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témoignage d'un grand reporter sur les coulisses d'évènements et les rôles diplomatiques algérien et marocain

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  • témoignage d'un grand reporter sur les coulisses d'évènements et les rôles diplomatiques algérien et marocain

    Quelques extraits croustillants, la lecture intégrale est plus qu'instructive:

    _Le sommet de Fès
    ...
    Il y eut deux sommets de Fès,...
    Là je parle du premier sommet: Le premier grand sommet arabe destiné à approuver le plan de paix du prince héritier saoudien Fahd Ben Abdel Aziz, en 1981. Les Marocains sont très hospitaliers. En fait leur hospitalité sert à neutraliser l’esprit critique. A mon arrivée, leur souhait de bienvenu était singulier: «Ahlan, inta daif el mamlaka» et je dis: «Non ! Je veux pas». Ils te mettaient dans un grand hôtel, ils te donnent une voiture Ils te noient dans la courtoisie. En plus, tu as l’alcool et tout, on te met les filles Je dis: «Non je veux pas».
    Au terme...

    Après le scoop, le cousin du Roi, Ahmed Al Alaoui, rédacteur en chef du Matin du Sahara, est venu à l’hôtel et a commencé à roder, avant de finir par avouer l’objet de sa visite. Une invitation à diner dans une grande villa de Fès, –et là je vais déplaire au Algériens, mais ce n’est pas grave il faut être honnête–, j’ai eu droit à un repas somptueux, couscous avec des tadjines aux coings, mon fruit préféré, lait d’amande, avis aux amateurs, génial….la fin du repas hyper bon, le meilleur couscous de ma vie. Mais que les Algériens se rassurent toutefois, alimentairement parlant: Rien ne vaut leurs langoustes au poivre.
    Dans un reportage de quinze jours en Algérie, je prenais ce plat en menu au moins dix fois. Je revenais boursoufflé à Paris par une crise de foie du fait du poivre. Pas grave, ce plat valait des sacrifices...


