence à aider les « 2,8 milliards d'humains qui vivent effectivement avec moins de deux dollars par jour » c’est déjà considérer l’enchaînement production de marchandises => accès à la consommation => plus grand confort de vie comme une évidence et donc accepter un schéma unique de « développement ». Pourtant, le « développement » ne peut-il pas être pensé en dehors de ce cadre ? La pauvreté ne consiste-t-elle pas justement en l’impossibilité à définir son destin ? En simplifiant, on pourrait se demander si avant même d’avoir accès à une formation, les enfants dit « des rues » ne souhaiteraient pas disposer du moyen de se laver, et donc d’être propre
        Rebbi yerrahmek ya djamel.
        "Tu es, donc je suis"
        Satish Kumar; "Tout est lié, c'est le don qui est le lien naturel entre tout".

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        • #5
          et donc d’être fier et donc de pouvoir aller à la formation proposée ? (Voir à ce sujet la partie sur la Cour aux Cents Métiers au Burkina Faso) Les « pauvres » ne souffrent ils pas davantage de leur non-reconnaissance, d’une perte de leur dignité autant que de l’absence de ressources économiques ?

          Comment sortir d’une considération uniquement chiffrée de la pauvreté alors que celle-ci loin d’être un ensemble de chiffres est avant tout un ensemble d’individus, d’être humains qui se voit tous les jours refuser les droits que nous tenons pourtant pour universels ?

          Comme le dit Majid Rahnéma :

          « Si nous sommes sérieux dans notre intention d’apporter une réponse adéquate à la question de la pauvreté, il nous faut changer à la fois nos modes de penser, d’agir et de vivre en commun. »[6]
          c) Qu’est-ce que la misère ?

          Les personnes qui vivent dans l’exclusion ont-elles envie de plus de confort matériel ou bien de la restauration de leur dignité, de la maîtrise de leur destin ? Probablement des deux. Cependant le postulat qui consiste à dire que c’est par l’accroissement des biens matériels que l’on peut lutter contre la misère s’inscrit dans la logique dominante qui consiste davantage à rechercher un développement du « plus avoir » que du « mieux être ».

          Ce qu’il y a de plus étonnant c’est que ces constats sont partagés par tous mais qu’il demeure évidemment un énorme fossé entre les déclarations et les applications. Voici par exemple un extrait du site internet de la Banque Mondiale :

          « La Banque mondiale postule que les individus qui vivent dans la pauvreté doivent être considérés non pas comme une charge mais comme ceux qui sauront mieux que tout autre trouver des moyens créatifs d'éradiquer la pauvreté. Les pauvres ne veulent pas la charité, ils veulent des opportunités et, dans bien des cas, les programmes de développement au niveau des communautés peuvent leur fournir ces opportunités.[...] Fait encore plus important, la détermination de la Banque à éliminer la corruption a déclenché une riposte d'envergure réellement mondiale. La Banque est également déterminée à s'assurer que les projets qu'elle finance ne donnent lieu à aucune corruption. »
          d) Interroger la richesse ?

          Un proverbe Tswana dit « là où il n’y a pas de richesse, il n’y a pas de pauvreté. »

          A la lumière de ce proverbe se pose la question : Peut-on reconsidérer la pauvreté sans reconsidérer la richesse ? N’est-il pas nécessaire de s’interroger sur les méthodes de prédations et de dépossessions qui ont permis aux pays dit « développés » de devenir aussi « riches » ?
          Il convient, en tout cas, de comprendre que si problème il y a, il ne se crée pas seul. Il a des causes historiques. La richesse est le revers de la médaille pauvreté. Alors, comment ne pas reconsidérer la pauvreté sans en faire de même avec la richesse ?
          Il ne s’agit pas, pour autant, de lutter contre la richesse mais bien pour la démystification de la supériorité qu’apporterait la richesse matérielle.

          Blog de Boribana
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          [1] « Un monde meilleur pour tous » FMI, Banque Mondiale, OCDE, ONU/ Juin 2000
          [2] A ce titre « la grève des battus » d’Aminata Sow Fall est une lecture intéressante.
          [3] Extrait d’une conférence prononcée par Majid Rahnema, dans le cadre du Colloque Philia/L'Agora, le 18 octobre 2003, à Orford au Québec.
          [4] Interview de Majid Rahnema dans la Revue Quart Monde n°192, Novembre 2004, p.8
          [5] Sahel : Les paysans dans les marigots de l’aide, Marie Christine Gueneau et Bernard J. Lecomte, L’Harmattan, 1998, p.30
          [6] Interview de Majid Rahnema, op. cit.
          Dernière modification par Gandhi, 06 août 2012, 16h09.
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