Historique du concept de "développement"
Qu’appelle t-on le « développement » ?
Comment le définir ?
Quelles sont les pratiques qui le caractérisent ?
Quelle est son histoire ?
Quel constat peut on avancer de cinquante années de « développement » ?
Les pauvres sont-ils de plus en plus pauvres et les riches de plus en plus riches ?
Ne convient-t-il pas de remettre en cause ce concept et les pratiques qui le caractérisent à la vue de cinquante ans de « développement » ?
Des alternatives sont elles proposées ?
Qu’est ce que la pauvreté ?
La lutte contre la pauvreté peut elle légitimer le discours dominant sur le « développement » ?
Une analyse sur les causes de la précarité ne doit elle pas entraîner une analyse sur les causes de la richesse ?
Pauvreté et richesse ne sont elles pas les deux faces d’une même pièces ?
Voici une série de questions auxquelles le exte qui suit prétend apporter une réponse. La critique (certainement critiquable) que nous proposons sur le « développement » a pour objectif de débusquer et de comprendre les incohérences entre le discours comme celui de la Banque Mondiale illustré par son slogan… "Notre reve : un monde sans pauvreté" …et ses pratiques.
A. Au fait, le « développement » ça veut dire quoi ?
Comment s’y retrouver parmi les multiples débats, les multiples actions entreprises au nom du « développement » ? Comment définir un concept aussi vaste ?
Une prise de recul n’est pas aisée tant ce concept fait partie des idées dominantes de notre temps. Cependant, à travers une approche historique, nous allons tenter de cerner le contenu et l’influence du discours sur le « développement » qui a envahit le monde depuis la fin de la seconde guerre mondiale.
La force de ce discours tient à la séduction qu’il exerce. En effet, comment ne pas succomber à l’idée qu’il existerait une manière aussi simple d’éliminer la pauvreté ? Qui oserait penser, simultanément, que le remède pourrait aggraver le mal que l’on veut combattre ?
Depuis 50 ans les promesses sont inlassablement répétées et
les expériences constamment reproduites. Comment expliquer que chaque échec soit l’occasion d’un nouveau sursis et non d’une remise en cause profonde du développement ?
En partant du postulat ci-dessus, nous allons tenter dans cette partie de déconstruire le mythe du développement et pour cela de mesurer l’écart entre le discours et les pratiques.
L’histoire a permis de distinguer clairement le communisme idéologique et le « socialisme réel », pourquoi ne pas faire de même en montrant l’écart qui sépare l’espérance d’un bonheur généralisé que prône le « développement » et la réalité des pratiques qui se caractérisent par un accroissement des inégalités et l’omni-marchandisation du monde ?
1) Comment définir le « développement » ?
Des tonnes de définitions sont proposées, cependant elles mélangent bien souvent le souhait et la réalité des faits. Or, une bonne définition doit être celle qu’un martien, sans connaissance aucune sur notre société, est à même de comprendre.
Un exemple nous est donné avec le Rapport mondial sur le développement humain de 1991 dont voici la définition :
Est-ce cela aujourd’hui le « développement » ou est-ce le souhait du PNUD ?
La définition de Gilbert Rist, professeur à l’Institut Universitaire d’Etudes du Développement (IUED) à Genève, a le mérite de distinguer les sociétés d’aujourd’hui, caractérisées par l’idéologie du développement, et celles qui l’ont précédées :
2) Quelques explications :
Les pratiques des différents acteurs sur la scène internationale peuvent apparaître comme contradictoires si l’on considère qu’une entreprise a pour objectif le profit alors qu’une ONG va privilégier par exemple le respect des droits fondamentaux.
Pourtant (presque) tous s’accordent sur le fait que l’objectif recherché doit être l’augmentation de la production qui doit permettre l’accès de tous à la consommation, elle-même devenue synonyme d’un plus grand confort de vie. Cette logique à cela de dérangent qu’elle sous-tend que « plus » équivaut à « mieux ».
Il est ainsi encré dans notre inconscient collectif que l’augmentation de la production est synonyme de richesse, mais est ce vrai ?
En effet, comment ne pas admettre que dans certains cas, l’augmentation de la production de marchandises entraîne une destruction d’une part des rapports sociaux et d’autre part des équilibres environnementaux ?
Cette remise en cause de la richesse produite renvoie au peu de considération qui est faite des « coûts externes », autrement connus sous le nom « d’externalités » (coûts environnementaux, sociaux…) dans le comptabilisation du Produit Intérieur Brut (PIB).
L’exemple du naufrage de l’Erika montre que la destruction du milieu naturel peut engendrer une production et donc de la « croissance », puisque cette catastrophe s’inscrit en positif dans le PIB d’un pays du fait des actions de dépollution entreprises.