    _A propos de l’Algérie
    ...
    Sur place, j’étais logé à l’hôtel Al-Aurassi. Première constatation est bien sûr ma stupéfaction devant l’état d’encombrement de la capitale algérienne. Les embouteillages, les ruptures fréquentes d’eau et de courant. Encore à Al-Aurassi, nous étions mieux lotis que d’autres collègues, présents lors de cet évènement, pour qui c’était tout simplement infernal.
    Un jour j’en avais marre de cette situation de morosité d’Alger. Alger était quand même la plateforme révolutionnaire du tiers-monde au même titre que Beyrouth durant la décennie 1960-1970, la situation dont laquelle était plongée n’était pas l’idée qu’elle devait donner d’elle-même. Parce qu’il arrive parfois qu’on aime les Algériens pas pour leur caractère, mais pour leur histoire, leur combat, la prodigieuse décennie diplomatique qu’ils ont offert aux Arabes sous le tandem Boumediene Bouteflika (1970-1980). Arafat à l’ONU, L’accord irako iranien d’Alger sur la délimitation des frontières entre les deux pays, le nouvel ordre mondial de l‘information, les négociations pour la libération des otages américains à Téhéran, l’exfiltration de Carlos en guise d’épilogue à la prise d’otages de l’OPEP à Vienne en Décembre 1975) et tutti quanti.
    Et donc, j’ai, comme on dit dans le jargon journalistique, torché un papier audacieux, secoueur et provocateur, pour le plaisir de secouer. La chute de ce papier était terrible: «Alger est la ville la plus triste de la Méditerranée au même titre que Tripoli -Libye».
    ...
    Ce sont deux amis très haut placés qui sont venus me voir. Il s’agissait de Mohammed Yazid, l’ancien porte-parole du GPRA, ambassadeur d’Algérie au Liban et auprès des Palestiniens et le deuxième personnage, ce n’est rien d’autre qu’Abdel Hamid Mehri,...
    Ils me prennent en Limousine et Yazid me dit: «René, personne ne te contestera à Alger. On te respecte beaucoup. Mais moi je voudrais juste savoir une chose: Pourquoi tu as dit qu’Alger était au même titre que Tripoli?». Mon papier était bien sûr dans le sens de les faire réagir. Et dans la nuit, je le jure, mais c’est terrible, dans la nuit on mobilisa engins et camions pour installer des lumières et des guirlandes.
    L’armée est descendue pour badigeonner les murs et refleurir les guirlandes comme par enchantement pour toute la durée de la conférence. Les choses se sont déroulées dans les normes conformément à Alger qui devait être une ville riante et remplie d’histoires.
    Alger, aussi morose et triste soit-elle, avait quand même une importance particulière dans le monde arabe. Avec Beyrouth. Alger et Beyrouth étaient les deux plates-formes continentales révolutionnaires du monde arabe. Beyrouth y avait les Palestiniens et les opposants des pétro monarchies du Golfe, avec en sus, les Erythréens, Somaliens, Kurdes, Turcs, Arméniens. Alger se réservait le tiers-monde africain, en pleine période de décolonisation. Avec cerise sur le gâteau les «Blacks Panthers» américains et leur chef Stockeley Carmaekel.
    J’ai vécu les déchirements de l’Algérie comme les miennes propres et le drame algérien m’était d’autant plus compréhensible que les hasards de la naissance et de la profession m’ont conféré, à Beyrouth, dix ans plus tôt, une sorte d’antériorité dans la tourmente. Nullement une rente de situation, mais une expérience anticipée qui me valait d’avoir été le témoin de semblables tourments et de leurs débordements parfois intempestifs et injustifiés.
    La solidarité de l’Algérie a été sans faille avec les Palestiniens massacrés en Jordanie (1970), ou assiégés avec les Libanais à Beyrouth (1982), pour les suppliciés Soudanais à Khartoum (1972), pour les Vietnamiens brûlés au napalm par les américains (1970-1975), pour les Noirs américains des ghettos déroutés par l’assassinat de leurs chefs charismatiques, Malcolm X ou Martin Luther King, ou encore pour les latino-américains mitraillés à travers Che Guevara en Bolivie (1967) ou pulvérisé avec la destruction du palais présidentiel de Salvador Allende au Chili (1973).
    Le seul cadeau que je recevais, d’ailleurs, durant les 10 ans de mon mandat au service diplomatique de l’AFP à Paris, était un cadeau algérien, qui me parvenait via les services diplomatiques de l’Algérie, de la Présidence algérienne. Un cadeau royal pour une République. Chaque année à Noël, je recevais un coffret de «La cuvée du Président». La Présidence de l’Algérie m’offrait ce cadeau depuis Boumediene. Je n’ai pas eu beaucoup de contact avec Boumediene, mais beaucoup de souvenir avec Mohamad Al Yazid, ambassadeur algérien au Liban.
    En pleine guerre civile au Liban, il traversait les balles pour me rejoindre à l’AFP pour discuter avec moi, mettre les points. A l’époque, il y avait beaucoup de pénurie, de temps en temps, il envoyait sa voiture avec ses gardes de corps pour un simple couscous. J’avais très fréquemment un bon couscous.
    _Bouteflika
    On peut lui reprocher une mauvaise accommodation de la langue arabe par rapport au contexte historique de l’Algérie, jeune pays indépendant, mais il était moralement un très grand chevalier. J’ai beaucoup discuté avec lui. J’ai eu beaucoup de souvenir avec Bouteflika aussi. Il y en a un particulièrement alors qu’il était ministre des Affaires étrangères: lors de la conférence islamique de Kuala Lumpur, 1973-1974, j’étais dans un pays anglophone et Reuters notre concurrent principal avait un important bureau à Singapour et l’AFP m’a envoyé moi spécialement, un francophone dans un pays entouré de très grands trusts anglophones.
    Un jour j’étais dans la cafétéria de l’hôtel où se déroulait la conférence. Je connaissais Bouteflika, je l’avais déjà vu à Benghazi, en Libye, et ailleurs, très courtisé tant par les journalistes que par les secrétaires; Très apprécié, brillant et à l’aise; Il comprenait les besoins. La manière avec laquelle il a débarqué avec Arafat aux Nations Unies en 1974, durant la présidence de l’Algérie, était formidable.
    Un jour en reportage en Malaisie, à Kuala Lumpur, où l’ordre du jour portait sur la sécession musulmane de l’Ile de Mindanao aux Philippines, je ne sentais défavorisé par rapport à la concurrence, en surnombre.
    Revenant à l’hôtel pantois, ne pouvant faire valoir mon point de vue face aux médias anglophones, tout se passait en anglais. J’avais accès aux documents en arabe, le temps de les traduire, les traiter, faire la synthèse et les envoyer à Paris dans les autres langues… j’étais mort par la concurrence sur cette affaire et j’avais un minimum de 8 heures de boulot. J’ai croisé M. Bouteflika dans les couloirs de la conférence et lui exposait le handicap structurel que représentait une conférence tenue dans un pays anglophone. Il n’a rien dit. Un quart d’heure plus tard, je vois un membre de son entourage venir avec un dossier dans un porte-document, qu’il pose visiblement sur le bar. Il commande un Perrier, et, s’adressant au Barman, pas à moi, lui annonce qu’il allait revenir dans une heure.
    J’avais compris que j’avais une heure pour prendre connaissance des résolutions du communiqué final. Tout se passait dans l’implicite, l’autre revient une heure après et reprend, sans me regarder sans rien, le dossier en s’excusant d’avoir oublié ses affaires sur le bar. C’est cela l’élégance et le sens de l’intelligence. Enfin, j’ai commencé à rédiger.
    La séance finale se prolonge, finalement. Entre-temps, j’avais tout lu, tout transmis à l’AFP, les résolutions et les éclairages nécessaires. Au fur et à mesure que le porte-parole de la conférence lisait le communiqué final, les dépêches AFP tombaient. Les gens étaient abasourdis. J’ai beaucoup apprécié cette sympathie de Boutef. Il était un homme bien et on rigolait parfois dans les coulisses.
    La dernière rencontre avec Boutef c’était à Paris. C’est la première fois que je raconte cette histoire: Un jour, j’étais de service à l’AFP Paris. A la réception, on me dit que quelqu’un voulait me voir: c’était Abdelaziz Bouteflika en voiture. Il me dit voilà, je suis accusé injustement de détournement et je voudrais passer mon communiqué à l’AFP. Un personnage public attaqué a droit de réponse. Et pour Boutef, il avait droit à plus que le strict droit… «Pour Arafat à l’ONU, et pour tout ce que avez fait pour la cause arabe» lui ai-je répondu.
    Il suivait un traitement médical ou il avait froid, il n’est pas sorti de la voiture. J’étais gestionnaire du dossier du Monde arabe au service diplomatique de l’AFP, j’assumais toutes les conséquences. Il était accusé et il répondait. J’ai sorti le communiqué, trois feuillets. Quelques jours après, Alger réplique sans qu’aucune personnalité algérienne ne m’ait fait de reproche. Ils avaient compris que ce que je faisais était professionnel et non de la complaisance. Il est ensuite revenu avec son frère, Saïd, qui faisait des études de médecine à l’hôpital Saint Antoine.
    Si je devais être pénalisé pour une personnalité pareille, une histoire pareille, mon histoire personnelle n’est rien à côté de la sienne. Le sens du devoir, pas de la complaisance, c’est quand même valorisant. Par respect pour son parcours, c’était le minimum que l’on pouvait faire pour le commandant Si Abdelkader. Je n’avais besoin d’aucune autre raison pour le faire, ni d’une caisse de Whisky ni d’une boîte de cigares.
    Tous...

    René Naba
    « Gène rebelle dans le monde arabe » – Fragments d’un parcours 1969 – 2012
    Septembre 2012
    Dernière modification par pioto, 08 août 2012, 18h52.

  • #2
    suite à "gène rebelle dans le monde arabe" de Rene Naba grand reporter de L'AFP

    Désolé,c'et le texte parait mal construit et décousu du fait des coupures que j'ai du en faire par limitation imposée du nombre de caractères.C'est pourquoi je joins le lien du texte intégral ci-desous, que je n'ai pu l'insérer dans le topic:

    http://libnanews.com/2012/08/07/gene...urs-1969-2012/
    Bonne lecture !
    Dernière modification par pioto, 08 août 2012, 19h00.

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    • #3
      je me demande comment un pays peut faire une guerre contre son voisin et depenser sans compter en valises de $ alors que leur peuple n'a ni electricite ni eau sans coupure.

      wow les coupures dates deja des annes 70 et 80 .

      iwa Allah ihdi ma khlak.

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      • #4
        Envoyé par Auscasa
        je me demande comment un pays peut faire une guerre contre son voisin et depenser sans compter en valises de $ alors que leur peuple n'a ni electricite ni eau sans coupure.

        wow les coupures dates deja des annes 70 et 80
        L'auteur du texte parle que la seule fois où il a consenti de ne pas refuser un cadeau est quelques bouteilles de vin local "cuvée du President",c'est un vin qui ne coûtait que quelques dinars, à la portée de tous les ivrognes de Taffourah(pont sou lequel se rassembent les buveurs algérois à l'epoque).Parce que il s'avait bien que c'est un geste amical et non de compromission
        Par contre, le Maroc lui offre son honneur et son nif si tu veux, càd les filles marocaines qu'il rejette par un "Non ! je veux pas".C'est noir sur blanc dans son témoignage.
        S'il parle aussi des coupures d'eau et d'életricité, c'etait à l'époque exceptionnel à Alger du moins...Les coupures sont arrivées bien plus tard !
        N’empêche dans les années 70 et 80 au Maroc la couverture électrique se résumait aux lustres des palais et le raccordement à l'eau vaut mieux ne pas en parler, les marocains arrivaient à concevoir facilement que Neil Armstrong a marché sur la lune que de l'eau dans les foyers, mais ça c'est une autre histoire !
        Dernière modification par pioto, 08 août 2012, 23h52.

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        • #5
          Au fait ça me revient l'histoire de ces coupures d'électricité qu'ont agacé notre reporter et te font marrer ne sont que des coupures par mesures de sécurité, mon propre père je me rappelle maintenant a assisté au fameux congrès et on s’étonnait que la lumière se coupait répététivement sans explication:Voilà ce qui nous a dit que ses coupures sont des mesures de securité.Jamais auparavent tous les leaders palestiniens ne se sont retrouvés réunis au même endroit d'autant qu'ils allaient déclarer la naissance officielle de leur état.
          C'était une aubaine, des cibles faciles pour les viser tous à la fois:donc chaque déplacement de ses leaders se traduisait par une coupure ce qui a fini de sortir de ses gong les reporters!
          Dommage pour lui on l'a pas mis au parfum, ni lui n'a eu la présence d'esprit pour faire le rapprochement malgré qu'il a été un bourlingueur de première !
          Dernière modification par pioto, 12 août 2012, 13h45.

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