Voici à ce sujet un extrait d’une interview de Patrick Viveret, conseiller référendaire à la Cour des Comptes, auteur du rapport : « Les nouveaux facteurs de richesses » remis au Secrétaire d’Etat à l’Economie Solidaire, Monsieur Guy Hascouët,
Notre représentation de la richesse nous amène à des réactions tout à fait absurdes. Ainsi, un trader à la bourse de New York est amené à affirmer sa joie quand il apprend la catastrophe du 11 Septembre car l’événement va provoquer une hausse du prix de l’or. Ce même trader dit son espoir de voir la guerre en Irak s’enliser afin d’entraîner une hausse du prix du pétrole. Il conclut son intervention par une phrase qui montre que nous marchons sur la tête : « Dans la dévastation, il y a des opportunités. »[4]
De la même manière on peut constater que le fait de tomber malade, voir même de mourir, est une « richesse » pour le pays, puisque cela entraîne une augmentation du PIB par le biais des dépenses maladies, des dépenses mortuaires…
A travers ces quelques exemples nous souhaitons montrer que le « développement » dont le moyen reconnue par tous est la croissance rime beaucoup trop souvent avec « production croissante de biens et de marchandises », adoptant ainsi un angle de vue étroitement économique
Qu’appelle t-on le « développement » ?
Comment le définir ?
Quelles sont les pratiques qui le caractérisent ?
Quelle est son histoire ?
Quel constat peut on avancer de cinquante années de « développement » ?
Les pauvres sont-ils de plus en plus pauvres et les riches de plus en plus riches ?
Ne convient-t-il pas de remettre en cause ce concept et les pratiques qui le caractérisent à la vue de cinquante ans de « développement » ?
Des alternatives sont elles proposées ?
Qu’est ce que la pauvreté ?
La lutte contre la pauvreté peut elle légitimer le discours dominant sur le « développement » ?
Une analyse sur les causes de la précarité ne doit elle pas entraîner une analyse sur les causes de la richesse ?
Pauvreté et richesse ne sont elles pas les deux faces d’une même pièces ?
Voici une série de questions auxquelles le exte qui suit prétend apporter une réponse. La critique (certainement critiquable) que nous proposons sur le « développement » a pour objectif de débusquer et de comprendre les incohérences entre le discours comme celui de la Banque Mondiale illustré par son slogan… "Notre reve : un monde sans pauvreté" …et ses pratiques.
A. Au fait, le « développement » ça veut dire quoi ?
Comment s’y retrouver parmi les multiples débats, les multiples actions entreprises au nom du « développement » ? Comment définir un concept aussi vaste ?
Une prise de recul n’est pas aisée tant ce concept fait partie des idées dominantes de notre temps. Cependant, à travers une approche historique, nous allons tenter de cerner le contenu et l’influence du discours sur le « développement » qui a envahit le monde depuis la fin de la seconde guerre mondiale.
La force de ce discours tient à la séduction qu’il exerce. En effet, comment ne pas succomber à l’idée qu’il existerait une manière aussi simple d’éliminer la pauvreté ? Qui oserait penser, simultanément, que le remède pourrait aggraver le mal que l’on veut combattre ?
Depuis 50 ans les promesses sont inlassablement répétées et
les expériences constamment reproduites. Comment expliquer que chaque échec soit l’occasion d’un nouveau sursis et non d’une remise en cause profonde du développement ?
En partant du postulat ci-dessus, nous allons tenter dans cette partie de déconstruire le mythe du développement et pour cela de mesurer l’écart entre le discours et les pratiques.
L’histoire a permis de distinguer clairement le communisme idéologique et le « socialisme réel », pourquoi ne pas faire de même en montrant l’écart qui sépare l’espérance d’un bonheur généralisé que prône le « développement » et la réalité des pratiques qui se caractérisent par un accroissement des inégalités et l’omni-marchandisation du monde ?
1) Comment définir le « développement » ?
Des tonnes de définitions sont proposées, cependant elles mélangent bien souvent le souhait et la réalité des faits. Or, une bonne définition doit être celle qu’un martien, sans connaissance aucune sur notre société, est à même de comprendre.
Un exemple nous est donné avec le Rapport mondial sur le développement humain de 1991 dont voici la définition :
« Le principal objectif du développement humain est d’élargir la gamme des choix offerts à la population, qui permettent de rendre le développement plus démocratique et plus participatif. Ces choix doivent comprendre des possibilités d’accéder au revenu et à l’emploi, à l’éducation et aux soins de santé, et à un environnement propre ne présentant pas de danger. L’individu doit également avoir la possibilité de participer pleinement aux décisions de la communauté et jouir des libertés humaines, économiques et politiques. »[1]
La définition de Gilbert Rist, professeur à l’Institut Universitaire d’Etudes du Développement (IUED) à Genève, a le mérite de distinguer les sociétés d’aujourd’hui, caractérisées par l’idéologie du développement, et celles qui l’ont précédées :
« Le développement est constitué d’un ensemble de pratiques parfois contradictoires en apparence, qui pour assurer la reproduction sociale obligent à transformer et à détruire, de façon généralisée, le milieu naturel et les rapports sociaux en vue d’une production croissante de marchandises (biens et de services) destinées, à travers l’échange, à la demande solvable. »[2]
Les pratiques des différents acteurs sur la scène internationale peuvent apparaître comme contradictoires si l’on considère qu’une entreprise a pour objectif le profit alors qu’une ONG va privilégier par exemple le respect des droits fondamentaux.
Pourtant (presque) tous s’accordent sur le fait que l’objectif recherché doit être l’augmentation de la production qui doit permettre l’accès de tous à la consommation, elle-même devenue synonyme d’un plus grand confort de vie. Cette logique à cela de dérangent qu’elle sous-tend que « plus » équivaut à « mieux ».
Il est ainsi encré dans notre inconscient collectif que l’augmentation de la production est synonyme de richesse, mais est ce vrai ?
En effet, comment ne pas admettre que dans certains cas, l’augmentation de la production de marchandises entraîne une destruction d’une part des rapports sociaux et d’autre part des équilibres environnementaux ?
Cette remise en cause de la richesse produite renvoie au peu de considération qui est faite des « coûts externes », autrement connus sous le nom « d’externalités » (coûts environnementaux, sociaux…) dans le comptabilisation du Produit Intérieur Brut (PIB).
L’exemple du naufrage de l’Erika montre que la destruction du milieu naturel peut engendrer une production et donc de la « croissance », puisque cette catastrophe s’inscrit en positif dans le PIB d’un pays du fait des actions de dépollution entreprises.
Voici à ce sujet un extrait d’une interview de Patrick Viveret, conseiller référendaire à la Cour des Comptes, auteur du rapport : « Les nouveaux facteurs de richesses » remis au Secrétaire d’Etat à l’Economie Solidaire, Monsieur Guy Hascouët,
Question : « : Par exemple le naufrage de l’Erika va être comptabilisé de façon positive et les accidents de voiture aussi ? »
Réponse de Patrick Viveret :« Tout a fait. Et a contrario, les bénévoles qui vont dépolluer les plages, eux, ne sont pas comptabilisés puisqu’ils n’ont pas généré de flux monétaires. Donc on voit bien qu’il y a quand même une représentation de la croissance qui pose problème, et plus les questions qui nous sont posées sont d’un côté les questions sociales et humaines et d’autre part les questions écologiques, moins le taux de croissance nous renseigne sur ce qui est vraiment important pour nos sociétés. Dans le PIB, seule la partie de la richesse qui s’exprime à travers de la monnaie est comptabilisée. Quantités d’autres richesses, richesses sociales par exemple, ne sont pas comptabilisées parce qu’elles ne s’expriment pas par la monnaie. Dans l’exemple de l’Erika, les bénévoles qui vont dépolluer les plages remplissent une fonction positive tout à fait considérable. Non seulement elle n’est pas comptabilisée, mais on peut même dire qu’ils contribuent à faire baisser le taux de croissance, parce que s’il n’y avait pas eu de bénévoles, il aurait quand même bien fallu les dépolluer, donc on aurait envoyé des gens rémunérés. Eux seraient apparus dans le PIB. Par conséquent, les bénévoles, non seulement sont invisibles, mais on peut même dire qu’ils contribuent à faire baisser le PIB. Vous voyez bien que là on marche sur la tête. »[3]
Réponse de Patrick Viveret :« Tout a fait. Et a contrario, les bénévoles qui vont dépolluer les plages, eux, ne sont pas comptabilisés puisqu’ils n’ont pas généré de flux monétaires. Donc on voit bien qu’il y a quand même une représentation de la croissance qui pose problème, et plus les questions qui nous sont posées sont d’un côté les questions sociales et humaines et d’autre part les questions écologiques, moins le taux de croissance nous renseigne sur ce qui est vraiment important pour nos sociétés. Dans le PIB, seule la partie de la richesse qui s’exprime à travers de la monnaie est comptabilisée. Quantités d’autres richesses, richesses sociales par exemple, ne sont pas comptabilisées parce qu’elles ne s’expriment pas par la monnaie. Dans l’exemple de l’Erika, les bénévoles qui vont dépolluer les plages remplissent une fonction positive tout à fait considérable. Non seulement elle n’est pas comptabilisée, mais on peut même dire qu’ils contribuent à faire baisser le taux de croissance, parce que s’il n’y avait pas eu de bénévoles, il aurait quand même bien fallu les dépolluer, donc on aurait envoyé des gens rémunérés. Eux seraient apparus dans le PIB. Par conséquent, les bénévoles, non seulement sont invisibles, mais on peut même dire qu’ils contribuent à faire baisser le PIB. Vous voyez bien que là on marche sur la tête. »[3]
De la même manière on peut constater que le fait de tomber malade, voir même de mourir, est une « richesse » pour le pays, puisque cela entraîne une augmentation du PIB par le biais des dépenses maladies, des dépenses mortuaires…
A travers ces quelques exemples nous souhaitons montrer que le « développement » dont le moyen reconnue par tous est la croissance rime beaucoup trop souvent avec « production croissante de biens et de marchandises », adoptant ainsi un angle de vue étroitement économique
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